Si le Moyen-Orient est connu à travers le monde, pour sa sulfureuse histoire marquée par d’interminables guerres dévastatrices et destructrices, aujourd’hui, la région attire l’attention du monde entier, grâce au rôle diplomatique que jouent l’Arabie saoudite et le Qatar sur de nombreuses questions chaudes du moment. La région est devenue ces derniers temps un point de rencontres de négociation sur les dossiers internationaux les plus brûlants. En effet, l’émirat du Qatar et le royaume saoudien sont au cœur des conflits israélo-arabe et russo-ukrainien dont ils abritent respectivement les pourparlers pour une résolution de ces guerres qui minent tout le monde entier. Lesquelles sont nées régionales, mais très vite devenues mondiales, au regard de leurs implications et impact sur la paix et la sécurité internationales. Elles bouleversent de nos jours les dynamiques économiques mondiales de par leur caractère hybride et surtout à cause des blocages qu’elles ont causés aux chaines d’approvisionnement énergétique et alimentaire. Cela se justifie par le fait que le Moyen-Orient et la partie russe de l’Europe de l’Est, ainsi que l’Ukraine tiennent une place de choix dans la géopolitique du pétrole et du commerce international, à travers l’échiquier géopolitique mondial.
Aujourd’hui, il y a une lueur d’espoir de signature d’accord de cessez-le-feu entre Russes et Ukrainiens, en raison du dynamisme de Riyad qui s’active sur ce dossier russo-ukrainien. Pourtant, la Turquie semblait être le médiateur le plus privilégié ou fiable, vu son statut de membre de l’OTAN et l’amitié qui lie personnellement le président turc Recep Tayyib Erdogan à son homologue russe, Vladimir Poutine. L’Arabie saoudite a réussi à tenir ce rôle et de mener cette médiation à la faveur de sa neutralité sur ce conflit armé que l’ONU peine tant et toujours à résoudre depuis plusieurs années. A cela, s’ajoute la médiation du Qatar sur le dossier de la guerre entre Israël et le HAMAS, depuis le 07 octobre 2023. Même si l’émirat n’a pas enregistré de résultats concrets, son engagement a été salué et accompagnée par la communauté internationale se trouvant souvent être accusée de politique de deux poids deux mesures sur ce pernicieux dossier. En sus, se note l’engagement de Doha sur la gestion du conflit entre le Rwanda et le Congo RDC, sur le fond de guerre au Kivu, à l’Est du pays où le mouvement rebelle du M23 sévit depuis plusieurs années, avec le soutien de Kigali dont des forces armées sont présentes dans cette région congolaise. En clair, le Qatar a réussi à réunir autour d’une même table, les présidents congolais, Félix Tshisekedi et rwandais, Paul Kagame, le 18 mars 2025, à Doha. Cette rencontre est la première du genre, car depuis plus d’un an, les deux présidents ne se sont jamais rencontrés, encore moins entretenus en face à face. Cela détermine un succès probant de la diplomatie qatarie en Afrique, dès lors que l’Union africaine (UA), la Communauté Est-africaine (CEA) et la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (CDAA), etc. n’ont jamais réussi à réunir les deux hommes, après plusieurs mois de tentatives en ce sens.
Il sied de rappeler que le Qatar avait déjà offert ses bons offices aux Américains et Talibans dont il a abrité les négociations qui ont abouti au retrait militaire des Etats-Unis de l’Afghanistan, suite à la signature d’un accord de paix entre les deux parties. Qui plus est, ce petit émirat du Golfe arabe avait parrainé le processus du dialogue intertchadien en mars 2022, ayant abouti à un rapprochement entre la transition tchadienne d’alors et de nombreux groupes rebelles qui sapaient la situation sécuritaire du Tchad, depuis plusieurs décennies. D’ailleurs, ce processus a permis l’organisation d’élections présidentielle, en mai 2024, et législatives en Décembre de la même année.
Par ailleurs, si la diplomatie appliquée à la négociation pour la résolution de conflits armés se joue dans la région moyen-orientale, le sport y occupe également une place de taille, avec l’organisation de la 22ème édition de la coupe du monde de football de la FIFA, en 2022, au Qatar, et le recrutement par des clubs de la région, notamment saoudiens, de nombreuses stars de renommée mondiale du ballon rond, comme le portugais Cristiano Ronaldo, le brésilien Neymar Jr, le sénégalais Sadio Mané, parmi tant d’autres, qui y évoluent. Ce qui offre à la région un repositionnement stratégique et un rayonnement économique dans la diplomatie mondiale du sport.
En définitive, la place du Moyen-Orient sur l’échiquier géopolitique mondial, dépasse son carcan de conflits armés récurrents qui ont fait de cette région une des poudrières les plus dangereuses au monde, avec la persistance du conflit israélo-arabe, devenu israélo-palestinien, ou un affrontement direct entre Israël et le HAMAS, le dossier du nucléaire iranien, la mauvaise cohabitation entre l’Etat hébreu et l’Iran ou le Hezbollah libanais. Les Etats du Moyen-Orient ont une voix autorisée et écoutée sur la diplomatie internationale dont ils semblent tenir et mener les dossiers les plus chauds du moment. Cela vient renforcer la place qu’occupe la région sur la sphère géopolitique mondiale, grâce à son abondance en hydrocarbures qui suscitent les appétits des grandes puissances étrangères et en font également une zone de convoitise et de convergence de ces dernières.
Souleymane BA
Spécialiste des relations internationales et stratégiques
Expert-consultant en analyse géopolitique et diplomatique
Directeur fondateur du cabinet Washington Consulting
