juin 23, 2025
LA SOCIÉTÉ "MY MEDIA GROUP " SOCIÉTÉ ÉDITRICE DU QUOTIDIEN "DAKARTIMES" DERKLE CITE MARINE N° 37. EMAIL: courrierdkt@gmail.com. SITE WEB: www.dakartimes.net.
A la une

PROJET GAINDESAT-1B : Pourquoi un deuxième satellite sans bilan du premier ?

En grande pompe, on a récemment annoncé le lancement en préparation d’un deuxième satellite, GAINDESAT-1B, moins d’un an après la mise en orbite de GAINDESAT-1A, le tout premier satellite national. Si cette annonce témoigne d’une ambition spatiale affirmée, elle soulève aussi de nombreuses interrogations. Notamment : à quoi a réellement servi le premier satellite ? Pourquoi aucune évaluation publique n’a été faite ? Et surtout, pourquoi se précipiter vers un deuxième projet dans un silence scientifique quasi total ?

Un premier satellite plombé ?

Lancé en 2023, GAINDESAT-1A avait été présenté comme un jalon historique pour la souveraineté technologique et scientifique du Sénégal. Il devait, selon les autorités, appuyer des missions de télédétection, de surveillance agricole, de cartographie, de gestion des ressources naturelles et de suivi environnemental.

Deux ans plus tard, les résultats concrets manquent. Aucune communication officielle n’a été faite sur les données collectées, les images traitées, ou les secteurs effectivement impactés. L’opinion publique reste largement dans le flou : qu’a fait le satellite depuis son lancement ? Où en est-on dans l’exploitation scientifique et opérationnelle de ses données ?

Le silence des scientifiques

Plus préoccupant encore, des chercheurs sénégalais affirment ne pas avoir été informés dans les discussions sur GAINDESAT-1B. Certains se disent même surpris d’apprendre l’existence d’un deuxième projet aussi avancé

« Il n’y a eu ni colloque, ni publication, ni rapport public sur les retombées de GAINDESAT-1A. Comment justifie-t-on alors un second lancement ? », s’interroge un chercheur en géomatique de l’Université Cheikh Anta Diop, qui préfère rester anonyme.

Ce silence interroge : la communauté des scientifiques sénégalais a pourtant son rôle à jouer si les travaux étaient entrepris dans une démarche inclusive. Les compétences locales sont-elles mobilisées dans la conception, l’exploitation et l’analyse des données satellitaires ? Autant de questions restées sans réponse.

Une précipitation coûteuse ?

Dans un contexte économique tendu, où les priorités nationales sont multiples, certains observateurs jugent cette précipitation hasardeuse. Un satellite n’est pas un trophée à exhiber, mais un outil stratégique qui nécessite des ressources humaines, des infrastructures de traitement, et surtout, une stratégie claire d’exploitation des données.

Pourquoi ne pas avoir attendu une évaluation technique et scientifique du premier satellite ? Quels enseignements ont été tirés de GAINDESAT-1A ? Le projet GAINDESAT-1B s’inscrit-il dans une continuité logique ou s’agit-il simplement d’un effet d’annonce pour afficher une volonté politique ?

Pour une transparence scientifique et citoyenne

Il ne s’agit pas de remettre en cause la légitimité d’un programme spatial sénégalais – bien au contraire. Mais la réussite d’un tel programme dépend d’une démarche rigoureuse, transparente et inclusive. Les citoyens ont le droit de savoir ce que leurs investissements publics financent, les scientifiques ont le devoir – et le droit – d’être au cœur de ces initiatives.

 

Si GAINDESAT-1A a produit des résultats, ils doivent être connus, publiés, débattus. Sinon, le risque est grand que GAINDESAT-1B ne devienne, lui aussi, un satellite fantôme. Cheikh GUEYE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *