Le Mouvement « Sahraouis pour la Paix » (MSP) a organisé avec la collaboration du Centre Africain d’Intelligence Stratégique pour la Paix (C.I.S.Paix) la Deuxième Conférence Internationale pour le dialogue et la paix au Sahara Occidental à Dakar, les 27 et 28 octobre 2023. Cette fois, le choix s’est porté sur la capitale d’un grand pays, dont le nom et le peuple ont toujours été une référence en matière de démocratie, de tolérance et de coexistence sur le continent Africain. Le Sénégal, avec son passé glorieux et son présent radieux, est une icône des valeurs humaines. Cela se reflète sur le poids et le prestige du Sénégal du XXIe siècle et ressort également dans les œuvres et la poésie universelle du président Léopold Sédar Sengor, dont les idées et les réflexions ont marqué la pensée postcoloniale africaine ; un héritage qui nous inspire, nous Sahraouis, et nous encourage à rêver et à lutter pour un avenir de paix et de prospérité.
Il y a trois ans, le MSP a commencé ce voyage, en pleine pandémie qui a dévasté le monde. Ses fondateurs et ses militants ont décidé de franchir cette étape, armés de la foi dans la nécessité et la commodité de rechercher une solution pacifique, loin du rugissement des armes ; une solution qui nous permet de sortir du sombre tunnel dans lequel les intérêts et les projets politiques étrangers nous ont entraînés. Grâce à cela, de nombreux Sahraouis ont décidé de se joindre à nous, et entrevoient aujourd’hui une nouvelle opportunité qu’ils veulent saisir avec fermeté car ils sont convaincus qu’il n’y a pas d’autre moyen d’être maîtres de leur destin et de construire leur avenir.
Le travail ne fait que commencer et, comme nous l’avons annoncé l’année dernière dans le « Manifeste des îles Canaries », nous sommes convaincus que pour atteindre notre objectif, nous devons dissocier notre destin, du radicalisme et des utopies destructrices, en laissant derrière nous les sombres souvenirs et les expériences amères d’un voyage vers nulle part dans lequel nous avons été embarqués il y a un demi-siècle.
Nous, les Sahraouis, ne pouvons pas nous résigner à la fatalité. Notre avenir est entre nos mains et pour en faire une réalité, nous devons affronter les défis et les adversités avec du bon sens et du pragmatisme. Lors de la Conférence des îles Canaries, nous avons semé les premières graines de l’espoir et de l’optimisme. Nous avons décidé de laisser les mirages derrière nous, en pariant sur la seule solution possible et en présentant les bases d’un règlement pacifique avec le Royaume du Maroc, avec tous les Sahraouis, même ceux qui sont aux antipodes d’un point de vue politique et idéologique.
La célébration de la deuxième Conférence internationale pour le dialogue et la paix à Dakar et la présence d’une importante délégation de l’autorité traditionnelle sahraouie, institution connue pour les vertus de prudence et de sagesse, est une preuve que nous avançons dans le bon sens. Nous exprimons à tous, notre sincère gratitude, et les invitons à nous accompagner et à nous conseiller dans ce sens vers un nouvel horizon de paix, de tranquillité et de prospérité pour les Sahraouis.
Nos remerciements également aux nombreux hommes d’État, hommes politiques et experts d’Afrique, d’Amérique latine et d’Europe qui nous ont accompagnés à cette occasion et dont la présence prouve clairement que notre discours en faveur de la paix et contre la guerre trouve des oreilles attentives aux quatre coins du monde. A eux tous et à travers leurs gouvernements, partis politiques et institutions, nous demandons d’apporter du soutien pour que la paix, la concorde et la coexistence puissent régner au plus vite entre les peuples et les nations de l’Afrique du Nord-Ouest.
Nous avons commencé la marche pour la paix le 22 avril 2020 lorsque nous avons décidé de fonder le MSP. Mais pour aller plus vite, nous pensons qu’il est nécessaire et essentiel de promouvoir des initiatives à travers lesquelles le chemin ininterrompu vers la fin du conflit soit plus court.
- Soutenir « le Mouvement Sahraouis pour la Paix » dans ses efforts pour se consolider comme la nécessaire « troisième voie », comme en témoigne sa feuille de route claire et définie, son approche modérée et sa proposition réaliste afin de parvenir à une solution pacifique, sans gagnants ni perdants. Nous devons tous convaincre ceux qui insistent encore sur la pratique de la « guérilla », en envoyant des jeunes désespérés par la pauvreté et le manque d’horizon vers une mort certaine, à reconsidérer et à se détourner des voies du suicide. Le Polisario a rejeté pour la deuxième fois notre invitation au dialogue, ignorant que le titre de « représentations et partis uniques » a été enterré avec les avant-derniers totalitarismes du siècle dernier.
- Créer des plateformes africaines pour soutenir le MSP et d’autres causes de paix en Afrique, impliquant des intellectuels, des politiciens et des experts de divers pays. Également en Europe et en Amérique Latine, pour que le Mouvement puisse se consolider comme « troisième voie » et pouvoir contribuer à la solution pacifique du problème.
- Exhorter le Secrétaire Général de l’ONU à persuader son Envoyé personnel d’inviter et d’inclure dans le processus politique notre Mouvement Sahraoui pour la Paix, ainsi que les représentants de l’autorité traditionnelle sahraouie, représentés par les notables et les Chioukhs.
- Exhorter les gouvernements des pays influents, notamment les Etats-Unis, l’Espagne ou l’Union européenne, à reconnaître le Mouvement Sahraoui pour la Paix comme un interlocuteur nécessaire dans la recherche d’une solution pacifique au problème du Sahara et conseiller l’Envoyé personnel pour le Sahara Occidental, Staffan De Mistura à explorer d’autres voies et démocratiser le processus politique en incorporant d’autres acteurs, les nouveaux courants politiques, des membres de l’autorité traditionnelle et des représentants de la société civile.
- Saluer l’initiative de la création de la « Commission Sahraouie pour le Dialogue et la Paix » issue de cette Conférence de Dakar, composée de représentants des différents courants politiques et notables du territoire, ainsi que des camps de réfugiés sahraouis. Il convient de rappeler que la création de cette commission était l’une des propositions de la Conférence, tenue l’année dernière à Las Palmas.
- Demander aux autorités marocaines, si les efforts de paix et la mission de Staffan de Mistura ne prospèrent pas, d’ouvrir des voies de dialogue avec la Commission sahraouie pour le dialogue et la paix afin d’explorer les possibilités d’un accord définitif, dont le point de départ est la proposition d’autonomie de 2007 comme base pour une solution de compromis.
- Remercier les autorités sénégalaises et le Centre Africain d’Intelligence Stratégique pour leur collaboration à l’organisation et au déroulement de la Conférence dans les meilleures conditions et dont les résolutions et recommandations seront incluses dans ce qui sera désormais appelé « LA DÉCLARATION DE DAKAR ».
Chers amis, ce sont les fondations sur lesquelles nous devons construire l’avenir contre ceux qui, par leurs actions et leurs paroles, contribuent à faire éterniser le conflit et ses souffrances. Plus de division, plus de discorde, plus de désaccord entre les familles.
Nous l’avons dit l’année dernière et nous le répétons cette année : notre histoire est une histoire de lutte contre l’adversité, une histoire de dépassement. C’est l’histoire d’un effort collectif, celui des sahraouis, qui ont des raisons de croire qu’ils ont encore le temps de mettre fin à ce malheur, avant que ce malheur ne leur mette fin.
Vous, nous, avons le pouvoir de rendre ce changement possible, il est de notre devoir de le réaliser. Pour ce faire, faites de cette vie libre et belle un merveilleux pari pour l’avenir.
Merci beaucoup.
Fait à Dakar, le 28 octobre 2023