Avec la Confédération Africaine de Football, rien n’est jamais figé. Des changements sans cesse, on va de report en report. Après la CAN 2021 disputé en 2022, l’édition 2023 qui aura lieu en Côte d’Ivoire connaitra aussi un changement. Elle sera décalée en janvier 2024 pour, officiellement, des raisons météorologiques bien qu’il puisse y avoir des non-dits. Quoi qu’il en soit, ce nouveau changement fera réapparaitre de vieux soucis pour les sélections africaines et pour la CAF elle-même.
C’était pressenti depuis quelques semaines. Et c’est désormais officiel depuis dimanche : la Coupe d’Afrique des Nations initialement prévue en 2023 en Côte d’Ivoire sera finalement retardée jusqu’en 2024 mais toujours au même lieu. La décision a été prise par le comité exécutif de l’instance faitière du football africain organisé à Rabat, au Maroc, en marge de la CAN féminine.
Que d’incohérences
Comme la CAN 2021 finalement disputée entre janvier et février 2022, la CAN 2023 sera ainsi repoussé l’année suivante ; mais pas pour les mêmes raisons. Le tournoi qui a eu lieu au Cameroun et remporté par le Sénégal a été reporté pour cause de pandémie de Covid-19 à l’instar des Jeux Olympiques 2020, de l’Euro 2020, de la Copa America… Tandis que l’édition 2023 va elle, être retardée en raison des conditions climatiques, durant la période initiale en Côte d’Ivoire, comme un peu partout en Afrique d’ailleurs. Pourtant, après le report de la CAN 2021, la même question s’était posée, quant à son rapprochement avec celle de 2023 mais la CAF avait décidé de maintenir cette dernière à date prévue. Comme si elle ne savait pas encore qu’il pleut à cette période-là en Afrique de l’ouest précisément. Il faut admettre que l’instance ne pouvait pas uniquement changer de période (de juin-juillet à janvier-février) parce qu’il y aura la Coupe du monde entre novembre et décembre et est donc impossible pour les joueurs africains d’enchainer une autre grande compétition ; les organismes ne pourront pas supporter d’enchaîner deux compétitions en l’espace de quelques semaines.
Finalement, on peut s’interroger sur la pertinence de la décision de la CAF sous Ahmad Ahmad dès son arrivée à la tête de l’instance continentale en 2017 en remplacement du camerounais Issa Hayatou de synchroniser la compétition phare de la CAF avec les grandes compétitions à l’instar de l’Euro, de la Copa America ou même de la Coupe du Monde de football qui se déroulent en été. On est parti pour vivre encore longtemps ce ping-pong puisque même la Guinée (pays hôte de la CAN 2025), juin-juillet correspond aussi à la saison des pluies, avec des risques de fortes précipitations et d’inondations, comme c’est le cas en Côte d’Ivoire. « Nous ne voulons pas prendre le risque d’organiser un tournoi sous un déluge. Ce ne serait pas bon pour le football africain et son image », a déclaré le président de la Confédération africaine de football, Patrice Motsepe. Dans tous les cas, cela illustre à merveille le retard criard de l’Afrique o jusqu’en 2022, on ne peut pas jouer au football par ce que tout simplement il pleut. Alors qu’il pleut peut-être bien plus dans d’autres cieux ou qu’il neige, n’empêche, le ballon roule. C’est donc seulement en Afrique que l’hivernage empêche de tenir une grande compétition.
Des non-dits
Officiellement donc, ce changement de planning a été décrété en raison fortes précipitation attendues aux pays des Eléphants. Mais force est de constater qu’il est constaté récemment du retard dans la préparation par le pays hôte, à savoir la Cote d’Ivoire. Par ce que le climat en terre ivoirienne était connu de tous dès l’attribution de l’organisation il y a de cela plusieurs années. En réalité, certains stades en constructions pouvaient ne pas finir dans les délais. En visite en Côte d’Ivoire, en mars dernier, le président de la Confédération africaine de football (CAF) a été «rassuré» par l’avancement des infrastructures. «Il reste quelques problèmes encore à régler», avait cependant précisé, Patrice Motsepe. Mais, on notait encore beaucoup de travaux à achever dans ces stades. Soit encore en construction, soit en rénovation depuis 8 ans pour les besoins de la compétition. Même cas pour la CAN 2025 qui risque aussi de connaitre un changement de date, voire même une délocalisation. La Guinée, pays organisateur, n’est pas du tout prête pour accueillir l’évènement.
La pression des clubs
Le retour de la CAN 2023 (désormais 2024) en hiver, ne rendra pas la tâche facile à la CAF et les sélectionneurs qui font souvent face à la forte pression des clubs européens, qui sont toujours frileux à se passer de leurs internationaux africains pour une longue période en hiver, bien que les statuts de la Fifa les y contraignent. En effet, les clubs n’ont pas le droit de retenir leurs joueurs sélectionnés pour une rencontre internationale inscrite dans le calendrier de la FIFA. Car, selon l’article 1.1 de l’annexe 1(Mise à disposition des joueurs pour une les équipes représentatives des associations) du règlement du Statut et du Transfert des Joueurs de la FIFA, un club ne peut empêcher un joueur de rejoindre sa sélection : «Un club ayant enregistré un joueur doit mettre ce joueur à la disposition de l’association du pays pour lequel le joueur est qualifié, sur la base de sa nationalité, s’il est convoqué par l’association en question ». Mieux encore, cet article précise que « tout accord contraire entre un joueur et un club est interdit ». Le Club doit ainsi mettre le joueur à disposition de sa sélection « pour toutes les périodes de matches internationaux figurant dans le calendrier international des matches… dans la mesure où l’association concernée est membre de la confédération organisatrice ». Sauf qu’il faut rappeler, qu’il n’y a pas encore un an, une circulaire de l’instance dirigeante du football mondiale, datée du 5 février dernier, avait donné la possibilité aux clubs en raison, dit-elle, de la pandémie du coronavirus. Il y aura sans doute encore, ces tentatives des dirigeants des clubs européens car étant toujours dépouillés de certains de leurs joueurs, dont des éléments essentiels (Sadio Mané, Mohamed Salah, Ryad Mahrez, Edouard Mendy entre autres) en plaines saison. En tout cas, tous ces changements font dérailler la machine de la CAN et cela pose encore le problème de manque de maitrise et d’indépendance de la CAF. Jacques Victor GOMIS
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