A l’instar des autres candidats dont DakarTimes a dévoilé les programmes, Thierno Alassane Sall, de « La République des Valeurs » a lui-aussi élaboré un document qui contient des propositions pour un Sénégal meilleur. Son programme de gouvernance politique et socio-économique repose sur des valeurs fortes qui constituent le socle de toute République qui se voudrait démocratique, libre et égalitaire. Ces valeurs sont au nombre de cinq (5) : l’éthique, la citoyenneté, l’égalité et l’équité, l’Etat de droit, la transparence. Voici quelques aspects de son projet phare.
Propositions pour restaurer la crédibilité et l’autorité des institutions de la République
Nous comptons agir sur la base d’un pacte républicain fondé sur la concertation et le consensus pour mener les changements et les réformes proposées. Nous nous attèlerons à rétablir une exemplarité chez les responsables de la chose publique, en disposant d’institutions fortes équilibrées à même de faire évoluer les mœurs et de mobiliser les énergies tant individuelles que collectives au service du Sénégal. Rénovation de notre modèle démocratique et de gouvernance ❏ Renforcement de la démocratie représentative et institutionnalisation de la démocratie participative. Cela donnera lieu, entre autres, à la modernisation de l’ État dans ses rapports avec les citoyens, à la recherche de consensus forts avec tous les acteurs (politiques, économiques, culturels et sociaux) sur toutes les questions d’intérêt national et au renforcement du rôle de la société civile. Le système électoral et de représentation sera rénové grâce à un dialogue avec tous les acteurs du champ politique, du monde du travail et de la société civile.
Pour les organisations de défense des droits humains et environnementaux, il leur sera reconnu l’intérêt à agir devant les juridictions compétentes dans les affaires qui touchent aux droits, libertés et biens publics. Une loi sera prise pour assurer la protection des lanceurs d’alerte. Un dispositif innovant de financement des partis politiques sera mis en place après de larges consultations. ❏ Séparation et équilibre des pouvoirs entre l’Exécutif, l’Assemblée nationale et le pouvoir judiciaire. Il sera mis fin à l’hyperprésidentialisme et des balises claires définies dans l’exercice des fonctions présidentielles afin de prévenir toute vassalisation des autres pouvoirs. L’Assemblée nationale redeviendra un véritable lieu d’impulsion de la vie politique nationale. Le système judiciaire sera réformé pour lui assurer une indépendance accrue dans le but d’améliorer son efficacité et rétablir la confiance avec les citoyens. ❏ Adoption d’une loi sur la moralisation et la transparence de la vie publique. Cette loi visera, entre autres, à rendre plus transparents et plus conformes aux règles d’ éthique, les comportements de tous les acteurs de la vie publique, élus et dépositaires d’un pouvoir de l’État. La loi posera des balises pour éviter les conflits d’intérêts, limitera les cumuls de fonctions, interdira l’emploi, par les autorités publiques, des membres de leur famille proche, etc. ❏ Adoption d’une loi d’initiative populaire. Elle donnera le droit aux populations sénégalaises d’être consultées, par référendum, sur toute question d’intérêt public lorsqu’une pétition parviendra à rassembler au moins 5% des électeurs régulièrement inscrits sur les listes électorales de l’année en cours. Des balises claires seront définies pour éviter toute influence visant à détourner la loi à d’autres fins notamment par les lobbies populistes.
Création d’une Haute Autorité Indépendante chargée de la Démocratie (HAID). Elle sera construite sur les cendres de la Commission électorale nationale autonome (CENA) et de la Direction générale des élections (DGE) du Ministère de l’Intérieur. Elle sera chargée de la gestion de l’ensemble des étapes du processus électoral. Elle aura également la compétence d’assurer le contrôle des partis politiques légalement autorisés. Limitation des pouvoirs excessifs du Président de la République ❏ Réduction de la concentration excessive des pouvoirs du Président de la République. Des balises seront mises en place pour éviter toute immixtion du Président de la République dans le fonctionnement du législatif et du judiciaire, notamment en lui interdisant de prendre part, même de façon indirecte, dans le processus d’organisation des élections législatives et de s’immiscer dans la formation des organes internes de l’Assemblée nationale. Il ne présidera plus le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM). Son pouvoir constitutionnel de nommer aux emplois civils et militaires sera encadré. Ainsi, une loi organique déterminera les emplois ou fonctions, en raison de leur importance pour la garantie des droits et libertés ou la vie économique et sociale de la Nation, le pouvoir de nomination du Président de la République s’exercera après avis public de la commission permanente compétente de l’Assemblée nationale. ❏ Possibilité d’engager la responsabilité pénale du Président de la République. L’article 101 de la Constitution, qui dispose « le Président de la République n’est responsable des actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions qu’en cas de haute trahison » sera abrogée et remplacée par une autre prévoyant la possibilité d’engager la responsabilité pénale du Président de la République en cas de violation délibérée de la Constitution ou de toute autre loi en vigueur au Sénégal (atteinte aux droits de l’Homme, malversation, corruption ou enrichissement illicite, collusion avec des intérêts étrangers, violation de son serment, atteinte à l’unité nationale ou à l’intégrité du territoire, etc.).
❏ Interdiction faite au Président de la République d’être chef d’un parti politique. Il sera abrogé l’alinéa 2 de l’article 38 de la Constitution donnant au Président de la République « la faculté d’exercer des fonctions dans un parti politique ». Cette disposition sera remplacée par une autre qui lui interdira, clairement, toute appartenance à un parti politique ou l’exercice de fonctions quelconques au sein d’un parti politique.
❏ Renforcement de l’imputabilité du Président de la République. Le Chef de l’État rendra compte à la Nation, chaque année, de l’état d’avancement de ses engagements devant l’Assemblée nationale. La déclaration du Président de la République ne donnera lieu à aucun débat ni vote. ❏ Réduction de la taille du Gouvernement. Le découpage gouvernemental, qui sera opéré, s’appuiera sur les critères de cohérence, de complémentarité, de rationalité et d’efficacité. La taille du Gouvernement ne dépassera le nombre de 25 départements ministériels. ❏ Réduction du train de vie du Gouvernement. Il s’agira de réduire, significativement, le train de vie dispendieux du Gouvernement et d’augmenter son efficacité et son intégrité, tant au plan individuel que collectif. Cela passera notamment par une optimisation de l’usage des nouvelles technologies de l’information et de communication dans les méthodes de travail.
Le Premier Ministre établira des engagements de performance avec chaque Ministre (priorités, attentes, objectifs annuels, échéances, indicateurs de réussite et de suivi) et s’assurera de l’effectivité de leur mise en œuvre. ❏ Sélection plus rigoureuse des ministres. Les ministres seront sélectionnés sur la base de leurs expériences et qualifications professionnelles, leurs compétences (avoir la vision, savoir mobiliser et faire preuve de leadership, être orienté vers la performance, etc.) et, surtout, pour leur sens du service public et de l’éthique. Aucun ministre ne devra avoir fait l’objet d’une condamnation pour crime et tout ministre faisant l’objet de poursuite judiciaire pour crime ou délit notamment de détournement de deniers publics avérés sera démis de ses fonctions. Assemblée nationale : nouveau lieu d’impulsion de la démocratie ❏ Renforcement des pouvoirs de l’Assemblée nationale. Cela permettra de rééquilibrer les relations entre l’Assemblée nationale et les autres les pouvoirs (Exécutif et judiciaire). Le mode d’élection des députés (scrutin uninominal majoritaire à un tour communément appelé « Raw gaddu ») sera revu pour une meilleure représentativité populaire. Nous réduirons le nombre de députés, et mettrons en place un programme de renforcement de leur capacité technique et législative. ❏ Réduction des coûts liés au fonctionnement de l’Assemblée nationale. Les charges liées au fonctionnement de l’Assemblée nationale seront réduites au minimum nécessaire. Cela commencera par la limitation du nombre de députés. ❏ Généralisation et renforcement de l’assistanat parlementaire. Pour rendre efficace l’exercice de leurs fonctions (adoption des lois, vote du budget, contrôle de l’action gouvernementale, etc.), seront généralisés et rendus permanents, le recrutement et la mise à disposition d’assistants (techniques) parlementaires en plus de la possibilité de recruter des conseillers dans des domaines pointus comme consultants à court terme.
❏ Renforcement des capacités parlementaires. Il sera mis en place un programme de renforcement de capacité technique et législative des députés, y compris dans le domaine du suivi et de l’évaluation des politiques publiques et le domaine législatif dans des réformes prioritaires. Des partenariats seront noués avec des universités et il sera fait appel à l’expertise nationale et internationale pour élaborer et mettre en œuvre ce programme. Renforcement de l’indépendance et de l’impartialité de la justice ❏ Réforme du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). D’abord, le Président de la République sera écarté du CSM, car sa simple présence dans cet organe crée un déséquilibre institutionnel qui n’est pas sans fausser le jeu. ❏ Ensuite, nous changerons l’appellation et le contenu. Au lieu de CSM, on parlera de Conseil supérieur de la Justice (CSJ) qui aura une mission plus large que l’actuel CSM. Par ailleurs, le CSJ ne sera pas composé que de magistrats. Il va accueillir en son sein, outre les magistrats, des représentants de l’Ordre des avocats et des Professeurs de droit. Les représentants de ces corps seront choisis par leurs pairs. Le CSJ disposera de grandes compétences dans la gouvernance de la justice. ❏ Suppression des relations hiérarchiques entre le Procureur de la République et le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice. Le cordon ombilical liant ces deux entités sera définitivement coupé. Ainsi, il sera renforcé, par exemple, la liberté du Procureur de la République de requérir selon son intime conviction et non d’être tenu de prendre des réquisitions écrites conformes aux instructions du pouvoir Exécutif à travers le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice. ❏ Encadrement, voire abolition des affections de magistrats pour nécessités de service ou par intérim. Les affectations pour nécessités de service ou par intérim sont des pratiques qui violent le principe de l’inamovibilité (impossibilité de de déplacer un juge sans son consentement). Le respect du principe de l’inamovibilité vise à garantir une indépendance aux magistrats en les mettant en dehors de toute pression à travers leurs affectations. Par conséquent, des réformes seront menées pour éliminer de telles pratiques, à défaut, les réduire considérablement.
❏ Création d’une structure spécialisée dans le recouvrement des deniers publics détournés. La structure à mettre sur pied sera chargée de dépister, de faire saisir et de recouvrer les montants faramineux de deniers publics détournés et planqués ou investis à l’étranger et dans le pays. L’argent récupéré servira au financement de programmes sociaux, éducatifs et sanitaires et participerait à la réduction de l’endettement insoutenable du pays. Priorité à la reddition de comptes et à la lutte contre la corruption
❏ Renforcement et élargissement du rôle, des missions et des moyens de la Cour des comptes. La Cour des comptes sera un acteur de premier plan qui aidera à instaurer une culture de reddition de comptes. Par conséquent, ses moyens (juridiques, humains, matériels et financiers) seront considérablement renforcés pour assurer pleinement ses fonctions de contrôle. Son indépendance à l’égard de tous les autres pouvoirs sera également renforcée.
❏ Élargissement des compétences de l’inspection générale d’État (IGE). Il sera mis fin au cordon ombilical liant l’IGE au Président de la République en vue de rendre l’organe plus indépendant dans le choix et la conduite de ses missions de vérification aux plans administratifs, financiers, techniques et de gestion. Le Président de la République ne sera plus le destinataire exclusif des rapports de l’IGE. Ils seront aussi transmis au Premier ministre, à l’Assemblée nationale et à la Cour des comptes en plus des parties concernées. Le pouvoir d’auto-saisine de l’IGE sera renforcé et le droit d’ester directement en justice lui sera accordé. ❏ Dissolution de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) et le remplacer par une Brigade de lutte contre la corruption, la collusion, la concussion, la fraude et l’enrichissement illicite. Elle pourra être saisie par toute personne (physique ou morale) ou s’auto-saisir pour réaliser des enquêtes sur des actes supposés répréhensibles. Elle sera dotée d’une indépendance et d’un pouvoir de saisine directe des tribunaux.
Renforcement de la coercition. Les auteurs de prévarications, tels que les abus de biens sociaux, les atteintes au patrimoine commun et les détournements de deniers publics seront sévèrement punis. La confiscation de leurs biens sera facilitée. Les condamnations prononcées par les cours et tribunaux seront publiées à travers les médias.
Dotation en ressources humaines de qualité. Des réformes seront entreprises notamment en rendant obligatoire la compétition (appel à candidature) pour pourvoir certains postes de la haute fonction publique et du secteur parapublic. Des dispositifs et processus de dotation basés sur la transparence, l’égalité et l’ équité seront mis en place pour favoriser la compétence et le mérite. Il sera mis en place des mesures de discrimination positive en faveur des citoyens souffrant d’un handicap ou issus des couches sociales défavorisées afin que notre Administration publique puisse être le reflet de la Nation sénégalaise. Restauration de la neutralité, de la confiance et de l’autorité. Des balises seront définies pour mettre fin à la politisation outrancière d’agents de l’État, en particulier ceux occupant des postes de responsabilité. Ainsi, une liste de fonctions incompatibles avec l’exercice d’activités politiques sera dressée. Le respect des règles d’éthique occupera une place centrale dans le fonctionnement de l’Administration publique. Le respect des règles d’éthique sera au cœur des pratiques administratives. Il sera une exigence non négociable. Le caractère apolitique, neutre et impartiale de l’Administration publique sera réaffirmé.
❏ Accroissement de la transparence. Le fonctionnement de l’Administration publique sera rendu plus transparent. L’accès à l’information, qui est un droit constitutionnel, sera facilité de manière à garantir à tous les citoyens la possibilité d’obtenir les informations qu’ils souhaitent dans le respect des droits d’autrui (protection des données personnelles). ❏ Recherche d’une meilleure efficacité administrative. La politique d’externalisation de l’Administration publique par la création d’agences autonomes sera revue et des balises mises en place pour éviter tout abus ou détournement d’objectifs. Le recours au Bureau Organisation et Méthode (BOM) sera mis à contribution pour avoir une structuration efficace et une répartition des responsabilités homogène. Le train de vie de l’État sera réduit.
Propositions pour renforcer la coordination et les moyens des services ainsi que l’anticipation des risques géopolitiques, criminels et des cybermenaces
Mise en place du Plan « njukël sunuy jambaars » visant à manifester la reconnaissance permanente de la Nation à ses défenseurs. L’armée reste un creuset de la Nation et constitue le socle de notre unité nationale en sa qualité de gardienne de l’intégrité territoriale. Les soldats qui la composent ont versé et continuent de verser leur sang pour la défense de la patrie et hisser haut l’ étendard de la République, ici et ailleurs. Plusieurs de leurs faits d’armes sont entrés dans la postérité et ont permis d’écrire les plus glorieuses pages de notre récente histoire militaire. Ils sont habités par l’esprit du sacrifice au nom de la préservation de ce qui fait de nous une Nation. Pour toutes ces raisons, ces héros, morts ou vivants parmi nous, méritent de tous les sénégalais une reconnaissance. Nous comptons formaliser et rendre pérenne cette reconnaissance à travers la mise en place d’un Plan dénommé «njukël sunuy jambaars» (rendre hommage à nos vaillants soldats). Ce plan s’articulera autour des quatre (4) axes suivants : – la célébration de la Journée des Forces armées (10 novembre de chaque année), qui commémore la remise du drapeau du premier régiment des tirailleurs sénégalais au premier bataillon d’infanterie du Sénégal indépendant, ne sera plus cantonnée dans les casernes ni se limiter à une prise d’armes en présence du Chef de l’État à l’État-major général des Armées. Elle donnera lieu à une célébration festive et populaire rassemblant soldats, anciens soldats et les citoyens civils dans les principaux endroits publics du pays. Ce qui permettra aux civils de communier et de témoigner, directement, toute leur reconnaissance à nos vaillants Jambaars ;
❏ Le statut et les missions de la Cellule nationale de Traitement des Informations financières (CENTIF). D’une Cellule de Renseignements Financiers de type administratif (CENTIF) sera érigée en une Brigade d’investigation des crimes financiers. Elle sera soustraite de l’autorité du Ministre chargé de l’Économie et des Finances pour être placée sous celle du Premier ministre compte tenu de ses interventions dont certaines pourraient revêtir un caractère transversal. La nouvelle Brigade verra ses moyens humains (Analystes et Enquêteurs) renforcés en effectifs et le profil de ces derniers diversifié (équipe pluridisciplinaire). Au plan juridique, ses moyens d’interventions seront revus et renforcés pour lui permettre de jouer un rôle plus actif et dissuasifs dans la lutte contre la criminalité financière.
❏ Redéfinition d’une nouvelle Stratégie Nationale de Cybersécurité. Pour tirer profit de toutes les potentialités et transformations permises par le numérique, il faut impérativement que les menaces cybercriminelles soient éradiquées, sinon maîtrisées. En effet, la présence de de ces menaces cybercriminelles sont de nature à compromettre le développement des transactions économiques, financières et commerciales fondées sur l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Pire, ce sont des menaces qui détériorent l’image d’un pays et qui font fuir les potentiels investisseurs étrangers. Raison pour laquelle la Stratégie Nationale de Cybersécurité (2022) sera mise à plat puis redéfinie en tenant compte de toutes les nouvelles formes de menaces auxquelles le Sénégal est exposé et ceci dans tous les secteurs.
❏ Diplomatie : Rationalisation de la carte diplomatique et consulaire. La taille du nombre de représentations diplomatiques hors du Sénégal sera revue et rationalisée compte tenu de la nécessité d’optimaliser les ressources budgétaires de l’État, mais aussi des priorités et intérêts diplomatiques. Des analyses coûts-bénéfices seront effectués pour aider à prendre une décision rationnelle et justifiée quant aux représentations diplomatiques à maintenir. Le recasement de la clientèle politique sera banni. Les fonctionnaires des Affaires étrangères de métier (Conseillers et Chanceliers) seront davantage responsabilisés. ❏ Diaspora : une plus grande efficacité dans la mobilisation des ressources envoyées. Les possibilités que permet le numérique seront pleinement exploitées pour optimaliser l’usage des ressources financières issues de la diaspora notamment en mettant en place une plateforme multiservices sécuritaire et compétitive (pas ou peu de frais de service) permettant notamment de jouer un rôle de service d’interface pour faciliter les envois destinés à être déposés dans différents types de comptes bancaires ou à être remis, directement, aux familles ; ❏ Diaspora : une utilisation plus judicieuse des talents, compétences et expertises des sénégalais de l’extérieur. Il Il sera mis en place un programme visant à identifier et recruter les sénégalais de la Diaspora présentant les compétences et expertises dont le pays a besoin (Administration publique, secteur privé et ONG). Une plateforme dédiée sera implantée pour présenter, en temps réel, les opportunités d’emploi et recueillir les curriculum vitae des personnes intéressées. Un service dont la mission sera d’informer, d’accueillir, d’accompagner et d’aider à leur installation va être érigé. Les mêmes services d’accompagnement seront une plateforme dédiée sera implantée pour présenter, en temps réel, les opportunités d’emploi et recueillir les curriculum vitae des personnes intéressées. Un service dont la mission sera d’informer, d’accueillir, d’accompagner et d’aider à leur installation va être érigé. Les mêmes services d’accompagnement seront offerts aux sénégalais de la Diaspora qui souhaiteraient investir dans le pays. Le Code des investissements sera modifié à cet effet pour accorder toutes les facilités nécessaires.
D’autres réformes seront également entreprises pour leur faciliter l’accès aux terres et l’obtention de financements complémentaires. ❏ Dans le cadre de la décentralisation et de la régionalisation des politiques publiques, des actions seront menées de concert avec les collectivités territoriales pour favoriser l’arrivée et l’installation de sénégalais de la Diaspora en vue de mettre en valeurs les nombreuses potentialités qu’elles présentent. ❏ Diaspora : dématérialisation des procédures d’établissement et de renouvellement des pièces administratives. Les cartes nationales d’identité (CNI), les passeports, les actes de naissance, etc. seront établis à la suite de demandes en ligne effectuées à partir d’une plateforme exclusivement dédiée à des prestations de cette nature. L’utilisation des possibilités qu’offre le numérique permettra d’offrir les mêmes services que les administrations de leur pays de séjour (pays développés) ont l’habitude de leur offrir.
Tirer profit des opportunités de l’économie et de la transformation numérique
Nos propositions Mise en place d’infrastructures performantes, sécuritaires et évolutives d’un cadre juridique et institutionnel approprié ❏ Développement et modernisation des infrastructures numériques. Des investissements massifs seront effectués pour renforcer et développer les infrastructures numériques. L’extension de la couverture Internet et l’amélioration de la connectivité dans tout le pays, en particulier dans les zones rurales permettront d’assurer un accès équitable aux services numériques. ❏ Garantie de l’accès à internet sur l’ensemble du territoire. L’accès à internet, dans de bonnes conditions et partout au pays, est plus qu’une nécessité, car étant un instrument d’exercice de plusieurs droits fondamentaux notamment ceux relatifs à l’information, à la culture et à la connaissance scientifique. Pour améliorer l’accès à Internet, il sera procédé à des déploiements de technologies telles que la fibre optique, la connectivité 4G – 5G et les réseaux sans fil à haut débit, en particulier dans les zones rurales.
❏ Sécurisation et hébergement des données stratégiques. La sécurité des données sera renforcée par la mise en place de mesures de sécurité appropriées, telles que le chiffrement des données, l’authentification à deux facteurs, etc. 51 CHAPITRE III Tirer profit des opportunités de l’économie et de la transformation numérique Toutes les mesures seront prises pour que les données des services publics et des secteurs clés de l’économie sénégalaise soient exclusivement hébergées sur des serveurs de droit sénégalais implantés sur le territoire national. Il en sera de même pour le traitement et le stockage des données à caractère personnel des citoyens liées aux prestations et services publics (santé, éducation, etc.). Les missions et les moyens de la Commission de Protection des Données Personnelles (CDP) seront renforcés. ❏ Mise à niveau du cadre juridique et institutionnel à la hauteur des nouvelles ambitions numériques. Le cadre juridique existant s’avère incomplet en dépit de la réforme intervenue en 2018. Par exemple, tous les décrets prévus pour rendre opérationnelle l’application de la loi n° 2018-28 portant code des communications électroniques ne sont pas encore pris. Pour rendre la loi efficace dans sa mise en œuvre et lui donner tous les effets attendus, les décrets d’application qui restent à prendre seront élaborés et signés dans les meilleurs délais. Aussi, une réactualisation de certaines dispositions juridiques sera entreprise pour intégrer de nouveaux impératifs liés notamment au commerce électronique, à la cybercriminalité et à la protection des données à caractère personnel. Au plan institutionnel, bien que la loi n° 2018-28 portant code des communications électroniques ait permis d’enregistrer des avancées, il demeure qu’il reste beaucoup de choses à faire notamment le renforcement d’une régulation collaborative. En effet, l’autorité de régulation (ARTP) est directement rattachée à la Présidence de la République au détriment du Ministère de la Communication, des Télécommunications et de l’Économie numérique aux termes du Décret n° 2022 – 1777 portant répartition des services de l’État. Compte tenu du caractère transversal de l’économie numérique avec comme corollaire l’implication de plusieurs acteurs (gouvernement, agences, opérateurs, associations de consommateurs), il sera nécessaire de consolider, voire renforcer les bases d’une démarche concertée pour arriver à des décisions consensuelles. Création de la valeur et simplification de la vie des citoyens et des entreprises grâce à la transformation numérique de l’administration publique
❏ Offre de services numériques de qualité et accessibles aux citoyens et aux entreprises. Le Sénégal cherchera à tirer profit, le maximum possible, des possibilités inhérentes au numérique notamment en rendant accessibles, aux citoyens et aux entreprises, l’essentiel des services offerts par l’Administration publique. En effet, les technologies numériques transforment les interactions entre les administrations publiques et leurs usagers notamment à travers le déploiement de plateformes et la dématérialisation d’opérations par des procédures de transmission et de traitement d’information par voies électroniques. Ainsi, sera renforcé l’accès des citoyens et des entreprises à ces services à tout moment et à partir de n’importe quel support qu’ils ont l’habitude d’utiliser (ordinateur, tablette, smartphone, etc.). Outre les gains d’efficacité et d’efficience, la dématérialisation des services publics (administration sans papier) permettrait une réduction des délais et des coûts d’impression et, subséquemment, contribuerait aux efforts de lutte contre les conséquences des émissions de gaz à effet de serre. Toutes les initiatives déjà prises allant dans le sens de la promotion de la digitalisation de l’administration publique seront renforcées et leur portée amplifiée.
❏ Mise en place d’alternatives numériques et de services d’assistance. Des canaux alternatifs, tels que des centres d’appels ou des bureaux physiques, seront mis en place pour aider les citoyens qui ne sont pas à l’aise avec les technologies numériques ou qui n’ont pas accès à Internet. Utilisation du numérique comme vecteur de valeur ajoutée dans l’enseignement, la formation et la recherche ❏ Élaboration de contenus numériques d’enseignement et d’apprentissage de qualité. L’utilisation du numérique dans l’enseignement, la formation et la recherche recèle plusieurs avantages notamment l’avènement de nouvelles approches pédagogiques innovantes, l’autonomie et l’engagement des apprenants, etc. Ce qui garantit, à long terme, plus de chances de réussite. L’utilisation du numérique permettra de mettre au point des ressources éducatives de qualité et de les rendre accessibles à travers des plateformes dédiées. ❏ Mise en place du Dossier numérique scolaire (de la maternelle à l’université). Le numérique sera utilisé pour doter tous les enfants nés au Sénégal d’un dossier numérique personnalisé qui tracera leur parcours scolaire de la maternelle à l’université en passant par le primaire et le secondaire. Outre la traçabilité et la prévention des actes de fraude, le Dossier numérique scolaire permettra d’assurer une meilleure transition entre les différentes étapes du processus académique de chaque citoyen. ❏ Développement des compétences numériques. Mettre en place et renforcer les curriculums de formation dans les technologies numériques émergentes dans les universités, instituts universitaires de technologie, et lycées techniques (Blockchain, IoT, IA, Robotique, Réalité Virtuelle, etc.). Dans ce dispositif, un accès sera mis sur le développement des compétences du personnel enseignant et de veiller à leur formation continue….
Parvenir à la souveraineté économique en privilégiant les acteurs nationaux
Nos propositions Changement structurel de notre modèle de croissance et de développement
❏ Favoriser une croissance économique endogène et inclusive. Pour éviter que les fruits de la croissance soient rapatriés à l’étranger compte tenu de notre modèle économique extraverti, plusieurs mesures seront immédiatement mises en œuvre notamment la réduction des importations, la transformation des ressources nationales sur place pour plus de valeur ajoutée, l’accroissement de la productivité dans le secteur agricole, le développement de la création d’entreprises et la faveur accordée aux entreprises à capital national dans les commandes publiques. ❏ Dans le but de favoriser une croissance inclusive, une priorité sera accordée aux dépenses d’investissements susceptibles d’assurer, d’une part, une meilleure implication du capital national dans la création de richesses et, d’autre part, un accent à la création d’emplois. Il sera mis fin ainsi aux dépenses d’investissements somptuaires et, nous recentrerons les priorités sur trois types d’investissement qui sont fondamentaux pour le développement :
➔ le capital humain (éducation, santé, eau potable et assainissement, protection sociale), ➔ les infrastructures productives pour développer les secteurs et filières (électricité, irrigation, routes et pistes rurales, unités de transformation, lieux de stockage et centres de commercialisation) ➔ la mobilité (transport et logistique). ❏ Mettre l’activité économique sur les rails d’une souveraineté économique. La réalisation de la souveraineté économique passera par la mise en œuvres de plusieurs mesures concomitantes et complémentaires. Concrètement, ces mesures à mettre en œuvre vont se structurer autour d’une démarche qui prendra appui sur plusieurs stratégies qui convergeront au même objectif final notamment : – une stratégie de transformation du gaz en électricité (gas to power ou GTP) : la transformation d’une partie de notre production de gaz en électricité favorisera le développement de l’activité économique, car elle entraînera la réduction du coût moyen de la production d’électricité. Ce qui va constituer un appui direct à l’essor des activités économiques surtout dans les secteurs à forte intensité d’énergie. De plus, il en résultera une baisse sinon une élimination des subventions à l’énergie, ce qui permettra de réaliser des investissements supplémentaires dans des secteurs prioritaires. – une stratégie de modernisation et de développement des secteurs et filières productives :
pour chacun des secteurs ci-après, une série d’actions sera entreprise pour les rendre plus productifs, plus aptes à créer des d’emplois et de revenus, plus capables d’assurer l’essentiel des besoins alimentaires et plus en mesure de contribuer à l’amélioration du déficit de notre balance commerciale grâce à plus d’exportations. A) agriculture, sécurité alimentaire et nutritionnelle : des investissements massifs seront effectués pour que notre agriculture produise plus et mieux afin de relever le défi de la pauvreté et de la faim qui persistent toujours au Sénégal. L’industrie agroalimentaire sera renforcée en concrétisant tout le potentiel qu’elle présente, ce qui permettra, entre autres, de résorber sinon réduire le déséquilibre de nos échanges commerciaux avec les autres pays, de contenir l’exode rural notamment celle des jeunes, lequel exacerbe les problèmes d’une urbanisation non maitrisée. Nous enclencherons une « révolution verte » en promouvant une agriculture plus performante et moins dépendante des aléas climatiques, qui aura rompu avec la saisonnalité pour une « agriculture toute l’année », qui respecte l’environnement et qui inspire et attire les jeunes. Il s’agira d’accompagner le producteur agricole pour qu’il transforme son exploitation en une unité économique viable qui lui permette de se nourrir et de nourrir les Sénégalais, et qui offre des conditions de travail et un revenu qui fixent assez de jeunes dans l’exploitation de la terre et des animaux. Cette stratégie sera basée sur 5 axes d’intervention : l’accès durable à des intrants agricoles de haute qualité ; la formation des exploitants agricoles et la vulgarisation ; la montée en gamme, la diversification et la transformation ; les infrastructures et services de transport et de stockage ; la protection des exploitants agricoles contre les impacts des aléas climatiques et fluctuations des prix. B) élevage : les écosystèmes pastoraux seront réhabilités, en facilitant le développement des cultures fourragères et l’accès à l’eau agricole et d’abreuvage. Cela se fera avec le développement d’une politique responsable et concertée de sécurisation foncière pour les activités pastorales. Il sera érigé des services de base (écoles, eau, santé, électricité) Sylvio-pastorales. Il sera également développé une politique de formation des éleveurs en vue de leur professionnalisation ainsi qu’un accompagnement de la recherche pour renforcer le potentiel laitier des races bovines locales.
Enfin, il va être effectué un développement et une régulation de la chaine de valeurs de production animale. C) pêche : la renégociation des accords de pêche, qui ont entrainé une surexploitation de nos ressources par des vaisseaux étrangers et une baisse des revenus des pêcheurs sénégalais, sera immédiatement entreprise. Les quais de pêche seront réhabilités et les marchés d’écoulement développés. Un renforcement de la professionnalisation du secteur sera opéré avec la mise en place de facilitations pour accéder au financement des acteurs. Le développement des fermes piscicoles sera appuyé et des mesures prises pour favoriser l’empoissonnement des eaux sénégalaises. D) industries extractives et industries connexes : d’abord, il sera demandé aux corps de contrôle et à l’Assemblée nationale d’évaluer les conditions d’octroi de tous les contrats dans les industries extractives de ces dix dernières années. Ensuite, les contrats qui ont entrainé un quelconque préjudice pour l’État ou qui ont été octroyés dans des conditions non conformes à la règlementation en vigueur seront renégociés ou annulés. Une politique de sécurité énergétique à bas coût sera mise en place notamment en développant l’industrie de raffinage et la production d’électricité avec le gaz en partenariat avec le secteur privé. Les mesures visant le développement du contenu local seront renforcées pour accompagner celles visant l’industrialisation et la densification du tissu économique à travers la transformation des produits miniers, ceci dans le respect des bonnes pratiques internationales au plan environnemental.
Enfin, des règles budgétaires claires et strictes seront établies pour que les fruits de l’exploitation des hydrocarbures et des ressources minières arrivent aux populations, pour financer le développement et la compétitivité de notre économie et gérer la volatilité des ressources financières dues aux fluctuations des prix internationaux. E) tourisme : pour augmenter l’offre touristique et l’attractivité de la destination Sénégal, le patrimoine touristique national (parc zoologique, zones et monuments historiques et culturels) sera réhabilité. Il sera créé de nouvelles zones touristiques et de stations balnéaires dans des zones à haut potentiel touristique. Également, une diversification de l’offre sera procédée notamment en développant le tourisme médical grâce à un relèvement des plateaux médicaux des hôpitaux régionaux pour attirer la demande forte en services de santé dans la sous-région et en favorisant le tourisme d’affaires. F) économie numérique : le déploiement et l’accès au haut et très haut débit seront favorisés ainsi que le développement des e-services et des startups innovantes et technologiques. Une régulation plus stricte et une concurrence saine seront promues dans le secteur des télécommunications. Un accompagnement particulier sera accordé au développement des services essentiels utilisant le numérique (e-éducation, e-santé, e-banking, etc..). Les obstacles à la création des startups seront levés et un accompagnement adapté fourni pour favoriser le développement de l’écosystème nécessaire à leur création et croissance (mécanismes de financement, incubateurs et accélérateurs de startups, développement de compétences techniques et de talents etc.). ❏ une stratégie d’indépendance monétaire : de concert avec les autres États membres de l’UEMOA, il sera poursuivi l’idée de création d’une monnaie unique au sein de la CEDEAO gérée de manière autonome par les pays membres et qui reflètent les aspirations des États et des citoyens. Avant d’y arriver, une phase transitoire sera nécessaire. Elle fera l’objet d’une planification responsable et rigoureuse. Ce qui amènera la prise de certaines décisions relatives notamment à une gestion autonome des réserves de change des pays membres de l’Union, l’impression des billets de banque à travers des mécanismes d’appel d’offres compétitif par des entreprises résidentes et détenues à majorité par des citoyens des pays membres de l’Union et l’abandon de la parité fixe du franc CFA par rapport à l’Euro pour améliorer la compétitivité de notre économie.
❏ une stratégie de développement du capital humain : un accent particulier sera mis sur le développement des filières scientifiques et techniques tout en renforçant la formation professionnelle technique et professionnelle. Le choix et la définition des curricula de formation sera fait en fonction des besoins réels de l’économie. Les relations entre l’école et son milieu seront renforcées. Une politique ambitieuse, rigoureuse et volontariste de recherche scientifique sera mise sur pied en appuyant (financièrement et matériellement) les équipes de recherche qui s’intéressent aux questions jugées prioritaires pour le développement du pays. Pour y parvenir, les investissements publics seront orientés vers les besoins réels et prioritaires des territoires et des populations.
❏ une stratégie de renforcement de la politique de contenu local (PCL) : nous envisagerons l’exigence qu’une part précise (par exemple 25, 30, 35 %) de la commande des compagnies internationales qui exploitent les ressources naturelles, aille aux entreprises locales. Ce qui permettra la mise en place d’indicateurs précis permettant de mesurer, réguler et veiller à l’application de la PCL. Structurellement, cela garantira un transfert de technologies à moyen et long terme. Aussi, la mise en place de zones économiques autour des plateformes d’exploitation d’hydrocarbures ou d’autres ressources naturelles et l’élaboration d’un répertoire des entreprises de l’industrie extractive, serviraient d’outil de veille stratégique et de suivi-évaluation. Elles faciliteraient surtout l’octroi de subventions ou de recalibrage de la fiscalité. Par ailleurs, la Bourse de Sous-Traitance et de Partenariat du Sénégal (BNSTP-S), fruit d’une initiative patronale, devrait pouvoir jouer un rôle déterminant dans l’insertion des PME dans les nouvelles chaînes industrielles. Une plus grande implication de la BNSTP-S sera favorisée notamment son inclusion dans le dispositif institutionnel de promotion des PME…