novembre 20, 2025
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Politique du Maroc en Afrique de l’Ouest : Ambitions et valeurs partagées : Les initiatives royales de SM Le Roi Mohammed 6

Son Excellence Monsieur Hassan NACIRI Ambassadeur du Maroc à Dakar a donné une conférence d’une importance capitale sur la politique marocaine en Afrique de l’Ouest. La rencontre s’est tenue le 18 Novembre 2025 à l’Institut de Défense du Sénégal (IDS) en présence du Général, M. Abdoulatif Kamara, Directeur général de l’Institut de Défense du Sénégal et d’autres honorables invités. Le caractère pédagogique de son intervention et sa démarche scientifique, nous ont amené à publier intégralement le document qui est une source d’une haute facture pour tout chercheur, décideur et universitaire.

 

 

Après avoir exprimé sa profonde gratitude au Général Abdou Latif Kamara, Directeur général de l’Institut de Défense du Sénégal, le diplomate marocain a remercié  «l’ensemble de son équipe pour la qualité de la coordination, l’organisation remarquable de cette rencontre et l’accueil toujours chaleureux réservé au Royaume du Maroc ».

Et pour lui, «la tenue de cet événement revêt une portée particulière, puisqu’elle coïncide avec la célébration, au Maroc, du 70 anniversaire de l’indépendance et du recouvrement de la souveraineté nationale ».

Monsieur Naciri a rappelé que « c’est l’occasion de rendre un hommage solennel à Feu Sa Majesté le Roi Mohammed V, dont l’engagement indéfectible pour la liberté du pays jusqu’au sacrifice de l’exil a forgé l’unité nationale et accéléré l’accession à l’indépendance. Mais c’est aussi l’occasion de rappeler le panafricanisme visionnaire du défunt Souverain, qui n’a cessé de promouvoir l’unité du continent, notamment à travers l’organisation de la Conférence de Casablanca en 1961 ».

Selon lui, «les idées novatrices issues de cette rencontre ont d’ailleurs nourri les fondements du Sommet de 1963 à Addis-Abeba, qui a abouti à la création de l’Organisation de l’Unité Africaine ».

Il a rappelé que «ce panafricanisme ne se limitait pas à un discours : Feu Mohammed V a soutenu les principaux mouvements de libération du continent, en apportant un appui déterminant au FLN en Algérie, au PAIGC en Guinée-Bissau, au MPLA en Angola et à l’ANC en Afrique du Sud. ».

Cette solidarité historique façonne encore aujourd’hui la vision du Maroc pour son continent. C’est dans cet esprit de continuité et de coopération que je souhaite saluer le partenariat exemplaire entre l’IDS et les institutions marocaines homologues, en particulier le CREMS, Collège Royal de l’Enseignement Supérieur Militaire de Kénitra. Cette coopération, dense et multiforme, englobe le renforcement des capacités, le partage d’expériences, l’échange d’enseignements et la mise en place de programmes conjoints qui constituent désormais une référence dans l’espace ouest-africain.

Cette dynamique, déjà solide, connaîtra à n’en pas douter une impulsion renouvelée lors des prochaines échéances de coopération, qui dotera nos échanges stratégiques d’un cadre institutionnel modernisé et encore plus ambitieux.

Je tiens également à féliciter les officiers et lauréats de l’Institut, et particulièrement les officiers stagiaires marocains présents avec nous, auxquels j’adresse mes vœux les plus sincères de réussite pour la suite de leur parcours et pour leur contribution future au renforcement de nos relations bilatérales et à la sécurité de notre continent, sans oublier l’Amicale des Officiers Sénégalais formés au Maroc.

Aborder aujourd’hui la politique marocaine en Afrique de l’Ouest n’est ni un exercice historique, ni une simple analyse de politique étrangère. C’est une réflexion stratégique au cœur des transformations profondes que connaît notre continent.

Le thème qui nous réunit « ambitions et valeurs partagées » n’est pas un slogan: il répond à une réalité géographique, à une proximité humaine, à une densité politique, et à une vision royale qui place l’Afrique au centre des priorités nationales. La pertinence de ce sujet s’impose d’elle-même.

En effet, l’Afrique de l’Ouest, loin d’être un bloc monolithique, se trouve au carrefour de dynamiques majeures : poussée démographique, transition énergétique, nouveaux corridors logistiques, montée des défis sécuritaires au Sahel, recompositions politiques, mais aussi essor d’une classe moyenne continentale et multiplication des projets d’intégration régionale.

Dans ce contexte mouvant, le Maroc n’est pas un acteur extérieur, encore moins un observateur : il est une puissance africaine pleinement ancrée dans cet espace ouest-africain, par sa géographie, par son histoire, par ses liens confrériques, économiques et humains, mais surtout par une volonté politique assumée de bâtir un avenir commun.

Vous m’avez demandé d’expliquer la politique marocaine dans cette région et la manière dont le Royaume projette sa vision du co-développement, articule ses priorités économiques, sécuritaires, religieuses et culturelles, et déploie un leadership positif qui repose davantage sur la confiance, la fiabilité et l’action concrète que sur les discours. Cela revient, dirais-je, à analyser comment le Maroc inscrit son action dans les grandes évolutions de l’Afrique de l’Ouest : intégration économique, transition énergétique, désenclavement du Sahel, sécurité maritime, montée du numérique, diplomatie religieuse, mobilité étudiante, et enjeux migratoires.

Pour y répondre, mon intervention poursuit trois objectifs complémentaires. Premièrement, il s’agit de replacer l’action marocaine dans son contexte global : les déterminants historiques, les affinités culturelles, les complémentarités économiques et la vision royale qui structure notre politique africaine. Deuxièmement, je m’attacherai à mettre en lumière les ambitions concrètes du Maroc, ambitions qui, loin s’en faut, ne sont pas hégémoniques, mais profondément partenariales : codéveloppement, partage de compétences, solidarité, industrialisation commune et stabilité régionale. Troisièmement, il convient de montrer comment ces ambitions se traduisent en valeurs partagées avec l’Afrique de l’Ouest : islam du juste milieu, panafricanisme pragmatique, primauté de l’humain, stabilité politique, coopération sécuritaire, investissements productifs, promotion de la jeunesse et des savoirs. Pour donner à cette intervention une structure claire et pédagogique, je suivrai un plan en cinq temps, qui reprend la logique analytique propre aux politiques publiques et aux relations internationales.

Je commencerai par présenter les facteurs déterminants de la politique africaine du Maroc, afin de comprendre les fondements historiques, géographiques, culturels et politiques qui ont façonné l’ancrage du Royaume dans son environnement ouest-africain.

J’aborderai ensuite l’état des lieux de la coopération Maroc–Afrique de l’Ouest, pour mettre en lumière les dynamiques actuelles : diplomatiques, économiques, humaines, sécuritaires, religieuses et culturelles.

Je poursuivrai par l’horizon stratégique, à travers les grandes Initiatives Royales structurantes, telles que le Gazoduc Nigeria–Maroc, l’Initiative Atlantique et le Plan d’accès à l’Atlantique pour les pays du Sahel, qui redéfinissent la connectivité et l’intégration du continent.

J’exposerai ensuite les principaux challenges à relever, tant en matière de stabilité régionale que de coordination institutionnelle, de chaînes de valeur, d’infrastructures et de convergence réglementaire.

Je formulerai enfin des recommandations pour un partenariat renforcé, en vue d’accélérer les synergies, d’améliorer la gouvernance des projets, de renforcer la coopération sectorielle et d’approfondir les liens humains et stratégiques.

Et je conclurai en rappelant la singularité, la profondeur et l’avenir prometteur du partenariat maroco-ouest-africain, fondé sur une vision royale claire et sur des valeurs authentiquement partagées. Pour réaliser cette analyse, j’ai adopté une méthodologie croisée, combinant :

– Une lecture géopolitique fondée sur les réalités territoriales et les corridors stratégiques ;

– Une approche diplomatique centrée sur les visites royales, les accords bilatéraux et le rôle du Maroc dans les organisations africaines ;

– Une analyse économique des investissements, des infrastructures et de l’intégration régionale ;

– Une perspective culturelle et cultuelle, essentielle pour comprendre la profondeur du lien humain qui unit le Maroc à cette région ;

– Enfin, une lecture comparative des initiatives royales et des politiques africaines émergentes, notamment en matière d’énergie, de sécurité et de développement durable.

Cette démarche vise à offrir une vue d’ensemble, cohérente et opérationnelle, permettant de comprendre comment le Maroc conçoit aujourd’hui sa place dans l’Afrique de l’Ouest et comment il contribue, aux côtés de ses partenaires, à façonner un espace afro-atlantique stable, prospère et solidaire.

INTRODUCTION

  • « La vocation africaine du Maroc ne date pas d’aujourd’hui : elle est ancienne, enracinée, presque constitutive de notre identité stratégique. »
  • « Feu SM Hassan II rappelait déjà cette évidence lorsqu’il affirmait : Le Maroc est un arbre dont les racines plongent en Afrique et qui respire par ses feuilles en Europe»
  • Et le souverain actuel, SM Le Roi Mohammed 6 de réaffirmer que « L’Afrique, pour nous, n’est pas un objectif, c’est plutôt une vocation au service du citoyen africain, où qu’il soit».
  • « Cette vision royale exprimait un choix clair : le Maroc n’a jamais considéré l’Afrique comme un horizon extérieur, mais comme son espace naturel d’appartenance. »
  • « La politique africaine contemporaine du Royaume s’inscrit donc dans une continuité historique assumée. »

Facteurs déterminants de la politique marocaine en Afrique de l’Ouest

🔹 Facteurs historiques et civilisationnels

  • Historiquement, le Maroc est lié à l’Afrique de l’Ouest par les routes transsahariennes, le commerce et la circulation du savoir.
  • Nos liens religieux sont anciens et puissants, notamment à travers la Tijaniyya et l’islam malikite.
  • Tout cela crée une continuité civilisationnelle qui fait du Maroc un acteur naturellement africain.

🔹 Facteurs géostratégiques

  • Ensuite, il y a la géographie : notre ouverture sur l’Atlantique et le rôle stratégique du Sahara marocain nous positionnent naturellement comme un acteur ouest-africain. « Les coordonnées du Maroc – 21° à 36° Nord, et surtout -17° à -1° Ouest montrent clairement que le Royaume se situe sur la même bande ouest-africaine que Dakar. »
  • « Le Maroc possède l’une des façades atlantiques les plus occidentales du continent africain. »
  • « En réalité : Nord-africain par sa position, mais pleinement ouest-africain par son prolongement naturel. »
  • « Une haute falaise domine Tanger : vers l’ouest. Le Cap Spartel planté comme un soc dans les vagues. Au loin, dans une demi-brume scintillante, la pyramide de Gibraltar. Ici, l’océan. Là-bas, la Méditerranée. Derrière nous, l’Afrique. A portée de la main, l’Europe. Il faut n’avoir guère d’imagination pour ne pas rêver un peu sur ce promontoire battu par tous les vents de l’histoire et de la légende et pour se retenir d’y chercher les thèmes d’usurpation d’une diplomatie. » J. et S La Couture

🔹 Facteurs politiques et diplomatiques

  • Politiquement, la vision Royale repose sur un panafricanisme pragmatique, fondé sur la solidarité et la coresponsabilité.
  • Le Maroc est engagé dans la stabilité régionale : médiation, lutte contre le terrorisme, diplomatie préventive.
  • Et notre crédibilité est reconnue dans les grandes organisations régionales, de l’UA à la CEDEAO.

🔹 Facteurs économiques

  • Économiquement, l’Afrique de l’Ouest est une zone prioritaire pour l’investissement marocain.
  • Le Maroc cherche à intégrer les chaînes de valeur régionales : agriculture, engrais, automobile, mines, télécoms.
  • Nos grands groupes — OCP, AWB, BCP, Maroc Telecom, Managem — y sont fortement implantés.

🔹 Facteurs humains et sociaux

  • La relation humaine est très forte : étudiants ouest-africains au Maroc, mobilités, diaspora.
  • Les flux professionnels, touristiques, religieux créent une proximité permanente.
  • Et la politique marocaine place l’humain au centre : formation, jeunesse, santé, culture.

🔹 Facteurs culturels et religieux

  • Sur le plan culturel, le Maroc projette un soft power dynamique : instituts, festivals, coopération universitaire.
  • Sur le plan religieux, la Fondation Mohammed VI des Oulémas Africains et la formation des imams renforcent des liens spirituels très anciens.

🔹 Facteurs sécuritaires

  • Nous faisons face aux mêmes défis sécuritaires : terrorisme, extrémisme, trafics, migration.
  • D’où une coopération concrète : renseignement, lutte contre les réseaux criminels, déradicalisation, cybersécurité.

🔹 Facteurs institutionnels

  • Le retour du Maroc à l’Union africaine en 2017 a renforcé notre ancrage institutionnel.
  • Les Commissions mixtes et les accords sectoriels structurent la coopération avec chaque pays.
  • Et notre vision s’aligne avec les grands agendas africains, comme CEDEAO 2050 et Agenda 2063.
VISISION ROYALE GLOBALE POUR L’AFRIQUE
  • « La politique africaine du Maroc s’articule autour d’une vision royale claire, cohérente et constante, qui guide toutes nos actions sur le continent. »
  • « Premier pilier : une diplomatie proactive, fondée sur la présence, l’écoute, la concertation et la recherche permanente de consensus au service de la stabilité régionale. »
  • « Le deuxième pilier, c’est la défense des intérêts de l’Afrique : Sa Majesté insiste toujours sur la nécessité que les Africains définissent eux-mêmes leurs priorités, leurs solutions et leurs partenariats. »
  • « Troisième pilier : des partenariats équilibrés, basés sur la confiance, le respect mutuel et l’idée que chaque coopération doit profiter aux deux parties. »
  • « Quatrième pilier : la solidarité et le co-développement, qui sont au cœur des actions du Maroc en Afrique, qu’il s’agisse de santé, formation, agriculture ou infrastructures. »
  • « Cinquième pilier : le renforcement des capacités, car le Maroc croit que l’avenir du continent reposera sur ses compétences, ses élites, sa jeunesse et ses institutions. »
  • « le 6ème enfin : le panafricanisme assumé de la vision royale qui consiste à construire une Afrique forte par l’intégration, la coopération concrète et le développement partagé entre États africains
ETAT DES LIEUX : PARTENARIAT DIPLOMATIQUE MAROC–AFRIQUE DE L’OUEST

  • « Le partenariat entre le Maroc et l’Afrique de l’Ouest repose d’abord sur un cadre institutionnel dense : commissions mixtes, accords sectoriels, mécanismes de consultation régulière, visites de haut niveau et coordination permanente entre les deux rives. »
  • « Il existe une forte convergence sur les enjeux régionaux : stabilité du Sahel, lutte contre le terrorisme, approche humaniste de la migration, coopération atlantique et défense des intérêts africains sur la scène internationale. »
  • « Le Maroc entretient avec plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest des partenariats stratégiques bilatéraux, fondés sur la confiance politique, la coordination diplomatique et des engagements mutuels de long terme. »
  • « Cet engagement s’inscrit dans un ancrage africain assumé : le Maroc agit pour l’intégration continentale, la coopération Sud–Sud et les grandes initiatives afro-atlantiques.»
  • « Le soutien à l’intégrité territoriale du Maroc est massif et constant : 31 consulats africains sont aujourd’hui ouverts dans nos Provinces du Sud. Et inversement, le Maroc est présent diplomatiquement dans la quasi-totalité des pays d’Afrique de l’Ouest, ce qui reflète une relation de confiance réciproque. »
COOPERATION CULTURELLE ET RELIGIEUSE
  • « La coopération culturelle et religieuse constitue l’un des volets les plus puissants du rapprochement Maroc–Afrique de l’Ouest, car elle touche à l’identité, aux valeurs et à la spiritualité de nos peuples. »
  • « Sur le plan religieux, le Maroc joue un rôle clé dans la promotion d’un Islam du juste milieu, tolérant, ouvert et enraciné dans la tradition soufie partagée avec l’Afrique de l’Ouest. La Fondation Mohammed VI des Oulémas Africains incarne pleinement cette mission de transmission, de formation et de prévention de l’extrémisme. »
  • « Sur le plan culturel, la diplomatie marocaine développe de plus en plus d’instituts et de structures culturelles en Afrique de l’Ouest, contribuant à la diffusion du patrimoine marocain et au dialogue avec les cultures voisines. »
  • « Les festivals, expositions et échanges artistiques valorisent notre patrimoine commun : amazigh, arabo-musulman, saharien, et les héritages culturels partagés avec le Sahel et le golfe de Guinée. »
  • « Le Maroc accueille régulièrement des artistes, universitaires et intellectuels ouest-africains, renforçant cette circulation du savoir et des imaginaires. »
  • « Cette coopération est réciproque : les espaces culturels marocains mettent aussi en avant la culture ouest-africaine, favorisant une meilleure compréhension mutuelle et renforçant les liens entre les sociétés civiles. »
DIMENSION HUMAINE
  • Aujourd’hui, plus de 22 000 étudiants africains poursuivent leurs études au Maroc, contre seulement 7 000 il y a dix ans, ce qui confirme le rôle du Royaume comme véritable hub académique du continent.
  • La communauté sénégalaise au Maroc, forte d’environ 200 000 personnes, est l’une des plus importantes communautés africaines installées dans notre pays.
  • À l’inverse, la communauté marocaine au Sénégal, estimée à 15 000 personnes, est très bien intégrée, notamment dans les secteurs économiques, culturels et entrepreneuriaux.
  • Il faut aussi rappeler l’existence de liens de sang très anciens : des liens familiaux, religieux et sociaux hérités des routes caravanières, des confréries soufies et des mariages transsahariens, qui ont façonné une histoire commune et des familles mixtes entre le Maroc et l’Afrique de l’Ouest.
  • Enfin, depuis 2013, le Maroc mène une politique migratoire profondément humaniste, marquée par deux grandes opérations de régularisation, l’accès aux services publics pour les ressortissants étrangers et une intégration progressive des migrants dans la société marocaine.

COOPERATION ECONOMIQUE

  •  Il est important de porter à l’attention de l’assistance que, malgré l’orientation africaine affirmée de notre politique extérieure, l’essentiel des échanges commerciaux du Maroc se fait encore aujourd’hui avec l’Europe. Cela montre que notre présence économique en Afrique reste un chantier en expansion, pas encore à maturité.
  • « Cela dit, les progrès sont impressionnants : en deux décennies, les échanges commerciaux Maroc–Afrique de l’Ouest ont été multipliés par quatre, passant d’environ 10 milliards à 52 milliards de dirhams. »
  • « Avec le Sénégal, notre partenaire historique, les échanges bilatéraux ont atteint 400 millions de dollars en 2024, un niveau record qui confirme la dynamique de consolidation. »
  • « Les investissements directs marocains sont également un levier majeur : le Maroc a injecté près de 5 milliards de dirhams en Afrique de l’Ouest, soit 20 % de l’ensemble de ses IDE sortants. »
  • « Le Royaume est aujourd’hui le 1er investisseur africain en Afrique de l’Ouest et le 2e dans toute l’Afrique, juste derrière l’Afrique du Sud : un statut qui montre que ce ne sont pas seulement des flux financiers, mais des investissements porteurs de valeur, de transferts de compétences, de formation et de création d’emplois. »
  • « Ces investissements touchent des secteurs stratégiques : finance, télécoms, industries, agriculture, énergies renouvelables, logistique, transport aérien… autant de domaines où l’expertise marocaine est reconnue. »
  • « Le partenariat économique Maroc–Afrique de l’Ouest se déploie aujourd’hui dans plusieurs secteurs stratégiques : la finance, les télécommunications, l’énergie, l’agriculture, les infrastructures, les engrais, les mines, les transports et la formation. »
  • « Notre présence se distingue par une approche fondée sur la valeur ajoutée partagée : chaque projet doit contribuer au développement local. Le Maroc ne se contente pas d’investir ; il cherche à créer de véritables écosystèmes. »
  • « Cette approche rejoint parfaitement la vision exprimée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI : “Lorsque le Maroc s’engage en Afrique, c’est pour que l’Afrique gagne.” »
  •  « Autrement dit, notre modèle n’est ni extractif ni unidirectionnel : il repose sur le partenariat, le transfert de compétences, l’investissement productif et la montée en capacité des économies africaines. »
IINITIATIVE ROYALE N°1 : LE GAZODUC AFRIQUE ATLANTIQUE
  • « La première initiative emblématique est le Gazoduc Afrique-Atlantique, anciennement nommé Nigeria–Maroc, un mégaprojet stratégique qui incarne parfaitement la vision afro-atlantique de Sa Majesté le Roi. »
  • « Long de plus de 5 600 kilomètres, il reliera le Nigeria au Maroc en traversant 13 pays d’Afrique de l’Ouest, créant un corridor énergétique sans équivalent sur le continent. »
  • « Ce projet vise à sécuriser l’approvisionnement énergétique de l’Afrique de l’Ouest, à réduire les coûts, à soutenir l’industrialisation régionale et à favoriser la transition vers des énergies plus propres. »
  • « Le Maroc joue un rôle de plateforme énergétique entre l’Afrique et l’Europe : le gazoduc permettra d’alimenter les marchés africains et, à terme, de renforcer l’intégration énergétique du continent. »
  • « Au-delà de l’énergie, c’est aussi un projet de co-développement, créateur d’emplois, de infrastructures, et de stabilité régionale. »
  • « Ce corridor gazier reflète la vision royale : penser grand, penser africain, et investir pour les générations futures. »
INITIATIVE ROYALE N°2 : L’INITIATIVE ATLANTIQUE (2023)
  • « En 2023, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a lancé l’Initiative Royale pour favoriser l’accès à l’Atlantique, qui constitue aujourd’hui l’un des projets géopolitiques les plus ambitieux du continent. »
  • « L’objectif est de faire de l’Atlantique africain un espace de stabilité, de prospérité et d’intégration, regroupant les pays côtiers et les États enclavés du Sahel. »
  • « Cette initiative vise à structurer une région atlantique africaine, en renforçant la coopération sécuritaire, le commerce, les infrastructures, l’énergie, les ports et les chaînes logistiques. »
  • « Elle répond aussi à un enjeu fondamental : corriger les inégalités géographiques et économiques, et permettre aux pays du Sahel de sortir de leur isolement stratégique. »
  • « Le Maroc s’engage à mettre à disposition son expertise maritime, portuaire, logistique et commerciale pour construire cet espace commun. »
  • « Cette initiative s’inscrit dans la même logique que le gazoduc : penser l’Afrique comme un tout intégré, tourné vers l’avenir, la connectivité et la croissance partagée. »
L’INITIATIVE ROYALE POUR L’ACCES DES ETATS DU SAHEL A L’ATLANTIQUE
·         « L’un des aspects les plus innovants de la vision royale concerne les pays du Sahel enclavés  le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad qui font face à un handicap géographique majeur : l’absence d’accès à la mer. »
  • « Sa Majesté le Roi Mohammed VI a proposé une approche résolument solidaire : leur garantir un accès souverain, durable et sécurisé à l’océan Atlantique, afin de briser l’isolement logistique et économique dont souffrent ces pays depuis des décennies. »
  • « Cet accès à l’Atlantique permettrait aux États sahéliens d’exporter, d’importer, et de se connecter aux grandes routes commerciales mondiales, tout en renforçant leurs chaînes de valeur nationales. »
  • « Le Maroc met à disposition son expertise portuaire et logistique Tanger Med, Dakhla Atlantique, Nador West Med — ainsi que ses corridors routiers et ferroviaires en pleine expansion. »
  • « L’objectif est double : accélérer le développement économique du Sahel et stabiliser la région, en offrant de nouvelles perspectives d’intégration, d’emploi et de croissance. »
  • « Ce projet est un levier concret pour transformer les défis géographiques en opportunités économiques partagées. »
COMPLEMENTARITE DES INITIATIVES ROYALES
  • « Les trois initiatives royales : le Gazoduc Nigeria–Maroc, l’Initiative Atlantique, et l’Accès à l’Atlantique pour les pays du Sahel, ne sont pas des projets isolés. Elles fonctionnent en complémentarité, et forment un ensemble cohérent. »
  • « Elles participent toutes au renforcement des mécanismes d’intégration continentale tels que la ZLECAf, la CEDEAO, et bien sûr l’Union africaine. »
  • « Le Maroc joue ici un rôle central : celui de catalyseur d’intégration économique et logistique, en créant des corridors d’énergie, de transport, de commerce et de connectivité entre l’Afrique de l’Ouest, le Sahel et l’Atlantique. »
  • « L’objectif est clair : un développement inclusif, une sécurité régionale partagée, et une coopération Sud-Sud concrète, qui bénéficie à tous les pays africains impliqués. »
QUELQUES CHALLENCES A RELEVER
Challenges pour le Maroc
·         Le premier défi pour le Maroc est d’accélérer la diversification de son offre économique en Afrique de l’Ouest, afin de ne plus reposer principalement sur quelques secteurs dominants – tels que la finance, les télécommunications ou les engrais – et de proposer, à travers ses PME comme ses grands groupes, une palette plus large d’expertises adaptées aux besoins réels de la région.
  • Deuxièmement, le Maroc doit renforcer sa coordination institutionnelle interne, en harmonisant davantage l’action de ses ministères, agences, opérateurs publics et acteurs privés, afin de présenter une stratégie unifiée, cohérente et lisible pour ses partenaires ouest-africains.
  • Troisièmement, il est nécessaire d’encourager une plus forte internationalisation des PME marocaines, qui restent encore insuffisamment présentes sur les marchés ouest-africains, alors même qu’elles pourraient jouer un rôle essentiel dans la création de valeur, le transfert de compétences et la consolidation des chaînes de production régionales.
  • Quatrièmement, les Provinces du Sud, et en particulier les régions de Dakhla et Laâyoune, doivent être encore mieux mobilisées comme plateformes africaines, car elles offrent un potentiel unique en matière de connectivité, de logistique, d’énergie et de diplomatie économique, mais restent encore sous-exploitées dans la stratégie de projection africaine du Royaume.
  • Enfin, le Maroc doit veiller à assurer la soutenabilité opérationnelle et financière de ses grands projets structurants en Afrique, tels que le Gazoduc Nigeria–Maroc, les corridors atlantiques ou les infrastructures portuaires, qui exigent une planification rigoureuse, une gouvernance solide et une mobilisation continue de moyens humains, techniques et diplomatiques.
Challenges de la coopération Maroc – Afrique de l’Ouest
·         Le premier défi reste l’instabilité politique et sécuritaire que connaissent plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, une réalité qui affecte la continuité des projets, décourage l’investissement, perturbe les corridors logistiques et impose une flexibilité constante dans la conduite de la coopération.
  • Le deuxième défi tient à l’absence d’une législation et d’une réglementation uniformisées au sein de la région, ce qui entraîne des divergences de normes, des procédures douanières lourdes et des environnements juridiques hétérogènes, limitant ainsi la fluidité des échanges et le développement d’un véritable marché intégré.
  • Troisièmement, les chaînes de valeur régionales restent encore trop fragmentées et insuffisamment connectées, faute d’industrialisation homogène, de hubs logistiques modernes et de réseaux de distribution efficaces, ce qui réduit la capacité des pays à créer de la valeur localement et à tirer pleinement profit des partenariats économiques.
  • Quatrièmement, les infrastructures — qu’il s’agisse des routes, des ports, de l’énergie, des réseaux ferroviaires ou de la connectivité numérique — demeurent insuffisantes ou inégalement réparties, freinant mécaniquement l’intégration économique et la montée en puissance des échanges intra-africains.
  • Enfin, la région est marquée par des évolutions géopolitiques rapides, parfois imprévisibles, qui exigent du Maroc une capacité d’adaptation permanente, une diplomatie agile et une lecture fine des recompositions politiques afin de préserver la stabilité de ses partenariats et d’assurer la continuité des projets structurants.
Recommandations pour relever les challenges internes du Maroc
  • Accélérer la diversification sectorielle de l’offre marocaine en Afrique, en soutenant l’émergence de nouveaux secteurs à forte valeur ajoutée : numérique, santé, industries culturelles, agriculture intelligente, services logistiques.
  • Créer un dispositif national de coordination Africa Desk, regroupant ministères, agences, entreprises et institutions financières afin d’assurer une stratégie africaine intégrée, lisible et cohérente.
  • Accompagner davantage l’implantation des PME marocaines, grâce à des mécanismes de financement dédiés, des incitations fiscales et un appui à l’intégration dans les chaînes de valeur régionales.
  • Positionner pleinement les Provinces du Sud comme hubs africains, en accélérant le développement des ports de Dakhla Atlantique et Laâyoune, en soutenant les clusters logistiques, et en y implantant davantage d’agences à vocation africaine.
  • Assurer une gouvernance solide des grands projets structurants, en renforçant les comités de pilotage, en diversifiant les financements et en garantissant la formation d’équipes techniques capables de mener ces projets sur le long terme.
Recommandations pour relever les challenges de la coopération Maroc – Afrique de l’Ouest
  • Renforcer les mécanismes de dialogue politique et sécuritaire, en multipliant les formats de concertation bilatéraux et régionaux pour stabiliser les environnements fragiles et garantir la continuité des projets.
  • Soutenir l’harmonisation réglementaire et douanière au sein de la région, à travers des programmes d’appui technique, des formations, et l’accompagnement des États pour rapprocher leurs normes et faciliter la circulation des biens et des services.
  • Développer des projets logistiques intégrés, combinant ports, zones industrielles, routes, entrepôts et corridors multimodaux afin de consolider les chaînes de valeur régionales.
  • Contribuer à la modernisation des infrastructures régionales en mobilisant expertise marocaine, financements mixtes et partenariats public–privé pour accélérer la connectivité énergétique, numérique et transport.
  • Mettre en place un système d’anticipation géopolitique partagé, fondé sur l’échange de renseignement, l’analyse stratégique conjointe et des mécanismes de coordination pour faire face aux recompositions politiques rapides.
Conclusion
  • « Les relations entre le Maroc et l’Afrique de l’Ouest sont multidimensionnelles et denses, touchant à la politique, l’économie, la culture, la sécurité et les liens humains. »
  • « Elles reposent sur une coopération fructueuse et une confiance réciproque, bâties sur plusieurs décennies de dialogue et de réalisations concrètes. »
  • « Les flux humains étudiants, familles, professionnels — constituent un ciment essentiel, qui donne une profondeur véritable à la relation. »
  • « La croissance des échanges commerciaux et des investissements confirme que cette coopération n’est pas seulement politique : elle est pleinement économique et tournée vers l’avenir. »
  • « Sa Majesté le Roi Mohammed VI l’a exprimé avec force lors de son discours à l’occasion du 64ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, en 2017 « Nous avons choisi de mener une politique de solidarité à l’égard du reste des pays africains en mettant en place, avec eux, des partenariats équilibrés, sur la base du respect mutuel et dans l’intérêt bien compris des peuples africains. En effet, le Maroc n’a jamais cherché à faire valoir l’argent comme monnaie de change dans ses rapports avec ses frères africains. Il a plutôt fait le choix de mettre son savoir-faire et son expérience à leur disposition, car Nous sommes persuadé que la vraie source de profit pour les peuples n’est pas l’argent précaire, mais l’essence impérissable de la connaissance. Et ces pays le savent bien. Voilà pourquoi ils sollicitent la coopération du Maroc et son soutien pour appuyer leurs efforts dans de nombreux domaines, et non l’inverse. »
  • « Cette phrase illustre la vision partagée d’une Afrique solidaire, forte et prospère, où le Maroc contribue aux côtés de ses pairs et frères à jouer un rôle actif, constructif et pragmatique. »

Intervention de Son Excellence Monsieur Hassan NACIRI

AMBASSADEUR DU MAROC A DAKAR

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