Hier, la France s’est réveillée avec l’information des quatre ressortissants français retenus à Ouagadougou, depuis décembre 2023, libérés à la suite de la médiation du roi Mohammed VI. Il s’agit là, d’un grand succès diplomatique enregistré par le Royaume Chérifien qui ne cesse de surprendre.
C’est à la suite de la médiation du roi Mohammed VI, que «leprésident de la République du Burkina Faso, Ibrahim Traoré, a répondu favorablement à sa demande de libération de quatre ressortissants français, retenus à Ouagadougou depuis le mois de décembre 2023 », indique le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger.
Ensuite, un communiqué de l’Élysée a indiqué que, «lePrésident de la République s’est entretenu hier, mercredi 18 décembre 2024, au téléphone avec Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Roi du Maroc, afin de le remercier chaleureusement de la réussite de la médiation qui a rendu possible la libération de nos quatre compatriotes retenus depuis un an au Burkina Faso », a indiqué l’Élysée.
En rappel, les quatre français avaient été arrêtés le 1er décembre 2023 et accusés d’espionnage. Après une mise à l’examen, ils avaient été transférés à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Selon des sources locales, ils seraient partis du Burkina dans la nuit du 18 au 19 décembre 2024.
RFI a soutenu que «c’est la conclusion d’un feuilleton qui dure depuis un an et 18 jours. Le 1ᵉʳ décembre 2023, alors que ces quatre membres de la DGSE se rendaient à Ouagadougou pour travailler avec l’Agence nationale des renseignements (ANR) du Burkina Faso, ils sont arrêtés ».
Par ailleurs, la radio a ajouté que «la Direction de la sureté de l’État (DES) estime qu’administrativement leurs visas ne sont pas en règle et surtout que leurs téléphones de services contiennent des documents et des photos jugés sensibles par la sûreté burkinabè ».
«Aussitôt, les agents français, accusés d’espionnage, sont incarcérés à la Maco, la Maison d’arrêt de Ouagadougou, et plus tard transférés au secret dans différentes villas de Ouaga 2000 » note la RFI qui ajoute «s‘ensuivent de longues et infructueuses tractations pour faire libérer ces ressortissants français. Le président du Togo, Faure Gnassingbé, dépêche certains négociateurs au Faso, mais le régime du capitaine Ibrahim Traoré ne donne pas suite ».
Il semble que «Ouagadougou réclamait de l’argent contre leur libération et aussi l’extradition d’opposant réfugiés à l’étranger, et notamment en France » informe la radio française.
Cet acte humanitaire a été rendu possible grâce aux relations excellentes qui lient le Roi Mohammed VI au président Ibrahim Traoré. Il faut aussi noter la coopération de longue date unissantle Royaume du Maroc et la République du Burkina Faso.
Cette intervention royale au profit des ressortissants français témoigne également de la bonne santé des relations et de respect mutuel entre les deux pays.
Le Maroc est devenu un partenaire stratégique du Burkina Faso et de l’ensemble des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Les relations très anciennes entre Rabat et Ouagadougou ont facilité cette initiative marocaine. Et pourtant, d’autres pays avaient tenté de jouer une médiation pour faire libérer ces agents français sans succès.
Par ailleurs, des sources officieuses ont annoncé une médiation marocaine auprès des autorités nigériennes pour faire libérer Mohamed BAZOUM ancien chef de l’Etat renversé par Abdourahmane TIANI. Plusieurs sources médiatiques dont«Afrique confidentielle » l’ont affirmé. Mais pour le moment, aucune source officielle ne confirme cette information. En tout état de cause, en général, ces genres de mission ne sont rendues public qu’à leur terme. C’est le jour de la libération de Mohamed BAZOUM que l’on aura plus de détails sur les termes de la supposée médiation marocaine. Dans tous les cas, ce que le Burkina Faso a accepté pour Rabat, le Niger ne le refusera pas au Maroc.
En attendant, il faut saluer ce succès diplomatique du Royaume Chérifien qui développe une approche consolidante dans ses relations avec ses voisins.
Au-delà du Burkina Faso et du Niger, le Maroc entretient d’excellentes relations avec le Mali, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, le Nigéria. C’est la raison pour laquelle, Rabat a décidé de lancer plusieurs projets de développement avec ses voisins subsahariens. On peut rappeler le gazoduc qui enlace l’Afrique de l’Ouest en passant par le Nigéria jusqu’au Marocpour arroser l’Europe.
Le Royaume chérifien a également lancé l’Initiative Atlantique qui va permettre aux pays de l’AES d’avoir un accès à l’Atlantique. Mieux encore, Rabat a mis à la disposition de ces pays de l’AES tout son écosystème portuaire pour leur permettre de développer des échanges commerciaux à partir du premier port d’Afrique en 2023, TangerMed et d’ici 2029 au port de Dakhla Atlantique. D’ailleurs, cette Initiative marocaine est à l’origine de plusieurs rencontres tenues en présence du Ministre des Affaires Etrangères du Maroc, Monsieur Nasser BOURITAet ses collègues de l’AES plus le Tchad. Toujours au plan économique, le Maroc apporte de l’aide à travers l’Office Chérifien du Phosphate (OCP) pour soutenir le secteur agricole dans les pays de l’Afrique de l’Ouest.
En plus, Rabat accompagne ces pays dans la lutte conte le terrorisme. L’AES est fortement secouée par l’insécurité provoquée par les groupes terroristes. Ces pays ont toujours su compter sur l’expertise marocaine sollicitée jusqu’au-delà de la méditerranée. Plusieurs pays collaborent avec le Maroc dans ce domaine. L’AES ne saurait faire l’exception.
Pour finir, disons que le président Emmanuel MACRON va marquer des points auprès de l’opinion publique française suite à la libération de ces trois agents. Car, certains s’interrogeaient sur la pertinence de la visite d’Etat organisée au Maroc par le Chef de l’Etat. Il est maintenant clair que le président français a eu raison sur ses détracteurs. Et il a été bien inspiré enreconnaissant la marocanité du Sahara. Car, tout est lié. Et aujourd’hui, Paris peut dévoiler toute sa reconnaissance à l’égard de Rabat qui accompagne également l’Union européenne dans la lutte contre le terrorisme.
Cheikh GUEYE
