« Seul Dieu peut empêcher ma candidature et aucun être humain ne peut empêcher ma candidature pour la Présidentielle », a déclaré le leader de PASTEF-Les Patriotes depuis son fief. Le Bureau politique de son parti a répété le même verbatim, avant hier, en conférence de presse. Mais, avec le verdict de la Cour d’appel de Dakar du 8 mai, le maire de Ziguinchor est devenu inéligible pour une durée de 5 ans, du moins pour l’instant, en attendant le pourvoi en cassation. Et comme on ne change pas la réalité avec le verbe, les « Patriotes » devront choisir entre le secrétaire général Bassirou Diomaye Faye et l’administrateur Birame Soulèye Diop pour pallier à l’exclusion de Sonko du jeu politique pour l’élection présidentielle du 25 février 2024.
Il y a trois jours, le leader de PASTEF-Les Patriotes, Ousmane Sonko, a affirmé que le pouvoir judiciaire est utilisé pour l’écarter de la présidentielle. Il n’a pas manqué de réitérer son appel à la désobéissance civile et à la résistance. Mieux, le maire de Ziguinchor a soutenu être plus que jamais candidat à l’élection présidentielle de février 2024. Il a déclaré : « Seul Dieu peut empêcher ma candidature. Aucun être humain ne peut l’empêcher ».
Le Bureau politique de son parti qui regroupe de jeunes cadres de l’administration publique, du secteur privé, des professions libérales, des milieux enseignants et des hommes d’affaires qui, pour la plupart, n’ont jamais été sur le terrain politique, a aussi répété la même chose en soutenant que Sonko sera candidat à tout prix. Mais le lundi 8 mai dernier, le chef de file de l’opposition a été condamné à une peine de six mois avec sursis par la Cour d’appel de Dakar pour injures publiques et diffamation. Les dommages et intérêts ont été maintenus à 200 millions FCFA avec une contrainte par corps au maximum. Du coup, le maire de Ziguinchor a perdu son éligibilité pour une durée de 5 ans si cette condamnation est effective. Les conseils de Sonko peuvent toutefois se pourvoir en cassation. Néanmoins, tout porte à croire que la décision de Cour d’appel de Dakar serait confirmée. A coup sûr, dans tous les cas, l’ancien inspecteur des impôts ne sera pas de la partie pour la prochaine présidentielle.
Des protestations et des coups de gueule sans effet
Le député-maire Birame Soulèye Diop et Cie sont montés au créneau, avant hier, lors d’une conférence de presse du bureau politique national de Pastef, à la suite du verdict de la Cour d’Appel de Dakar pour protester et soutenir que « Ousmane Sonko sera bel et bien candidat ». L’argument de l’administrateur général de PASTEF est que son leader a été jugé par une chambre composée de façon irrégulière. « Vider le tribunal entier et toutes les salles d’audience pour rendre votre décision n’y fera rien. Votre Cour est irrégulièrement composée. Selon une jurisprudence constante, on ne peut pas être juge et partie dans un procès. Les Faits : La juge Elisabeth GUEYE MBENGUE était substitut d’Amady DIOUF, alors procureur de la République Près le Tribunal de Grande instance hors classe de Dakar. Donc quand Amady DIOUF instruisait le dossier en Instance, il s’est fait assister par Mme Elisabeth. Aujourd’hui, le principe qui a fait qu’Amady DIOUF ne peut pas siéger dans ce dossier en appel fait qu’Elisabeth ne le peut pas » a posté sur les réseaux sociaux le maire de Thiès Nord. Il s’est montré plus véhément lors de la conférence de presse du Bureau politique du parti. En vérité, la protestation et les coups de gueule des membres de PASTEF ne semblent pas ébranler le pouvoir en place .Certains membres de la mouvance présidentielle sont même passés à l’offensive en exigeant l’emprisonnement de Sonko et de tous les responsables de PASTEF.
Diomaye Faye ou Birame Souleye Diop, qui aura le soutien de Sonko ?
La politique a toujours été un rapport de forces brutal ou civilisé avec des élections libres et démocratiques en fonction des régimes. Du moment que ce rapport de force est devenu défavorable à cette frange de l’opposition, il revient aux responsables de ce parti, de songer à faire un choix entre le secrétaire général de PASTEF Bassirou Diomaye Faye et l’administrateur Birame Souleye Diop. Arrêté, vendredi 17 avril, devant son lieu de travail, par des éléments de la Division des Investigations Criminelles (DIC), le patron des cadres de PASTEF bénéficie d’un retour de parquet. Il a été déféré lundi 20 avril dernier pour diffamation d’un corps constitué, diffusion de fausses nouvelles et outrage à magistrat. Bassirou Diomaye Faye a fait l’objet d’un retour de parquet. On ignore pour le moment quand est-ce qu’il va retrouver la liberté afin de mener ses activités politiques. Fidèle parmi les fidèles de Sonko, Diomaye Faye risque également une condamnation pour les mêmes motifs et pour une même peine. En cas de libération, il pourrait bénéficier le soutien de Sonko et être le candidat de substitution du parti. Tout laisse croire qu’il est plus proche du leader de l’opposition. Que les partisans de Birame Souleye Diop le veuillent ou non, Diomaye Faye dégage plus de charisme. Mieux encore, Bassirou Diomaye pourrait fédérer autour de lui les militants et sympathisants.
Quant au Thiessois, Birame Souleye Diop, il est considéré comme le N°2 du parti. Il est l’administrateur général de PASTEF/Les Patriotes et dispose d’une solide base politique. Il a été élu député à l’Assemblée nationale lors des dernières élections législatives. Maire de la commune Thiès Nord, Birame Soulèye Diop reste un homme incapable de gérer ses émotions. Il a versé de chaudes larmes lors de meetings et de conférences de presse en mondovision. Beaucoup de militants estiment qu’il est trop modéré, pondéré voire fragile pour être le leader du parti en l’absence d’Ousmane Sonko. Dans les prochains jours, on saura qui aura le soutien du leader de PASTEF pour déposer sa candidature et aller à la conquête du suffrage des électeurs sénégalais si le président des « Patriotes » tombe sous les affres du pouvoir.
Mamadou DIALLO