mai 9, 2025
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Politique

MAMOUR CISSÉ, PRÉSIDENT PSD / JANT-BI : « La loi d’amnistie ne doit pas faire l’éloge de l’Impunité » 

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Le président du Parti Social-Démocrate (PSD / Jant-Bi) s’est confié à DakarTimes. De fond en comble, El Hadj Mamour Cissé a fait une analyse de la situation socio-politique, non sans évoquer ses relations avec le président Macky Sall qui, jusque-là, n’a pas rétribué les efforts de sa formation politique pour son engagement et son dévouement à ses côtés.  Le leader du PSD Jant-Bi s’est offusqué du comportement de certains députés lors de l’installation de la quatorzième législature. A l’en croire, les représentants du peuple doivent prendre conscience de leurs responsabilités pour mieux servir les populations. L’ancien ministre d’Etat sous Me Wade n’a pas épargné l’opposant Ousmane Sonko qui, avec son « NémékouTour », cherche du « buzz ». M. Cissé a donné son avis sur les mesures récentes prises par le président de la République ; il en a profité pour esquisser des pistes pour le développement en prônant notamment plus de dynamisme des ministères de l’Agriculture et de l’Industrie. Entretien…

Monsieur Cissé, le « Némékou Tour » de Sonko a fait des vagues… Quelle lecture en faites-vous ? 

(Éclat de rires) ! C’est que le bonhomme a plus d’un tour dans son sac! Il aime le buzz, les grandes foules et les levées de masse ! Il n’y a pas de mal à cela, tant que l’ordre public n’est pas perturbé, faisant ainsi obstruction à la liberté de circuler des uns et des autres.  Cependant l’Etat a intérêt, dès lors que l’ordre public est assuré, d’éviter de donner l’impression de harceler un adversaire politique. Il faut un combat à la loyale, dans l’ordre et le respect des lois.

L’ouverture de la session ordinaire unique de l’année 2022-2023 a été marquée par le discours aux allures de sermon du président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop. Pensez-vous que son message sera entendu ?

Je me dois de vous avouer ma gêne et mon amertume, qu’en 2022, après quatorze législatures on en soit encore, à devoir rappeler à nos députés leur devoir de dignité et de responsabilité. C’est totalement affligeant, et c’est une très grande déception pour le peuple, qui, lui, reste tenaillé, au quotidien, par d’indicibles tracas pour survivre. Se nourrir, se soigner, trouver un toit, du travail ou un financement, constituent, aujourd’hui, un véritable casse-tête pour l’immense majorité des Sénégalais. Et pendant ce temps, des élus du peuple ont osé, à la face du monde entier, s’immortaliser, pour la postérité, dans des actes de vandalisme inouïs au sein même de l’Hémicycle. On les a même vus dans des postures simiesques, arracher les micros de leurs collègues et grimper sur des pupitres, ravageant d’un seul coup la prestigieuse image de cette haute Institution. Cette sinistre pédagogie du grotesque et du terrorisme physique, sans une seule once de civisme ni de hauteur intellectuelle ne doit pas prospérer; c’est une option dangereuse et inacceptable. Tout cela m’est resté à travers de la gorge, tant ces gens-là avaient pourtant  théorisé la rupture. 

Quand même monsieur Cissé, on peut espérer que les choses changent, compte tenu de l’évolution…

(Il nous coupe!) Quelle évolution ?

Le calme semble revenu… ?

Vous croyez ? Espérons! Mais ce qui est sûr et certain, c’est qu’ils ont réaffirmé avec force qu’ils ne regrettaient rien de ce qui s’était passé, et que, si c’était à refaire, ils le referaient sans hésiter, avec encore plus d’audace ! Pour moi ce ne sont pas des menaces en l’air. C’est la raison pour laquelle mon Parti (le PSD-Jant-Bi, Ndlr) insiste sur la nécessité absolue de travailler à réorganiser la distribution du privilège d’immunité parlementaire, en fonction de la situation nouvelle, créée  par l’irruption de ce Député d’un Nouveau Type. Les actes de violence de toute nature au sein de l’hémicycle doivent exposer leurs auteurs à des sanctions. Il ne faut plus que l’immunité parlementaire soit synonyme de permissivité, de licence, de je m’en foutisme, à plus forte raison d’impunité. Nous devons rester égaux devant la loi. Maintenant pour parler de la présente session, il faut que nos députés prennent la juste mesure des enjeux énormes que comporte le vote de ce budget de près de 6.500 milliards qui doit outiller l’Etat et lui donner les moyens de sa politique, qui doit être infléchie et orientée dans la perspective de la satisfaction des aspirations des Sénégalais. Ces derniers sont fatigués et de toute façon, méritent une bien meilleure prise en charge de leurs préoccupations. Pour dire qu’il nous faut sortir des sentiers battus et explorer les vrais chemins de développement.

Les actes de violence de toute nature au sein de l’hémicycle doivent exposer leurs auteurs à des sanctions

Vous parlez comme un opposant …

Non pas forcément ! Vous savez que j’ai toujours soutenu à haute et intelligible voix la pertinence de certaines politiques publiques, déroulées par le gouvernement sous la direction du chef de l’Etat. Des choses formidables ont été réalisées, c’est indéniable, comme au plan de l’ingénierie des ponts et chaussées, des infrastructures multiformes (hospitalières, scolaires et universitaires) et des moyens de transport modernes; des zones entières ont été aussi désenclavées, leurs ouvrant ainsi de larges perspectives de développement, grâce à des programme structurants comme le PUDC, le Puma, le Promovilles…

Le social aussi a eu ses heures de gloire avec le programme des bourses familiales, l’assistance ponctuelle aux familles vulnérables par le biais du transfert d’argent, l’effectivité de certaines prises en charges sanitaires comme le plan Sésame ou la carte d’égalité des chances, la revalorisation du salaire des enseignants et des autres corps. Voici qu’on nous parle aujourd’hui de budget social 2022-2023  pour soulager les populations et soutenir leur pouvoir d’achat à coup de subventions faramineuses.

Vous ne semblez pas cautionner ces mesures…

La question c’est de savoir si à terme, c’est une solution durable. Je ne le pense pas; ces solutions conjoncturelles ne font que différer, sans régler durablement. Les députés doivent inciter le gouvernement à s’inscrire dans une trajectoire de définition des vraies priorités de ce pays et des vraies pistes de solution structurelle. Comment développer ce pays sans une promotion harmonisée de l’Agriculture et de l’Industrie? Ces deux secteurs restent les parents pauvres du système, malgré les déclarations tonitruantes et les chiffres claironnés à longueur d’années. Nos députés peuvent aider à opérer la révolution silencieuse qui s’impose dans le secteur agricole et dans celui de l’industrialisation. Ce vote du budget impose une lourde responsabilité à nos députés, dans la définition et l’Identification des priorités qui recoupent les vraies attentes des populations. Cette manne de 6.500 milliards doit êtreabsorbée dans l’efficacité, l’efficience, l’équité et la pertinence. Aujourd’hui nous pensons que l’agriculture doit être dotée de moyens à la hauteur des ambitions déclarées du président de la République et de son ministre de l’Agriculture, un homme de rigueur. Ce département mérite une discrimination positive. Les populations attendent des réponses concrètes sur l’autosuffisance alimentaire. Le problème est d’ordre financier certes mais aussi et surtout de l’ordre de notre réappropriation de notre foncier national. L’Etat doit marquer un coup d’arrêt au bradage. Ce qui se passe en Casamance avec l’Anacade, entre autres, qui est, aujourd’hui, entre les mains des Indiens, devenus propriétaires de terres alors qu’ils n’étaient que des clients ;  cela estincompréhensible. Louer des terres, d’accord, mais vendre non. S’agissant de l’industrie, elle doit bénéficier de protection, car aucun pays ne peut se développer sans une industrie forte .Où sont passées toutes ces sociétés ?  ICOTAF, SOTIBA SIMPAFRIC, ISLIMA, SCT SIV, SOBOCCO, NSTS, SOCEFIL, SOTEXCA, SOCOSAC, SENEMBAL, BERLIET SENEGAL, SOSEDA , CAROSSELIE MARCHAND et biens d’autres dans divers domaines. 

Le ministère de l’Agriculture mérite une discrimination positive

Toutes ces sociétés n’existent plus. Il ne faut coûte que coûteréinventer ce secteur qui peut nous garantir des milliers voiredes millions d’emplois. Il faut voter des lois qui vont promouvoir l’industrie .C’est dire que face à une telle mission, nos députés doivent prendre conscience de leurs responsabilités, changer de comportements, se ressaisir ou se dessaisir, le cas échéant, d’une confiance populaire usurpée ou imméritée. Les projets et propositions de lois doivent être disséquées et validées à l’aune de l’Intérêt National.

Justement en parlant de lois, il y’a celle qui concerne l’amnistie portée par le président de la République et celle de Aminata Touré sur la question du pouvoir et de la parenté. Quel est votre commentaire ? 

En ce qui concerne la seconde, j’ai beaucoup de respect pour cette dame (Aminata Touré, Ndlr), mais j’avoue que sa proposition me pose problème dès lors que la constitution elle-même exclut toute forme de discrimination .Ajoutez à cela notre conception culturelle de la  famille étendue, vous imaginez le nombre d’exclus et de marginalisés du simple fait d’un lien de parenté avec le chef ! C’est injuste et insensé ! S’agissant de la loi d’amnistie, elle ne doit pas faire l’éloge de l’Impunité ni du saccage, sans  coup férir, de nos ressources. Permettre à tous d’obtenir et de profiter de leurs droits civiques constitue une bonne chose, si cela participe à la pacification de l’espace public, à la concorde nationale. Même si la démarche peut cacher des calculs souterrains. En tout état de cause, le peuple veille au grain et ne se laissera pas marcher sur les pieds. Au demeurant, je partage le point de vue du professeur Mounirou, qui estime que l’amnistie est la meilleure option, pour éviter des controverses sur la temporalité, par rapport aux délits reprochés à ces personnalités privées de droits citoyens. Dès lors qu’il s’agit d’effacer et d’ouvrir de nouvelles perspectives, mieux vaut le faire avec toutes les garanties. Mais encore une fois, ce dont il s’agit, c’est d’éviter la colère du Peuple. En évitant tout forcing.

J’ai l’impression d’avoir un opposant en face de moi. Est-ce que ce n’est pas, comme tout le monde l’a constaté, parce que vous êtes le seul allié à qui le Président n’a confié aucun poste? Cette situation ne vous indispose pas ?

Nous ne fonctionnons pas en émotions, dans la sphère politique, loin s’en faut ! Mais, c’est vrai que nos militants de base sont profondément déçus, et qu’ils considèrent que l’engagement constant du parti à côté du président de la République, sa loyauté et sa sincérité, n’ont pas été célébrés et récompensés à leur juste valeur. Dans les prochaines heures, dans une déclaration publique, nous en tirerons toutes les conséquences, sans état d’âme, avec la convocation de notre Bureau Politique. 

Propos recueillis par Abdou K. MBAYE

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