Le monde continue de subir de plein fouet les conséquences cumulées des effets de la pandémie de la Covid 19 et du conflit russo-ukrainien qui n’épargnent aucun pays. Le Sénégal a pu, durant cette période, enregistrer des résultats qui le situent parmi les pays les plus résilients et performants et cela grâce à la stratégie de riposte mise en place. Celle-ci s’appuie sur les orientations du Plan Sénégal émergent (PSE) déclinées à travers les Plans d’Actions prioritaires (PAP) dont le dernier (PAP-2 couvrant la période 2019-2023) a été revu durant la crise sanitaire, pour donner, en décembre 2020, le Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré (PAP-2A) sur la période 2019-2023. Dans ce cadre, tout en s’évertuant à renforcer la stabilité du cadre macroéconomique et à consolider les performances en termes de croissance économique, l’Etat a réussi à prendre en charge les priorités et urgences sociales incompressibles. Cela a été possible grâce à la mise en place de divers mécanismes de mobilisation de ressources, tant interne qu’externe, redistribution et de ciblage des appuis et dépenses pour soutenir l’activité économique et les ménages, notamment celles les plus vulnérables. Toujours est-il que pour l’année 2023, le ralentissement de l’économie mondiale et le durcissement des conditions financières continueront de peser sur la reprise effective attendue de l’activité économique interne. La croissance du Produit intérieur brut (PIB) hors hydrocarbures est désormais projetée à 6,3% en 2023. Toutefois, les développements économiques observés au niveau international pourraient amener à une baisse du taux de croissance hors hydrocarbures à environ 5,3%. Néanmoins, si la production de pétrole et de gaz démarre au quatrième trimestre de cette année, la croissance totale du PIB pourrait dépasser 8% en 2023 alors qu’elle est présentement attendue à 3,6% pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne. Au même moment, l’inflation, mesurée par le déflateur du PIB, devrait s’établir à 4,1% en 2023 contre une estimation de 8,4% pour 2022. Ainsi, les prévisions s’annoncent bonnes avec la production d’hydrocarbures attendue et les effets escomptés des différentes mesures de soutien à l’économie nationale, notamment, dans l’agriculture et l’industrie. La poursuite de l’exécution du second compact MCA-Sénégal « Power to compact » devrait également consolider davantage, l’activité économique. Au titre des perspectives pour l’année 2024, la consolidation budgétaire sera de mise avec le déficit budgétaire qui devrait s’améliorer de 1,3 point de pourcentage, passant de 4,9% du PIB (919,7 milliards FCFA) projeté en 2023 à 3,6% du PIB (816,86 milliards FCFA) en 2024. En outre, à travers l’accord de financement au titre du Mécanisme élargi de Crédit et de la Facilité élargie de Crédit (MEC/FEC) combinés à la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD) conclu avec le Fonds monétaire international (FMI), le gouvernement entend poursuivre l’assainissement du cadre macroéconomique et les finances publiques et instaurer une gouvernance vertueuse des ressources publiques, en vue de bâtir une économie résilience, capable de générer une croissance forte et inclusive et génératrice d’emplois. Ce nouveau programme avec le FMI couvrant la période juin 2023-juin 2026, est articulé autour de quatre (4) piliers à savoir : (i) le renforcement de la gestion des finances publiques, (ii) le renforcement de la gouvernance financière et l’amélioration du dispositif anti-blanchiment des capitaux et la lutte contre le financement du terrorisme, (iii) la réalisation d’une économie plus résiliente et inclusive et (iv) le renforcement de la résilience aux changements climatiques. A la faveur de ce nouveau programme, le taux de pression de pression fiscale devrait atteindre au moins 20% à partir de 2024 et le déficit budgétaire ramené à 3% à l’horizon 2025 Dans le contexte décrit supra, le principal défi est de résister, notamment, aux effets de la crise russo-ukrainienne afin de poursuivre les actions nécessaires afin de maintenir le pays sur la trajectoire de la croissance d’avant la pandémie de la Covid19, de poursuivre les politiques d’équité sociale et territoriale et de satisfaire la demande sociale, tout en accordant une grande priorité à l’insertion professionnelle et à l’emploi des jeunes dans les politiques publiques. A cet effet, l’objectif ciblé à travers la formulation en cours du PAP 2024-2028, est de faire en sorte que les sénégalais d’ici et de la Diaspora, des zones urbaines comme des zones rurales puisse contribuer au développement de ce pays mais également, bénéficier des retombées de la mise en œuvre des politiques publiques et de la croissance. L’atteinte de cet objectif est tributaire de l’amélioration des performances économiques mais aussi de la mobilisation des ressources internes comme externes. S’agissant de la mobilisation des ressources internes, l’accent sera mis sur la poursuite des efforts pour une bonne mise en œuvre du Plan d’Action de la Stratégie de Recettes à Moyen terme (SRMT). Les recettes attendues de l’exploitation du pétrole et du gaz devront également contribuer à la consolidation des ressources au plan interne. Dans le même temps, l’Etat accentuera les efforts permettant d’optimiser l’investissement public et ainsi que la mise en place de mécanismes permettant de garantir la maintenance et l’entretien des importantes réalisations enregistrées depuis le lancement du PSE. En ce qui concerne les ressources externes destinés à renforcer l’investissement et à stimuler l’activité économique, les efforts seront centrés sur la poursuite des actions visant à renforcer l’attractivité aux capitaux étrangers et la compétitivité du Sénégal au lan international. Ceci permet d’attirer d’avantage l’investissement privé, mais aussi favoriser l’émergence d’un secteur privé national plus fort, à travers la création des meilleures conditions d’affaires pour les entreprises et la mise en place de mécanismes d’accompagnement et d’incitation appropriés pour la réalisation de leurs projets. Le gouvernement entend mettre en œuvre des mesures et actions ciblées d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, devenues une forte exigence, au regard des effets néfastes, sur l’activité économique et les conditions de vie (impacts sur le secteur agricole, le tourisme, l’habitat avec l’avancée de la mer, l’érosion côtière, inondations). Par ailleurs, face à un contexte international très mouvant et à un environnement économique sujet à des chocs imprévisibles, susceptibles de perturber, à tout moment, l’équilibre macro-budgétaire, il a été institué des mécanismes pour faire face aux risques budgétaires, à travers une analyse de leur nature, de leur probabilité d’occurrence et de ressources requises, sous formes de provisions budgétaire, pour leur mitigation en cas de survenance (arrêté n°008655 du 30 mars 2023 relatif à la méthodologie de provision des risques budgétaires dans la loi de finances). En conséquence, le DPBEP 2024-2026, cadre de référence pour la préparation de la loi de finances pour l’année 2024 s’inscrit tout naturellement dans la dynamique d’un développement économique, social, inclusif et solidaire, d’équité territoriale et de justice sociale. Il définit les orientations y afférentes et détermine, le niveau global projeté des recettes et des dépenses sur la période 2024-2026. Conformément à l’article 56 de la loi organique n°2020-07 du 26 février 2020 relative aux lois de finances, il constitue le socle du Débat d’Orientation budgétaire (DOB) entre le Gouvernement et l’Assemblée nationale permettant ainsi à l’hémicycle de disposer de toutes les informations nécessaires pour apprécier au mieux les options stratégiques et les orientations budgétaires retenues pour réaliser les objectifs de développement économique et social du pays.
Le présent Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle 2024-2026, onzième du genre, est structuré autour des cinq (5) grands chapitres : – le chapitre premier est consacré à l’évolution de la situation économique sur la période 2022-2023 et aux perspectives macro-économiques 2024-2026 ; – le chapitre II traite de la gestion des finances publiques 2022-2023 ; – le chapitre III décrit les orientations et perspectives budgétaires 2024-2026 ; – le chapitre IV analyse la situation financière des organismes publics ; – le chapitre V aborde les risques budgétaires.
Développements économiques internationaux
L’environnement économique mondial, après la reprise enregistrée en 2021, a été secoué par des tensions géopolitiques en début d’année 2022 à travers, notamment la crise russo-ukrainienne. Ce conflit a eu comme conséquence le relèvement de l’inflation à l’échelle mondiale qui, à son tour, s’est traduite par le durcissement des conditions de financement, notamment aux Etats-Unis et dans la zone Euro. Ainsi, l’activité économique mondiale a significativement ralenti en 2022. Cette situation est liée, entre autres, à la baisse du pouvoir d’achat des ménages induite par un resserrement de la politique monétaire aux Etats-Unis. Parallèlement, les mesures de reconfinement en Chine et l’aggravation de la crise immobilière ont pesé également sur la dynamique de l’économie mondiale. Globalement, les prévisions du FMI du mois d’avril 2023 font ressortir une croissance de l’activité économique mondiale de 3,4% en 2022 contre 6,2% en 2021, soit un repli de 2,8 points de pourcentage, imputable notamment à la révision à la baisse de l’activité économique aux Etats-Unis, en Chine et en Europe. Dans les pays avancés, il est attendu un ralentissement de la croissance qui s’établirait à 2,7% en 2022 contre 5,4% un an plus tôt. S’agissant des pays émergents et en développement, la décélération attendue de l’activité économique s’explique principalement par la situation économique des pays émergents d’Asie, notamment, la Chine et l’Inde. En effet, la croissance chinoise est ressortie à 3% en 2022 après 8,4% en 2021, en rapport avec les mesures de confinement face à une résurgence des cas de Covid-19 en plus des contre-coups subis par le sous-secteur de l’immobilier. En Afrique subsaharienne, la croissance est restée légèrement dynamique, passant de 4,7% en 2021 à 3,9% en 2022. Elle a été soutenue, principalement, par la croissance au Nigeria qui est ressortie à 3,3% en 2022 contre 3,6% 2021. En termes de perspectives, l’environnement économique international demeurera morose aux regards de la baisse attendue de la consommation privée aux Etats-Unis, en liaison avec la poursuite des mesures de resserrement de la politique monétaire pour maitriser l’inflation. Cette dernière devrait rester élevée à la suite du fort relèvement des cours des matières premières imputable en partie à la crise russo-ukrainienne en plus des difficultés déjà notées dans les chaînes d’approvisionnement des produits de base. Globalement, l’activité économique mondiale devrait poursuivre sa tendance baissière avec un taux de croissance projeté à 2,8% en 2023.
S’agissant du commerce international, il est soumis à des contraintes majeures qui devraient plomber son dynamisme sur la période 2022-2023. Globalement, le volume du commerce international a ralenti en 2022, affichant ainsi une hausse de 5,1% contre un bond de 10,4% en 2021. Ce ralentissement s’explique par le tassement du commerce dans les pays émergents et en développement (+3,5% en 2022 contre +12,1% en 2021) et des pays avancés (+6,6% en 2022 contre +9,4% en 2021). Cette orientation devrait se poursuivre en 2023 avec une hausse des échanges mondiaux de 2,4%, en phase avec le ralentissement attendu dans les différents grands groupes de pays. Concernant l’inflation mondiale, elle a progressé en liaison avec le relèvement des cours des matières premières de base marquée par un taux global évalué à 8,7% en 2022 contre 4,7% en 2021. En 2023, dans un contexte d’anticipation d’une politique monétaire moins accommodante, les pressions inflationnistes devraient se poursuivre mais dans une moindre mesure, avec un niveau attendu à 4,7% dans les pays avancés et à 8,6% dans les économies émergentes. Au niveau mondial, l’inflation est projetée à 7,0% en 2023. La tendance haussière des cours du pétrole en 2022 se poursuit avec le maintien des sanctions imposées par l’Union européenne concernant le pétrole russe. De plus, les anticipations des sept (07) pays exportateurs de pétrole, sur le plafonnement du prix du pétrole russe, a exacerbé les cours de l’or noir. Ainsi, selon les prévisions du FMI publiées en avril 2023, le cours du baril de pétrole (WTI) a progressé de 39,2%, passant de 69,2 dollars en 2021 à 96,3 dollars en 2022. En revanche, en 2023, le cours du baril s’établirait à 73,1 dollars, soit un repli de 24,1% par rapport à 2022. Au niveau des marchés financiers mondiaux, la plupart des banques centrales misent sur des politiques monétaires moins accommodantes pour atténuer les poussées inflationnistes. Le resserrement des conditions financières exercerait des pressions sur les positions budgétaires et extérieures des pays émergents et en développement et devrait entrainer un renforcement du soutien des institutions multilatérales dans les années à venir. Avec la hausse des taux d’intérêt dans les pays avancés et le resserrement des conditions financières au niveau mondial, la vulnérabilité de la dette et les risques de financement augmenteraient, pour les émetteurs de titres des pays émergents ; le resserrement étant particulièrement marqué pour les émetteurs moins bien notés par les agences de notation.
SITUATION SOCIO-ECONOMIQUE INTERNE EN 2022
Évolution des indicateurs économiques
L’activité économique a été singulièrement affectée par les tensions géopolitiques, notamment, la crise russo-ukrainienne et l’embargo à l’encontre du Mali au premier semestre de l’année 2022. Elle a été aussi touchée par la flambée des prix qui a fortement affecté la dynamique du secteur secondaire. Parallèlement, pour lutter contre la vie chère et freiner les tensions inflationnistes, les autorités ont pris une batterie de mesures en vue de baisser les prix intérieurs et soutenir l’activité économique. Globalement, l’activité économique est estimée en baisse de 4,2% en 2022 contre 6,5% en 2021. Ce ralentissement est lié à la décélération de l’activité économique dans le secteur secondaire (+1,1%) et une baisse dans le secteur primaire (-1,4%). Quant au secteur tertiaire, il ressort avec une croissance de 6,7% en 2022, poursuivant ainsi son dynamisme enclenché en 2021 après sa contraction de 2020. Dans le secteur primaire, la poursuite de la tendance baissière est expliquée principalement par les contre-performances enregistrées dans les sous-secteurs de l’agriculture et de la pêche. En revanche, les mesures de soutien au sous-secteur de l’élevage ont permis d’atténuer ce repli. Au total, l’activité dans le secteur primaire est estimée en baisse de 1,4% en 2022 contre une hausse de 0,6% en glissement annuel. Le secteur secondaire, pour sa part, a été singulièrement affecté par un environnement international moins reluisant doublé d’une conjoncture interne marquée par une forte inflation sur les intrants intermédiaires. En effet, les contraintes dans les chaines d’approvisionnement en biens et le renchérissement des cours des produits de base ont rendu l’accès difficile aux intrants. L’activité du secteur est estimée en hausse de 1,1% contre une progression de 7,8% un an plus tôt, soit un ralentissement de 6,7 points de pourcentage. Celui-ci s’explique, notamment, par les contreperformances relevées dans les activités extractives (-4,9% contre +16,6% en 2021), les agro-alimentaires (+1% contre +5,9% en 2021), les matériaux de construction (-0,7% contre +10,6% en 2021) et la construction (+2,2% contre +8,1% en 2021). Au niveau du secteur tertiaire, l’activité est restée dynamique suite aux différentes mesures de soutien initiées par les autorités sénégalaises malgré le repli du secteur primaire et le ralentissement relevé dans le secondaire. Ainsi, l’activité du tertiaire ressort avec une croissance de 6,7% en 2022 contre une 7,5% en 2021, soit une contribution estimée à 3,5 points de pourcentage à la croissance du PIB. L’essentiel des branches d’activités, notamment, le commerce, le transport, les services d’hébergement et de restauration, l’information et la communication et les « services spécialisés, scientifiques et techniques » ont contribué au maintien de son dynamisme. Au titre de la demande, la consommation finale est estimée en hausse de 3,5% contre 4,8% l’année précédente. Ce ralentissement est expliqué, entre autres raisons, par le choc inflationniste mondial qui a affecté autant la production au niveau national que l’approvisionnement via les importations de biens et services, touchées également par la crise russo-ukrainienne. La consommation finale a représenté 82,5% du PIB en 2022 contre 81,3% en 2021, ce qui porte le taux d’épargne intérieure à 17,5%, soit une détérioration de 1,2 point de pourcentage par rapport à 2021. Pour ce qui est de l’investissement, mesuré par la Formation brute de capital fixe (FBCF), il s’est amélioré pour s’établir à 35,9% du PIB en 2022 (contre 34,0% du PIB en 2021). Ainsi, la FBCF affiche une progression de 7,2% en 2022 ; laquelle est impulsée par l’investissement privé en liaison avec le renforcement des IDE, en perspective du démarrage de l’exploitation pétrolière et gazière et la réalisation des investissements structurants dans le cadre du PAP2A. Toutefois, il est relevé un repli de la FBCF publique qui s’est contractée de 9,7% par rapport à l’année précédente. Globalement, la demande intérieure (hors variation de stock) est ressortie en hausse de 4,6% en 2022 contre 8,1% en 2021. Du côté de la demande extérieure, les importations et les exportations de biens et services se sont renforcées respectivement de 23,8% et 8,1% en 2022. Pour ce qui est des prix, l’inflation est ressortie à 9,7% en 2022 contre 2,2% en 2021. Cette forte progression est essentiellement expliquée par le renchérissement des produits alimentaires de 13,4%. Enfin, l’économie a enregistré des gains de compétitivité évalués à 1,3%, attribuables à la dépréciation du FCFA à la devise des partenaires commerciaux du Sénégal (-2,5%). Toutefois, cette performance a été ralentie par un différentiel d’inflation défavorable (+1,2%).
Évolution des indicateurs sociaux
Le Gouvernement a érigé le capital humain au rang des piliers de la politique de développement économique et social. Cela se traduit par la mise en œuvre des politiques et programmes qui favorisent l’équité sociale à travers l’accès aux services sociaux de base, à la couverture sanitaire des populations et à la protection des groupes vulnérables. Dans le domaine de l’équité territoriale, cette politique est matérialisée par la mise en place du Programme d’Urgence de Développement communautaire (PUDC), du Programme de Modernisation des Villes (PROMOVILLES), du Programme d’Urgence de Modernisation des Axes et Territoires frontaliers (PUMA), entre autres, qui ont permis de réduire les inégalités et disparités spatiales et d’améliorer les conditions de vie des populations. Dans le domaine de l’éducation et de la formation, le Gouvernement ne cesse de consentir des efforts pour répondre aux défis de l’accès universel et de la qualité des enseignements et apprentissages. Au niveau du préscolaire, le taux brut de préscolarisation (TBPS) a augmenté passant de 17,7% en 2021 à 18,2% en 2022. En 2022, le taux d’enrôlement des enfants de 5 ans est de 18,9%, avec un indice de parité de 1,20. Ce taux qui est de (20,6%) chez les filles est supérieur à celui des garçons qui est de (17,3%), soit un écart de 3,3 points de pourcentage. Par ailleurs, les données montrent que la moitié des régions ont des taux de participation des enfants de 5 ans, inférieurs à la valeur nationale qui est de 18,9%. Les plus faibles taux sont enregistrés à Kaffrine (9,8%), Diourbel (7,7%), Saint-Louis (15,0%) et Matam (15,2%). A l’exception des régions de Kédougou1 et de Ziguinchor2 , le taux de participation des filles âgées de 5 ans est supérieur à celui des garçons. Au niveau de l’élémentaire, le taux brut de scolarisation (TBS) a légèrement diminué passant de 84% en 2021 à 83,5% en 2022. Il varie entre 45,7% à Kaffrine et 117,5% à Kédougou. En plus des académies de Fatick (81,2%) et de Kaolack (76,6%), les cinq (5) régions en « retard de scolarisation » ont enregistré des TBS inférieurs à la valeur nationale : Kaffrine (45,7%), Diourbel (55,4%), Matam (67,2%), Louga (69,5%) et Tambacounda (76,9%). Dans les autres académies, le TBS à l’Elémentaire est de 92,9% à Kolda et 117,5% à Kédougou. En ce qui concerne l’achèvement, le taux à l’élémentaire, est passé de 65% en 2021 à 63,2% en 2022. Dans le moyen, le taux d’achèvement a enregistré une hausse passant de 39,5% en 2021 à 41,8% en 2022. Selon le sexe, on remarque que ce taux est plus élevé chez les filles (44,0%) que chez les garçons (35,2%). Ce qui donne un indice de parité de 1,25 en faveur des filles. Au niveau secondaire, le taux d’achèvement a connu une baisse passant de 28,2% en 2021 à 26,4% en 2022. On note des disparités entre les régions, avec le taux d’achèvement le plus élevé à Ziguinchor (50,1%) et le plus bas à Tambacounda (11,0%). La région de Ziguinchor enregistre les taux d’achèvement les plus élevés chez les filles (54,9%) comme chez les garçons (45,7). Les plus faibles taux sont enregistrés à Tambacounda (10,9%) pour les garçons et à Kaffrine (10,9%) pour les filles. Ces résultats renseignent sur l’importance de prendre en charge, les enfants hors du système scolaire et la déperdition scolaire, de revoir les pratiques pédagogiques, d’accorder plus d’attention aux élèves en difficulté d’apprentissage et surtout de poursuivre l’amélioration des conditions d’enseignement/apprentissage.
Concernant les taux d’admission dans tous les cycles, le taux de réussite est de 73,8% au CFEE, soit 11,66 points de plus par rapport à 2021, 70,38% au BFEM, soit un accroissement de 16,44 points de pourcentage et 51,99% au BAC contre 45,3% en 2021. S’agissant de l’alphabétisation, les modèles alternatifs (écoles communautaires de base et classes passerelles) sont fonctionnels dans presque toutes les académies, excepté celles de Dakar, Rufisque et Saint-Louis. Au total, l’effectif passe de 12 061 en 2021 à 28 185 apprenants dont 14 589 filles (51,7%). Quant aux classes d’alphabétisation fonctionnelle entre 2021 et 2022, les effectifs passent de 19 970 à 24 841, avec 83,5% pour les femmes contre 16,5% chez les hommes. Aujourd’hui, s’il est établi que les femmes bénéficient le plus du PNEBJA3 , il n’en demeure pas moins qu’il y a encore une frange importante de la population féminine qui reste analphabète. A propos de la formation professionnelle et technique (FPT), 448 établissements de formation ont été répertoriés en 2022 dont 132 publics et 316 privés. Le dispositif de la FPTA4 a accueilli 178 223 apprenants en 2022 contre 138 904 en 2021. Cet effectif est ventilé principalement entre la formation professionnelle initiale (92 933 inscrits), la formation continue (57 763 inscrits) et l’apprentissage (30 108 apprentis enrôlés). Contrairement aux effectifs globaux, la transition des flux de sortants du cycle fondamental passe de 10% en 2021 à 8,5% en 2022 soit une baisse de 1,5 points de pourcentage. Ainsi, la cible de 12%, fixée pour 2022, n’a pas été atteinte, à cause, notamment, de la capacité encore limitée du réseau de la formation professionnelle, des difficultés liées à la coordination et à la synergie entre les acteurs du système en matière d’orientation scolaire et professionnelle. Le nombre d’inscrits dans la FPT pour 100 000 habitants est passé de 521 en 2021 à 524 en 2022. Ce ratio, bien qu’ayant progressé reste toujours faible et cache des disparités entre les régions. En effet, Dakar (1 308), Ziguinchor (655) et Kédougou (859) concentrent le plus d’apprenants, contrairement aux régions de Sédhiou (68) et de Louga (114). Le taux de réussite aux examens professionnels (CAP, BEP, BP, BT et BTS) est passé de 63,67% en 2021 à 70,57% en 2022, soit une hausse de 6,9 points de pourcentage. Dans le même sillage, le nombre de diplômés enregistrés en 2022 est de 12 837 dont 7 367 garçons et 5 470 filles. Pour faire face à la problématique de l’emploi et de l’employabilité, notamment celle des jeunes et des femmes, le Gouvernement a adopté une politique nationale de l’emploi articulé au PSE. Ainsi, le Gouvernement a renforcé la convention Etatemployeur5 , ce qui a permis de créer 16 253 emplois en 2022. Les guichets uniques dénommés « Pôle Emploi et Entreprenariat pour les Jeunes et les Femmes » mis en place dans chacun des 46 départements pour servir de cadre d’accueil, de conseil et de financement des porteurs de projets ont connu des succès. Pour ce qui est de l’enseignement supérieur, on enregistre huit (8) universités publiques, cinq (5) Instituts Supérieurs d’Enseignement Professionnels (ISEP), une école polytechnique fonctionnelle et plus de 150 établissements privés d’enseignement supérieur placés sous la tutelle du MESRI. La population estudiantine s’élève à 269 556, dont 137 393 hommes et 132 163 femmes. L’indice de parité, encore favorable aux hommes, s’est nettement amélioré pour les femmes, passant de 0,78 en 2020, à 0,91 en 2021, puis à 0,96 en 2022. L’élargissement de la carte universitaire et les efforts en matière de renforcement des capacités d’accueil dans les universités, ISEP et établissements privés d’Enseignement supérieur ont permis d’améliorer le taux d’accès qui passe de 1 420 étudiants pour 100 000 habitants en 2021 à 1 520 en 2022, rapprochant ainsi le Sénégal de la norme internationale qui est de 2 000 étudiants pour 100 000 habitants. Le taux brut de scolarisation dans l’enseignement supérieur (19-23 ans) confirme cette tendance, en passant de 14,75% en 2021 à 16,09 % en 2022. De même, les taux de réussite records enregistrés au Bac (51,99%), en première année de licence (56,48%) et en licence (62,55%), illustrent l’amélioration de la qualité des enseignements. Pour l’atteinte des cibles en termes de promotion (70%), des efforts devraient être faits, notamment, en termes de respect des délais de livraison des bâtiments et équipements, de ratio d’encadrement encore faible (1 enseignant permanent pour 76 étudiants en 2022, alors qu’il était de 1 pour 71 en 2021), de quantum horaire et de résorption de la dette des universités. Le développement des filières STEM6 se poursuit, grâce au renforcement des ISEP, des écoles d’ingénieurs ou de formation professionnelle et des nouvelles universités (USSEIN, UAM). Toutefois, les effectifs restent encore faibles du fait des capacités d’accueil limitées et du profil des apprenants, peu adapté à la poursuite des études dans ces conditions. A titre d’exemple, les écoles d’ingénieurs et de formation professionnelle courte (DUT et DISEP), dans le public, ont reçu 7 717 étudiants en 2022 soit 4,13% de l’effectif des étudiants des établissements publics d’enseignement supérieur. De plus, en matière d’efficacité externe, les porteurs de projets ou d’idée de projets peuvent s’adresser aux incubateurs naissants dans les universités ou au Programme sénégalais pour l’Entrepreneuriat des Jeunes (PSE-J), un des projets phares du PSE concernant l’Enseignement supérieur. Le PSE-J a permis la formation de 7 844 jeunes dans les domaines de l’entrepreneuriat, des filières sectorielles de production et de formation en gestion financière de 2021 à 2022. Il a contribué à la mise en place d’un incubateur à Mboro d’une grande capacité qui devrait fortement augmenter le nombre de projets développés. Les incubateurs de l’UGB, de l’USSEIN, de l’UNCHK et de l’EPT ont permis la création de 77 entreprises, grâce aux 243 projets incubés et aux 943 étudiants accompagnés. Concernant les œuvres sociales universitaires, le taux d’hébergement est passé de 13% en 2021 à 17% en 2022. Ceci s’explique par l’augmentation du nombre de lits disponibles dans les campus sociaux qui sont passés de 18 960 en 2021 à 22 125 en 2022. Par contre, le pourcentage d’étudiants bénéficiant d’une allocation d’études a légèrement baissé passant de 72% à 71,7% en 2022. Dans le domaine de la santé, l’objectif est de réduire nettement les taux de mortalité et de morbidité, en offrant une couverture sanitaire universelle aux populations. En effet, le Plan national de Développement sanitaire et social (PNDSS 2019-2028), a impacté l’amélioration des conditions socio-sanitaires des populations. La proportion d’accouchements assistés par du personnel qualifié a légèrement évolué passant de 97% en 2021 à 97,22% en 2022, pour une cible de 100%. La proportion des établissements publics de santé (EPS) disposant d’un Service d’Accueil aux urgences, aux normes7 , est passée de 25% en 2021 à près de 39% en 2022, soit 15 EPS. Le taux d’achèvement de la Couverture en Première Consultation (CPN) a connu une hausse d’un point de pourcentage passant de 64% en 2021 à 65% en 2022, pour une cible de 77,2%. Cela s’explique, entre autres, par le non-respect des rendez-vous, l’inaccessibilité géographique ou financière, le manque de communication inter personnelle entre le prestataire et la cliente, l’insuffisance des activités de sensibilisation et le non-respect des normes de la CPN. Les régions de Kaffrine, Louga et Fatick ont enregistré les meilleures performances avec respectivement 67,63%, 70% et 77,57%. S’agissant de la vaccination, la couverture en Penta38 passe de 90% en 2021 à 73% en 2022, soit une baisse de 17 points de pourcentage. Cette situation pourrait s’expliquer par l’insuffisance de rapportage des données des structures privées et la baisse de l’utilisation des services de vaccination depuis la pandémie de Covid-19. Dans le cadre de l’accélération de la lutte contre le paludisme, l’objectif immédiat est sa pré-élimination à travers un accès universel aux interventions de prévention et de traitement, à un coût abordable. L’incidence palustre a baissé de 11 points, passant de 31,2‰ en 2021 à 20,2 ‰ en 2022, pour une cible de 15‰. Pour ce qui est de la lutte contre la tuberculose, le taux de succès thérapeutique est estimé à 89,34% en 2021 contre 90% en 2022. Six régions portent la charge de la morbidité tuberculeuse : Dakar, Diourbel, Kaolack, SaintLouis, Thiès et Ziguinchor. Dans la lutte contre le VIH, d’importantes stratégies ont été développées dans le cadre du dépistage, notamment le ciblage au niveau des zones chaudes et des POP Clés, l’autotest et l’index testing. Le pourcentage de PVVIH9 a augmenté passant de 88% en 2021 à 91% en 2022 soit un écart de +3 points de pourcentage et de -4 points de pourcentage par rapport à l’objectif national. Par ailleurs, le taux de prévalence du VIH/SIDA a stagné à 0,3 en 2022. Dans le domaine de l’accès aux médicaments et produits essentiels, le suivi des performances a essentiellement porté sur le taux de disponibilité sur toute la pyramide et leur durée moyenne de rupture. Les résultats enregistrés en 2022, montrent une disponibilité de 78% contre 91% en 2021, pour une cible de 87%. La durée moyenne de rupture des médicaments et produits essentiels traceurs en 2022 est de 19 jours pour un objectif de 10 jours. Cette contre-performance constatée est consécutive à la diminution des possibilités de commandes. Par ailleurs, afin de prendre en charge les personnes vulnérables, la Stratégie nationale de Protection sociale (SNPS) met en œuvre des programmes de protection sociale qui constituent un des piliers de l’axe 2 du PSE relatif au capital humain, à la protection sociale et au développement durable. En 2022, le nombre de ménages bénéficiaires de la bourse de sécurité familiale (BSF) est de 315 626 contre 316 941 en 2021. Ainsi, 25 507 détenteurs de la carte d’égalité des chances (CEC) ont bénéficié de la BSF en 2022 contre 25 614 en 2021. Ce nombre n’a pas beaucoup varié depuis 2020 en raison de l’impact financier de la Covid-19 sur les programmes. En outre, il a été noté la production de 70 510 CEC en 2022 contre 69 289 en 2021, soit un taux de couverture des personnes vivant avec un handicap de 6,73%. La couverture des personnes vivant avec un handicap bénéficiaire de la CEC qui est de 8,66% est articulée à des programmes de filets sociaux notamment : (i) l’enrôlement de 24 728 dans les mutuelles de santé ; (ii) l’appui en appareillage et en produits de réadaptation à 8 455 personnes ; (iii) l’accès de 25 614 aux bourses de sécurité familiale ; (iv) l’accès de 633 au transport ; (v) l’octroi de 65 219 kits alimentaires et d’hygiène dans le cadre de la riposte contre la Covid-19.
Le taux de couverture par les mutuelles de santé passe de 23% en 2021 à 25% en 2022. En termes de gratuité des soins, il est noté 1 686 275 bénéficiaires en 2021 contre 970 804 en 2022. Il s’agit de 1 607 829 enfants de moins de 5 ans en 2021 contre 931 434 en 2022 (soit une baisse de 42%), de 48 716 personnes âgées de plus de 60 ans en 2021 contre 24 408 en 2022, de 28 242 césariennes en 2021 contre 13 831 en 2022 et de 1 488 patients hémodialysés en 2021 contre 1 131 en 2022. En 2022, près de 96,9% des ménages ruraux (contre 95,5% en 2021) ont eu accès à l’eau potable. En milieu urbain, le taux d’accès est passé de 98,8% en 2021 à 98,7% en 2022. Toutefois, des efforts devraient être faits pour améliorer les débits dans certaines agglomérations comme Dakar, Touba et certaines capitales régionales. Il en est de même pour la qualité de l’eau, surtout dans les régions de Diourbel, Kaolack, Kaffrine et Fatick dont le niveau de salinité demeure encore important. La mise en service de la nouvelle usine de Keur Momar SARR (KMS-3) devrait permettre d’améliorer la distribution notamment à Dakar et dans certaines localités. S’agissant de l’assainissement en milieu urbain, le taux d’accès global se situe à 71,7% en 2022 contre 72,85% en 2021. La légère baisse notée s’explique par le tassement des autoréalisations d’ouvrages par les ménages et par les programmes réalisés dans plusieurs villes du Sénégal (Tivaouane, Mbour, Touba, Kaolack, etc.). Pour l’assainissement rural, l’évolution du niveau d’accès reste encore faible malgré les progrès enregistrés ces dernières années. Le taux d’accès global à l’assainissement en milieu rural est de 52,6% en 2022 contre 51,67% en 2021.
PROJECTIONS ECONOMIQUES POUR 2023
Les tendances de l’environnement international demeurent incertaines au regard de la persistance de la crise russo-ukrainienne mais également en raison du relèvement des cours des produits alimentaires et du durcissement des conditions de financement des économies. Pour 2023, le FMI, dans sa dernière publication table sur un ralentissement de l’économie mondiale. Ainsi, la croissance devrait ralentir de 3,4% en 2022 à 2,8% en 2023, avant de s’établir à 3,0% en 2024. Selon toujours ces prévisions, une amplification des tensions sur le secteur financier, pourrait conduire à croissance à 2,5% en 2023 Le ralentissement devrait être particulièrement marquée pour les économies avancées en passant de 2,7% en 2022 à 1,3% en 2023. Dans le scénario de référence prévu, l’inflation globale mondiale devrait passer de 8,7% en 2022 à 7% en 2023 sous l’effet de la baisse des prix des produits de base. Au plan interne, l’année 2023 devrait inscrire le Sénégal dans une nouvelle ère, marquée par la production de pétrole brut et de gaz. Toutefois, l’économie fait face à des défis majeurs liés à la conjoncture internationale défavorable. L’activitééconomique devrait se consolider à la faveur des effets attendus des différentes mesures de soutien à l’économie nationale dans le cadre de la mise en œuvre effective des projets prioritaires structurants inscrits dans le PAP2A. La mise en œuvre des réformes de troisième génération inscrites dans le PREAC III ainsi que l’exécution du second compact MCA-Sénégal « Power to compact » seraient également d’un apport considérable dans le cadre de la relance de l’économie. Globalement, l’activité économique devrait s’inscrire à la hausse avec une croissance prévue à 8,8% contre une prévision initiale de 10,1% (LFI 2023) et une estimation de 4,2% en 2022. Dans le secteur primaire, l’activité est attendue en hausse de 5,5% en 2023 contre -1,4% en 2022, tirée par tous les sous-secteurs de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage. Le secteur primaire qui représenterait 15,3% du PIB, contribuerait à 0,8 point de pourcentage à la croissance du PIB en 2023. Le secteur secondaire, pour sa part, afficherait une forte croissance en liaison essentiellement avec le démarrage de l’exploitation des ressources d’hydrocarbures. En effet, ce regain est en phase avec le dynamisme attendu dans le secteur secondaire, qui afficherait une progression record de 16,4% en 2023 contre une estimation de 1,1% en 2022, en liaison avec la performance du sous-secteur des industries extractives (+116,1%). Cette dernière est essentiellement liée à l’intégration des productions de pétrole et gaz attendues respectivement à 10 millions de barils et 7 Tbtu contre des prévisions initiales de 24 millions de barils et 74 Tbtu. La part de la valeur ajoutée du « pétrole et gaz » par rapport au PIB et à la valeur ajoutée du secondaire ressortirait respectivement à 1,9% et 7,3% en 2023. Globalement, la contribution du secteur secondaire à la croissance du PIB réel ressortirait à 3,7 points de pourcentage. S’agissant du secteur tertiaire, le dynamisme de l’activité serait maintenu avec une croissance attendue à 6,7% en 2023, soit presque au même niveau qu’en 2022. Cette croissance serait tirée, notamment, par les activités commerciales, les services de transport, d’hébergement et de restauration mais aussi par les activités financières et immobilières. Ce secteur bénéficierait de la mise en service pleine du TER et des effets indirects de l’exploitation du pétrole et du gaz. En somme, la contribution du secteur tertiaire à la croissance du PIB est projetée à 3,5 points de pourcentage. Au titre de la demande en 2023, la consommation finale devrait s’accélérer avec une croissance attendue à 9,7% contre 3,7% l’année précédente malgré la persistance de l’inflation. Elle serait soutenue par le relèvement du segment privé suite à son ralentissement en 2022. Au total, la consommation finale représenterait 82,4% du PIB contre 82,5%, un an auparavant, ce qui porterait le taux d’épargne intérieure à 17,6%, soit une amélioration de 0,1 point de pourcentage par rapport à 2022. L’investissement, s’améliorerait pour s’établir à 37,6% du PIB en 2023 contre 35,9% en 2022. Ainsi, la FBCF progresserait de 11,9% en 2023, essentiellement portée par la reprise de sa composante publique en liaison avec l’achèvement des travaux du BRT et de la phase 2 du TER. La composante privée devrait rester également sur une tendance dynamique en rapport avec les investissements dans les zones économiques spéciales et l’exploitation des ressources d’hydrocarbures. Globalement, la demande intérieure se consoliderait, en termes réels, de 8,1% en 2023 contre 11% en 2022. Du côté de la demande extérieure, les importations et les exportations de biens et services sont projetées respectivement en hausse de 10,2% et 15,5% en 2022. L’inflation, mesurée par le déflateur du PIB ressortirait à 4,1% en 2023 contre 8,4% en 2022 à la faveur de la détente attendue, notamment sur les cours des produits pétroliers (-16,2%).
PERSPECTIVES ECONOMIQUES POUR LA PERIODE 2024-2026
A moyen terme, l’activité économique sénégalaise devrait se consolider à la faveur d’une conjoncture internationale beaucoup plus résiliente en plus de la poursuite de la mise en œuvre des projets structurants. Globalement, la croissance de l’économie est attendue en progression de 7,8% en moyenne sur la période de 2024-2026 avec une croissance de 8,8% en 2023, et un pic de 12,8% en 2024, deuxième année de l’exploitation du pétrole et du gaz. Cette bonne orientation de l’économie nationale devrait être soutenue en moyenne sur la période sous-revue par le secteur secondaire (+11,5%), le secteur tertiaire (+7,0%) et le secteur primaire (+4,5%).
En perspective, sur le moyen terme, les efforts de l’Etat en matière de rationalisation et d’assainissement des finances publiques, notamment, dans le cadre de la Stratégie de Recettes à Moyen Terme (SRMT) devraient favoriser la réduction du déficit budgétaire de 5,5% en 2023 à 3% en 2025. Dans le secteur primaire, l’activité devrait s’établir en moyenne à 4,5% sur la période 2024-2026 contre 5,5% en 2023. L’activité se maintiendrait sur ce niveau de croissance grâce, notamment, au dynamisme attendu du sous-secteur agricole, sous l’effet de l’amplification et de la consolidation de la productivité du sous-secteur en liaison avec la mise en œuvre soutenue du Programme agricole pour la Souveraineté alimentaire durable (PASAD). L’activité de pêche devrait légèrement croître, en lien avec les accords (pêche) favorables et le développement des espèces halieutiques. L’élevage quant à lui, maintiendrait son dynamisme du fait des efforts consentis par l’Etat pour soutenir le sous-secteur. L’activité du secteur secondaire, pour sa part, ressortirait en moyenne en hausse à 11,5% sur la période 2024-2026 contre 16,4% attendu en 2024, en liaison avec les effets attendus de l’exploitation des ressources pétrolières et gazières. Le secteur secondaire hors pétrole et gaz devrait, en ce qui le concerne, se maintenir, en moyenne à 6,0%, sous l’effet des investissements attendus de la mise en œuvre des agropoles et de l’amélioration de la compétitivité des zones industrielles pour la transformation des produits locaux et la création d’emplois. Concernant l’activité du secteur tertiaire, elle resterait vigoureuse sur la période 2024-2026, avec une croissance moyenne projetée de 7,0% contre 6,7% en 2023. Ce dynamisme du secteur tertiaire serait, essentiellement, tiré par les activités commerciales, les services financiers, d’hébergement et de restauration ainsi que les activités immobilières, dans un contexte d’exploitation des ressources du pétrole et du gaz à partir de 2023. Concernant les prix, l’inflation, mesurée par le déflateur du PIB, s’établirait en moyenne à 2,8% entre 2024 et 2026, soit en dessous du seuil de 3% fixé dans le cadre de la surveillance multilatérale.
Situation de l’exécution budgétaire de 2022
L’exécution budgétaire en 2022 a été marquée par le soutien de l’Etat aux ménages pour contenir l’impact du renchérissement des prix à travers les subventions et transferts et par la poursuite des projets d’envergure. Cette dynamique a été favorisée par une bonne mobilisation des ressources en constante progression, associé à une exécution satisfaisante des dépenses. En effet, sur la base du TOFE exécuté, la mobilisation des ressources s’est confortée de 18,7% pour s’établir à 3 536,3 milliards FCFA en 2022. Quant aux dépenses publiques, elles ont progressé de 16,4% pour atteindre 4 590,4 milliards FCFA. En définitive, le déficit budgétaire, dons compris, est ressorti à 1 054,2 milliards FCFA, soit 6,1% du PIB en 2022 contre un déficit de 965,4 milliards FCFA (6,3% du PIB) un an auparavant.
Mobilisation des recettes budgétaires
Les recettes de l’Etat sont ressorties en hausse de 18,7% (+556,9 milliards FCFA) pour s’établir à 3 536,3 milliards FCFA en 2022. Elles sont constituées de recettes fiscales pour 3 135,5 milliards FCFA, des autres recettes pour 254,9 milliards FCFA et des dons pour 145,9 milliards FCFA. La hausse des recettes est attribuable, principalement, à l’accroissement des « impôts sur le revenu, les bénéfices et gains en capital » (+31,1%), des « impôts sur le commerce extérieur et les transactions internationales » (+24,1%), des impôts sur les salaires et main d’œuvre (+18,8%) et des impôts sur les biens et services (+16,0%). La progression des « impôts sur le revenu, les bénéfices et les gains en capital » a bénéficié de la mobilisation satisfaisante de l’impôt sur les sociétés et de l’impôt sur les revenus, mobilisés respectivement à hauteur de 296,6 milliards FCFA et 592,2 milliards FCFA, soit des hausses de 30% et 24,5%. Concernant l’impôt sur les sociétés, la hausse est tirée par les entreprises du secteur secondaire et dans une moindre mesure, par celles du secteur tertiaire dont les paiements ont progressé respectivement de 36,5% et 1,7%. Les principaux sous-secteurs d’activité du secondaire, contributeurs de cette performance, sont les industries extractives (+17,5%), l’énergie (+152,5%) et les BTP (+73,6%). Pour ce qui est du tertiaire, les « banques et services financiers » ainsi que les télécommunications ont enregistré respectivement des hausses de 3,9 milliards FCFA (+19,5%) et de 2 milliards FCFA (6%).
S’agissant de l’impôt sur les revenus, sa progression est attribuable essentiellement au bon niveau de collecte des retenues à la source sur les salaires ; cette dynamique traduit le renforcement de la conformité déclarative qui a atteint un taux de réalisation de 99,6%. Quant aux impôts sur les biens et services, ils ont enregistré une amélioration de 206,9 milliards FCFA (+16,0%), atteignant 1 499,9 milliards FCFA ; ceux-ci sont tirés par la progression de 10,0% de la TVA intérieure hors pétrole et des taxes sur les activités financières (+46,2%). Au niveau du cordon douanier, les recettes sont ressorties globalement à 1 069,8 milliards FCFA en 2022 contre 965,9 milliards FCFA en 2021, soit une hausse de 104 milliards FCFA (+10,7%). Cette augmentation est sous l’impulsion des « impôts sur le commerce extérieur et les transactions internationales » (droits de porte). Ces derniers sont ressortis à 392,8 milliards FCFA en 2022 contre 325,3 milliards FCFA l’année précédente, soit un accroissement de 20,7% (+67,5 milliards), imputable d’une part, à la progression globale des liquidations des mises à la consommation qui ont augmenté de 10,4% et, d’autre part, aux droits de porte sur le pétrole qui se sont accrus de 42,7 milliards FCFA, à la faveur de la nette progression des tarifs appliqués dans le cadre de la structure des prix. Globalement à fin 2022, la pression fiscale est ressortie à 18,2% du PIB contre 17,0% un an auparavant, soit une amélioration de 1,2 point de pourcentage.
Exécution des dépenses budgétaires
Les dépenses sont ressorties à 4 590,4 milliards FCFA à fin 2022 contre 3 880,6 milliards FCFA, soit un accroissement de 709,8 milliards FCFA (+18,3%) sous l’impulsion de la forte progression des charges et des investissements exécutés par l’Etat. Concernant les charges, elles ont enregistré une progression de 29,9% ; cette hausse est tirée principalement par cinq catégories de dépenses à savoir les dons courants de l’Administration centrale (transferts et subventions), les dons en capital aux unités extrabudgétaires (transferts en capital), les investissements exécutés par l’Etat, les intérêts sur la dette publique et la rémunération des salariés qui ont enregistré des hausses respectives de 84,7%, 27,6%, 30,2%,25,3% et 24,5%. Pour ce qui est des dons courants, ils se sont fortement accrus passant de 669,7 milliards FCFA en 2021 à 1 237,2 milliards FCFA, soit un relèvement de 567,5 milliards FCFA (+84,7%), expliqué notamment par les charges supportées par l’Etat en termes de subventions des prix de l’électricité et des denrées de première, des pertes commerciales sur les produits d’hydrocarbures ainsi que des transferts sous forme de soutiens financiers accordé aux populations les plus vulnérables. Les dons en capital, correspondant aux transferts en capital exécutés par les entités extra budgétaires, ont été exécutés avec une hausse de 27,6% pour s’établir à 866,3 milliards FCFA en 2022, traduisant la poursuite des chantiers infrastructurels notamment en termes de routes et d’hôpitaux. La rémunération des salariés et les charges d’intérêt sur la dette se sont, pour leur part, confortées respectivement de 24,5% (1 102,9 milliards FCFA) et 25,3% (384,1 milliards FCFA) en 2022. Pour la hausse de la masse salariale, elle s’explique par l’effet des mesures de revalorisation salariale élargies à l’ensemble des agents de la fonction publique, intervenues en 2022. Quant aux intérêts sur la dette, leur progression est tirée par sa composante extérieure chiffrée à 322,81 milliards FCFA (+27%) qui s’explique par l’effet notamment de la forte appréciation du dollar par rapport au FCFA durant l’année 2022. En revanche, les autres dépenses de fonctionnement de l’Etat en termes d’utilisation de biens et services se sont inscrites en baisse passant de 377 milliards FCFA en 2021 à 366,2 milliards FCFA en 2022, soit un repli de 2,9% traduisant les efforts de rationalisation des dépenses de consommation courante. Les acquisitions nettes d’actifs non financiers se sont contractées globalement de 34,44% reflétant, d’une part, la baisse des investissements financés sur ressources extérieures, qui sont passés de 629,8 milliards FCFA en 2021 à 412,71 milliards FCFA en 2022, et d’autre part, la cession d’actifs à hauteur de 247 milliards FCFA opérée en 2022. Cette baisse a toutefois été atténuée, par la progression de 30,2% (121 milliards FCFA) enregistrée par les investissements exécutés par l’Etat central. L’encours de la dette publique de l’administration centrale à fin décembre 2022 est estimé à 11 782,8 milliards FCFA, dont 2 493,7 milliards FCFA de dette intérieure et 9 289,1 milliards FCFA de dette extérieure (y compris le FMI et la BOAD). Quant au service provisoire de la dette publique pour 2022, il est évalué à 1 328,16 milliards FCFA et réparti en principal et intérêts pour des montants respectifs de 944,02 milliards FCFA et 384,14 milliards FCFA. Le service de la dette extérieure a représenté 23,05% des recettes budgétaires et 19,2% des exportations de biens et services, contre des plafonds respectifs de 23% et 21% retenus dans le cadre de l’analyse de viabilité de la dette.