juin 1, 2025
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FACE A LA CHUTE DE L’INFLUENCE FRANÇAISE EN AFRIQUE : Macron remanie ses services de renseignement

Dans le site du  Ministère des Armées, un article est publié sur la nomination de Nicolas Lerner à la tête de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE). Ancien patron de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI), Monsieur Lerner est devenu par la volonté du président de la France Emmanuel Macron, l’homme le plus puissant du pays. Mais cette nomination cache mal une erreur de casting de la part du président Macron, qui a classé un défenseur (ex de la DGSI) en attaque (DGSE). L’on se demande déjà, si Lerner pourra réussir en Afrique, là où ses prédécesseurs ont eu des difficultés.

«Après six années à la tête de la DGSE, Bernard Emié est remplacé par Nicolas Lerner. Le nouveau directeur général devra composer avec un environnement international dégradé et marqué par la multiplication des menaces. Mais il pourra compter sur un renforcement des moyens dédiés au renseignement» lit-on sur le site du Ministère des Armées.

« A l’heure d’ouvrir une nouvelle page dans l’histoire de la DGSE, je souhaite faire part à Bernard Emié de ma reconnaissance et de celle de la Nation, pour ses six années à la tête de la sécurité extérieure. C’est la grandeur de l’action d’un service de renseignement de ne voir exposés que ses très rares revers et de ne jamais se voir reconnaître au grand jour l’étendue de ses succès. Je souhaite bonne chance à Nicolas Lerner qui a toute ma confiance pour continuer à protéger, dans l’ombre, la France et les Français. » a indiqué le portail du Ministère.

Selon la même source, Sébastien Lecornu a rendu un hommage appuyé à l’action de Bernard Emié. «Ce dernier quitte en effet la tête de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), après six années durant lesquelles il aura mené à son terme une ambitieuse et profonde réorganisation du Service, dans un contexte géopolitique et sécuritaire aussi instable que dégradé. Une durée exceptionnellement longue sur un poste d’une telle exigence ».

Le président de la République, sur proposition de la Première ministre et du ministre des Armées, a décidé de nommer Nicolas Lerner pour lui succéder en tant que directeur général. Il s’agit là, d’un Grand professionnel du renseignement et de la sécurité. Il faut rappeler que «Nicolas Lerner était à la tête de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) depuis l’été 2018. Une période marquée par la mise en échec de nombreux attentats terroristes et pendant laquelle il a beaucoup travaillé avec la DGSE ».

«Face aux bouleversements internationaux majeurs et aux menaces qui se cumulent, la France a décidé, notamment par le vote de la Loi de programmation militaire (LPM) en juillet dernier, de renforcer significativement les moyens de sa souveraineté. Cela passe entre autres par une consolidation des moyens dédiés au renseignement et donc à la DGSE. But recherché : accroître notre capacité autonome d’appréciation» lit-on sur le site web du Ministère des Armés.

Est-ce une bonne idée de nommer chef de la DGSE, une personne qui a passé 05 bonnes années à la tête de la DGSI ? Sous peu, Lerner deviendra l’homme le plus puissant de France. Et il risque malheureusement, d’imposer ses réflexes d’agent de la DGSI, à la DGSE. Car, quoi qu’on dise, il s’agit de deux directions diamétralement opposées. Lerner aura tendance à faire de la DGSE, une DGSI bis. Cela compromettra l’efficacité des services de la DGSE dans ce monde de concurrence et de rivalités fortes. Il faut dire que Lerner n’aura pas le temps d’apprendre. Alors qu’une bonne administration de la DGSE demande une maitrise parfaite des enjeux géopolitiques, des menaces extérieures, de la concurrence industrielle et surtout des mutations fortes qui s’opèrent en Afrique.

Macron a toujours voulu ensevelir la France/Afrique. Il l’a réussi. Mais, de ses cendres, est née une Afrique nouvelle ivre du sentiment anti français. D’ailleurs, le départ de Franck Paris de la cellule Afrique de l’Elysée n’est que la partie visible de l’iceberg d’une France en déliquescence en Afrique francophone. Le New deal proposé par Macron à l’Afrique, son sommet avec la jeunesse africaine à Montpellier le 08 Octobre 2021, ses récentes visites en Afrique centrale, les nouveaux changements à la cellule Afrique n’ont pas réellement modifié les relations crispées entre Paris et ses anciennes colonies. La nomination de Jeremy Robert comme nouveau «Monsieur Afrique» pourra-t-elle arranger les choses dans le sens voulu par Macron ?

Face à la montée de l’influence russe en Afrique, Paris se cherche sans avoir la solution. Macron dont l’ambition c’est de rayer la France/Afrique dans les relations avec le continent, persiste dans son désir de garder une cellule Afrique à l’Elysée. Quelle est la pertinence d’une cellule Afrique ? N’est-ce pas une contradiction à vouloir éliminer la France/Afrique, tout en gardant cette cellule Afrique à l’Elysée ? C’est l’organigramme même de l’Elysée qui devrait être modifié pour l’adapter aux réalités du moment.

Dans le rapport d’information déposé par la Commission des Affaires Etrangères de l’Assemblée nationale sur les relations entre la France et l’Afrique, en conclusion des travaux d’une mission d’information constituée le 14 décembre 2022, les députés français avaient fait un diagnostic de la situation avec des recommandations très fortes. Toutefois, ils ont manqué d’interroger l’histoire des relations anciennes entre la France et ses colonies, pour mieux appréhender les causes du rejet de la France uniquement en Afrique francophone.

Les causes des bouleversements politiques en Afrique de l’Ouest semblent échapper aux autorités françaises. Ces dernières assistent impuissantes à la montée fulgurante de l’influence de la Russie en Afrique centrale, au Mali, au Niger, au Burkina Faso ainsi qu’au Sénégal, au Tchad et en Côte d’Ivoire où des jeunes arborent le drapeau russe dans les manifestations politiques. Le soutien intelligent apporté par les média français aux jeunes leaders comme Ousmane Sonko au Sénégal, Succès Masra au Tchad, Guillaume Soro et Blé Goudé en Côte d’Ivoire n’ont pas permis de renverser la tendance face au soft power russe, plus efficace et moins visible.

Lerner aura du mal à réussir là où ses prédécesseurs ont peiné. Véritablement, cette fois-ci, Macron a commis l’erreur de mettre un défenseur (Kimpembe) à la place de l’attaquant (Mbappé). Michel DIOUF

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