Les couloirs de l’Assemblée générale des Nations Unies ont récemment été le théâtre d’une intervention remarquée du Premier Secrétaire du Mouvement des Sahraouis pour la Paix (MSP). Un discours singulier, empreint de calme et éloigné du ton habituel de confrontation, qui a proposé une nouvelle vision visant à dépasser un conflit qui perdure depuis un demi-siècle.
Le Premier Secrétaire a déclaré :
« Nous sommes une organisation sahraouie libre. Nous ne sommes pas la voix du Polisario, ni celle du Maroc, ni d’aucune autre partie. Nous sommes la voix de ceux qui sont fatigués de la division, de ceux qui croient en l’avenir et en la paix. Depuis cinquante ans, notre peuple vit dans l’incertitude et le désespoir. »
Par ces mots concis, l’orateur a esquissé les contours d’une nouvelle approche politique sahraouie, détachée de la polarisation traditionnelle entre les parties du conflit. Le MSP, qui s’est affirmé ces dernières années, se présente comme une « troisième voie », cherchant à concilier la légitimité internationale et les exigences du réalisme, animé par la conviction que le moment est venu de proposer des solutions concrètes et pragmatiques plaçant l’intérêt de l’être humain sahraoui au centre des priorités.
Selon plusieurs observateurs, cette approche traduit une tendance pragmatique nouvelle qui vise à briser le cycle de l’immobilisme politique et diplomatique ayant marqué la question sahraouie depuis des décennies. Alors que les positions officielles demeurent figées, le discours du MSP apparaît comme une tentative de redéfinir la notion de « lutte » à la lumière des évolutions régionales et internationales, où la paix devient un choix stratégique et non une concession.
Ce qui frappe dans cette intervention, c’est l’absence de tout ton accusateur ou excluant. Au contraire, elle a lancé un appel général à la communauté internationale pour qu’elle prête attention à une voix nouvelle encore méconnue, issue de la souffrance quotidienne des Sahraouis ayant vécu l’exil, la division et la perte de perspectives.
Malgré les controverses que suscitent les positions du mouvement, sa présence dans les forums internationaux — et notamment à l’ONU — témoigne d’un désir croissant au sein de certains milieux sahraouis d’adopter le réalisme politique comme voie de sortie du conflit. Les partisans de cette orientation estiment que les slogans maximalistes et les positions figées n’ont produit que davantage d’attente et de désillusion.
En définitive, le Mouvement des Sahraouis pour la Paix ne représente peut-être pas la fin du parcours, mais il incarne le début d’une transformation de la conscience politique sahraouie, passant de la logique de confrontation à celle du dialogue. Si cette voix nouvelle est écoutée avec raison et ouverture, elle pourrait offrir une opportunité pour revitaliser le processus onusien sur des bases plus réalistes et humaines, garantissant aux Sahraouis le droit de vivre enfin dans la paix et la dignité, après des décennies d’errance et d’attente.
Hamoud Ghaillani
