(Agence Ecofin) – Le montant estimé à 1,26 milliard $ selon une enquête menée avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), est en baisse lorsqu’on l’ajuste par rapport à l’inflation. Une évolution qui fait suite à la digitalisation et l’augmentation des refus de payer et des dénonciations.
Selon une enquête rendue publique le 11 juillet par le Bureau national des statistiques (NBS), les fonctionnaires nigérians ont touché une somme estimée à 721 milliards de nairas en 2023 au titre de la corruption, soit l’équivalent de 1,26 milliard de dollars en se référant au taux de change moyen en vigueur pendant l’année sous revue. Ce montant correspond à 0,35 % du PIB du Nigéria, qui lui-même était en baisse.
Intitulée « Corruption in Nigeria : Patterns and Trends -Third survey on corruption as experienced by the population », l’enquête révèle également que le nombre estimé de pots-de-vin échangés est passé de 117 millions en 2019, date de la dernière édition de l’enquête, à 87 millions en 2023. Cette baisse s’explique essentiellement par une réduction des contacts entre les citoyens et les fonctionnaires qui sont passés de 63 % à 53 %, grâce notamment à la disponibilité croissante des services administratifs en ligne (administration électronique).
D’autre part, la crise de la hausse du coût de la vie liée à la réforme des politiques monétaires et à la suppression partielle des subventions aux carburants, a incité 23 % des Nigérians à refuser de payer des pots-de-vin lorsqu’on le leur demande.
L’enquête menée en collaboration avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) souligne dans ce même cadre que plus de 70 % des Nigérians à qui l’on a demandé de verser un pot-de-vin en 2023 ont refusé de le faire au moins une fois.
Moins de citoyens ont également déclaré avoir subi des conséquences négatives après avoir refusé une demande de pot-de-vin en 2023 comparativement à 2019 (38 % contre 49 %), ce qui suggère que les Nigérians prennent de plus en plus conscience de la possibilité d’affronter les fonctionnaires corrompus sans craindre des représailles.
La fréquence des pots-de-vin est en moyenne plus élevée dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Les personnes vivant dans les zones urbaines ont versé en moyenne 4,5 pots-de-vin, tandis que celles vivant dans les zones rurales ont versé en moyenne 5,8 dessous-de-table.
Au-delà de ces montants, qui reste élevés à l’échelle du pays, la corruption est un défi qui compte au Nigéria, mais pas le plus important. En 2016, elle s’était classée au 3e rang des préoccupations de la population, et la première pour seulement 14,3% des sondés. En 2023, elle occupait la quatrième place derrière la hausse des coûts de la vie, le duo crimes/insécurité et le chômage.
