Du 18 au 20 juin 2025 à Dakar, s’est tenue une conférence régionale sous le thème : « La CEDEAO à 50 ans : Changer ou Périr – Pour une Renaissance de l’Intégration Régionale ». Cette conférence régionale majeure a réuni les États membres de l’organisations, la société civile, les universitaires, les médias et le secteur privé autour d’un carrefour d’idées. A l’issue de cette rencontre organisée par Afrikajom Center, en partenariat avec la société civile ouest-africaine, des recommandations ont été pour chaque thème abordé.
Dans le document de synthèse des défis et recommandations pour une CEDEAO des peuples, Afrikajom Center rappelle qu’en juin 2025, alors que la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) célèbre ses 50 ans d’existence, il est impératif de se pencher avec lucidité sur ce demi-siècle d’intégration régionale. C’est dans ce contexte historique, riche de défis mais aussi d’opportunités, que s’est tenue à Dakar, du 18 au 20 juin, une conférence régionale d’envergure placée sous le thème fort et évocateur : « Changer ou Périr ». Cette rencontre exceptionnelle a rassemblé plus d’une centaine d’acteurs majeurs – représentants étatiques, institutions communautaires, universitaires, leaders de la société civile, entrepreneurs, et surtout une jeunesse porteuse d’espoir – avec un objectif clair : porter un regard critique et constructif sur l’état actuel de la CEDEAO, ses succès mais aussi ses nombreuses limites, pour dessiner ensemble les contours d’une transformation profonde, nécessaire et urgente.
Selon le think tank, face aux turbulences sécuritaires, aux crises démocratiques répétées, aux fragilités économiques et aux mutations technologiques rapides, la CEDEAO se trouve à un carrefour décisif. Cette conférence a ainsi permis d’identifier avec précision les défis majeurs qui entravent son fonctionnement et son influence, tout en proposant des pistes audacieuses pour bâtir une communauté renouvelée, fidèle à ses idéaux d’intégration, de solidarité et de progrès partagé. Plus qu’une simple évaluation, cette rencontre a été un appel vibrant à l’action collective, à la mobilisation des énergies de tous les peuples ouest-africains, pour faire de la CEDEAO une institution véritablement souveraine, inclusive, démocratique et résolument tournée vers l’avenir. Car à l’heure où le monde se réinvente à l’ère du numérique et des nouvelles géopolitiques, l’Afrique de l’Ouest ne peut plus se contenter de suivre : elle doit prendre pleinement sa place, imposer ses choix, et défendre ses intérêts avec force et cohérence, toujours à en croire Afrikajom Center.
Souveraineté numérique : construire l’indépendance digitale
Les recommandations clés faites à propos de ce thème sont les suivantes :
- Renforcer les infrastructures numériques souveraineset élaborer une stratégie numérique CEDEAO cohérente ;
- Investir massivement dans la formation numériquede la jeunesse et la production de contenus numériques africains ;
- Réduire la dépendance aux géants du numériqueet affirmer la CEDEAO géopolitiquement dans la gouvernance du numérique ;
- Inclure activement la société civile et le secteur privédans la stratégie numérique ;
- Intégrer les droits numériquesdans les démocraties régionales.
Gouvernance, démocratie et droits humains : refonder les institutions
S’agissant de ce domaine, les participants ont émis les recommandations clés à savoir :
- Repenser les institutions régionalespour qu’elles reflètent les réalités sociopolitiques africaines et intégrer la limitation des mandats dans les textes fondateurs (protocole sur la gouvernance) ;
- Renforcer les contre-pouvoirs et la reddition des comptes, et digitaliser les activités de la CEDEAOpour une meilleure accessibilité et transparence.
- Améliorer la qualité des électionsen garantissant transparence, équité et crédibilité des processus électoraux, et renforcer les institutions de contrôle (parlements, judiciaire) ;
- Promouvoir l’éducation civique et démocratique, protéger les médias indépendantset garantir l’accès à l’information comme un droit fondamental ;
- Réformer le Parlement de la CEDEAOpour une meilleure représentation citoyenne, en ouvrant les postes à des membres issus de la base citoyenne ;
- Instaurer un cadre régulier de dialogueentre institutions communautaires et populations pour une transparence accrue dans la gouvernance régionale.
Rôle de la jeunesse, des femmes et de la société civile : acteurs clés de l’intégration
Pour ce thème, on peut retenir les recommandations clés suivantes :
- Créer un fonds CEDEAO pour la jeunesseet promouvoir leur participation à la gouvernance, en exploitant le dividende démographique par l’éducation, l’innovation et l’intelligence artificielle ;
- L’inclusion sociale complètedes femmes, des jeunes et des personnes en situation de handicap, notamment en facilitant leur accès aux espaces de décision régionaux et en assurant des quotas plus ambitieux pour les femmes ;
- Renforcer l’implication des organisations de la société civiledans les organes de la CEDEAO comme partenaires, en favorisant le dialogue avec les pouvoirs politiques pour assurer redevabilité et transparence ;
- Valoriser la parole citoyenneet travailler à réconcilier le citoyen avec les institutions.
Intégration économique et monétaire, et secteur privé : vers une autonomie économique
Ici, les recommandations préconisées par les participants sont:
- Harmoniser les réglementationset développer les infrastructures (notamment pour connecter les villes africaines) pour faciliter la libre circulation des biens ;
- Soutenir les PME et startupset cultiver la syndication d’entreprises (joint-ventures) pour améliorer la valeur ajoutée locale ;
- Adopter une monnaie commerciale communecomme solution face aux défis de la monnaie unique, afin de laisser une marge aux souverainetés nationale ;
- Impliquer le secteur privé dans la souveraineté énergétique et commerciale ;
- Respecter strictement les textes de la CEDEAOet impliquer les citoyens dans les processus d’intégration économique ;
- Mettre fin à la dépendance au franc CFAet assurer un financement autonome du développement, sans dépendre uniquement des bailleurs extérieurs ;
- Trouver la voie de l’industrialisationen Afrique en s’appuyant sur des secteurs clés comme l’agriculture, l’agroalimentaire, les services financiers, la télécommunication et l’énergie.
Libre circulation des personnes et des biens : garantir la mobilité effective
Pour les recommandations clés émises pour ce thème, il faut noter les suivantes :
- Sanctionner les agents qui violent les droits des citoyensaux frontières et les former aux principes de la citoyenneté communautaire ;
- Réduire le coût des vols sous-régionaux(objectif : -25%) et généraliser l’usage de la carte biométrique CEDEAO ;
- Mettre en place des centres d’accueil pour les femmes vulnérables aux frontièreset promouvoir le respect des droits des femmes migrantes ;
- Reconnaître les diplômes universitairesdans l’espace CEDEAO.
Awa BA