3 questions à… est la trouvaille de dakarposte. Il s’agit d’une série d’interviews avec des politiques, journalistes, artistes, des opérateurs économiques ou des citoyens lambdas…. Un format court – mais pas trop – pour rentrer directement dans le vif du sujet… L’ancien ministre d’Etat ouvre le bal. BabacarGaye, connu pour sa liberté de pensée et d’action, exprime sans faux-fuyant son opinion sur le sujet qui est sur toutes les lèvres: la candidature du Président Macky Sall, mais également ce que d’aucuns appellent prosaïquement le cas Ousmane Sonko, entre autres.
Entretien…
Dakarposte: En annonçant sa candidature, Idrissa Seck est venu ajouter son nom sur la liste des prétendants officiels à la décisive Présidentielle de Février 2024. Si celle-ci est loin d’être bouclée, certains ont fait part de leurs ambitions présidentielles. Que pensez-vous de la candidature de l’ex Premier ministre (Idrissa Seck) et des autres candidats déjà déclarés ?
Babacar Gaye: Il ne m’échoit pas le droit de porter un jugement sur les déclarations de candidature d’un compatriote. Qu’il s’appelle Idrissa Seck ou Tartempion! C’est un droit absolu que leur accordent la Constitution ainsi que les lois et règlements en vigueur. Au demeurant, j’estime que Idrissa Seck aurait dû poser le débat au sein de la coalition Bennoo Bokk Yakaard’autant qu’il attend impatiemment le Président MackySall qui, selon lui, a l’obligation de déclarer sa candidature devant cette instance.
A mon avis, cette sortie du Président Idrissa Seck est un casus belli à peine voilé qui aura indubitablement des conséquences sur la cohésion de la majorité présidentielle. Un divorce somme toute logique, est dans le pipeline.
Pour ce qui concerne les autres candidats déclarés, je ris sous cape. Les uns ont des contraintes légales pour se présenter, d’autres n’ont pas de notoriété politique reconnue. La plupart appartiennent à des coalitions qui risquent d’imploser pour des querelles d’ambition.
C’est déjà officieux, pas encore officiel. Je veux dire par là que nombre de militants, responsables et alliés de la mouvance présidentielle annoncent déjà que le président Macky Sall serait candidat à sa propre réélection. Mais, il tarde à lever le voile en se portant candidat ou pas. Quel commentaire en faites-vous?
Je n’ai aucun commentaire à faire sur le timing ou l’agenda politique du Président Sall, car lui seul connaît le momentum. Quand arrivera le moment que lui seul connaît, il se prononcera dans l’un ou l’autre sens. Quand bien même, il a déjà annoncé la couleur en déclarant qu’il n’existe aucun obstacle juridique à sa candidature. Peut-être que le Président est toujours dans le temps de l’action gouvernementale qui n’est pas celui de la politique politicienne.
Juste une dernière question. Le leader du Pastef, récemment condamné, affirmait détenir un rapport de l’Inspection générale d’État (IGE) qui établirait la preuve d’un détournement, par le ministre Mambaye Niang, de 29 milliards de F CFA du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac). Le parquet général a fixé dans l’urgence la date de l’audience en appel de l’opposant à Mambaye Niang.
Sauf revirement, l’audience a été calée pour ce 17 avril 2023. Une célérité dans le traitement de cette affaire de diffamation qui a surpris plus d’un. Est-ce votre cas?
Franchement je ne suis pas surpris de la célérité avec laquelle le procès en appel dans l’affaire pour diffamation opposant Mame Mbaye Niang à Ousmane Sonko, a été enrôlé.
D’abord c’est le procureur, maître des poursuites ,qui est seul habilité à fixer la date de l’audience. D’autant qu’il a des raisons objectives de contester la décision rendue en première instance si on se réfère aux dispositions du Code pénal en ses articles 259 et 260. Ensuite, les délais impartis aux parties sont respectés. Enfin, la paix civile est menacée et la marche du pays sera affectée aussi longtemps que ces procès ne sont pas vidés. J’estime que des affaires privées ne devraient pas mobiliser autant de temps et d’énergie. A mon avis, ce serait d’ailleurs l’occasion pour Ousmane Sonko qui n’a pas pu se présenter à la barre, de venir produire le rapport qu’il dit détenir et permettre à ses avocats de plaider devant le tribunal.
Un banal procès en diffamation ne devrait pas susciter autant de passion même si les acteurs concernés sont des hommes politiques qui ne sauraient bénéficier d’un quelconque privilège de justice.
Vous avez un dernier mot?
Je voudrais juste demander aux politiciens de tempérer leurs ardeurs pour un Sénégal de concorde, de paix et de stabilité. Il y a une vie après février 2024. Et nous sommes un îlot paisible de vie démocratique intense dans un océan de feu, en dépit des errements regrettables. Gardons-nous de transposer les crises qui sévissent dans la sous-région, à l’heure du gaz et du pétrole, au coeur de notre commune volonté de vivre ensemble dans un Sénégal stable et prospère.
njaydakarposte@gmail.com
Mamadou Ndiaye