septembre 1, 2025
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Mali : l’épineux dossier de l’agent français arrêté à Bamako

L’arrestation à Bamako d’un agent de l’ambassade française, soupçonné de complot, tend les relations Mali-France déjà fragilisées.

Annoncée sur les ondes de l’Office de radiodiffusion télévision du Mali (ORTM), l’information a interpellé les observateurs. Jeudi 14 août 2025, un ressortissant français faisait l’objet d’une arrestation dans les rues de la capitale malienne, Bamako. Toujours en détention, le profil du prévenu interroge l’opinion et place Paris dans une posture délicate.

Car Yann V. n’est pas un Français ordinaire. Ce militaire aux presque trente ans d’états de service dans l’armée de l’air occupait depuis un an la fonction de deuxième secrétaire de l’ambassade de France au Mali. Si le diplomate appartient à l’équipe resserrée maintenue en poste dans ce pays du Sahel, celui-ci semble également déclaré en tant qu’agent de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) – tel que rapporté par l’hebdomadaire Jeune Afrique.

La France convoque le droit international

« Il est fréquent que des ambassades disposent de personnel accrédité dans le cadre de missions de sécurité et de renseignement », réagit un interlocuteur proche du dossier. Mais dans les faits, c’est précisément cette double affiliation qui a motivé l’action des autorités maliennes. À la télévision, le ministre de la Sécurité, Daoud Aly Mohammedine, dénonçait un complot « déjoué avec l’arrestation des personnes impliquées ».

Très vite, le quai d’Orsay a qualifié l’affaire « d’accusation sans fondement », exigeant la libération sans délai de ce ressortissant. Paris plaide l’illégalité de la détention de Yann V., eu égard à son statut diplomatique. « La personne de l’agent diplomatique est inviolable. Il ne peut être soumis à aucune forme d’arrestation ou de détention », dispose en effet l’article 29 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques (1961). Un texte ratifié dès 1968 par le Mali. Malgré la tension latente, le dialogue pour parvenir à une libération se poursuit grâce aux canaux bilatéraux classiques.

Ce n’est pas la première fois qu’un membre du personnel français est interpellé dans la région. En 2023 déjà, quatre agents avaient été arrêtés au Burkina Faso, avant d’être relâchés sous pression diplomatique.

Victime collatérale d’une purge ?

En substance, l’arrestation de ce citoyen français s’inscrit dans une opération plus vaste. Lors de sa prise de parole, le ministre malien de la Sécurité détaillait une tentative de complot à l’œuvre depuis le 1er août. Au total, onze personnes ont été appréhendées. Parmi elles, deux généraux font figure de cerveaux du présumé complot. La mise aux fers de ces hauts gradés – Abass Dembélé et Néma Sagara – est l’expression de rivalités internes qui inquiètent le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) d’Assimi Goïta. Dans le narratif déployé par la junte, le profil de Yann V. correspond au rôle de support supposément joué par des « États étrangers ».

En son sein, le Mali continue d’être mis à rude épreuve par la prolifération de groupes djihadistes souvent affiliés au JNIM. Selon les données d’Acled (Armed Conflict Location & Event Data), Bamako a essuyé plus de 14 000 victimes – dont une majorité de civils – depuis le coup d’État de 2020. Pour endiguer la dynamique qui se déplace vers le sud d’un territoire grand comme deux fois la France métropolitaine, les Forces armées maliennes (FAMa) sont épaulées par les éléments russes d’Africa Corps, succédant au groupe Wagner. Sur le front, la stratégie poursuivie par Bamako est parfois contestée par certains éléments du dispositif.

Au Mali, la délicate posture des autorités françaises

Si Paris a réduit sa présence à un simple consulat au Burkina Faso et suspendu sa représentation au Niger, le Mali est demeuré le seul pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) à être doté d’une ambassade. Sur le plan sécuritaire, la coopération entre les deux capitales continue à ce jour de porter sur le partage d’informations. Mais sur les réseaux sociaux, les discours affirmant que la France jouerait un rôle actif pour armer les groupes djihadistes vont bon train.

En 2022, deux membres de l’ambassade de France avaient déjà été brièvement interpellés alors qu’ils travaillaient à identifier un point de rassemblement sûr pour les ressortissants français. Ces derniers avaient été relâchés après des vérifications d’usage sur fond de soupçon d’espionnage.

Plus largement, cet important coup de filet intervient un mois seulement après qu’Assimi Goïta a promulgué un texte de loi lui permettant de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2030. Projet de déstabilisation fondé ou règlement de comptes politiques en interne, la question reste ouvert

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