« Le Président du Parti REWMI Idrissa SECK, en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par les statuts et règlement intérieur du parti décide : 1- Mr Abdoulaye NDOYE, coordonnateur départemental de Saint-Louis, est nommé́ deuxième vice-président du Parti en remplacement de Mr Yankhoba DIATARA appelé́ à d’autres fonctions ; 2- Le Secrétaire Général et le Secrétaire National en charge des structures sont chargés de l’exécution de la présente décision ». Cette information largement relayée hier par la presse en ligne et les stations radios du Sénégal, émane d’un communiqué du parti Rewmi d’Idrissa Seck, signé hier 04 avril par le Secrétaire général de ladite formation politique. Cette décision prise par le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) augure un vent de dissidence entre l’actuel ministre des Sports Yankhoba Diattara et son mentor politique qui ne semblent pas avoir le même regard sur la question du troisième mandant de Macky Sall. Après Déthié Fall, Dr Abdourahmane Diouf, Oumar Sarr, Oumar Guèye, Thierno Bocoum, Me Nafissatou Diop Cissé, Pape Diouf, etc., aujourd’hui c’est Yankhoba Diattara qui risque d’être le suivant sur cette liste de personnalistes ayant tourné le dos à Idrissa Seck, leur ancien mentor politique dont les « mauvais » choix seraient à l’origine de cette série de divorces…
La polémique sur la troisième candidature du président MackySall continue de charrier son lot de conséquences. Si du côté du pouvoir, des personnalités ont été emportées par cette question pour avoir donné un avis qui semble défavorable à la majorité présidentielle, d’autres hommes politiques en ont aussi payé les pots cassés. C’est le cas de Yankhoba Diattaraqui, lors d’une émission, lundi dernier sur la Sen TV, a pris le contre-pied de Idrissa Seck. Car, pour le ministre des Sports, cette troisième candidature du Chef de l’Etat « est juridiquement valable » si l’on sait que le premier quinquennat de Macky Sall a commencé en 2019. 24 heures après cette sortie de M. Diattara, le parti Rewmi a sorti un communiqué pour le démettre de son poste de deuxième Vice-Président, sans préciser les autres fonctions auxquelles il est admis.
Diattara fera-t-il comme Déthié Fall et Cie ?
Selon des sources, tout a commencé samedi dernier, lors d’une réunion élargie aux responsables départementaux du parti Rewmi. « Idrissa Seck avait tancé comme pas possible les deux ministres du parti que sont Yankhoba Diattara et Aly Saleh. C’est le premier nommé qui prendra la première salve de Idrissa Seck tout en feu qui lui aurait reproché de ne pas avoir au moins recruté « 50 jeunes dans son ministère ». Quand le désormais ex numéro 2 du parti Rewmi a voulu s’expliquer en balbutiant, Idy l’aurait coupé net réclamant des comptes et pas d’excuses », relatent des indiscrétions.
Après lecture de cette décision, l’on est tenté de rappeler, et à juste titre, que le parti d’Idrissa Seck s’est délesté d’une bonne partie de ses cadres depuis sa création jusqu’à aujourd’hui. Des départs ou démissions retentissants qui sont encore fraiches dans la mémoire des Sénégalais. En 2021, le leader du parti « Rewmi » qu’il a fondé en 2006, Idrissa Seck a perdu Déthié Fall après avoir connu d’autres connu des départs de cadres qu’il a su remplacer par sa capacité à dénicher des talents dont on lui connait.
Idrissa Seck perdra alors définitivement perdu son désormais ex-numéro 2 au sein du parti Rewmi, Déthié Fall qui avait sagement décliné le nouveau poste de secrétaire en charge du Développement industriel lié au dernier remaniement que le président du CESE avait effectué et dont une liste provisoire avait été rendue publique le 27 décembre 2020. Au mois de 2021, le divorce entre Déthié Fall et Idrissa Seck fut « officiellement » consommé. L’ancien numéro 2 de Rewmimettait ainsi fin à 16 ans de compagnonnage avec Idrissa Seck. Déthié Fall créera le Parti républicain pour le Progrès « Diisso ak Askanwi », une formation qui est aujourd’hui dans l’opposition notamment au sein de la Coalition Yewwi AskanWi (YAW).
A noter qu’avant le départ de Déthié Fall, Dr AbdourahmaneDiouf avait déjà quitté le navire des « Orange ». Le natif de Rufisque avait séduit son monde par sa pertinence et sa connaissance des sujets qu’il abordait. En avril 2019, il mettait fin à son compagnonnage avec Idrissa Seck parce que « d’autres devoirs de l’heure, moins politiques, exigeant sa considération et sa disponibilité entières, l’appellent ».Aujourd’hui, il dirige son propre parti politique « Awalé » et compte briguer lui-aussi et l’instar de Déthié Fall, les suffrages sénégalais pour la prochaine présidentielle.
Bien avant ces derniers, il y a le cas de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Youssou Diagne. Débauché par le président Macky Sall alors qu’il était le numéro 2 du leader de Rewmi, il sera suivi par Pape Diouf et Oumar Guèye. Très puissant responsable de Rewmi à Sangalkam, ce dernier avait systématiquement refuse de suivre Idy lorsque ce dernier, après avoir participé à l’élection du numéro un de l’Alliance pour la République en 2012, a quitté la coalition Benno BokkYaakaar pour rejoindre l’opposition, avait préféré rester dans le Macky). Tous deux membres du gouvernement, ils avaient refusé de suivre Idrissa Seck dans sa décision de quitter la coalition Benno Bokk et le gouvernement quelques mois après la victoire de Macky Sall contre Abdoulaye Wade à laquelle leur formation a activement participé.
Oumar Sarr, député, éminent membre fondateur de Rewmi, a démissionné dudit parti en 2015, en pleine session parlementaire, privant même les partisans d’Idrissa Seck d’un groupe parlementaire. Ces derniers avaient été suivis en 2012 par la notaire Nafissatou Cissé, l’ancien administrateur de Fonds national pour la promotion de l’emploi des jeunes (Fnpj), Wally Fall, par ailleurs ex-maire de Dieuppeul-DerkléCastors. Ousmane Thiongane, responsable de la communication du parti jusqu’à l’élection présidentielle de 2012 s’est séparé aussi d’Idrissa Seck. Thierno Bocoum a pris le même chemin, pour mettre en place son mouvement Agir (Alliance générationnelle pour les intérêts de la République). Toutefois, malgré sa décision de quitter Rewmi pour « poursuivre son combat politique autrement, avec des compatriotes du Sénégal et de la diaspora… », il est revenu à la case départ, pour soutenir la coalition drivée par Idrissa Seck. Comme quoi, l’ancien maire de Thiès n’a pas que des reproches. C’est peut-être ces qualités qui l’amènent à toujours régénérer son parti malgré les départs continus de ses cadres et à tenir politiquement…
Idy, victime de son compagnonnage avec Macky Sall ?
A noter aussi qu’après avoir affronté Macky Sall dans les urnes en février 2019, fort du soutien d’une grande partie de l’opposition derrière sa bannière « Idy 2019 », et finalement défait pour la troisième fois consécutive et dès le premier tour, le voilà qui rejoint le camp de son adversaire. « Par la grande porte », écrivait Jeune Afrique.
Le 1er novembre 2020, Idrissa Seck, a remplacé l’ancienne Première ministre Aminata Touré à la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Dix jours plus tard, il a choisi la Journée nationale des forces armées pour rendre public son nouveau compagnonnage. Et J A de rappeler que c’est à la faveur du remaniement du 1er novembre de la même année que deux de ses cadres sont devenus ministres : Aly Saleh Diop (Élevage) et Yankhoba Diattara (Économie numérique) avant que le gouvernement ne soit remanié avec l’arrivée de Amadou Ba, comme Premier ministre.
Aujourd’hui, avec ces nombreux départs notés dans « Rewmi » Idrissa Seck ne risque-t-il pas de perdre un poids électoral si l’on sait qu’une partie de ses souteneurs le pousse à présenter sa candidature pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 ? Très souvent touché par ces départs « sans jamais couler », l’ancien Premier ministre sous Wade trouvera-t-il cette fois des ressources pour créer un autre Yankhoba Diattara si ce dernier décide, lui-aussi, de quitter le parti ? Autant de questions à de suspens qui seront levés dans quelques mois avec l’issue de cette sempiternelle question autour de la troisième candidature de Macky Sall.
Abdou Karim MBAYE