Réuni à Dakar le 23 avril 2025, le premier Forum de l’Afrique de l’Ouest a réuni décideurs, chercheurs et experts de Chine et d’Afrique de l’Ouest autour du thème « Travailler ensemble pour promouvoir la modernisation ». Marqué par l’annonce de la création d’un Institut Chine-Afrique de recherche en sciences sociales, l’événement a renforcé le dialogue stratégique, mis en avant l’expérience chinoise comme source d’inspiration, et posé les bases d’une coopération Sud-Sud renouvelée pour le développement, la formation des talents et la construction d’une communauté de destin Chine-Afrique de l’Ouest.
Pour un renforcement de la communauté de destin Chine-Afrique de l’Ouest
« Les montagnes et les collines ne sont pas un obstacle pour des amis qui veulent marcher ensemble ». Cet adage chinois est le sentiment largement partagé par les participants au Premier Forum d’Afrique de l’Ouest tenu à Dakar, le Mercredi 23 avril 2025. Avec à la clé, la création en vue d’un Institut régional Chine-Afrique de recherche en sciences sociales au sein de l’Ecole Nationale d’Administration de Dakar, qui viendra renforcer le partenariat stratégique Chine-Afrique.
Héribert-Label Elisée Adjovi – Spécialiste des Questions Internationales et Sino-Africaines
« Travailler ensemble à promouvoir la modernisation ». C’est le thème du Premier Forum d’Afrique de l’Ouest co-organisépar l’Académie Chinoise des Sciences Sociales (CASS) de Beijing en Chine et l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) de Dakar au Sénégal, avec la participation d’experts chinois et africains. Quatre (4) étapes essentielles ont marqué l’événement : la cérémonie d’ouverture, les discours introductifs, les panels d’échanges et la cérémonie de clôture.
Lors de la cérémonie d’ouverture organisée sous la modération de Ye Hailin, Président de l’Institut Chine-Afrique (ICA), tour à tour, le Directeur Général de l’ENA, Mor Fall, le Président du CASS, Gao Xiang, la Chargée d’Affaires de l’Ambassade de Chine au Sénégal, Li Yan, et le Directeur de Cabinet du Premier Ministre sénégalais, Ibrahima Guèye, ont salué le modèle de coopération sino-africaine en général et sino-ouest africaine en particulier. Premier intervenant à cette cérémonie d’ouverture, le Directeur Général de l’ENA, Mor Fall, a salué les efforts consentis par les deux hauts lieux du savoir (l’ENA de Dakar et le CASS de Beijing) ainsi que les gouvernements sénégalais et chinois, pour rendre effectif ce Premier Forum d’Afrique de l’Ouest. Il a souligné l’engagement personnel du Directeur général du CASS, Gao Xiang, pour concrétiser l’engagement du gouvernement chinois visant le développement de la recherche en Afrique et en Chine. Il a également fait remarquer que la concrétisation de la création d’un institut de recherche en sciences sociales constitue une opportunité énorme pour les pays africains, surtout ceux de la sous-région. « Les échanges intellectuels, les mobilités croisées, les travaux conjoints de recherche et les initiatives de formation sont des leviers puissants pour construire une coopération Sud-Sud et Nord-Sud plus équitable, plus ambitieuse et plus résiliente », dira-t-il pour conclure. Chef de la délégation chinoise à ce forum, le Président de l’Académie Chinoise des Sciences Sociales (CASS), Gao Xiang, historien chinois, a, quant à lui, salué les contributions remarquables de l’ENA du Sénégal à la promotion des échanges académiques et de coopération éducative entre le Sénégal et la Chine.
Premier Forum de l’Afrique de l’Ouest
La Chine dont la Chargée d’Affaires au Sénégal, Li Yan, a noté que le Premier Forum d’Afrique de l’Ouest construit, à n’en point douter, une nouvelle plateforme importante permettant d’approfondir le dialogue et l’inspiration mutuelle entre la Chine et les pays de l’Afrique de l’Ouest. « En tant que moteur essentiel du développement africain, l’Afrique de l’Ouest joue un rôle de plus en plus important dans les affaires continentales et internationales. » Elle a assuré que les pays en voie de développement ont, aujourd’hui, plus que jamais besoin de solidarité et de coopération face aux bouleversements mondiaux et aux défis inédits. Elle n’a pas manqué de réaffirmer le soutien de la Chine aux pays d’Afrique de l’Ouest sur les questions touchant à leurs intérêts fondamentaux et à leurs préoccupations majeures en vue de préserver leur souveraineté et leur unité nationale. Procédant à l’ouverture des travaux de ce forum, le Directeur de Cabinet du Premier Ministre sénégalais, Ibrahima Guèye, s’est réjoui de ce que les travaux du forum vont permettre à la Chine et aux pays d’Afrique de l’Ouest de pouvoir effectuer les transformations et les ruptures souhaitées et de mener des innovations dans divers secteurs.
Avant les exposés en panel, il y a eu les discours introductifs de Huang Ping, Président de l’Institut chinois de Hong Kong, de Oumar Demba Ba, Ministre Conseiller des Affaires étrangères, formateur à l’ENA du Sénégal, de Mohamed Lebatt, Chef de Cabinet sortant du Président de la Commission de l’Union africaine et de Charles Romain Mbele, Professeur à l’Université de Yaoundé au Cameroun, avec Mamadou Sarr, Président du Comité d’organisation du forum comme modérateur. Ils ont tous martelé que la Chine est un partenaire crédible et fiable de l’Afrique. Car, aussi loin qu’on remonte dans l’histoire avec l’explorateur maritime célèbre chinois Zheng He en Afrique de l’Est, en passant par la Conférence de Bandung d’avril 1955, jusqu’aujourd’hui où l’on enregistre les 25 ans du Forum sur la coopération sino-africaine, le FOCAC, les relations entre la Chine et l’Afrique ont toujours été guidées par la Sincérité, les Résultats effectifs, l’Amitié et la bonne foi. Première puissance commerciale et deuxième économie mondiales, les réalisations chinoises en Afrique couvrent tous les domaines d’activités sur terre (routes, voies ferrées, agriculture, santé, éducation, etc.), en mer (ports, installations hydro-électriques, etc.), dans les airs (aéroports), sans oublier les technologies numérique et verte. Ce qui a permis au continent africain de faire des pas en avant en matière de développement, surtout avec les Initiatives du Président Xi Jinping en rapport avec la « Ceinture et Route », le Développement global, la sécurité globale et la civilisation globale ainsi que le concept de « Communauté d’avenir partagé pour l’humanité ». Qui plus est, avec le 9ème FOCAC tenu à Beijing du 4 au 6 septembre 2024, la coopération sino-africaine a été portée au rang de partenariat stratégique et la Chine a dégagé 50 milliards de dollars supplémentaires pour accompagner les nouvelles initiatives du Président Xi en faveur du continent africain, notamment dans les domaines de l’industrie, de l’agrobusiness et la formation des talents. Au point où, de l’avis de tous, la coopération plurisectorielle entre la Chine, le plus grand pays en développement du monde et l’Afrique, le continent ayant le plus grand nombre de pays en développement, est devenue un modèle réussi de partenariat Sud-Sud et un repère dans la reformulation des politiques de coopération des autres partenaires au développement de l’Afrique.
Troisième étape de ce forum, les échanges en panels. Intitulé « Processus de modernisation de la Chine et des pays de l’Afrique de l’Ouest », le premier panel a connu les présentations de Deng Yanting, Chercheur associé à l’Institut Chine-Afrique (Chine), Malick Sané, Professeur d’Université, formateur à l’ENA (Sénégal), Barwo Olaniyi, Maître de Conférences à l’Université de Lagos (Nigeria), Héribert-Label Elisée Adjovi, Spécialiste des Questions internationales et Sino-Africaines et Président du Caucus panafricain des journalistes (Bénin), Diakité Brahima, Enseignant-Chercheur à l’Université Alassane Ouattara (Côte-d’Ivoire) et François Joseph Cabral, Professeur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal), avec Wu Chuanhua, Chercheur associé à l’Institut Chine-Afrique comme modérateur et Elhadji Alioune Diouf comme rapporteur. A ce propos, j’ai présenté une communication sur « La modernisation à la chinoise et le FOCAC 2024 : Les six leçons pour le développement de l’Afrique », qui tient compte de l’indépendance de la Chine dans sa voie de développement, l’ouverture comme un moyen pour forcer la réforme, la fierté chinoise de la « méritocratie », le refus de la « thérapie de choc » occidentale, l’économie de marché à la chinoise qui comporte différentes catégories d’entreprises et le leadership de la communauté d’avenir partagé pour l’humanité. Des leçons à revisiter par l’Afrique, mais pas dans un esprit de mimétisme, plutôt comme un miroir, pour tracer les sillons de sa propre voie de développement. Toutes les communications ont relevé le soutien indéfectible de la Chine aux « Initiatives pour le développement, la sécurité et la civilisation en l’Afrique de l’Ouest et dans le monde », thème du second panel. Youssou Mbargane Guisse, Chercheur à l’Institut panafricain de stratégies (Sénégal), Zhao Yating, Chercheuse associée à l’Institut Chine-Afrique (Chine), Tiémoko Boubacar Diarra, Vice-président de la Fédération des Associations d’Amitié Chine-Afrique (Mali), Akambi Mudasiru Ilupeju, Professeur à l’Université de Lagos (Nigeria), Soma Abdoulaye, Professeur à l’Université de Ouagadougou (Burkina-Faso) et Nke NdihJean (cameroun), Secrétaire exécutif du Centre de recherche pour l’environnement, le développement et les peuples autochtones en Afrique (CREDPAA), avec Souleymane Nasser Niane, ancien Directeur de la Fonction publique, ancien fonctionnaire international comme Modérateur (Sénégal) et Charles Romain Mbele, Professeur à l’Université de Yaoundé (Cameroun).
A la cérémonie de clôture du Premier Forum d’Afrique de l’Ouest présidé par le Ministre, Secrétaire général de la Présidence de la République du Sénégal, Oumar Samba Ba, qui a prononcé le discours final, les participants ont suivi la synthèse des travaux présentée par le Professeur Olivier Sagna, les mots de remerciements du Directeur général de l’ENA, Mor Fall et l’allocution du Président de l’Institut Chine-Afrique, Ye Hailin. Au sortir du forum de Dakar, on peut retenir que le « Miracle chinois » est dû à la capacité du « Pays du milieu » de faire son autocritique, d’engager des réformes nécessaires pour son développement, de faire efficacement face au combat contre la corruption en étant strict sur le respect des valeurs cardinales héritées de la civilisation plurimillénaire chinoise. Autant de pistes à explorer par l’Afrique, « Berceau de l’humanité », pour asseoir son développement. Dans ce processus, elle peut compter sur la Chine qui a toujours été à ses côtés et qui entend construire avec elle, une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique.
Par Le Label Diplomatique