La réforme des retraites a été adoptée lundi à la suite du rejet des motions de censure mais continue à mobiliser dans la rue. Des blocages ont été signalés partout en France. Marseille, Nantes, Rennes, Paris… Suivez la mobilisation avec nos journalistes.
Des violences ont éclaté en tête de la manifestation contre la réforme des retraites à Paris, où plusieurs centaines d’éléments radicaux vêtus de noir ont brisé des vitrines et du mobilier urbain, a constaté un journaliste de l’AFP.
Des personnes, identifiées comme des Black Bloc, ont notamment fracassé les vitres d’une supérette sur le boulevard Saint-Martin, qui mène vers la place de l’Opéra, point d’arrivée du cortège intersyndical parisien. Ils ont ensuite ramassé pavés et divers projectiles, avant d’attaquer un fast-food McDonald’s en scandant : « Ah ! Ah ! Anticapitaliste ! », puis un autre peu plus tard. Une autre supérette a ensuite été dégradée et un « engin incendiaire » lancé dans une banque boulevard Bonne Nouvelle, a précisé la préfecture de police. Ils ont lancé pavés et bouteilles sur les forces de l’ordre et incendié des poubelles, selon le journaliste de l’AFP.
A Paris, une partie des manifestants repoussés par les forces de l’ordre
Une partie du cortège arrive à Opéra dans la cohue des charges de manifestants repoussées par les forces de l’ordre qui donnent parfois l’impression d’être débordées et ne lésinent pas sur les grenades lacrymogènes. Des manifestants qui voulaient se réfugier dans le métro sont repoussés. Un canon à eau est positionné en direction du boulevard des Capucines mais n’est pas entré en action. Le cortège syndical n’est pas arrivé.
L’exécutif accuse les « insoumis » d’être responsables des débordements lors des manifestations
Alors que la première ministre, Elisabeth Borne, a accusé les élus « insoumis » d’attiser la colère, Jean-Luc Mélenchon et ses partisans se défendent de « prôner la violence », tout en utilisant un vocabulaire guerrier. Pour les élus de gauche et certains de leurs alliés de la Nupes, l’indignation de la première ministre semble sélective. Les élus « insoumis » restent toutefois les seuls à soutenir sans réserve les manifestations spontanées.
« Face à cette réforme injuste, nous continuerons de marcher », assure le maire de Lyon
« Le système de retraite doit rester un fondement de notre unité. Face à cette réforme injuste, nous continuerons de marcher. La mobilisation va continuer », a déclaré Grégory Doucet, maire Europe Ecologie-Les Verts (EELV) de Lyon, à l’issue de la manifestation à laquelle il a participé. Pour l’élu, « l’idée de faire travailler plus longtemps les gens est une hypocrisie, alors même que la moitié des plus de 60 ans sont déjà hors emploi, et que les plus de 60 ans ne sont ni en emploi ni en retraite, et doivent se contenter du RSA, ou d’allocations d’invalidité ou d’adultes handicapés ». « Avec le passage en force du 49.3, le gouvernement affiche une forme de mépris et de condescendance, c’est cela que les gens ne peuvent plus supporter », a-t-il dit.
A Paris, la foule réclame « des sous pour les pompiers, pas pour la police »
Il est un peu plus de 17 heures, les pompiers en grève déboulent de la rue du Crédit lyonnais, précédés par l’explosion de pétards et une clameur incroyable. La foule réclame « des sous pour les pompiers, pas pour la police ». Les pompiers rejoignent le cortège principal avant de repartir par la rue Louis-Le-Grand. Les vitrines de la BNP sur la gauche se font canarder de projectiles. Mais résistent, pour l’instant.
Les grévistes de la raffinerie de Normandie ont reconduit « le refus de relève » des grévistes
Jeudi après-midi, les grévistes de la raffinerie ont reconduit « le refus de relève », et donc décidé de ne pas prendre la suite de leurs collègues en poste depuis plus de 24 heures, évitant ainsi de se voir remettre les lettres de réquisition qui les obligeraient à reprendre le travail, a déclaré à l’Agence France-Presse Alexis Antonioli, secrétaire général CGT de la raffinerie. Concernant les équipes en poste, le préfet ne peut pas les réquisitionner, car elles ne peuvent plus procéder à des expéditions au-delà de 12 heures de travail, pour des raisons de sécurité.
La raffinerie TotalEnergies de Normandie est sur les mêmes oléoducs que la CIM (Compagnie industrielle maritime) au Havre et la raffinerie Esso-ExxonMobil voisine de Port-Jérôme-Gravenchon, qui alimentent les aéroports parisiens. Les expéditions de carburants de la raffinerie Esso sont également bloquées, selon la CGT. Pour M. Antonioli, au-delà des quantités de kérosène, relativement modestes, l’Etat souhaite s’attaquer à un « symbole », celui de la première raffinerie à avoir cessé sa production, et ainsi « casser le mouvement de grève ».
Tensions en cours à Paris
A Paris, les charges policières se multiplient. Le cortège est fractionné pour permettre l’intervention des pompiers sur les quelques feux restants. Depuis le croisement entre la rue Saint-Fiacre et le boulevard Poissonnière notamment, plusieurs petits départs de feux sont visibles. La tête de cortège est désormais au niveau du boulevard des Italiens, non loin de l’Opéra Garnier, point d’arrivée de la manifestation parisienne.
Paris : « Il y a un enjeu à donner de la visibilité aux entreprises du privé »
Un petit groupe de salariés du groupe Suez remonte le cortège parisien. « On n’est qu’une poignée à venir aux manifs, du coup, on se regroupe entre toutes les agences. Il y a un enjeu à donner de la visibilité aux entreprises du privé sinon on croirait que ça ne concerne que les services publics. Mais non ! Ça concerne tout le monde ! On devrait être pas 2 mais 10 millions dans la rue ! », estime Jacques Rosse, mécanicien maintenance.
A ses côtés, Anna-Maria Bojszczak, déléguée syndicale centrale adjointe de la CGT Suez eau France, est optimiste. « Ce matin, j’ai été manifester à Meaux [77]. Depuis trente-cinq ans que j’y habite, je n’ai jamais vu autant de monde défiler. Ça manifeste partout, même dans des petites villes ! Macron est la risée de la presse internationale, il ne peut finir que par céder ! »
A Rennes, des échauffourées ont toujours lieu dans les rues de la capitale bretonne
Depuis la fin, en début d’après-midi, de la sereine manifestation de ce jeudi, plus d’un millier d’opposants à la réforme des retraites restent dans le centre-ville de Rennes (Ille-et-Vilaine). Ils observent des centaines de jeunes radicaux dégrader le cœur de la capitale bretonne. Barricades enflammées, destruction d’agence immobilière, casse du mobilier urbain, incendie d’une voiture… Les plus ultras scandent d’une seule voix des « Tout le monde déteste la police » entre leurs nombreux affrontements avec les forces de l’ordre.
CRS et gendarmes mobiles n’hésitent pas user de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour déloger les casseurs des places de la ville. Lorsqu’ils fuient, les individus radicaux réinvestissent un autre lieu. A cette heure, les échauffourées ont toujours lieu dans les rues de la capitale bretonne, devenue le théâtre presque quotidien de violences urbaines depuis plus d’une semaine.
Net rebond de la mobilisation en province
Les manifestants contre la réforme des retraites étaient nettement plus nombreux jeudi dans de nombreuses villes pour cette neuvième journée de mobilisation, d’après les chiffres des syndicats et des autorités.
A Rouen, la préfecture a dénombré 14 800 manifestants, un record depuis le début du mouvement social, tandis que la CGT en a revendiqué 23 000. Participation également en forte hausse à Lyon (entre 22 000 et 55 000 personnes), Brest (20 000 à 40 000) ou Montpellier (18 000 à 40 000). Le regain par rapport à la précédente journée de mobilisation était aussi observé dans des villes moyennes comme Agen (4 000 à 6 000), Laval (5 200 à 9 600) ou Valenciennes (3 100 d’après la police).
Si les estimations variaient le plus souvent du simple au double, certaines villes se distinguaient par des écarts plus prononcés, notamment Saint-Etienne (6 200 à 35 000), Nice(5 200 à 40 000) et Marseille, où la préfecture a compté 16 000 manifestants, soit dix-sept fois moins que les 280 000 avancés par la CGT.
Des violences émaillent la manifestation à Paris
Des violences ont éclaté en tête de la manifestation contre la réforme des retraites jeudi à Paris, où plusieurs centaines d’éléments radicaux vêtus de noir ont cassé des vitrines et du mobilier urbain.
Des personnes ont notamment fracassé les vitres d’une supérette sur le boulevard Saint-Martin, qui mène vers la place de l’Opéra, point d’arrivée du cortège. Ils ont ensuite ramassé divers projectiles avant d’attaquer un McDonald’s, puis un autre peu plus tard. Une autre supérette a ensuite été dégradée et un « engin incendiaire » lancé sur une banque boulevard Bonne Nouvelle, a précisé la préfecture de police. Ils ont lancé pavés et bouteilles sur les forces de l’ordre et incendié des poubelles.
Selon la préfecture de police, « environ un millier » d’éléments radicaux, vêtus de noir et équipés de masques et lunettes, sont présents dans le cortège. Quatorze interpellations ont été réalisées, selon les chiffres communiqués à 16 h 45 par la préfecture de police, essentiellement pour « port d’arme prohibé et participation à un attroupement ».
Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé mardi que « 12 000 policiers et gendarmes » étaient mobilisés jeudi en France dont « 5 000 à Paris » pour cette nouvelle journée d’action intersyndicale.
A Lyon, mobilisation record dans la crainte des lendemains incertains
« Le 49.3 ce n’était pas correct, ça m’a fait péter un câble », explique Justine, 18 ans, venue de Villefontaine (Isère) pour participer à la manifestation de Lyon, avec sa pancarte : « T’inquiète maman, tu l’auras ta retraite ». L’étudiante en BTS traverse le pont de la Guillotière sous les rafales de vent, avec ses camarades, Mathis et Marine, qui se disent « remontés à bloc ».
La jeunesse s’est mobilisée dans le défilé record de 55 000 participants selon l’intersyndicale, 22 000 d’après la préfecture. Chants, slogans, fanfare, musique, à chaque segment du cortège son ambiance et ses métiers. Festive, énergique, la manifestation lyonnaise était aussi empreinte d’une certaine gravité, comme si l’avenir semblait plus incertain que jamais.
En tête de cortège, les groupes violents étaient plus nombreux, jusqu’à 3 000 selon une source policière, occasionnant de multiples blocages de la marche syndicale.
Les visages fatigués des dernières manifestations ont laissé apparaître des regards déterminés et soucieux. « Le gouvernement n’a pas de plan, on ne sait pas où il va. La situation devient très préoccupante. La jeunesse se mobilise, les manifestations se multiplient, aucune réponse en retour, c’est lunaire », estime Thomas Dossus, sénateur écologiste du Rhône, présent dans le cortège. « Macron n’écoute pas, il se comporte comme un roi. J’ai voté pour lui au second tour de l’élection, surtout parce que je votais contre quelqu’un d’autre, il ne devrait pas l’oublier », dit Abdel Yousfi, 55 ans, ouvrier dans l’automobile, persuadé que « les gens ne se laisseront pas faire ».
Marquée par de violents affrontements avec les forces de l’ordre, la manifestation lyonnaise s’est terminée dans les vagues piquantes de gaz lacrymogène, lorsqu’une centaine de personnes ont occupé un tunnel court, bloquant des automobilistes. Dans l’après-midi, des affrontements avec la police étaient notamment en cours place Bellecour. Les forces de l’ordre ont délogé des groupes violents sur le toit de l’office du tourisme.
Des heurts entre manifestants et forces de l’ordre à Nantes, Lorient et Rennes
A Nantes, des manifestants se sont introduits dans le tribunal administratif saccageant l’accueil et brisant vitres et portes. Les pompiers ont rapidement éteint un départ de feu dans une salle d’audience. Plusieurs enseignes emblématiques, comme la FNAC et Uniqlo, ont été prises pour cibles par des manifestants qui ont brisé leurs vitrines et pillé une boutique de téléphonie, a constaté une journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).
A Lorient, la manifestation a été marquée par des troubles inédits, le commissariat de la ville et les forces de l’ordre ayant été pris pour cibles par des manifestants, en grande partie des jeunes au visage dissimulé. Des vitres du bâtiment, voisin de la sous-préfecture, ont été cassées par des jets de projectiles et des feux allumés contre le portail, avant que les gendarmes n’interviennent pour disperser la foule, a constaté un correspondant de l’AFP. « Inacceptables attaques et dégradations contre la sous-préfecture et le commissariat de Lorient. Pensées aux fonctionnaires blessés. Ces actes ne peuvent rester impunis », a réagi sur Twitter le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin.
A Rennes, après les heurts entre jeunes masqués et dispositif policier, des tirs de grenades lacrymogènes ont plongé le cortège de l’intersyndicale, pris en étau, dans un épais nuage de fumée âcre, selon un journaliste de l’AFP. Selon un bilan provisoire de la préfecture d’Ille-et-Vilaine, un manifestant de 41 ans a subi un traumatisme au genou, trois membres des forces de l’ordre ont été « impactés par des jets de projectiles » et quatre personnes ont été interpellées. De nombreuses vitrines et abribus ont été vandalisés. Comme c’est souvent le cas à Rennes, après la fin de la manifestation, de petits groupes se sont dispersés dans le centre historique pour poursuivre les dégradations. SOURCE : LeMonde