Le président de la République a fait son discours « d’adieu » aux Sénégalais. Robert Bourgi a analysé cette adresse à la Nation de Macky Sall qui, à l’en croire, a fait des réalisations extraordinaires au Sénégal.
Comment vous avez trouvé le discours de nouvel an du chef de l’Etat Macky Sall ?
Ce discours, je l’ai trouvé absolument extraordinaire, dense, plein d’émotion et qui était non seulement, un rappel de ce qu’il a fait. Et ce qu’il a fait depuis 2012 est véritablement grandiose. Mais c’est un discours tourné vers l’avenir. Parce qu’il a souvent été question dans ce discours, de la force de la jeunesse au Sénégal, comme de la force de la jeunesse en Afrique. Au Sénégal, rappelons-le que la jeunesse représente 66% de la population. C’est un discours véritablement unique dans sa densité, dans son évocation, de ce que fut le passé politique du Sénégal et de ce qu’il espérait pour le Sénégal de demain, entre les mains de celui que le peuple sénégalais choisira comme son successeur en février 2024. Et, ce que j’ai apprécié c’est cette phrase. Le Sénégal dont il a hérité en 2012 n’est plus le Sénégal qu’il va transmettre à son successeur en 2024. Le Sénégal a changé du tout au tout.
Cet homme a fait des choses importantes au Sénégal depuis 2012 aux yeux des Sénégalais ?
Le président Macky Sall n’a pas fait depuis 2012 des choses importantes. Il a fait des choses et des réalisations extraordinaires. Des infrastructures routières, industrielles, économiques se sont multipliées. Ce sont des infrastructures du XXIe siècle que l’on retrouve en Europe et dans peu de pays d’Afrique. Aujourd’hui, vous traversez le Sénégal, d’Ouest en Est, du Nord au Sud, en quelques heures sur des routes plus que modernes, goudronnées, élargies, sur les autoroutes. Vous êtes à Dakar à 10 heures du matin, et tout d’un coup vous éprouvez le besoin d’aller faire un tour dans la ville sainte de Touba ou Tivaouane. Vous y êtes en 2 heures, 2 heures et demi maximum. Vous allez à Mbour, à Saly en une heure. Alors qu’auparavant, il fallait des heures et des heures, dans des conditions épouvantables et dangereuses. Il a créé des infrastructures sportives qui n’ont pas leurs pareilles en Afrique et en Europe. Vous avez un des stades les plus beaux du monde. Le stade du président Abdoulaye Wade. Vous avez des auditoriums, des halls d’expositions, des salles de conférences. Macky Sall a créé une ville nouvelle, Diamnadio, qui se développe à une vitesse vertigineuse, avec tout le confort possible. Vous avez des routes qui longent l’océan. Vous avez la création de nouveaux ports de dimensions extrêmement importantes qui vont concurrencer Dakar. Vous avez des lignes de chemin de fer qui se développent dans la modernité la plus totale. Vous avez aussi des infrastructures sportives qui concernent toutes les disciplines sportives. Des infrastructures qui concernent la musique, le chant. Vous avez la création d’aéroports nouveaux dans toutes les régions du Sénégal. Et vous avez aussi les transports en commun qui sont ceux que l’on retrouve au Japon et en France. Et je dirais même dans quelques villes de France. Les TER et autres moyens de transport en commun. Ce que je regrette, c’est que les manifestants aient aveuglément détruit certains de ces moyens de transport. Comme ils ont détruit, hélas, des établissements d’enseignement. Oubliant par-là que le Sénégal, depuis des siècles est en avance sur tous les territoires de l’empire français. C’était une pépinière d’élèves, une pépinière d’étudiants. Le Lycée Vanvo accueillait les lycéens de tous les pays d’Afrique. Il y avait une « école médicale, il y avait l’école William Ponty. Les jeunes manifestants qui ont tout détruit, les lycées, les collèges, les universités, les campus et les bus. Ils ont oublié tout cela. C’est regrettable. Mais la trace de Macky Sall, elle est à travers toutes ses réalisations. Il faut lui rendre un hommage qu’il mérite, un hommage exceptionnel. Le Sénégal d’aujourd’hui, effectivement, n’a plus rien à voir avec le Sénégal de 2012. C’est un Sénégal nouveau, moderne, révolutionnaire même sur le plan de l’équipement. On s’éclaire partout dans les villages au Sénégal alors que les coupures d’électricité il y a quelques années, étaient une misère dans ce pays qui se voulait à l’avant-garde de l’Afrique. Oui, le président Macky Sall est un bâtisseur. Un bâtisseur d’une dimension exceptionnelle.
Il a décidé de créer une fondation. On a l’impression qu’il va continuer à œuvrer pour l’Afrique à travers le monde car durant son magistère, il a beaucoup travaillé pour le continent.
Le président a décidé de créer une Fondation. Mais si la fondation est une action à louer, à saluer, ce n’est rien à côté de l’œuvre qu’il va continuer à développer à travers toute l’Afrique. Vous ne trouvez pas un discours du président Macky Sall où il ne met pas en avant l’Afrique. Il parle de son pays qu’il a à cœur. Il parle de l’Afrique. Aux Nations Unies et ailleurs, dans les tribunes internationales où il était invité, il mettait en avant le devoir de l’occident vis-à-vis de l’Afrique. Le devoir des pays développés au regard de l’Afrique, le devoir des grandes puissances au regard de l’Afrique. Ne l’oublions pas très vite. Et n’oubliez jamais le discours qu’il a prononcé à l’assemblée générale des Nations Unies en septembre 2022. Un discours extraordinaire qu’il faudra enseigner dans les écoles depuis le primaire jusqu’au secondaire. Bien sûr qu’il va continuer à travailler pour l’Afrique. Et il le démontrera. Ne croyez pas qu’il va s’arrêter de travailler en avril 2024. C’est mal le connaître. Il va prendre son bâton de pèlerin et sillonner le monde, recenser les besoins de l’Afrique et de son pays. Il va sillonner le monde pour trouver les solutions aux problèmes inhérents à l’Afrique.
On dit que le président Macky Sall est une chance dans cette Afrique souvent en crise
Oui, le président Macky Sall est une chance dans cette Afrique souvent en crise. Il dispose d’une équation personnelle véritablement exceptionnelle. Il a un charisme qui éclate aux yeux. Il a une sagesse qui reflète sur son visage. Une douceur dans ses propos. Une conviction inébranlable qu’il faut toujours être aux soins de l’Afrique et des Africains. Ayant discuté de nombreuses fois avec lui, nous évoquions les crises qui traversaient l’Afrique, qui bouleversaient l’Afrique. Il en était très affecté. Mais il me disait: Robert : «Je ne baisserai jamais les bras. Quand je sentirai la force et quand je sentirais la possibilité de mettre fin aux crises ». Rappelez-vous quand il était président de l’Union Africaine. Ce qu’il a fait est remarquable. Il est même allé jusqu’à Sotchi en Russie pour essayer de régler la crise entre la Russie et l’Ukraine. Ils étaient reçus pendant des heures par Poutine quand le président Macron, lui-même, a eu droit à une table de six mètres de long qui le séparait de son nom homologue russe. Alors que Macky Sall et le secrétaire de l’Union Africaine étaient assis à deux mètres de Poutine et qu’ils ont déjeuné avec lui. La parole de Macky Sall est une parole sage. Je suis bien placé pour vous dire qu’elle est très écoutée, très écoutée. Et c’est pour cela que tout au long de l’année 2022 et 2023, je me suis opposé dans les interviews à tous ceux qui dénigraient le président Macky Sall. Parce qu’ils n’étaient pas dans l’erreur, ils étaient dans la faute. Véritablement, le président Macky Sall est une grande chance pour l’Afrique. Ça a été une chance pour le Sénégal. Mais c’est une grande chance pour l’Afrique en général.
Pensez-vous qu’il peut faire quelque chose pour aider le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Libye et le Soudan en crise politique ?
Il est évident que le président Macky Sall devrait efficacement, positivement s’investir pour la solution des crises dans les pays africains qui sont secoués par les coups d’Etats, Mali, Niger, Burkina Faso. Sans oublier les crises violentes et des guerres civiles comme en Libye, au Soudan. Avec un mandat de l’ONU et soutenu par les grandes puissances, Macky Sall peut faire des miracles. J’en suis convaincu. Pourquoi ? Parce que sa voix est écoutée. Avoir une parole écoutée, c’est énorme dans un monde en crise. Susciter la confiance, disposer de la confiance, provoquer la confiance ne sont pas donné à tout le monde. Mais le président Macky Sall dispose de ces trois atouts. Lorsqu’il aura quitté la charge suprême au Sénégal, je m’attends à ce qu’il fasse le tour du monde, le tour des grandes capitales où il sera attendu, accueilli à bras ouverts, écouté par les grands de ce monde. Ne serait-ce que dans la dernière crise nigérienne, il y avait des va-t-en-guerre. Je pense au président du Nigéria lui-même, secondé par un non moins belliciste dirigeant, Alassane Ouattara. Allez, formez vos bataillons, on va attaquer. C’était d’un ridicule. Comment peut-on penser, imaginer, envisagez qu’un soldat africain allait tuer un autre soldat africain ? Comment imaginer que le président du Nigéria va s’attaquer à des gens de son ethnie au Niger. Je regrette que le président Macron et les pseudos spécialistes de nos instituts français n’aient pas pu voir que cela était impossible. A imaginer qu’un soldat noir allait combattre et tuer un autre soldat noir fut-il d’un autre pays. Non, non, non. Surtout le président du Nigéria qui appartient à la même ethnie que ce qu’il avait appelé à combattre. Et certains de nos journalistes spécialistes des questions africaines en France ont dit : « ça y est, nous sommes à la veille d’une déclaration de guerre, de l’invasion du Niger, que vont faire les maliens, que vont faire les burkinabés face à la force de la CEDEAO ? ». Certes, le président Macky Sall avait dit qu’il enverrait des soldats mais au fond de moi-même, je savais que ce n’était que des paroles. Le président Macky Sall est un homme de paix. Je dis bien de paix. Vous ne retrouverez jamais une déclaration belliciste comme celle que l’on a entendue dans la bouche du président du Nigeria et dans la bouche du président Alassane Ouattara qui se sont couverts de ridicule face à la nation africaine, face à la jeunesse africaine, face aux populations africaines. Et, ils portent une grande responsabilité dans la perte de la crédibilité des présidences africaines au regard de l’occident et des grandes puissances. Mais Macky Sall n’a pas été touché par cela. Souhaitons-lui de quitter le pouvoir en pleine santé. Comme je l’ai trouvé tout dernièrement à Dakar. Grâce soit rendue à l’Eternel de nous l’avoir préservé. Et vous verrez que dès qu’il quittera le pouvoir après quelques jours de repos quand même, il prendra son bâton de pèlerin et sillonnera le monde. Puisque nous sommes à la période des vœux. J’ai envie de lui souhaiter quelque chose par l’entremise de votre journal. Macky Sall, mon frère, mon ami et j’oserais même dire : mon complice pour certaines choses. Tu mériterais d’œuvrer pour la paix, non seulement en Afrique, mais dans le monde. Tu mériterais de siéger à New York au poste de secrétaire général des Nations Unies quand le si sage et précieux Antonio Guterres aura fini son mandat. Je fais ce vœu ardent que partagent avec moi, des millions de femmes et d’hommes, qu’il devient le secrétaire général des Nations Unies. J’espère que ma parole et que mes vœux seront écoutés et réalisés. Propos recueillis par Malick SARR
