Accra a accueilli samedi 4 juin, un double Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA. La conférence des chefs d’Etat et de gouvernement s’est notamment penchée sur la situation au Mali, au Burkina Fasso et en Guinée. La Cédéao estime que la durée de la transition de trois ans, retenue au Burkina et en Guinée est trop longue. Quant au Mali, il reste sous sanctions de la Communauté jusqu’au prochain sommet ordinaire qui doit se tenir le 3 juillet.
Le Sommet de la CEDEAO a été consacré à la situation sociopolitique au Mali, en Guinée et au Burkina Faso. Il a été l’occasion, pour les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Organisation sous régionale, d’analyser l’évolution de la situation dans ces trois pays et d’examiner les voies et moyens d’un retour à la stabilité et à une paix durable.
Le Président du Ghana, Nana Addo Dankwa AKUFO-ADDO, Président de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO, a insisté, dans son allocution d’ouverture, sur la nécessité de préserver la stabilité des Institutions et les acquis démocratiques dans notre espace communautaire.
Au terme du Sommet, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO ont décidé de maintenir les sanctions imposées au Mali le 9 janvier 2022 et de poursuivre le dialogue en vue de parvenir à un accord devant permettre la levée progressive des sanctions, à mesure que les étapes du chronogramme de transition sont réalisées.
S’agissant de la Guinée, le Sommet a demandé la finalisation d’un chronogramme de transition acceptable et a appelé le Gouvernement guinéen à mettre en place un cadre de dialogue approprié avec les acteurs politiques et de la société civile, afin de favoriser une transition pacifique.
Concernant le Burkina Faso, les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont demandé la finalisation d’un chronogramme de transition acceptable et ont pris note de la disponibilité et de l’engagement des Autorités de Transition à poursuivre le dialogue avec la CEDEAO en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais.
Pour terminer, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO ont décidé d’examiner la situation de ces trois pays lors de leur prochain Sommet ordinaire qui se tiendra, le 3 juillet 2022, à Accra.
Une « déception des Maliens »
Le communiqué final indique que Mahamadou Issoufou, l’ancien président du Niger, a été désigné médiateur pour le Burkina et le diplomate Mohamed Ibn Chambas pour la Guinée.
De l’avais d’Ousmane Ndiaye, rédacteur en chef Afrique de TV5 Monde, présent dans la capitale ghanéenne « c’est la déception des Maliens qui croyaient et qui étaient venus avec leur ministre de l’Economie, leur ministre des Affaires étrangères ». D’après lui, « Au Mali il y avait un immense espoir ». Le journaliste note aussi des « divergences de ligne » entre les différents gouvernements de la communauté ouest-africaine.
Un avis partagé par Serge Daniel, journaliste et écrivain ayant aussi pris part au sommet. « Vous avez des pays comme le Nigeria qui a dit de lever les sanctions sur le Mali alors que la Gambie était contre et a soutenu d’autres. Même le Niger. Le président Bazoum n’est pas contre la levée des sanctions au Mali » dit-il. Toutefois, selon lui, le prochain sommet risque d’être très décisif et des décisions pourraient bien en sortir. « Il y aura des délégations au Mali, en Guinée et au Burkina Faso pour faire avancer les choses. On a quand même fait trois semaines, on a encore quatre semaines mais je pense que d’ici là on devrait pouvoir voir la fumée blanche », conclut Serge Daniel, optimiste.
Le Sommet de l’UEMOA a, quant à lui, permis aux pays membres de faire le point sur la gouvernance des Organes et des Institutions de l’Union et d’analyser la situation économique, financière et sécuritaire au Mali et au Burkina Faso. « C’est un sommet d’information sur le fonctionnement de l’union et sur les perspectives » précise le premier ministre du Burkina, Albert Ouédraogo.
Au cours de ce Sommet, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UEMOA ont désigné le Président de la Commission de la CEDEAO, l’Ivoirien Jean-Claude Kassi BROU, en qualité de Gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Y. M. TRAORE