La réaction faite à travers la presse et dans les réseaux sociaux attribuée à Karim WADE qui aurait menacé de démissionner de la politique ou de quitter le Pds en cas du vote de la loi d’amnistie, a fini d’installer un malaise profond dans les rangs du parti. La majeure partie des membres des mouvements de soutien au fils de Me Abdoulaye WADE ne sont pas d’accord avec cette position dont certains ont remis en cause. Parce qu’ils ne croient pas que Karim Wade soit l’auteur de cette position exposée dans les média. Mais il est évident que jamais Mme Nafi Diallo ne ferait pas cette déclaration sans avoir parlé avec Karim Wade auparavant. Donc, les propos de Mme Nafi Diallo peuvent être considérés comme crédibles. Dans ce cas de figure, il n’y a pas deux hypothèses possibles. Toutefois, on peut se demander si Karim Wade s’est confié à Mme Nafi Diallo, dans un cadre strictement privé ou s’il lui a demandé de le dire publiquement ? C’est une autre question.Mais toujours est-il que Karim Wade devrait comprendre l’amnistie ne le concerne pas en tant qu’individu, intuitu personae.
Karim WADE s’éloigne de la politique
Les actes qu’il pose depuis son arrivée à Doha laissent penser que Karim WADE n’est plus intéressé par la politique sénégalaise. D’abord il n’a rien fait pour massifier le Pds. Les départs s’enchaînent sans que des initiatives ne soient prises pour éviter cela. De hauts responsables du PDS sont partis alors qu’ils ont tout donné à ce parti.
A la veille de chaque élection, le Pds connaît des défections. Tous les responsables du Pds emprisonnés sous le régime de Macky Sall aux mêmes moments que Karim Wade, ont presque tous démissionné du parti. Et pourtant, c’est dans leur combat contre l’arrestation de Karim WADE qu’ils ont été injustement arrêtés. On peut citer Omar Sarr, Samuel Sarr, Amadou Sall, Bara Gaye, Madicke Niang, Toussaint Manga, Mamadou Massaly, Marie Aw, Amina Ngirane, FarbaSenghor, Pape Samba Mboup etc…
Ceux qui n’ont pas démissionné, ont gelé leur activité à cause du mauvais management de Karim WADE qui instrumentalise des jeunes inexperts depuis Doha. Qui pouvait croire qu’un jour, le Docteur Cheikh DIENG allait quitter le Pds ? Ce monsieur qui fait partie des rares cadres à avoir tenu le navire à des moments sombres de l’histoire du Pds?
Qui eut cru que Lamine BA ne serait pas investi à des positions où il pourrait être élu député, vu sa constance dans le combat et sa loyauté.
Où sont Aziz Diop, Tafsir Thioye et les autres jeunes cadres chevronnés du parti? Cette maladresse dans le management du Pds qui a provoqué tous ces saignées, doit être rectifiée. Un parti qui perd autant de cadres ne peut pas espérer accéder au pouvoir. Car le projet politique doit être porté par des hommes et des femmes qui ont une histoire et des liens qui leur permettent de mener des conquêtes politiques et de soulever des montagnes.
C’est le contraire de Karim WADE qui semble avoir des malentendus avec toute personne qui s’oppose à ses méthodes fractionnistes non concertées. Certes il y a des gens qui acceptent de se soumettre à Karim sans rechigner. Par contre, la plupart des responsables ne partagent pas son approche. Ils refusent d’être des benni oui oui. Tel un spectateur, Karim observe sans réagir face à ces nombreuses démissions. Seulement, il devait juste revoir son management pour animer le parti et ses instances. Son attitude laisse croire qu’il n’est plus intéressé par la politique et que le Pds n’est pour lui qu’un outil qu’il instrumentalise à sa guise pour exister dans l’esprit d’une minorité. Et pourtant, des jeunes et des femmes continuent de croire en lui en dehors du Pds. Seulement, il ne pose aucun acte qui peut entretenir l’espoir de ces jeunes et de ces femmes. Il ne faudrait pas s’étonner de voir démissionner du parti d’autres responsables, du fait de la léthargie ambiante et du mauvais management dont souffre cette formation politique historique.
Karim WADE traine un handicap en communication
Karim se contente de balancer des communiqués de presse en français dans un pays où 70% des populations ne savent pas lire cette langue. L’arabe serait plus compréhensible pour les masses. Le candidat du Pds ne devrait pas avoir des difficultés pour passer son message auprès des masses populaires sénégalaises. Il a la potentialité dans son parti qui compte des hommes et des femmes qui avaient assumé de hautes responsabilités étatiques.
Sur le plan de la communication, le Pds a connu deux temps forts:
La «Com» du Pds lors de l’emprisonnement de Karim
Emprisonné à Reubeuss, Karim WADE s’était appuyé sur l’expérience politique des responsables du parti qui avaient bâti une stratégie de communication très efficace. D’abord, le Comité Directeur du Pds avait adopté une démarche offensive dans sa communication. Sur tous plateaux télé et radio, les responsables du Pds avaient porté la bataille médiatique pour la libération de Karim WADE. Il y avait une procédure des validations des communiqués du Comité Directeur. Aucun couac n’était autorisé. D’une part, on avait noté le fort engagement d’Oumar SARR, Doudou Wade, Nafi Diallo, Mayoro Faye, Madické Niang, Lamine Ba actuel président des Cadres, Dr Cheikh SECK, Bachir Diawara, le défunt Pacotille, Ngaraf Mbaye, Woré SARR, Toussain Manga etc… Ils étaient tous au front. On ne peut pas les citer tous…
D’autre part, il y avait le pool d’avocats de Monsieur Wade composé de sénégalais et d’étranger. Là également, tout marchait sans anicroche. Il y avait un maillage juste de la presse sénégalais. Les rôles étaient bien répartis entre les responsables et les groupes de presse était ciblés. La bonne planification permettait aux responsables d’intervenir dans les émissions politiques de week-end sur les radios et les télés les plus suivies. Au niveau international, les avocats de Monsieur WADE faisaient des apparitions fréquentes sur France24, Rfietc… Cela avait permis aux sénégalais d’avoir des informations à temps réel sur le dossier de la Karim WADE au niveau de la CREI.
Ensuite, on avait remarqué l’engagement des partis alliésréunis autour de Front National pour la Défense de la République (FNDR) avant la création de Wallu Sénégal en 2016. Là, il faut relever la détermination de Mamadou DiopDecroix leader d’Aj/Pads qui a été au-devant de toutes les batailles pour la libération de Wade fils. Il n’était pas le seul.
Que dire des Mouvements de soutien pour la libération de Karim WADE. Ils étaient plusieurs centaines à travers le Sénégal et le monde. S’y ajoutent les personnalités indépendantes qui avaient porté également la bataille pour la libération de Karim. On peut en citer Alinar Ndiaye, Awa Abdoul BA, Aminata Sakho, Saer marchand ambulant entre autres… Les mouvements avaient fait un maillage complet du pays.
Il y avait un décloisonnement entre le parti, le pool d’avocats et les mouvements de soutien. Depuis sa cellule à Reubeuss, Karim WADE suivait les événements. Et il devrait être ébahi en voyant tous ces milliers de jeunes qu’il ne connait pas, prêts à en découdre pour sa libération. Devant la prison, plusieurs centaines de personnes faisaient la queue pour lui rendre visite.
Des journalistes qui avaient combattu son père, rasaient les murs de Reubess, sous la chaleur pour le voir. Karim WADE était la grande attraction dans cette prison, du fait uniquement, de l’engagement du parti à le faire libérer. Les sénégalais étaient convaincus que Wade fils allaient devenir le président de la République du Sénégal en 2019. Ce que Karim WADE n’avait pas réussi à avoir lorsqu’il était Ministre d’Etat, il l’a eu en étant entre 04 murs…Cela s’explique par la détermination de ses militants, des responsables du parti et des sénégalais en général.
En plus, la communication politique du Pds était adoubée par le président Me Abdoulaye WADE qui, dans toutes ses sorties au Sénégal, comme à l’étranger, rassurait les militants.
b-La «Com» du Pds depuis Doha
C’est lorsque Karim WADE est parti au Qatar que la communication du Pds a perdu toute sa pertinence et son organisation. Désormais, c’est lui gère tout depuis son exil.Des confusions surgissent dans la démarche. Des nouvellestêtes émergent à détriment des anciens. Des ténors quittent du fait de leurs relations souvent heurtées avec Karim WADE. A chaque restructuration du parti, des caciques sont relégués au second plan. Finalement, les frustrés quittent le navire. Karim Wade mise sur des jeunes inexpérimentés pour dérouler sa stratégie et aller à la conquête du pouvoir. Ses choix des hommes suscitent de la frustration au sein du parti.
Mais, la plus grosse erreur qu’il avait commise c’est d’avoir fait croire aux militants son retour au Sénégal pour participer à la présidentielle de 2019. Le non-respect de cette promesse avait eu des conséquences négatives sur la morale des militants. Et pourtant, c’est lui-même qui avait tenu cette promesse. Cela n’avait pas été sans conséquence sur la communication du parti. Parce que plusieurs responsables étaient fermes sur les plateaux télé et radio en promettant le retour de Karim WADE en 2019. Finalement, la parole donnée n’avait plus de sens aux yeux de l’opinion. Les actes et les faits sont plus importants que les mots. Voilà pourquoi, Karim devrait respecter son engagement en rentrant au Sénégal à tout prix lors de la présidentielle.
L’autre hic c’est qu’il veut toujours contrôler la communication du Pds par des communiqués balancés dans les rédactions sans aucune concertation ni validation par le parti. A un moment donné, les journalistes avaient commencé à douter sur le véritable auteur des communiqués de presse rédigé au nom du Pds. Est-ce Me Wade ou son fils Karim, l’auteur des communiqués se demandaient certains journalistes et observateurs ?
Aujourd’hui, qui parle au nom du Pds dans les média ? Qui fait la répartition des rôles dans la commission communication ? Existe-t-il un circuit de validation des communiqués ? Est-ce qu’un plan médiatique digital a été élaboré pour le Pds ? Comment sont administrées les plateformes web ? Pourquoi le Comité Directeur du Parti ne se réunit plus ? Pourquoi l’Ujtln’émet plus ?
Karim WADE a le devoir de réunir toute la famille libérale en tant que fils de Me Wade l’un des timoniers du libéralisme africain. L’autre difficulté dénoncée en silence par les responsables, c’est que Karim Wade parle au mal téléphone avec certaines personnes, pourtant, plus âgés que lui. SadaNdiaye semble avoir quitté le parti pour ces raisons. Il n’est pas le seul à avoir souffert de ces écarts.
La remarque est que le Pds était plus vivant lorsque Karim WADE était en détention que maintenant. Il urge maintenant de corriger les imperfections dans la communication du parti et que les responsabilités soient réparties avec des séances d’évaluation rapprochées. Il faut une équipe dynamique pour gérer la communication d’un parti d’opposition de la taille du Pds.

Il n’y aura pas de révision du procès de Karim WADE
La surenchère politique n’a pas de gain. Pour éviter de descendre dans l’arène, certains lutteurs exigent l’impossible. C’est le constat qui a été fait des propos que Karim WADE aurait confiés à Mme Nafi Diallo. Exiger une révision du procès comme condition pour revenir en politique, c’est fuir ses responsabilités. Car le procès de Karim WADE ne sera jamais révisé à moins qu’il le fasse le jour où il sera élu président de la République. Le Sénégal est à moins de 24 mois de la présidentielle de 2024. Donc matériellement, ce procès ne peut pas être réorganisé avant 2024. Cela veut dire alors que Karim WADE a décidé de quitter l’arène politique pour s’occuper de ses propres business au Qatar.
On se rappelle, Mamadou Dia avait sollicité la révision de son procès dans l’affaire du coup d’Etat de 1962. Il a toujours nié les accusations portées par Léopold Senghor contre lui et ses proches arrêtés à l’époque dans cette affaire. Jusqu’à sa mort, le procès n’avait pas été révisé malgré les engagements pris par son ancien avocat Me Abdoulaye WADE au cas où il devait président de la République du Sénégal. Et pourtant, de 2000 à 2012, le procès de Mamadou Dia n’avait pas été révisé.
Ensuite, le régime socialiste avait accusé Me Abdoulaye WADE dans l’affaire Me Babacar SEYE. Le Pape du Sopiavait considéré cette étape de son engagement pour le Sénégal comme une tentative d’élimination politique orchestrée par les socialistes. Cela ne lui avait pas empêché de poursuivre son combat politique jusqu’au mois de Mars 2000 date à laquelle il a été élu président de la République par ses compatriotes qui n’ont jamais cru à sa culpabilité dans l’affaire Me Seye.
Karim WADE semble n’avoir rien appris du parcours de son père. Car ce qui compte ce n’est pas ce qu’ont dit les juges de la CREI, mais plutôt la perception que les sénégalais ont de lui et de sa condamnation. Ces compatriotes qui s’impatientent pour son retour, n’ont jamais cru à sa culpabilité. Cela est confirmé par les sondages qui placent Karim WADE en 2eposition derrière Macky SALL depuis 2019.
Alors, exiger la révision de son procès comme seule condition pour reprendre ses activités politique est synonyme d’une fuite en avant et d’un renoncement.
Il devrait juste avoir le courage de l’annoncer publiquement pour libérer tous ces milliers de jeunes et de femmes qui croient en lui. Aujourd’hui, il a d’énormes chances pour gagner la présidentielle de 2024 s’il prenait les choses en main dés maintenant en investissant le terrain avec un programme alternatif crédible. Tout le reste est à ranger dans le registre d’une crise d’adolescence.
Enfin, Karim WADE et ses proches gagneraient à comprendre que l’amnistie ne concerne aucune personne. Ni Khalifa SALL, ni Karim WADE ne sera amnistié. La loi d’amnistie visera des faits qui se sont déroulés dans une période donnée. Dès qu’elle sera votée, des individus et pas uniquement des politiques, pourront en profiter politiquement.
Pour conclure, disons que jamais, Karim WADE ou Khalifa SALL ne seront conduits de force au Conseil constitutionnel pour déposer leur dossier de candidature en 2024. Cela relève de leur volonté personnelle et de leur bon vouloir.
Mor MBAYE
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