«Economie sociale et solidaire et responsabilité sociétale d’entreprise, au cœur du développement en Afrique» est le titre du livre du Dr Cheikh KANTE dont la préface a été réalisée par Mario Pezzini. Ancien Directeur du Centre de Développement de l’OCDE et l’avant-propos par le Pr Moustapha KASSE, Doyen des Economies africaines. La pertinence du texte de Mario Pezzini, nous plonge déjà dans le cœur de l’ouvrage du Dr Cheikh KANTE qui dévoile à ses lecteurs tout son talent et sa maitrise des concepts économiques et toute sa vision pour un développement harmonieux du continent.
Dans un monde en constante évolution, les défis à relever sont aussi nombreux que complexes. Qu’il s’agisse des inégalités, de la pauvreté, du changement climatique, ou des crises humanitaires, ces défis appellent à une approche différente de celle traditionnellement adoptée. Il est donc urgent d’envisager un nouveau modèle économique et de gouvernance mondiale.
Dans ce contexte, l’Afrique, un continent qui compte plus d’un milliard de personnes et qui est riche en diversité culturelle et en ressources naturelles, se doit doccuper une place plus affirmée. L’Afrique doit désormais être intégrée de manière significative dans les décisions mondiales, ce qui implique une reconnaissance de sa souveraineté, de son potentiel et de ses défis spécifiques, ainsi que la valorisation de ses ressources humaines et naturelles.
Cela nécessite en même temps des stratégies claires de développement et de transformation productive pour le continent.
Dans ce texte, le Dr Cheikh Kanté met en évidence le rôle crucial que peuvent jouer l’économie sociale et solidaire (ESS) et la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dans ce processus de transformation. Elles peuvent servir de catalyseurs pour bâtir une croissance inclusive et lutter contre les inégalités.
Selon Cheikh Kanté, l’ESS et la RSE, en favorisant un développement centré sur les liens sociaux et respectueux de l’environnement, peuvent contribuer à un modèle de développement plus équilibré. L’ESS met l’accent sur la valeur sociale et environnementale, promeut la coopération, la solidarité et la mutualisation des ressources. Elle offre un modèle économique alternatif qui place les liens sociaux au cœur de ses préoccupations, permettant de créer des emplois durables, d’améliorer la cohésion sociale et de contribuer à la protection de l’environnement. La RSE, quant à elle, incite les entreprises à adopter des pratiques éthiques et durables, les encourageant à contribuer positivement à la société en veillant au bien-être de leurs employés, en respectant l’environnement et en soutenant les communautés locales.
Je suis convaincu que la transformation productive et le développement industriel peuvent tirer parti de ces « modèles de gestion » (‘ESS et la RSE) surtout s’ils sont couplés à des priorités concernant les « types d’industrialisation ». Je vais en citer deux en particulier dont j’ai eu l’occasion de discuter avec Cheikh Kanté à plusieurs reprises et sur lesquels nous avons des points de vue convergents.
Premièrement, l’importance des petites entreprises dans ce nouveau modèle de gouvernance ne peut être sous-estimée.
Ces structures, de par leur proximité avec les communautés locales et leur capacité à répondre rapidement et efficacement aux besoins spécifiques de ces dernières, sont essentielles pour promouvoir une croissance économique inclusive. De plus, c’est la coopération entre ces petites entreprises qui peut permettre une production à la fois flexible et à l’échelle appropriée, sans les contraintes inhérentes à une usine « fordiste ». Par l’union de leurs forces, les petites entreprises peuvent créer un écosystème économique solide et résilient, capable de stimuler le développement local fout en contribuant à la dynamique économique globale.
Il est également crucial de coordonner les chaînes de valeur régionales africaines et de relier les différentes zones économiques spéciales. Celles-ci doivent être spécialisées et complèmentaires, favorisant une synergie qui profite à l’ensemble du continent. En exploitant les ressources et les compétences spécifiques de chaque région, et en encourageant leur intégration et leur collaboration, on peut créer un système de production diversifié et résilient, capable de résister aux chocs économiques et de promouvoir une croissance durable.
Pour conclure, l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) et la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), en association avec le soutien aux petites entreprises spécialisées et la mise en réseau des zones économiques spéciales, représentent des éléments clés d’une politique africaine pour la transformation productive et un développement plus endogène. En tirant parti de l’augmentation de la demande intérieure qui alimente la croissance africaine, nous avons une occasion précieuse de promouvoir un modèle de développement qui valorise et mobilise les ressources et les talents locaux pour une Afrique plus prospère et inclusive. Le livre du Dr Cheikh Kanté apporte un éclairage essentiel sur la manière dont nous pouvons y parvenir, et constitue une lecture importante pour tous ceux qui sont engagés dans la réalisation de ce noble objectif.
Mario Pezzini. Ancien Directeur du Centre de Développement de l’OCDE
