Le Maghreb et le Sahel deviennent de plus en plus un nouveau théâtre d’une « guerre de l’ombre » menée par l’Iran, principalement à travers son soutien à des groupes en rébellion. Cette implication croissante de jour en jour suscitedes inquiétudes au niveau des Etats de la zone, surtout le Maroc, soucieux de la stabilité régionale en raison de ses objectifs de développement.
L’intérêt pour l’Iran d’avoir des proxys est multiple et s’inscrit dans sa stratégie régionale et ses objectifs de politique étrangère, fondée sur la projection de puissance etd’influence régionale. Ses proxys lui permettent d’étendre ses actions au-delà de ses frontières sans engager directement ses propres forces militaires afin d’éviter des représailles directes.Le développement de mandataires régionaux lui offre une présence et une capacité d’action comme c’est le cas dans des régions stratégiques comme le Liban (Hezbollah), la Palestine (Hamas, Jihad islamique), la Syrie, l’Irak (diverses milices chiites) et le Yémen (Houthis) en sus des perspectives liées à son agenda idéologique et politique.
Pour ce faire, l’Iran exploite les dynamiques conflictuelles locales et mise sur les rebellions, peu importe leurs idéologies ou orientations, L’essentiel réside dans leur capacité à obéir aux instructions et injonctions qui servent la géostratégie du maitre
Le danger est que cette stratégie de recours aux proxys comporte plusieurs inconvénients et risques dans la zone concernée et sur les populations, du fait que ces groupes, qui ne se sont accrochés à la stratégie iranienne que pour chercher un soutien et de la publicité ont leurs propres agendas qui ne coïncident pas toujours avec ceux de Téhéran.
Est-ce moralement acceptable que la recherche effrénée de relais géostratégiques nous conduise à déstabiliser une région déjà instable comme le Sahel ?
Des rapports crédibles et des preuves visuelles présentées à l’ONU confirment que l’Iran a fourni des drones armés, voire des drones kamikazes au Front Polisario par le biais de son allié, le Hezbollah. Au demeurant, en 2022, le Front Polisario a lui-même revendiqué avoir reçu des drones kamikazes de la part de l’Iran, soulignant une collaboration militaire directe dans ce domaine.
Par ailleurs, des allégations crédibles des nouvelles autorités syriennes font état de la présence d’instructeurs du Hezbollah dans les camps du Polisario, dispensant une formation militaire sur l’utilisation des armements fournis ainsi que sur des tactiques de guérilla. La présence de combattants du Polisario en Syrie aux côtés du régime de Bachar al-Assad, soutenu par l’Iran est avérée et documentée par les révélationsdes nouvelles autorités syriennes.
Bien que l’Iran et l’Algérie nient officiellement toute implication de ce type, des preuves matérielles, telles que des restes de drones iraniens retrouvés dans la région, et des témoignages de sources diverses tendent à confirmer ces allégations. Des images présentées à l’ONU ont également corroboré la fourniture d’armes avancées.
Le soutien militaire iranien via le Hezbollah au Front Polisario est une réalité préoccupante qui contribue significativement à la complexité et à la dangerosité de la situation en Afrique du Nord. Ce soutien en armement alimente un conflit qui a des répercussions sur l’ensemble de la région.
L’implication iranienne dans la fourniture de drones ne se limite pas au Polisario. Des rapports indiquent que l’Iran cherche à étendre sa présence et son influence en fournissant des drones à d’autres alliés à travers l’Afrique, ce qui soulève des préoccupations quant à la prolifération de ces technologies potentiellement déstabilisatrices sur le continent.
En tout état de cause, la présence de drones iraniens entre les mains du Front Polisario, un groupe pas loin du terrorisme, alimente les tensions régionales, inquiète même les puissances occidentales, notamment les États-Unis, et soulève des questions quant à la sécurité et la stabilité de l’ensemble de l’Afrique du Nord et du Sahel déjà en zone de turbulence.
Nous mettons en garde contre le fait que les camps de Tindouf, contrôlés par le Polisario, pourraient devenir des zones propices au recrutement jihadiste et abriter des organisations militantes extrémistes. Des liens entre des membres du Polisario et des groupes terroristes au Sahel ont été établis par le passé.
L’Algérie facilite ce corridor stratégique via des bases militaires à Tindouf. Des images satellitaires publiées en mars 2025 révèlent l’extension d’installations logistiques adaptées au stockage de drones.
En réalité, le Front Polisario est devenu un pion sur l’échiquier africain de l’Iran en acceptant le jeu d’uneprojection militaire par procuration.
Le Front Polisario sert de relais opérationnel à l’Iran dans le Sahara marocain, avec des livraisons confirmées de drones kamikazes Shahed et de missiles sol-air 358 depuis 2023. Ces transferts, orchestrés via le Hezbollah libanais, transforment un conflit territorial en théâtre de guerre hybride. Des éléments du Polisario sont formés en Syrie par les Gardiens de la Révolution (IRGC – Islamic Revolutionary Guard Corps, ou CGRI – Corps des Gardiens de la Révolution Islamique) pour l’acquisition de compétences en guerre urbaine et en sabotage, comme le montrent les incidents frontaliers de 2024.
Tout laisse à croire que l’implication iranienne dans le conflit du Sahara demeure une tentative de défier l’influence des nations arabes et des puissances occidentales en Afrique du Nord. L’axe Iran-Hezbollah–Polisario perçoit le Sahara marocain comme un point de friction potentiel pour exercer une pression sur le Maroc, un allié des États-Unis et qui a normalisé ses relations avec Israël.
L’Afrique du Nord semble devenir une zone d’influence croissante pour l’Iran, qui utilise des groupes comme le Front Polisario pour avancer ses intérêts et potentiellement déstabiliser la région. Cette situation est suivie de près par le Maroc, l’Europe, les États-Unis et leurs alliés.
Le Front Polisario est une force supplétive de l’Iran dans la région de l’Afrique du Nord. Cette perception repose sur un faisceau d’éléments convergents qui feront l’objet d’un autre article.
Face à ces éléments, des voix s’élèvent, notamment aux États-Unis, pour qualifier le Front Polisario d’organisation terroriste en raison de ses liens avérés avec l’Iran et le Hezbollah, et de la menace que cela représente pour la stabilité régionale et les intérêts américains. De nombreux indices suggèrent une instrumentalisation par l’Iran dans le cadre d’une stratégie régionale plus large, suscitant de vives inquiétudes quant à la sécurité et la stabilité en Afrique du Nord.
Téhéran pose des actes inquiétants en proposant des partenariats gagnant-gagnant aux régimes isolés :
L’Algérie est le mentor du Polisario, son créateur et son bailleur. Le front Polisario ne saurait exister sans l’Algérie. Elle plaide activement pour la remise en question de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Et, elle lui fournit un soutien diplomatique, politique, logistique et territorial en autorisant et en facilitant la présence du Front Polisario sur son sol. Ainsi, elle lui offre une base arrière pour son organisation et ses activités subversives.
DES CONSEQUENCES MULTIPLES PEUVENT DECOULER DE CES ACTIONS DE RELATIONS INTERNATIONALES ILLICITES
L’implication croissante de l’Iran et de ses mandataires, notamment le Hezbollah, en Afrique du Nord a des répercussions significatives sur la stabilité régionale :
L’idée d’une « alliance stratégique » entre l’Iran, l’Algérie et le Front Polisario repose sur un faisceau d’intérêts convergents et d’actions coordonnées qui suggèrent une forme de partenariat stratégique contre les intérêts anti-occidentaux et anti-israéliens partagés.
Les conséquences du soutien iranien au Front Polisario sont multiples et touchent à la stabilité régionale, aux relations internationales et aux dynamiques internes du conflit du Sahara. Le renforcement militaire du Polisario peut entrainer une déstabilisation régionale car les camps de Tindouf pourraient devenir un terreau pour les organisations militantes extrémistes et un centre de recrutement djihadiste transfrontalier, le Polisario servant de relais à l’Iran auprès de réseaux djihadistes africains avec en sus de l’exploitationd’enfants soldats
Le Conseil de Sécurité de l’ONU adopte régulièrement des résolutions sur la situation au Sahara, réaffirmant l’objectif d’une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, basée sur le compromis.
Cependant il faut remercier le Maroc qui, sans attendre les tergiversations et pour barrer la route au terrorismerampant a entrepris d’importants investissements dans ses territoires du sud à travers des plans de développement spécifiques. Le « Nouveau Modèle de Développement des Provinces du Sud » lancé en 2015 vise à moderniser les infrastructures, stimuler la croissance économique et améliorer les conditions de vie des populations locales.
Les secteurs clés de développement incluent la pêche, le tourisme, les énergies renouvelables (notamment l’éolien et le solaire), l’agriculture, et le développement des infrastructures portuaires et routières. Le projet du port de Dakhla Atlantique est un exemple phare de ces investissements. Des efforts sont déployés pour améliorer la connectivité de ces régions du Sud au reste du Maroc et à l’Afrique subsaharienne, notamment à travers l’achèvement de la voie express Tiznit-Dakhla et le développement de liaisons aériennes.
Pour les aspects Politiques et Sécuritaires, le Maroc propose une autonomie élargie pour le Sahara marocain comme solution politique au conflit. Cette proposition est acceptée par les plus grandes démocraties du Monde à l’image de Tammy Bruce, la porte-parole du département d’État qui a déclaré : « Les États-Unis reconnaissent la souveraineté marocaine sur le Sahara et soutiennent la proposition d’autonomie sérieuse, crédible et réaliste du Maroc comme seule base pour une solution juste et durable au différend ».
La gestion des territoires du sud par le Maroc est un processus qui combine des efforts de développement économique et social avec des défis politiques et sécuritaires.
A cet égard, l’ombre de l’Iran planant sur l’Afrique du Nord complique considérablement le paysage régional. Elle alimente les rivalités existantes, introduit de nouveaux facteurs de déstabilisation et entrave les perspectives de paix et de coopération. La région risque de devenir un nouveau terrain de confrontation par procuration, avec des conséquences potentiellement durables pour sa sécurité et le développementdu terrorisme dans la zone.
Il est important de noter que ces inquiétudes doivent être minimisées car le Maroc a les moyens de défendre son territoire ; ce qu’il a toujours fait depuis l’an 788, caractérisé l’exil d’Idris1er créateur du Maghreb al-Aqsa. L’autre dimension qui nous pousse à la sérénité est l’attachement des sahraouis au Royaume du Maroc par leur active participation à la vie publique marocaine. En effet, la majorité des populations du Sud se sentent marocains et aspirent à une résolution pacifique de ce conflit artificielsavamment entretenu et à une vie plus digne que celle d’un éternel refugié.
Sa Majesté le Roi du Maroc, par son plan de large autonomie a proposé une résolution juste, acceptable et durable du conflit du Sahara marocain pour promouvoir le développement et lastabilité régionale.
Dr Abdoul Latif Aidara, Directeur général du CISPAIX Coordinateur de la Coalition pour l’autonomie du Sahara AUSACO.