Le 28 Mai 2022, dans les résultats du vote du Projet de résolution adoptant les Stratégies mondiales du secteur de la santé contre le VIH, l’hépatite virale et les infections sexuellement transmissibles ; à l’occasion de la 75èmeAssemblée mondiale de la Santé.
Infections sexuellement transmissibles
On trouvera dans le présent chapitre la stratégie mondiale du secteur de la santé contre les infections sexuellement transmissibles, et notamment les principaux changements stratégiques et opérationnels nécessaires pour mettre fin aux infections sexuellement transmissibles en tant que problème de santé publique d’ici à 2030 (Encadré 6.1), avec des cibles, des interventions et des innovations prioritaires. Les mesures à prendre par les pays qui y sont décrites sont à mettre en œuvre conjointement avec les mesures communes des pays définies au chapitre 3.

On compte plus d’une trentaine d’agents pathogènes qui sont transmissibles sexuellement et une même personne peut être atteinte par plusieurs infections en même temps. Les infections sexuellement transmissibles ne provoquent pas toujours des symptômes et l’on observe parfois des périodes asymptomatiques prolongées ; elles peuvent donc être transmises involontairement lors d’un rapport sexuel ou pendant la grossesse. Ces infections touchent de manière disproportionnée les femmes et les filles. En l’absence d’un traitement et selon la nature de l’infection, elles peuvent avoir à long terme des effets irréversibles voire entraîner une issue fatale – douleurs pelviennes chroniques, cancers, grossesses extra-utérines, stérilité, issues indésirables de la grossesse, mort néonatale et anomalies congénitales, notamment. Certaines de ces infections peuvent également faciliter l’infection par le VIH. La stratégie du secteur mondial de la santé contre les infections sexuellement transmissibles ne se limite pas à des agents pathogènes spécifiques, maisreconnaîtau contraire la possibilité de les prévenir, diagnostiquer et traiter grâce à des stratégies intégrées du système de santé. Cette approche contribue à des services de santé centrés sur la personne en mettant l’accent sur l’ensemble des besoins individuels de ceux qui sont touchés par une infection sexuellement transmissible ou y sont exposés. Les pays doivent s’attaquer aux facteurs individuels, communautaires et structurels qui contribuent à la propagation de ces infections, en veillant à ce que chacun ait accès à des soins de santé de grande qualité pour prévenir leur transmission et pour traiter et soigner ceux qui en sont atteints, à l’abri de la stigmatisation et de la discrimination. La syphilis (Treponema pallidum), la gonorrhée (Neisseria gonorrhoeae) et l’infection par le papillomavirus humain sont trois infections de portée mondiale majeure, qui font l’objet d’initiatives mondiales spécifiques. 424344 Ces infections méritent particulièrement de retenir l’attention en raison de facteurs tels que leur incidence et leur prévalence marquées, la gravité de leurs effets, l’existence d’outils économiques ciblés et le risque de voir apparaître une résistance au traitement. Parmi les autres infections importantes, on peut mentionner la chlamydiose(Chlamydia trachomatis), la trichomonase (Trichomonas vaginalis), le virus de l’herpès simplex et le virus T-lymphotrope humain de type 1 (HTLV-1) (Encadré 6.2).

Les cibles mondiales présentées dans la section suivante de la stratégie sont fondées sur des estimations dérivées des données actuelles, qui sont très limitées pour de nombreux pays. L’OMS et ses partenaires techniques doivent continuer d’aider les autorités nationales et les autres parties prenantes à élaborer et à mettre en œuvre des méthodes pratiques de collecte de données sur les infections sexuellement transmissibles.
Cibles concernant les infections sexuellement transmissibles
Le Tableau 6.1 ci-dessous présente les indicateurs et les cibles d’impact et de couverture programmatique, ainsi que les jalons concernant les infections sexuellement transmissibles

Orientation stratégique 1 : fournir des services de grande qualité, fondés sur des données probantes et centrés sur la personne
On trouvera dans cette section une description des mesures prioritaires à prendre par les pays pour rendre les services contre les infections sexuellement transmissibles de grande qualité plus largement disponibles et accessibles. Les mesures décrites ici devraient être mises en œuvre conjointement avec les mesures communes pertinentes visées au chapitre 3, sous l’orientation stratégique 1. Leur prestation doit être adaptée aux besoins des groupes les plus touchés dans chaque contexte épidémiologique.
Groupes concernés en priorité par les infections sexuellement transmissibles Les systèmes de santé doivent chercher à atteindre avant tout certains groupes particuliers afin d’obtenir des progrès équitables contre les infections sexuellement transmissibles, en tenant compte des différences concernant l’incidence et la prévalence, les comportements sexuels et les contextes locaux. Dans de nombreux cas, on retrouve parmi les groupes prioritaires les adolescents des deux sexes, les jeunes, les travailleurs du sexe et leurs clients, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, les transgenres, les personnes vivant avec le VIH, les personnes atteintes d’autres infections sexuellement transmissibles et les femmes enceintes. Parmi les autres groupes particulièrement exposés aux infections sexuellement transmissibles dans de nombreuses situations figurent les victimes de violences liées au genre, les autochtones, les enfants et les jeunes sans-abri, les personnes touchées par les conflits et les troubles civils, ainsi que les handicapés.
Prestation de services contre les infections sexuellement transmissibles
Mesure 81 : Chaîne des services de prise en charge des infections sexuellement transmissibles. Offrir une chaîne complète de services contre les infections sexuellement transmissibles dans le contexte de la promotion de la santé et du bien-être sexuels pour répondre aux besoins. La chaîne complète de services contre les infections sexuellement transmissibles offre un cadre structurant pour la mise en œuvre d’interventions essentielles répondant globalement aux besoins en matière de prévention, de dépistage, de traitement et de soins. Dans le cas des infections sexuellement transmissibles, la chaîne des services comporte deux axes reflétant les différences entre les infections traitables et curables et les infections qui dureront toute la vie. Les services de santé devraient être organisés de manière à diagnostiquer et traiter le même jour les cas d’infections curables et à assurer une prise en charge à long terme en cas d’infection à vie. La cascade de prise en charge devrait faire l’objet d’un suivi visant à déterminer comment les cas sont perdus de vue et comment y remédier (Figure 6.1). Les stratégies de diagnostic et de traitement et l’accès à des services d’orientation commodément situés pourront contribuer à optimiser les résultats au niveau individuel et pour la population dans son ensemble.

Mesure 82 : Ensembles d’interventions contre les infections sexuellement transmissibles. Définir un programme d’interventions de base fondées sur des données probantes pour chaque pays et adaptées aux besoins de groupes et de contextes différents. Chaque pays doit définir une série d’interventions essentielles contre les infections sexuellement transmissibles tout au long de la chaîne des services, en vouant une attention particulière aux besoins distincts de services de santé associés à ces infections. Le programme d’interventions devrait être fondé sur les données, les éléments scientifiques, les bonnes pratiques et les observations de la communauté et tenir compte de la charge de morbidité, de l’équité, de l’efficacité, de la résistance, du coût, de l’acceptabilité et de la faisabilité. S’il y a lieu et si cela est possible, il devrait être aligné sur les prestations de couverture sanitaire universelle et relié aux soins de santé primaires.
Mesure 83 : Prévention des infections sexuellement transmissibles (complète la mesure commune 1). Étendre les interventions de prévention primaire adaptées à différents groupes et endroits. On pourra avoir besoin de différentes options pour la prévention des infections sexuellement transmissibles en fonction de l’âge, du sexe et des circonstances, les risques et les besoins individuels pouvant évoluer au cours de la vie. Les données devraient être analysées pour déterminer comment associer au mieux les interventions préventives concernant différents groupes et endroits, avec un suivi centré sur la personne pour adapter les services aux besoins de la population. Parmi les principales interventions figurent une éducation complète en matière de santé sexuelle et reproductive (comme elle est décrite dans la mesure 1), l’accès aux préservatifs, la prestation de services aux partenaires sexuels (comme elle est décrite dans la mesure 7), la prophylaxie post-exposition lorsqu’elle s’impose, la promotion de la circoncision masculine médicale volontaire, s’il y a lieu, et un traitement suppressif en cas d’infection par le virus de l’herpès simplex.
Mesure 84 : Vaccins contre les infections sexuellement transmissibles (complète la mesure commune 1). Mettre en œuvre un programme complet de vaccination contre le papillomavirus humain et accélérer l’adoption de vaccins contre d’autres infections sexuellement transmissibles à mesure qu’ils sont mis au point. Il existe des vaccins efficaces pour prévenir les infections à papillomavirus humain et leur disponibilité accrue réduira considérablement le nombre de nouveaux cas de cancer du col de l’utérus et du pénis et de cancer anal. Plus d’une centaine de pays ont désormais ajouté le vaccin contre le papillomavirus humain à leur stratégie de vaccination, mais il faut augmenter la couverture vaccinale dans les pays et renforcer les stratégies visant à promouvoir la vaccination ciblant les adolescentes. On devrait aborder les problèmes des obstacles à l’adoption de la vaccination et de la réticence face au vaccin. Dans les pays disposant de ressources suffisantes, les programmes de vaccination contre le papillomavirus humain au cours de l’adolescence sont en train d’être étendus aux garçons.
Mesure 85 : Transmission verticale des infections sexuellement transmissibles (complète la mesure commune 3). Prévenir la transmission verticale (mère-enfant) des infections sexuellement transmissibles. Plusieurs infections sexuellement transmissibles, dont le VIH, la syphilis, la gonorrhée, la chlamydiose, le virus de l’herpès simplex et le HTLV-1, peuvent être transmises verticalement. Pour réduire la transmission verticale, il faudra améliorer l’accès aux services de soins prénatals et veiller à doter les centres de soins prénatals de moyens de prévention et de prise en charge efficaces. Pour prévenir une réinfection par des infections sexuellement transmissibles curables, il faudrait aider les femmes enceintes à notifier leur partenaire sexuel en vue d’un traitement. Dans le cas de la syphilis, si le dépistage et le traitement de la femme enceinte interviennent à un stade précoce au cours de la grossesse, idéalement à l’occasion de la première consultation prénatale, le risque d’une issue défavorable à la naissance est plus faible. Les nourrissons dont la mère syphilitique n’a pas été traitée par la benzathinepénicilline G devront faire l’objet d’un suivi adéquat. Un traitement suppressif contre le virus de l’herpès simplex devrait être envisagé chez les cas suspects d’herpès génital primaire au cours du dernier trimestre de la grossesse afin de prévenir l’herpès néonatal, avec un suivi du nourrisson. En outre, tous les nouveau-nés devraient recevoir une dose du vaccin contre l’hépatite B à la naissance et, dans les cas où un dépistage systématique de la gonorrhée et de la chlamydiosechez la mère n’est pas pratiqué, une prophylaxie systématique contre l’ophtalmie néonatale devrait être administrée lors de l’accouchement.
Mesure 86 : Sensibilisation aux infections sexuellement transmissibles et comportement en matière de demande de soins. Accroître la sensibilisation aux infections sexuellement transmissibles et à leurs symptômes et encourager les gens à se faire soigner sans retard. Les activités d’éducation pour la santé dans les établissements de soins, en milieu communautaire et dans d’autres cadres devront chercher à normaliser le dialogue sur la santé sexuelle. Les campagnes d’information et d’éducation adaptées à l’âge devraient adopter des approches positives pour promouvoir la santé sexuelle et apprendre à chacun à prévenir les infections sexuellement transmissibles, à en reconnaître les signes et les symptômes et à comprendre l’importance d’un traitement précoce et de la prévention des réinfections. Des activités de promotion de la santé et une éducation ciblée menée par des groupes communautaires sont également nécessaires. Les stratégies de soins autoadministrés, y compris l’autoprélèvement d’échantillons et la télémédecine, peuvent réduire les obstacles qui limitent l’accès aux services contre les infections sexuellement transmissibles.
Mesure 87 : Prise en charge des cas symptomatiques d’infections sexuellement transmissibles. Assurer une prise en charge efficace et complète des cas d’infections sexuellement transmissibles symptomatiques et prévenir leur transmission ultérieure. Il faut pouvoir accéder à des services de qualité en cas d’infection sexuellement transmissible dans un environnement où l’on se sent à l’aise et dans lequel les soins sont dispensés de manière non discriminatoire et non stigmatisante, notamment dans les établissements de soins de santé primaires, en milieu communautaire et dans les pharmacies. Si possible, le diagnostic devrait être étayé par des tests étiologiques et être notifiés rapidement. De nouveaux modèles pour la prestation de services contre les infections sexuellement transmissibles devraient également être mis en œuvre pour améliorer la qualité et la commodité du diagnostic, des soins et du traitement, notamment la télémédecine, les permanences, les services en pharmacie, l’autodépistage, l’autoprélèvement d’échantillons, les dispensaires mobiles et le traitement rapide des partenaires sexuels. Il faudra mettre à jour régulièrement les lignes directrices nationales de prise en charge des cas fondées sur des données probantes pour tenir compte des progrès en matière de traitement et de diagnostic et de la pharmacorésistance. À mesure que de nouveaux tests de diagnostic fiables, d’un prix abordable et de qualité garantie seront disponibles, ces lignes directrices nationales devront être ajustées en conséquence. La transition de la prise en charge des syndromes à celle des causes de la gonorrhée, de la chlamydiose et de la syphilis, ainsi que de la trichomonase là où cela est possible, devrait être étendue avec une couverture élevée des soins de santé primaires.
Mesure 88 : Services contre les infections sexuellement transmissibles destinés aux partenaires sexuels (complète la mesure commune 7). Mettre en œuvre des stratégies concernant la notification volontaire des partenaires sexuels et les services de suivi qui leur sont accessibles. Les services destinés aux partenaires sexuels peuvent apporter une contribution sensible à la prévention de la transmission des infections sexuellement transmissibles et des réinfections. Les services aux partenaires ne devraient intervenir qu’en cas de participation volontaire des intéressés. La confidentialité doit être assurée aussi bien pour le cas indicateur que pour ses partenaires sexuels. Les stratégies fondées sur des données probantes, comme le traitement accéléré des partenaires sexuels et leur orientation volontaire avec l’assistance du prestataire de soins et les approches pouvant être fondées sur les réseaux sociaux mises en place pour le dépistage du VIH, offrent des possibilités d’atteindre les partenaires sexuels de personnes chez qui d’autres infections sexuellement transmissibles ont été diagnostiquées pour leur offrir des services de prise en charge. Les innovations en matière de recherche des contacts pour la COVID-19, notamment par l’utilisation de plateformes numériques, pourraient également être adaptées pour favoriser les tests volontaires des partenaires et les services qui s’y rapportent.
Mesure 89 : Dépistage des infections sexuellement transmissibles dans les groupes prioritaires. Élargir l’accès aux services de dépistage des infections sexuellement transmissibles aux groupes prioritaires. Le dépistage des groupes prioritaires et le traitement de tous les sujets infectés permettent d’améliorer la santé individuelle et de réduire la prévalence dans la communauté. Les politiques et lignes directrices nationales en matière d’infections sexuellement transmissibles devraient définir des stratégies de dépistage fondées sur les données épidémiologiques disponibles. Toutes les femmes enceintes devraient subir un test de dépistage du VIH et de la syphilis au moins une fois et le plus tôt possible pendant la grossesse et un dépistage du VIH et de la syphilis devrait être régulièrement effectué dans les groupes prioritaires, notamment chez les personnes suivant une prophylaxie préexposition pour prévenir l’infection à VIH. En outre, les groupes prioritaires devraient dans la mesure du possible subir un test de dépistage des infections gonococciques et chlamydiennes de qualité garantie. Il faudrait envisager des prélèvements sur plusieurs sites anatomiques et la mise en commun des échantillons. Les femmes en âge de procréer devraient subir régulièrement un test de dépistage de l’infection du col de l’utérus conformément aux lignes directrices nationales. Les programmes de dépistage des infections sexuellement transmissibles se heurtent actuellement à la disponibilité limitée de tests de diagnostic précis et peu coûteux réalisés sur le lieu des soins. Des efforts s’imposent pour que les tests de laboratoire concernant les infections sexuellement transmissibles soient plus accessibles et moins coûteux.
Mesure 90 : Traitement des complications et des séquelles d’infections sexuellement transmissibles. Assurer une prévention et une prise en charge appropriées des complications et des séquelles d’infections sexuellement transmissibles. Le diagnostic et le traitement précoces des infections sexuellement transmissibles permettront de prévenir les complications et les séquelles telles que les maladies inflammatoires pelviennes, les grossesses extra-utérines, la neurosyphilis et les infections gonococciques et chlamydiennes disséminées, entre autres. Le diagnostic et le traitement précoces contribuent également à la prévention des cancers causés par certaines infections sexuellement transmissibles comme le papillomavirus humain et le HTLV-1.
Mesure 91 : Infections sexuellement transmissibles et pharmacorésistance. Suivre les formes observées de résistance aux antimicrobiens pour adapter les recommandations et les politiques de traitement. On observe une résistance généralisée à la plupart des médicaments antigonococciques utilisés dans de nombreuses parties du monde. Parmi les autres agents pathogènes d’infections sexuellement transmissibles susceptibles de résister aux antimicrobiens figurent Mycoplasma genitalium et Trichomonas vaginalis. La résistance aux antimicrobiens est un défi mondial. Les pays devront renforcer et étendre la surveillance et le suivi des échecs thérapeutiques et participer à la mise en place de réseaux régionaux de laboratoires pour effectuer des cultures du gonocoque et des tests de sensibilité aux antimicrobiens. Il faudrait utiliser les données obtenues grâce à la surveillance pour mettre à jour régulièrement les lignes directrices et les politiques nationales de traitement. Il importe aussi de renforcer la réglementation pharmaceutique nationale et les politiques de prescription et de sensibiliser les prestataires de soins et les intéressés, en particulier dans les groupes prioritaires, à l’usage rationnel des antimicrobiens. Les efforts contre la résistance aux antimicrobiens utilisés pour combattre les infections sexuellement transmissibles devraient être alignés sur le plan d’action mondial de l’OMS contre la résistance aux antimicrobiens. 20 Face à la résistance très répandue à la plupart des médicaments utilisés, l’OMS a renforcé le Programme de surveillance antimicrobienne gonococcique en établissant un réseau de laboratoires pour coordonner la surveillance de la résistance aux antigonococciques lié au Système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens.
Interventions contre les infections sexuellement transmissibles visant à améliorer l’intégration et les liens avec d’autres domaines de santé
Mesure 92 : Liens entre les services contre les infections sexuellement transmissibles et d’autres services de santé (complète les mesures communes 9 et 11). Renforcer les liens et la collaboration des services contre les infections sexuellement transmissibles avec d’autres services de santé et leur intégration à d’autres services. La prestation de services contre les infections sexuellement transmissibles parallèlement à d’autres services de santé peut permettre de réduire les coûts et d’améliorer les gains d’efficacité, l’accès aux services et leur utilisation. Compte tenu de la forte morbidité qu’elles provoquent dans divers groupes, il est essentiel d’intégrer les services contre les infections sexuellement transmissibles aux soins de santé primaires. La prévention et la prise en charge des cas devraient être étroitement liées aux services de prévention du VIH, notamment les services communautaires et de proximité destinés aux groupes clés exposés au VIH. L’établissement de liens avec les services de santé des adolescents et les services d’éducation pour la santé à l’école est important pour atteindre les adolescents des deux sexes. Les services contre les infections sexuellement transmissibles devront aussi mettre en place de solides mécanismes d’orientation vers les services d’oncologie. Parmi d’autres domaines dans lesquels les services contre les infections sexuellement transmissibles pourraient être associés à d’autres services figurent notamment la planification familiale, les soins maternels et néonatals, la vaccination, les maladies non transmissibles, la santé mentale et la promotion de la santé, y compris la promotion de la santé sexuelle. Les pays devraient mettre au point des modèles appropriés pour l’intégration et les liens en fonction de leur contexte et des caractéristiques de leur système de santé.
Mesure 93 : Services centrés sur la personne contre les infections sexuellement transmissibles (complète les mesures communes 18 et 19). Élargir l’accès aux services contre les infections sexuellement transmissibles centrés sur la personne et leur utilisation. Les cibles de la lutte contre les infections sexuellement transmissibles ne seront atteintes que si les services deviennent plus accessibles aux groupes les plus exposés. Le recours à des modèles de prestation de services simplifiés doit être élargi et plus largement intégré à d’autres services de santé, relatifs notamment aux soins de santé primaires, au VIH, aux soins prénatals et à la santé sexuelle et reproductive. L’extension des programmes de lutte contre les infections sexuellement transmissibles, y compris les services décentralisés dispensés au moyen d’un partage des tâches avec les soins de santé primaires et les services communautaires devrait reposer sur la science de la mise en œuvre. Les systèmes de santé doivent accroître la capacité des services de soins primaires à prévenir et prendre en charge les infections sexuellement transmissibles au même titre que le VIH et l’hépatite virale. Des efforts ciblés sont nécessaires pour associer les hommes et les garçons aux services de lutte contre ces infections au moyen d’interventions répondant à leurs besoins particuliers. Il faut élaborer des modèles de prestation de services pour rendre les services de grande qualité non stigmatisants accessibles et les faire accepter par les groupes prioritaires, notamment en veillant à ce qu’ils relèvent de la communauté, et pour donner à chacun les moyens de participer activement à la promotion de sa propre santé.
Mesure 94 : Financement de la lutte contre les infections sexuellement transmissibles (complète la mesure commune 23). Mettre en œuvre des stratégies pour accroître les investissements en faveur de la prévention et du traitement des infections sexuellement transmissibles. S’il existe des interventions visant à les prévenir et à les traiter, les autorités nationales et les organismes extérieurs de développement n’ont pas encore donné la priorité au financement de la riposte de santé publique aux infections sexuellement transmissibles. Les pays doivent définir les possibilités de mobiliser des fonds pour la santé sexuelle et d’intégrer la prévention et le traitement des infections sexuellement transmissibles dans des efforts plus larges visant à accroître l’ensemble des investissements en faveur de la santé.
Mesure 95 : Produits essentiels contre les infections sexuellement transmissibles (complète la mesure commune 24). Assurer un accès équitable et fiable à des médicaments, des produits de diagnostic, des vaccins, des préservatifs et d’autres produits de santé de qualité garantie à un prix abordable contre les infections sexuellement transmissibles. Les produits nécessaires pour la prévention, le diagnostic et le traitement des infections sexuellement transmissibles devraient être intégrés dans les systèmes nationaux d’approvisionnement et de gestion de l’offre sanitaire afin de garantir le choix des bons produits, leur achat à un prix raisonnable et une livraison efficace. Les systèmes de surveillance des stocks qui jouent un rôle important pour réduire les ruptures de stock devront être liés aux prévisions nationales de l’offre et de la demande. L’approvisionnement groupé et centralisé à l’échelle nationale et régionale peut contribuer à réduire les coûts, à assurer la qualité et à éviter les ruptures de stock. Il est important de fournir des produits de qualité garantie et les pays achetant des produits qui n’ont pas été préqualifiés par l’OMS ou approuvés par un organisme de réglementation rigoureux ont parfois du mal à obtenir des produits de qualité. C’est actuellement le cas concernant la pénicilline, qui est le seul médicament connu permettant de prévenir la syphilis congénitale. L’OMS collabore avec ses partenaires pour assurer la qualité de la pénicilline dans un avenir proche.
Mesure 96 : Services contre les infections sexuellement transmissibles du secteur privé et des organisations non gouvernementales. Collaborer avec le secteur privé et les organisations non gouvernementales pour améliorer l’accès à des services de grande qualité contre les infections sexuellement transmissibles. De nombreux prestataires, y compris le secteur privé et les organisations non gouvernementales, fournissent des services contre ces infections. La décision de s’adresser ou non à ces services et le lieu choisi sont influencés par leur disponibilité ainsi que par l’idée qu’on se fait de la gravité de la maladie et par des considérations comme le coût, la confidentialité, la convivialité et l’efficacité. Les autorités doivent encourager le secteur privé, les organisations non gouvernementales et les groupes communautaires et s’efforcer avec eux de mettre au point des approches et des collaborations novatrices afin d’offrir davantage de campagnes de prévention et un meilleur accès aux vaccins, aux services de laboratoire, aux traitements et aux soins. Les mécanismes permettant d’associer les prestataires privés et non gouvernementaux aux efforts nationaux visant à améliorer les services contre les infections sexuellement transmissibles comprennent le franchisage en matière sanitaire, les partenariats public-privé et la formation spécifique à ces infections donnée aux agents de santé du secteur privé. Les systèmes nationaux d’information sanitaire devraient être renforcés afin d’encourager les prestataires de soins de santé extérieurs au secteur public à partager les données sur la prestation de services et à participer aux systèmes de suivi de la qualité.
Mesure 97 : Capacité de laboratoire en matière d’infections sexuellement transmissibles. Renforcer la capacité des laboratoires afin d’améliorer la surveillance des infections sexuellement transmissibles et la prise en charge des cas. En raison de la nature souvent asymptomatique des infections sexuellement transmissibles, un diagnostic et un dépistage appropriés en laboratoire sont essentiels. La capacité des laboratoires devrait être renforcée sur la base des systèmes et réseaux de laboratoire existants et des systèmes d’assurance de la qualité pour améliorer la gestion de la clientèle et la surveillance. Leur action doit aussi chercher à comprendre la cause des syndromes et à surveiller la pharmacorésistance. Les conditions applicables aux laboratoires pour les différents niveaux de soins devront être définies et il faudra les doter d’un personnel qualifié et d’équipements suffisants. Des systèmes d’orientation devront être mis en place pour assurer le transport approprié des échantillons et la notification des résultats en temps voulu.
Mesure 98 : Personnel de santé affecté à la lutte contre les infections sexuellement transmissibles (complète la mesure commune 25). Accroître les compétences de l’ensemble du personnel de santé concernant la prise en charge des infections sexuellement transmissibles. L’éducation et la formation en matière de santé sexuelle de tous les agents de santé doivent être élargies afin de renforcer leur confiance et leurs compétences et de veiller à ce que chacun puisse s’adresser aux services de santé sexuelle dans un environnement sans stigmatisation ou discrimination. Les agents de santé, notamment au niveau des soins primaires et communautaires, devront être formés à la prise en compte des antécédents sexuels et à la prestation de services centrés sur la personne qui soient accessibles, acceptables et appropriés.
Orientation stratégique 3 : produire des données et s’en servir pour orienter les décisions et l’action
On trouvera dans cette section une description des mesures propres aux infections sexuellement transmissibles visant à renforcer les systèmes d’information sanitaire afin d’améliorer la disponibilité et l’utilisation ainsi que la responsabilisation. Les mesures décrites ici devraient être mises en œuvre conjointement avec les mesures communes pertinentes visées au chapitre 3, sous l’orientation stratégique 3.
Mesure 99 : Systèmes d’information sanitaire concernant les infections sexuellement transmissibles (complète les mesures communes 30 à 32). Investir en faveur du renforcement des systèmes d’information sanitaire concernant les infections sexuellement transmissibles et les relier plus efficacement aux systèmes d’information sanitaire plus larges. La surveillance des infections sexuellement transmissibles comporte quatre composantes de base : la notification des cas, le suivi de la prévalence, l’évaluation de la cause des syndromes et le suivi de la résistance aux antimicrobiens. Les efforts de surveillance de ces infections devraient être alignés sur les systèmes nationaux d’information sanitaire. Le renforcement de la surveillance des agents pathogènes et de la pharmacorésistance supposera des investissements en faveur de la collecte et de l’analyse des données et du renforcement de la capacité et de la qualité des laboratoires nationaux. Il faut améliorer la notification systématique des données sur les cas et définir les possibilités d’étendre la surveillance de la déclaration des cas syndromiques, qui ne détecte que les sujets symptomatiques ayant accès au diagnostic et au traitement, pour inclure les sujets asymptomatiques ou qui ne demandent pas de soins. Les données devraient être ventilées selon le sexe, l’âge, la condition socioéconomique, la situation géographique et d’autres caractéristiques pertinentes, y compris en fonction des priorités nationales, afin de suivre l’équité en matière d’accès et de résultats. Les systèmes de notification devraient aussi recueillir des données sur d’autres résultats sanitaires liés aux infections sexuellement transmissibles, comme la syphilis congénitale.
Mesure 100 : Données sur les infections sexuellement transmissibles provenant du secteur privé et de prestataires de services non gouvernementaux. Mettre en place des systèmes de suivi pour la collecte de données sur les services contre les infections sexuellement transmissibles fournis et les produits distribués par le secteur privé et les prestataires de services non gouvernementaux. Dans les pays où les laboratoires, les pharmacies et les cliniciens du secteur privé représentent une large part des prestataires de services de diagnostic et de traitement des infections sexuellement transmissibles, il est important de promouvoir la notification régulière de leurs données au système national d’information sanitaire. Il faudrait aussi établir un registre de ces prestataires, prévoir la présentation de rapports normalisés et offrir des définitions de cas et des outils types, ainsi que des mécanismes adéquats pour assurer la qualité des données, leur confidentialité, la coordination et les observations en retour afin d’améliorer les services.
Mesure 101 : Mobilisation communautaire et de la société civile contre les infections sexuellement transmissibles (complète les mesures communes 33 et 34). Mobiliser et soutenir les organisations communautaires et de la société civile, modifier les modèles de prestation de services de santé et apporter des réformes juridiques pour prévenir la stigmatisation, la discrimination et d’autres obstacles sociaux qui entravent l’accès individuel aux services contre les infections sexuellement transmissibles et le respect des droits humains. Les représentants des communautés touchées de manière disproportionnée, y compris les jeunes et les représentants des groupes clés et d’autres communautés stigmatisées et victimes de discriminations devraient être associés à la conception, à la promotion, à la mise en œuvre et au suivi des services contre les infections sexuellement transmissibles ainsi qu’à la promotion d’un soutien accru à ces services. Les approches de prestation de services par la communauté assurent à chacun un plus grand choix d’interventions, notamment en matière de prise en charge de sa propre santé, par exemple en appuyant le recours à l’autoprélèvement d’échantillons concernant les infections sexuellement transmissibles courantes. En tirant parti des stratégies de participation communautaire et d’autonomisation dans le domaine du VIH, les systèmes de santé devraient renforcer le rôle des communautés et des prestataires de services communautaires en tant que partenaires dans la promotion de la santé sexuelle. La participation de la communauté et de la société civile joue un rôle clé dans la lutte contre la stigmatisation et la discrimination auxquelles les personnes atteintes d’infections sexuellement transmissibles peuvent être confrontées. Certains de ces obstacles peuvent être surmontés en adaptant les modèles existants de prestation de services de manière à répondre aux besoins des groupes concernés. D’autres peuvent nécessiter la révision et la réforme de certaines lois, réglementations et politiques qui limitent l’accès aux services de santé. Les organisations de la société civile et les autres parties prenantes qui s’efforcent déjà de réduire la stigmatisation et la discrimination liées au VIH devraient être encouragées à intégrer à leur action l’attention vouée aux infections sexuellement transmissibles.
Mesure 102 : Approches novatrices pour la prévention des infections sexuellement transmissibles. Définir, évaluer et généraliser les meilleures pratiques en matière de prévention des infections sexuellement transmissibles. De nouveaux modèles et produits de prévention sont nécessaires pour élargir l’éventail des interventions disponibles et répondre aux besoins individuels, concernant notamment les vaccins, la prophylaxie post-exposition et les technologies de prévention polyvalentes qui associent la contraception à la protection contre les infections sexuellement transmissibles et contre le VIH. Les progrès obtenus dans les services de prévention du VIH, tels que la prestation de services communautaires et de services destinés aux partenaires sexuels, devront également être évalués afin de déterminer leur utilité pour la prévention des infections sexuellement transmissibles et de les étendre selon qu’il conviendra. Les réseaux sociaux et d’autres moyens d’information jouent un rôle croissant dans la diffusion de l’information sanitaire et il faudrait évaluer les possibilités offertes et les défis à surmonter à cet égard concernant les services contre les infections sexuellement transmissibles.
Mesure 103 : Nouveaux vaccins contre les infections sexuellement transmissibles. Encourager les investissements en faveur de la recherche et des essais cliniques sur des vaccins contre les infections sexuellement transmissibles, notamment en renforçant la collaboration avec le secteur privé et les communautés. La mise au point de vaccins est un élément clé du programme de recherche sur les infections sexuellement transmissibles. La recherche vise notamment à mieux comprendre la pathogenèse, l’immunité et les corrélats de la protection contre diverses infections. Les outils réglementaires devront être renforcés pour que les vaccins homologués contre les infections sexuellement transmissibles puissent être mis sur le marché à l’échelle et en temps voulus et il faudrait mettre en place les mécanismes nécessaires pour assurer une distribution équitable des vaccins aux personnes exposées au risque d’infection. Les données issues d’études observationnelles montrent que les vaccins contre le sérogroupe B de Neisseria meningitidis offrent une certaine protection contre Neisseria gonorrhoeae et des essais contrôlés randomisés sont en cours. Des essais cliniques sont en cours pour évaluer les vaccins thérapeutiques contre le virus de l’herpès simplex, de même que des essais cliniques précoces concernant l’infection chlamydienne. Des essais précliniques sont en cours pour mettre au point des vaccins contre d’autres infections sexuellement transmissibles, y compris des vaccins prophylactiques contre le virus de l’herpès simplex et la gonorrhée.
Mesure 104 : Nouvelles stratégies de diagnostic et de dépistage des infections sexuellement transmissibles. Appuyer l’élaboration et l’évaluation de nouvelles stratégies de diagnostic et de dépistage des infections sexuellement transmissibles. Il est urgent de pouvoir disposer de plateformes multiplex rapides à un coût abordable permettant de diagnostiquer simultanément plusieurs agents pathogènes et de technologies fiables sur le lieu des soins à l’intention des établissements n’ayant pas accès à un laboratoire ou uniquement un accès limité. La mise au point de ces tests facilitera le passage du traitement fondé sur les syndromes au traitement fondé sur les causes. Il faut pouvoir disposer de tests rapides et peu coûteux sur le lieu dessoins pour diagnostiquer la gonorrhée et la chlamydiose et dépister le papillomavirus humain à l’origine du cancer du col de l’utérus ainsi que d’un test rapide peu coûteux capable de distinguer les sujets atteints de syphilis active des porteurs d’anticorps résiduels. La mise au point d’outils de diagnostic fiables et peu coûteux serait également utile contre le papillomavirus humain et les complications liées aux infections sexuellement transmissibles telles que la syphilis congénitale et les maladies inflammatoires pelviennes. Les tests de diagnostic moléculaire sont également nécessaires non seulement pour le diagnostic d’une infection, mais aussi pour repérer et caractériser rapidement une résistance aux antimicrobiens. Des recherches s’imposent aussi pour améliorer la collecte d’échantillons à partir de divers sites anatomiques s’il y a lieu, de même que des recherches opérationnelles sur la façon d’utiliser de manière optimale ces tests dans divers contextes, notamment dans le cas des autotests.
Mesure 105 : Nouveaux traitements contre les infections sexuellement transmissibles. Appuyer la mise au point et les essais cliniques de nouveaux traitements contre les infections sexuellement transmissibles, leurs complications et leurs séquelles. Des recherches sont nécessaires sur de multiples aspects du traitement des infections sexuellement transmissibles, notamment le dosage optimal, les associations et interactions médicamenteuses et les modes d’administration pour améliorer l’accès et l’observance. De nouvelles options de traitement oral peu coûteux et convivial de la syphilis sont nécessaires. Suite à l’apparition d’une résistance au traitement de dernière intention de la gonorrhée et vu le faible nombre de nouveaux médicaments en cours de mise au point, de nouvelles options thérapeutiques antigonococciques doivent d’urgence être mises au point. De nouveaux traitements contre la trichomonase et l’infection à Mycoplasma genitalium sont également nécessaires en raison de l’émergence d’une résistance aux antimicrobiens.
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