mai 9, 2025
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MACKY SALL, AMADOU BA, MACRON, SARKOZY : Les révélations de Me Bourgi

Il a encore choisi DakarTimes pour passer son message aux Sénégalais. L’avocat Me Robert Bourgi s’est prononcé sur l’actualité politique nationale après avoir rencontré le Chef de l’Etat Macky SALL à Paris. Entretien…

Comment jugez-vous l’accueil que le Président Macky Sall a reçu à Paris de la part des sénégalais de la diaspora ?

Je dois vous avouer que j’ai personnellement été étonné de la chaleur de l’accueil réservé au président Macky Sall à Paris. A l’aéroport, sur le parcours et bien entendu dans toutes les rues qui menaient à la résidence du Sénégal où il séjournait. Ce fut du délire. J’en ai été étonné. Etant donné ce qui se disait sur les réseaux sociaux. « Allez rassemblement. Il faut faire du bruit. Empêcher le président de parler, montrer que le président est désavoué, qu’il n’a plus la caution du peuple. » Tout ça n’a pas existé, le jour de son arrivée à Paris. Ce fut un accueil délirant. J’applaudis la ferveur de la foule sénégalaise. Et d’ailleurs, je ne me trouvais pas très loin de la résidence et des français étaient là et disaient : «Qu’est-ce qui se passe ?».  J’ai répondu : c’est le Président de la République du Sénégal qui arrive pour la conférence internationale. Un monsieur, me dit : «c’est exceptionnel ». Que voulez-vous que je vous dise? Ce fut un accueil délirant. Personne ne s’y attendait. Je pense même que lui-même ne s’y attendait pas. L’organisation a été parfaite. L’ambassadeur du Sénégal à Paris et ses collaborateurs avaient bien fait les choses. Mais vous savez, un soutien populaire, ça ne s’achète pas. C’est improvisé.

Comment jugez-vous le discours du Président le soir de son arrivée à la résidence ? Que faut-il en attendre ou espérer ?

Le président a improvisé un discours à sa manière. Il fut jovial, souriant. Il dégageait une sorte de sérénité et il était tout simplement bien. Son discours a donné de l’espoir à ses nombreux militants présents dans la résidence. Il a trouvé la phrase choc : « Nous gagnerons en 2024. Nous allons vers la victoire en 2024 ». Il est évident que ces mots ont fait croire à tout le monde, que sa volonté est de faire le fameux troisième mandat. La question m’a été posée par des journalistes présents sur le lieu du discours et par des journalistes français. Pour savoir s’il sera candidat ? Comment interprétez-vous, ce discours? A-t-il annoncé en termes voilés sa volonté de briguer un nouveau mandat en 2024 ?

Moi, à mon avis, le président s’est adressé à ses millions de partisans pour leur dire de ne pas baisser les bras, d’être prêt à fournir les efforts nécessaires pour la bataille de 2024 et d’envisager la victoire. Mais je l’ai dit sur RFM, que personne, je dis bien personne, n’a entendu sortir de la bouche du Président de la République : «Je serai candidat en 2024». Je comprends qu’il s’exprime ainsi, parce que face aux manifestations de l’opposition, à la morosité de l’ambiance, à la baisse du moral de ses partisans. Tout cela est palpable au pays où j’ai été il y a quelques semaines. Il a voulu gonfler ses partisans qui perdent espoir. Mais, de là à dire : «Macky candidat», je ne me hasarderai pas à le dire. Je l’ai vu à Paris et je l’avais une semaine auparavant à Dakar. D’autres personnalités, notamment des chefs d’Etat l’ont vu à Paris. Certains que j’ai interrogés moi-même, m’ont dit que rien n’avait été prononcé dans ce sens. C’est-à-dire : «je serai ou je ne serai pas candidat». Je vous ai dit qu’il y a un contrat entre le peuple et le président de la République.

Le moment venu, le Président dira lui-même à son peuple s’il sera ou non candidat. Les choses sont claires. Le président va recevoir des mains du président Moustapha Niasse le rapport du dialogue national. Après il va s’adresser au peuple dans un discours. Mais je n’interpréterai pas son discours à Paris, comme une annonce à sa candidature. Personne ne sait. Et je ne crois pas qu’il l’ait dit, ni au président Macron, qui l’a rencontré, bien sûr, ni au président Sarkozy, qu’il a rencontré aussi. J’étais présent chez le président Sarkozy et le soir même de leur entretien, le président m’a confirmé lui-même, le président Sarkozy, qu’il n’a jamais été question d’un nouveau mandat ou d’une absence de nouveau mandat de la part du président.

Comment jugez-vous les dernières déclarations de Me Branco et de sa volonté d’envoyer Macky Sall et ses Ministres à la CPI ?

Concernant Me Branco, je crois qu’il faut arrêter de s’intéresser de cet avocat que j’ai jugé dans certaines de mes interviews : de garçon intelligent. Mais je crois qu’il manque d’intelligence. A l’écouter, l’observer, à le lire, c’est un garçon qui manque d’intelligence. D’ailleurs, l’excellent philosophe Raphaël Enthoven l’a surnommé : «le Guillotin d’opérette ». «Paris match » l’a surnommé «l’ange noir de Saint-Germain-Des-Prés ». Un autre l’a surnommé «le procureur de la nation ».

Vous savez Branco aurait dû vivre au moment de la révolution française, sous la terreur, la période que l’on  a appelée la terreur. Je pense qu’il aurait pris beaucoup de plaisir à couper des têtes. C’est un garçon qui ruisselle de haine. Cela est insupportable. Il voulait juger Macron. Voilà qu’il veut envoyer Macky Sall et ses ministres à la CPI. Je pense que les psychiatres devraient s’intéresser de plus près au cas Branco. Je le trouvais intelligent, je retire ce qualificatif pour dire que ce garçon est déséquilibré. Qu’il aurait intérêt à se faire soigner. Je crois qu’il faut arrêter d’évoquer même le nom de Branco. Et si j’ai un conseil à donner à Ousmane Sonko, c’est de dire à ce garçon d’arrêter de vouloir le défendre et défendre sa cause. Ousmane Sonko a d’excellents avocats sénégalais sur le territoire de notre pays. Qu’il arrête et fasse dire Branco de se taire. C’est tout.

Macky Sall est là. Ces ministres sont là et ils resteront là. Et on verra ce que réserve le verdict électoral en 2024. Le Sénégal est une démocratie. Il y a des opposants, il y a des gens du pouvoir. Mais qu’on laisse faire les choses. Mais le vœu que je forme, c’est que l’on retrouve vite le consensus social et l’union de notre pays.

Me Bourgi, quels conseils donneriez-vous aujourd’hui au Président Macky Sall ? Dans quel état d’esprit se trouve-t-il ?

Je vous remercie de me croire capable de donner des conseils au Président Macky Sall. Ses amis parlent avec lui. Ses amis évoquent beaucoup de problèmes avec lui. Mais pour ce qui est de la candidature ou de l’absence de candidature en 2024, personne ne se permettrait de lui poser la question. Le moment venu, il s’adressera au pays et il lui annoncera : sa candidature ou non candidature. Personnellement, je souhaiterais qu’il soit candidat mais nous devons tous nous en remettre à la sagacité de sa réflexion. Le président Macky Sall est un taiseux. Je l’ai souvent dit. Il m’est arrivé de rester avec lui, d’être avec lui et il y a souvent du silence qui s’installe dans la conversation. Et c’est là que le Président se trouve plonger dans l’abîme de ces réflexions. Vous savez la piété qui est très forte et très élevée chez lui, impose le silence. Mais c’est un silence qui fait beaucoup de bruit. Lui-même au moment où nous nous parlons, sait ce qu’il a, à dire au peuple sénégalais. Une chose est sûre, ses interlocuteurs en France au niveau des chefs d’Etat et d’autres personnalités de premier plan, ont senti chez lui, de manière plus forte qu’avant, son souci de l’avenir de son pays. J’ai parlé avec lui. Je ne l’ai jamais senti aussi soucieux de l’avenir de son pays, à court, moyen et à long terme. Si le président, n’est pas candidat, je suis absolument persuadé qu’il s’impliquera personnellement et de manière forte dans la campagne présidentielle pour faire triompher son camp. C’est peut-être ce qu’il a voulu dire en disant : «nous allons gagner en 2024 ». C’est ainsi que je l’interprète. Je n’ai reçu aucune confidence. C’est mon analyse frappée du sceau de l’expérience. Voilà quelques cinquante ans que je suis plongé dans la vie politique au plus haut niveau. Il ne fera pas comme François Hollande qui en 2016 déclara : «je ne serai pas candidat ». Mais on n’a pas vu Hollande défendre son camp lorsque Macron s’est porté candidat. Il ne fera pas comme François Hollande. Il s’impliquera personnellement et profondément dans la campagne puis la victoire en 2024. C’est ce message qu’il a voulu passer. Mais personne ne sait s’il sera candidat ou pas. Mais j’ai une chose à vous dire. Je le dis du plus profond de ma conscience. S’il n’est pas candidat, même s’il s’implique personnellement et totalement dans la campagne de son camp, le Sénégal va bien le regretter. Je vous le dis. Le Sénégal n’a jamais été aussi haut dans l’estime des Nations étrangères.  Quand il a été président de l’Union Africaine pendant deux ans, il a porté l’Afrique au plus haut des sommets dans l’estime mondiale. Je disais au président Sarkozy que le discours du président Macky SALL lors de l’Assemblée générale des Nations Unies en Septembre 2022 devrait être lu dans toutes les écoles du Sénégal et de l’Afrique. Ce discours transcende tout. S’il devait ne pas être candidat en 2024, les sénégalais vont bien le regretter même ceux qui aujourd’hui sont ses plus farouches opposants. Et je ne me suis gêné à le dire à certains des amis d’Ousmane Sonko. Je leur ai dit que vous allez pleurer le président Macky SALL.

Si le Président Macky Sall ne devait pas être candidat qui verriez-vous pour lui succéder ?

Là, c’est une question terrible que vous me posez. J’ai pas mal d’amis dans la mouvance présidentielle. J’ai des compagnons de longue date qui ont fait leurs preuves. Dire qui je vois pour succéder à Macky Sall. D’abord, je vais vous dire une chose. Lorsque le général De Gaulle a quitté volontairement le pouvoir en avril 1969, un observateur politique de premier ordre avait eu cette réflexion extraordinaire, après l’élection de Georges Pompidou. Il avait dit : «le général De Gaulle a eu un successeur mais il ne sera jamais remplacé ».

Sans verser dans l’idolâtrie, ça ne me ressemble pas, si Macky Sall ne devait pas être candidat, ce que personne ne le sait, je tiens à le répéter, il aura un successeur que le peuple sénégalais aura désigné. Mais il ne sera jamais véritablement remplacé. La grâce a voulu qu’il soit élu après le président Wade.

Objectivement, il a été un excellent président. Toute façon, depuis l’aube de l’humanité, chaque homme a eu ses partisans et chaque homme a eu ses détracteurs. Même les prophètes ont eu leurs détracteurs. Alors pourquoi un simple mortel n’en aurait pas ? Mais, à l’échelle de ma vie, j’irai vers son successeur. Mais, Macky, ne sera jamais remplacé. Et je tiens à ce que ça figure dans l’intérieur. Ça prendra du sens un peu plus tard s’il ne devait pas être candidat. Je tiens à le répéter.

Vous me posez une question qui ressemble à une loterie. Qui je vois ? Je ne vais pas me faire que des amis. Allez, je vais parler cash. Mais je dis après mûre réflexion et il a mis du temps à le désigner, le président Macky Sall a choisi comme Premier ministre Amadou Ba. Il est en poste. Il est en place. Il défend farouchement la politique du président. Il s’est engagé totalement ses côtés. Le voilà titulaire de trois ou quatre portefeuilles ministériels. Mais le président a mis du temps pour le choisir. Il a pesé le pour et le contre. Il l’a choisi. Amadou Ba a été un excellent ministre des Finances. Il a été un excellent ministre des Affaires étrangères. Je puis vous dire qu’il a de solides amitiés internationales. Le Président de la République, Macky Sall, lui-même le sait. Il a des amis au niveau le plus élevé de l’Etat en France, aux Etats-Unis et ailleurs. Fort de cette expérience, aujourd’hui, au moment où vous me posez la question. Je ne vois que lui.  L’élection c’est dans 6 ou 7 mois. Où est la personne capable de s’extraire du peloton et dire : «je serai candidat ». Je vois qu’Amadou BA qui est un excellent Premier ministre.

Je lui trouve aussi d’autres qualités qui pourraient si le problème devait se poser, lui procurer l’adhésion de certaines personnes, dont, je tairai le nom, mais que vous devinez. Que ce choix me soit pardonné, par les nombreux amis que j’ai dans les rangs de l’exécutif. Oui je ne vois que lui. De toute façon, le moment venu, le président, s’il devait ne pas être candidat, montrera son choix. Et on verra comment réagira le camp du pouvoir. Je vous remercie pour cette longue interview. J’ai toujours plaisir à discuter avec vous. Mais l’heure est grave pour le pays. Je tiens à le souligner. Et j’ai hâte d’entendre le président prononcer son adresse à la nation. Que se cache-t-il dans la tête de Macky Sall. Oh, là là ! Olala olala ! Intra-muros et extra-muros, les gens s’interrogent par centaines de mille. Propos recueillis et transcrits par Malick SARR

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