Nigeria – Côte d’Ivoire, le réalisme face à l’irrationnel
Ce dimanche 11 février, la finale de la 34e édition de la Coupe d’Afrique des Nations va se jouer au Stade Alassane Dramane Ouattara d’Ebimpé. Partageant le même groupe, la Côte d’Ivoire et le Nigeria vont s’affronter à nouveau avec cette fois-ci un changement de rapport de force.
La Coupe d’Afrique des Nations a été très belle. Du spectacle, de l’émotion, des rebondissements, des surprises, la Côte d’Ivoire avait promis d’organiser la CAN de l’hospitalité, et c’est le cas. Reste maintenant à terminer en beauté avec la finale qui va se disputer entre Eléphants et Super Eagles.
Deuxième du Groupe A, le Nigeria a enchainé les performances de très haut niveau qui en a fait le favori à la victoire finale depuis l’élimination précoce du Sénégal et du Maroc. Solide défensivement, efficace offensivement et soudé collectivement, les hommes de José Peseiro présentent l’équipe la plus solide et fiable de cette compétition. Seulement deux buts concédés dans cette compétition. Le premier lors de la 1ère journée contre la Guinée Equatoriale et le second en demi-finale face à l’Afrique du Sud. Critiqués dans ce secteur, les joueurs ont activé le mode compétition depuis leur arrivée en Côte d’Ivoire. Cette équipe est à l’image de sa star, Victor Osimhen. L’attaquant masqué affiche une implication impressionnante dans tous ses matchs. Luttant sur tous les duels, pressant à chaque fois que l’équipe adverse a le ballon pour gêner la relance. Il est une menace claire des adversaires. Il a réussi à provoquer deux penalties sur des actions où il pousse les défenseurs à commettre l’irréparable. Avec seulement un but inscrit lors du match d’ouverture, il est un joueur qui s’est mis au service du collectif au détriment des statistiques. Acclamé dans tous ses matchs par le public ivoirien, il deviendra leur première crainte ce dimanche. Après le succès en quart de finale contre l’Angola, il n’a pas été avare en compliment envers l’accueil des ivoiriens et l’organisation. « La CAN 2023 est le plus bel évènement auquel j’ai participé depuis le début de ma carrière. L’atmosphère est électrique, avec une sécurité renforcée et une excitation palpable dans les rues. De plus, la cuisine locale est vraiment délicieuse, les installations hôtelières sont à la hauteur » a assuré le meilleur joueur africain de l’année sur les micros de NCI.
Le Nigeria sûr de ses forces
Lors de cette finale, le Nigeria avancera avec ses certitudes. Avec toutes ses forces en présence, les Super Eagles arriveront, probablement avec le même plan d’attaque contre la Côte d’Ivoire. Bloc compact avec une solidité défensive et un jeu en transition très efficace. C’est ce qui a fait la force du Nigeria dans cette compétition et il y a aucune raison de voir Jose Peseio changer ses plans.
La Côte d’Ivoire n’a plus peur de rien
Mais en face, est-ce la même Côte d’Ivoire ? Sans doute, la plus grande arme des Eléphants à quelques heures du coup d’envoi. Plus de Jean Louis Gasset sur le banc. Morte, cette équipe qui était crispée devant son public, incapable d’enflammer un match et de proposer un jeu séduisant. Depuis cette qualification in extremis de la Côte d’Ivoire en huitième de finale grâce à la victoire du Maroc à la 3e journée de phase de groupes qui a permis aux coéquipiers de Seko Fofana d’être parmi les meilleurs 3e, rien n’est plus pareil. Adjoint de Jean Louis Gasset, Emerse Faé a remplacé le français en tant que sélectionneur intérimaire pour le reste de la compétition. Novice dans le métier, il a prononcé les mots justes pour permettre à ses joueurs de se ressusciter. Champion d’Afrique en titre et principal favori à la victoire finale, le Sénégal en a fait les frais en renvoyant le revenant d’entre les morts. Une qualification qui a servi de déclic. « En éliminant le Sénégal qui est le favori, on s’est dit que tout était possible et qu’on ne pouvait plus avoir peur » a déclaré Franck Kessié en conférence de presse après la victoire en demi-finale contre la République Démocratique du Congo.
Haller et Adingra en renfort
Au-delà de cette renaissance collective prônée par Emerse Faé, l’ancien international ivoirien peut compter aussi la plus-value apportée par ses individualités. Lors de la victoire des Super Eagles à la 2e journée du Groupe A, ni Sébastien Haller, ni Simon Adingra n’ont participé à cette rencontre. Cela tombe bien, le staff technique des Eléphants peut compter sur ces joueurs talentueux pour être titulaire dans cette finale. Performant en demi-finale, l’attaquant de Dortmund a marqué le but de la qualification en apportant de la qualité dans ce secteur de jeu défaillant depuis le début de la CAN. Pareil pour Simon Adingra qui par sa qualité de dribbles et de déplacements, met en mal les adversaires en créant des situations dangereuses. Ce n’est pas du tout. Emerse Faé va récupérer Oumar Diakité qui était expulsé contre le Mali.
C’est un autre match qui est attendu, ce dimanche. Le Nigeria, à la recherche de son 4e sacre sait qu’ils feront face à une Côte d’Ivoire différente que celle du mois de janvier. Avec l’appui du public qui veut gagner sa CAN et garder le trophée, la Côte d’Ivoire veut sa 3e étoile après 1992 et 2015. La montée en puissance de l’ambiance lors des matchs des Eléphants dans cette CAN montre à quel point, le public ivoirien croit à cette victoire. L’expression « Y a Dieu dedans » en est la parfaite illustration. Comme un vent d’irrationnel qui souffle dans l’air depuis quelques semaines.
El Hadji Malick SARR (à Abidjan)