Au lendemain de l’élimination de l’équipe du Sénégal en huitième de finale de la Coupe du monde par l’Angleterre, DakarTimes tire le bilan de cette compétition côté sénégalais. Ligne par ligne, retour sur les performances des Lions.
Un gardien moins rassurant
Pilier de la défense du Sénégal, Edouard Mendy a connu une Coupe du monde à l’image de son équipe. En quatre matchs, le gardien de but des Lions n’a réalisé aucun clean sheet dans cette Coupe du monde. En clair, le portier des Blues de Chelsea, n’a pas été aussi décisif qu’on le connaissait. Durant ces quatre apparitions, il n’aura réalisé que 7 (sept) arrêts et concédé 7 buts. Autrement dit, Mendy n’a donc arrêté qu’un peu plus de 52% des frappes cadrées (11 tirs cadrés). S’il a enrayé deux balles de but contre le Qatar (2ème journée) qui a maintenu le Sénégal en vie, il n’a pas été exempt de tout reproche dans les 2 buts des néerlandais (1ère journée) où il s’est montré maladroit et très fébrile, voire dans l’ouverture du score contre l’Angleterre. C’est donc un bilan un peu décevant pour celui qui était considéré comme étant le meilleur gardien du monde il y a quelques mois (2021) et meilleur gardien de la dernière CAN. A titre de comparaison, Wojciech Szczesny, le portier de la Pologne a réalisé 23 arrêts devant des attaques de feu, Vanja Milinkovic-Savic de la Serbie 16 arrêts, Andries Noppert des Pays-Bas 15 arrêts, Mohammed Al Owais de l’Arabie Saoudite 14 arrêts en 3 matchs, Mat Ryan de l’Australie 12 arrêts, Keylor Navas le gardien de Costa Rica 11 arrêts en 3 matchs, Lawrence Ati du Ghana 10 arrêts, le Suisse Yann Sommer 9 arrêts… Même Devis Epassy du Cameroun qui a commencé son mondial à partir de la 2ème journée a réalisé plus d’arrêts (9) que le sénégalais. Est-ce suffisant pour remettre en cause son statut de N°1 ?
Une défense qui perd son imperméabilité
Des équipes qui participent à cette Coupe du monde, seuls le Costa Rica (11 buts dont 7 encaissé dans le seul match contre l’Espagne) et la Serbie (8) ont encaissé plus de buts que le Sénégal. La défense des Lions a été vaincue à sept reprises dans cette compétition de même que l’Iran, le Qatar, le Canada, le Ghana… contre seulement 1 but encaissé (en trois) pour le Maroc qui s’apprête à disputer son huitième de finale contre l’Espagne. Cette grande différence illustre à merveille, que la solidité défensive a fait vraiment défaut aux champions d’Afrique. Celle qui faisait pourtant le fort de cette équipe et qui semble s’envoler d’abord contre les Pays-Bas lors de la première journée et surtout contre l’Angleterre (3-0) où l’équipe du Sénégal a connu le plus douloureux et lourd score en Coupe du monde et en Coupe d’Afrique des Nations. Sur le premier match, la défense a surtout été perturbée par le dispositif et les choix opérés par Aliou Cissé après le forfait sur blessure de Ballo-Touré qui était pressenti pour démarrer sur le couloir gauche. Alors que la situation administrative d’Ismaila Jacobs était encore incertaine, le coach des Lions avait préféré décaler Abdou Diallo à gauche et associer Koulibaly et Pape Abdo Cissé dans l’axe. Ces choix n’ont pas du tout été payants. Plusieurs renseignements sont à tirer dans ce secteur du jeu. Tout d’abord, le capitaine Kalidou Koulibaly, sauveur contre l’Equateur, reste le patron par ce que même dans le naufrage collectif contre l’Angleterre, il a été honorable, mais son binôme, Abdou Diallo n’a pas du tout été constant. Au contraire, il n’a pas du tout été au niveau lors de la débâcle contre les Three Lions et lors de l’entrée en lice face aux Pays-Bas. Sans surprise, Youssouf Sabaly a encore montré toutes les qualités qu’on lui connaissait pour confirmer que ce couloir droit de la défense lui appartient. Pour le côté opposé, Depuis son entrée en cours de jeu lors de la première journée, Ismaila Jacobs a vite mis tout le monde d’accord. Le jeune défenseur de l’AS Monaco a vite fait oubler l’absence de Saliou Ciss, mais surtout tuer tout suspense entre lui et Ballo-Touré. En ce néo-Lion, le Sénégal tient au moins, une assurance dans ce poste, pour quelques années.
Un milieu combatif mais faible techniquement
Les équipes sont jugées par la force de leur milieu de terrain. Un secteur primordial pour espérer à réaliser des exploits. Et dans ce secteur, le Sénégal s’est distingué par l’inconstance de ses joueurs. Entre les blessures de Cheikhou Kouyaté lors du match contre les Pays-Bas et le forfait pour suspension de Gana Guèye contre l’Angleterre en passant par le passage sur le banc de Nampalys Mendy face aux équatoriens, on retiendra un manque de stabilité qui s’explique par le fait qu’aucun joueur ne sort du lot hormis les cadres. La relève a montré ses limites dans cette compétition. Sans Gana Guèye et Cheikhou Kouyaté, le milieu est un point faible de cette sélection. Le manque de temps de jeu de Nampalys Mendy en club s’est vu sur ses hésitations et son incapacité à se hisser au niveau du mondial. C’est ce qui a valu une place de titulaire à Pathé Ciss sur les deux derniers matchs. Ils se sont distingués sur leur capacité de s’exprimer sur les duels, sur le pressing et aussi au niveau des courses avec Idrissa Gana Guèye qui était l’un des joueurs qui avaient fait le plus de courses dans les phases de groupe (33km) devant Rodrigo De Paul par exemple. Mais c’est avec le ballon que les limites se font sentir avec les milieux. La qualité technique des joueurs est inquiétante. A la moindre pression des adversaires, les pertes de ballon se multiplient. Individuellement, Gana Guèye sort sans doute avec la meilleure note, auteur d’une coupe du monde très performante et son absence a été sentie sur cette huitième de finale. Par contre, Pape Guèye a rendu une copie décevante.
Une attaque inefficace
« On a été punis par notre manque d’efficacité ». C’étaient les mots de Boulaye Dia au sortir de l’élimination contre l’Angleterre. Le symptôme qui n’est pas loin de résumer la campagne des Lions au Qatar. Dans la zone de vérité, les attaquants ont souvent manqué de réalisme et de lucidité pour conclure les situations dangereuses qui se sont présentées. Au total, les coéquipiers d’Ismaila Sarr ont tenté 52 tirs sur les 4 matchs disputés pour seulement 13 cadrés. Des statistiques qui mettent en lumière le manque de précision des offensifs face aux buts. Si on voit de plus près, sur les 13 tirs cadrés seulement 5 buts ont été inscrits. Une faiblesse offensive qui a été l’une des déceptions de ce mondial. Avec l’absence de Sadio Mané, le manque de créativité, de talent et d’ingéniosité étaient attendus mais c’est aussi dans la conclusion des actions que le bât a blessé. Aucun joueur sénégalais n’a marqué plus d’un but. Même si à part Krépin Diatta, Ilimane Ndiaye et Nicolas Jackson, tous les offensifs ont marqué un but (Ismaila Sarr, Bamba Dieng, Famara Diédhiou et Boulaye Dia). Sans cet attaquant qui vit de buts et qui est efficace dans la surface, les Lions n’ont jamais pu profiter des coups pour mettre en mal l’adversaire. Sur les deux défaites des Lions, contre les Pays-Bas et l’Angleterre, ils ont toujours eu au début du match une situation franche pour ouvrir le score en vain. Dans une compétition de très haut niveau où tout se joue sur des détails, les équipes ont besoin d’une petite opportunité pour concrétiser.
Jacques V GOMIS et El M SARR