août 18, 2025
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MALI-ARMÉE-TRANSITION : Vers la nuit des longues baïonnettes

Ce qui se passe à Bamako convoque immédiatementl’idée et fixe politiquement l’image de la «Nuit des longs couteaux » de Berlin, en 1934. Le carnage n’est pas effectif à Bamako mais on a sorti puis placé les baïonnettes au canon. Mieux ou pire, le climat répand un sinistre parfum de purges politico-militaires en cours.

Les observateurs avertis ne sont guère surpris ni par l’éclosion des frictions dans la phalange des officiers supérieurs ni par le début du déraillement forcément violent de la Transition sans fin.

En effet, le glissement inexorable de la Junte vers le ravin, c’est-à-dire vers le cimetière politique, découle d’un cocktail de facteurs : les uns endogènes, les autres exogènes. Mais tous périlleux !

Parmi les facteurs internes figure la perte de vue d’une évidence, à savoir que la vocation d’une Transition est d’être transitoire. Une parenthèse non fermée n’est pas une parenthèse en grammaire comme en politique.

Plus grave, un éternel régime militaire d’exception favorise une évolution par la conspiration, une régulation par les armes et un réajustement ou une correction de trajectoire par un énième putsch dans le putsch. Une vérité grandement confortée par l’Histoire récente du Mali et du Sahel.

Au Mali, le Général Moussa Traoré avait largué sans parachute les Colonels Kissima Doukara, Tiécoro Bagayoko et Cie en 1978. Pour survivre, il forgea des fidélités et des loyautés autour de sa personne, avec les Généraux Sékou Ly, Issa Ongoïba et Mamadou Coulibaly etc. non issus du CMLN.

Au Niger, le Colonel Seyni Kountché avait, entre 1974 et 1976, éliminé le Commandant Sani Sido, embastillé le chef d’Escadron Boulama Manga et le Capitaine Cyrille Gabriel. Sans oublier l’exécution expéditive (sans procès) du chef de Bataillon Bayéré Moussa. Des officiers sans lesquels le renversement du Président Diori Hamani eût été impossible.

Situation analogue en Mauritanie où la fin de la guerre du Sahara et l’Accord de paix de 1979 signé avec le Polisario cisaillèrent les instances militaires en de multiples clans d’officiers pro-marocains, pro-algériens et pro-français. Ce qui déboucha sur des secoussessuccessivement fatales aux Colonels Boucef, Salem Ould Sidi et au Commandant Kader du GARIM.

Bref, les Généraux Assimi Goïta et Modibo Koné doivent se convaincre que tout ce qu’on fait avec un char, un autre char peut le défaire ; tout ce qu’on fait avec une baïonnette, une autre baïonnette peut le défaire.

À ce propos, on comprend pourquoi des officiers de la Garde Nationale du Mali sont dans le collimateur du noyau dur de la Junte de Koulouba-Kati.

En effet, cette unité très militaire mais soustraite à l’autorité du chef d’État-major des Armées (le Commandement de la Garde étant autonome) détient une suffisante puissance de feu, pour contrebalancer la supériorité supposée ou la combativité présumée des Forces spéciales loyales au chef de la Transition.

Le souvenir de l’Opération « SANYA » déclenchée par feu Boubèye Maïga, menée par la Garde sous les ordres du Colonel Jean-Élysée Dao (actuel Général et nouvelAmbassadeur en Chine après le Gabon) imbibe les esprits et, surtout, inquiète Assimi Goïta. Parce quejustement « SANYA » avait délogé un autre putschiste : le burlesque Capitaine Sanogo.  

Au chapitre des interférences étrangères, la tentative de déstabilisation est très clairement la photographie des influences croisées et des agissements concurrents autour du Mali et dans l’espace AES.

Même si le rôle du Français arrêté  (barbouze ou jésuite)reste clair-obscur, il demeure en revanche limpide que la France, humiliée par les putschistes puis supplantée par la Russie, ne baisse pas pavillon au Mali, malgré le retrait…du pavillon de BARKHANE.

Le Général François Lecointre, chef d’État-major 2017-2021, a dit sans ambages : « La France doit retourner impérativement au Sahel ». Telle est la doctrine énoncée à haute voix ! Restent les modalités cachées mais lisibles à la lumière de l’actualité.

Avant le Mali, nest-ce pas le Burkina qui a interpellé des espions français déguisés en « informaticiens » que la médiation du Roi du Maroc a pu dégager des griffes du Capitaine Ibrahim Traoré ?

En vérité, le Sahel central (délimité par la Mauritanie à l’Ouest et bordé par le Tchad à l’Est) est trop précieux pour Paris. Pendant de longues décennies, le Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA), AREVA et ORANO ont eu la haute main sur l’uranium du Niger. Une quantité à bas qui a permis aisément de boucler le programme des essais nucléaires en Polynésie et de doter la France de l’arme atomique.

L’autre pays qui des capacités de nuisance et, par ricochet, de déstabilisation est bien sûr l’Algérie. Avec ses 1 350 kilomètres de frontières le long du Mali ; et forte de la performance de ses services de renseignement (DRS), Alger affiche sa volonté de sécuriser son flanc Sud qui correspond au Nord-Mali. Notamment face au braconnage géopolitique du Maroc qui séduit de plus en plus les États membres de l’AES.

Vis-à-vis de l’Algérie, le Mali doit marcher sur des œufs, c’est-à-dire y aller doucement autant que possible.Le Sud algérien est peuplé de populations touarègues qui forment des vases communicants avec les habitants touaregs de Kidal et de Tine Taouazène en rébellionendémique et/ou en djihadisme armé au Mali.

Pour la petite histoire, le chef du GSIM/JNIM, le Malien Iyad Ag Ghali (allié d’Amadou Kouffa) est régulièrement soigné à l’Hôpital militaire de luxe d’Aïn Naâdja où sont également soignés les Généraux algériens. C’est dire

Le bruit court que l’épouse du chef terroriste, Mme Anna Walett Bichat Ghali (une franco-touarègue) se replie et séjourne souvent à Tamanrasset, une ville d’Algérie, sous la protection de policiers algériens en civil.  

En définitive, le Général Assimi Goïta doit rapidement aller au-devant du bon sens politique et du réalisme géopolitique. Un Pouvoir militaire qui a enterré un Premier ministre en détention préventive (Boubèye Maïga), emprisonné un autre Premier ministre (Moussa Mara) et placé en garde à vue un troisième (Choguel Maïga) doit vite revoir sa copie. Tout en défendant avec intelligence et énergie les intérêts du Mali.  

Par Babacar Justin Ndiaye

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