Hier, l’ONAS a fait le point de la situation sur les actions importantes menées et les moyens immenses dégagés et qui ont permis de réduire considérablement les impacts des fortes pluies enregistrées durant l’hivernage 2023.
Selon le Directeur général Mamadou Mamour DIALLO, «au-delà de la présentation des efforts déployés, il s’agira également de mettre le doigt sur les contraintes et les difficultés enregistrés, de recueillir et de capitaliser les recommandations de tous les acteurs impliqués avant de décliner ensemble les perspectives de l’année 2024 pour relever les défis de la gestion des inondations dans le but d’améliorer continuellement le cadre de vie des populations ».
Après avoir annoncé la volonté du Chef de l’Etat d’ériger l’assainissement en priorité nationale, le Directeur de l’ONAS a soutenu que «pour atteindre à l’horizon 2030, l’Objectif de Développement Durable 6 (ODD 6) qui vise à « garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau », le Sénégal a opté pour le développement du sous-secteur en l’inscrivant dans la lettre de politique sectorielle, en quatrième place des priorités et en alignement au Plan Sénégal émergent (PSE) ».
De l’avis de Monsieur Diallo, «des investissements conséquents » ont été «ainsi consacrés au sous-secteur pour assurer une large couverture et de meilleure qualité en services d’eau et d’assainissement aux populations ».
Manmour D IALLO a souligné que «pour garantir l’atteinte des ODD, l’Etat du Sénégal à travers le Ministère de l’Eau et de l’Assainissement a travaillé sur une stratégie qui va décrire la ligne de conduite à suivre. La lettre de politique sectorielle de développement décrit la politique stratégique qui s’articule autour de l’analyse situationnelle, le cadre stratégique, les modalités opérationnelles ainsi que le cadre de suivi-évaluation ».
A en croire le Directeur Monsieur DIALLO, «à travers l’ONAS, l’Etat du Sénégal a investi de 2012 à maintenant, près de 475 milliards de FCFA. Il s’agit de financements de plusieurs projets et programmes structurants déjà réalisés ou en cours de mise en œuvre, portant sur de nombreuses infrastructures (stations d’épuration, de pompage, réseaux et ouvrages d’assainissement autonome, …) dans les grands centres urbains, périurbains et même rural visant à impacter le plus grand nombre de personnes afin d’améliorer leur cadre de vie ». Ont été réalisés : le Projet de Dépollution de la Baie de Hann, le projet d’Assainissement des 10 villes, le projet de renouvellement du Collecteur Hann-Fann, le Projet de Dépollution Nord Ville de Dakar.
Monsieur DIALLO a rappelé «qu’au cours des deux dernières années (2021 et 2022), des précipitations inhabituelles ont été enregistrées, entraînant des inondations par endroits, ayant découlé sur le déclenchement du plan ORSEC avec le déploiement de moyens supplémentaires conséquents pour y faire face ».
Il a ajouté que «c’est fort des enseignements tirés de ces deux dernières années et dans le but de pallier les risques réels d’inondation pour l’année 2023, j’ai, dès ma prise de fonction, mis en place une commission chargée d’élaborer une matrice d’actions prioritaires planifiant les activités à mener au cours de l’hivernage 2023 et déclinant les indicateurs de suivi y afférents ».
Ladite matrice s’articule principalement autour de l’indentification des points noirs qui vont être pris en compte à travers des travaux d’urgence pour les zones les plus prioritaires et par des mesures conservatoires pour les autres. On peut aussi parler de la réalisation de travaux évalués à hauteur de 74 826 250 000 FCFA. Il y a le démarrage précoce des opérations pré-hivernage à Dakar et dans les régions et l’engagement des travaux dont les financements sont déjà mobilisés.
Par ailleurs, «avec cette matrice, dans le cadre de la gestion de l’hivernage 2023, l’ONAS a déployé une nouvelle stratégie basée sur l’anticipation, la promptitude et la proactivité avec notamment, le lancement des Operations Pré-hivernage dès le début du mois de mars avec le slogan « FEGGU JEM NAWET » et la réalisation de travaux structurants dans certains sites critiques à Dakar et dans les Régions (Phillipe Maguilène, Zone de Captage, Touba, Fatick, Kaolack, Diourbel) » soutient le Directeur de l’ONAS. Il a précisé que «cette stratégie a ainsi permis d’atténuer fortement les inondations mais également de passer un hivernage sans déclenchement du Plan ORSEC. Il convient de préciser à ce stade qu’un suivi régulier et rapproché a été mené par la direction générale pour jauger le niveau d’avancement des travaux en cours de réalisation mais aussi d’appréhender les résultats après pluies notamment sur le comportement et le fonctionnement de nos ouvrages ». A titre d’illustration, entre autres actions phares réalisées il faut noter le curage des réseaux de drainage des eaux pluviales et eaux usées, des bassins et bâches des stations de pompage dès le mois de mars ; l’entretien des équipements électromécaniques et électriques des stations de pompage d’eaux pluviales et d’eaux usées fixes et mobiles ; la mise place d’une surveillance H24 des installations de pompage fixes et mobiles et des points noirs du réseau avec le renforcement du personnel saisonnier. Au total 261 saisonniers ont été recrutés ; les travaux de la zone de captage (curage et reprofilage du bassin pour augmenter sa capacité 170 000 m3 à 250 000 m3, sécurisation du bassin par la construction d’un mur sur 1650 m de linéaire, augmentation de la capacité de pompage de 6000 m3 à 11000 m3 avec la fourniture de nouvelles électropompes, pose d’une deuxième conduite de refoulement entre le bassin et EMG, construction de 1,7 km de canaux de drainage des EP ; les travaux de drainage à Touba (pose de 9,5km de canaux, aménagement d’un nouveau bassin d’infiltration au niveau de Keur Kab, renforcement du pompage de la station de Keur Niang, construction de nouveaux bassins à côté de la STAP de Nguelemou, sécurisation des bassins de Darou Rahmane et de Pofdy, construction de 23 forages de rabattement de nappes à Touba Mosquée.
Pour parvenir à réaliser ces actions précitées il a fallu engager des moyens considérables dont le déploiement de 10 camions benne, 06 camions grue, 12 tractopelles, 30picks-ups, 20 km de tuyaux anacondas et 40 km de flexibles pour les sapeurs-pompiers, 12 motopompes de 1500m3/heure et 08 de 2000m3/heure etc. sans compter le matériel mis à disposition des volontaires de l’assainissement et la stratégie mise en place pour le déploiement rapide du carburant.
En dépit des efforts de l’ONAS pour amoindrir au maximum les effets des fortes pluies, notre action a quelque fois été limitée par un certain nombre de difficultés compte tenu de l’immense chantier que représnte drainage des eaux pluviales. Parmi ces contraintes nous pouvons citer l’insuffisance des ressources financières de l’ONAS pour la gestion des inondations ; les branchements clandestins sur les réseaux d’eaux pluviales ; le dépassement de capacité des réseaux des eaux usées pendant l’hivernage ; la vétusté et le sous-dimensionnement de certains ouvrages d’assainissement ; l’obstruction des canaux par les ordures et le sable ; l’urbanisation galopante et non contrôlée : occupation des bas-fonds et des voies d’eaux ainsi l’obstruction des exutoires ; les comportements inappropriés des populations par rapport au réseau d’assainissement (vols de plaque fonte, l’obstruction des voies d’eau par les ordures, l’ouverture des regards en temps de pluie).
Le Directeur a remercié ses partenaires de l’Association Speak Up Africa et a salué la participation des élus territoriaux, les volontaires de l’assainissement, les leaders communautaires, les entreprises en charge des travaux et les sous-traitants chargés de l’entretien et de l’exploitation du réseau. Il n’a pas manqué d’encourager les agents de l’ONAS, du personnel cadre aux ouvriers/employés. Modou FALL