Consacrant «l’autonomie sous souveraineté marocaine» comme la solution la plus réalisable et incitant l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU à mener des négociations sur la base du plan d’autonomie, la résolution 2797 du Conseil de sécurité a été adoptée ce vendredi 31 octobre 2025 par le Conseil de sécurité. Point d’inflexion majeur dans le processus de règlement du conflit sur le Sahara, la décision sonne la fin de partie pour l’Algérie et interroge sa capacité à tourner la page d’un demi-siècle d’hostilité envers le Maroc et de se projeter vers l’avenir.
Le 31 octobre 2025 est une journée historique. Elle marque une date importante dans l’histoire contemporaine du Maroc et conforte la vision et la détermination du roi Mohammed VI pour solder le conflit artificiel du Sahara. Le tournant dans le dossier du Sahara occidental a eu pour théâtre New York. Plus précisément au siège de l’ONU.
Revue à trois reprises et objet de longs débats au sein du Conseil de sécurité depuis la présentation de sa première mouture le 22 octobre dernier, la résolution 2797 du Conseil de sécurité sur le Sahara a été adoptée ce vendredi 31 octobre 2025 par 11 voix favorables (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Guyana, la République de Corée, Sierra Leone, la Slovénie, le Danemark, la Grèce, le Panama et la Somalie), 0 contre et 3 abstentions (Russie, Chine et Pakistan). A l’instar de l’année dernière, l’Algérie a fait le choix de ne pas prendre part au vote.
On retiendra que la Russie n’a pas opposé le véto sur lequel ont spéculé pendant plusieurs jours les porte-voix du régime d’Alger. On retiendra aussi que les représentants de l’Afrique, la Somalie et la Sierra Leone, ont voté pour la résolution. Le troisième représentant de l’Afrique, l’Algérie, partie prenante au conflit, a choisi sans surprise de boycotter le vote.
Pour que le texte passe, il fallait, selon l’article 27 de la Charte des Nations unies, un minimum de 9 voix sur 15, incluant les votes positifs des cinq membres permanents du Conseil de sécurité. Un veto aurait bloqué l’adoption de la résolution. Ce ne fut pas le cas ce vendredi et le texte est passé. Au grand dam de l’Algérie qui, jusqu’au bout, a activé tous les leviers à sa disposition pour faire barrage ou, du moins, altérer le fond de la résolution. Peine perdue.
On retiendra aussi que le Maroc n’a pas recueilli le strict minimum de 9 voix pour que la résolution soit adoptée. C’est un vote favorable de 11 voix qui entérine le plan d’autonomie, présenté par le Maroc, comme unique horizon au différend du Sahara. Le Royaume du Maroc a relevé, haut la main, le défi de l’adoption de la résolution sur le Sahara au Conseil de sécurité de l’ONU.
«Une véritable autonomie sous souveraineté marocaine»
Le peu de changements qu’a connu la première mouture du texte, dont les États-Unis sont le pen holder (porte-plume), n’auront concerné que des questions de forme liées à des adaptations au langage onusien, sans rien céder sur le fond. L’essence est restée intacte et elle change radicalement tous les paramètres ayant, jusque-là, présidé à la gestion du dossier. Le texte consacre d’emblée le plan d’autonomie sous souveraineté du Maroc comme LA solution au différend, à l’exclusion de toutes les autres propositions. Dans son paragraphe préambulaire 4, on y lit que le Conseil de sécurité prend note «du soutien exprimé par de nombreux États Membres à la Proposition d’autonomie du Maroc, présentée au Secrétaire général le 11 avril 2007, en tant que base d’une solution juste, durable et mutuellement acceptable au différend». Mieux, le Conseil de sécurité affirme «qu’une véritable autonomie sous souveraineté marocaine pourrait constituer la solution la plus réalisable» et souligne l’engagement des membres du Conseil à faciliter les progrès dans ce sens. La souveraineté marocaine sur le Sahara occidental est ainsi écrite noir sur blanc dans une résolution de l’instance décisionnelle de l’ONU.
Les propos sont lourds de sens. Ici, l’autonomie sous souveraineté marocaine est désignée comme la solution de référence. La seule qui vaille. Aucunement citée dans la résolution, l’autodétermination par référendum est définitivement enterrée. Le seul cadre légitime pour un règlement du conflit est le plan marocain. La souveraineté marocaine n’est plus une hypothèse de travail, mais l’élément normatif d’une solution politique. La formulation «pourrait constituer la solution la plus réalisable» atténue en apparence le propos, mais en diplomatie onusienne, ce langage équivaut à une validation nette. Le débat à venir ne porte plus sur qui détient la souveraineté, mais sur comment organiser l’autonomie dans le cadre de cette souveraineté. C’est donc une mutation du paradigme onusien, qui fait passer le Maroc du statut de «partie au conflit» à celui de titulaire légitime du cadre souverain.
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La légalité internationale vient, elle, du «soutien exprimé par de nombreux États Membres à la Proposition d’autonomie du Maroc». Partant du constat, le texte engage le Secrétaire général de l’ONU et son envoyé personnel pour «faciliter et mener des négociations s’appuyant sur la Proposition d’autonomie du Maroc en vue de parvenir à un règlement juste, durable et mutuellement acceptable du différend, conforme à la Charte des Nations unies». Il «accueille favorablement toute proposition constructive que les parties pourraient formuler en réponse à ladite Proposition d’autonomie».
(Traduction non officielle)
Cette phrase figure dans la partie opérative du texte, c’est-à-dire la partie contraignante et directive d’une résolution, le préambule étant déclaratif. Cela signifie que le Conseil de sécurité donne une orientation claire au processus de négociation, et précise le cadre de référence dans lequel ces négociations doivent désormais s’inscrire. C’est un mandat politique fort pour agir dans une direction précise, celle qui s’appuie sur le plan d’autonomie du Maroc.
Le fait que le Conseil de sécurité exhorte le SG de l’ONU et son envoyé personnel à «mener des négociations s’appuyant sur la Proposition d’autonomie du Maroc» est capital. On ne parle pas d’une «proposition d’autonomie» abstraite, mais bien de celle du Royaume, donc d’un plan national et souverain. En langage onusien, cela s’appelle les limites d’un mandat ou le cadre à ne pas dépasser. Et le Conseil de sécurité a décidé que le cadre des négociations se fera sur la base de la proposition d’autonomie, formulée par le Royaume du Maroc.
C’est là une reconnaissance du Maroc comme acteur central et porteur crédible et légitime de la solution. Et puisque les négociations doivent s’appuyer sur le plan marocain, cela exclut, de fait, les autres scénarios comme solutions possibles. Et que l’on ne s’y trompe pas. Quand le Conseil de sécurité affirme accueillir «favorablement toute proposition constructive que les parties pourraient formuler en réponse à ladite Proposition d’autonomie», cela entend que seules les propositions positives, réalistes et compatibles avec le cadre d’autonomie seront jugées recevables. Toute proposition de rupture, comme un référendum, et toute démarche qui reviendrait à remettre en cause la souveraineté du Maroc, sont exclues d’office. Le mot «constructive» agit ainsi comme un filtre diplomatique et l’expression «en réponse à ladite Proposition d’autonomie» délimite le champ des propositions dans le cadre de l’autonomie.
Toutes les parties engagées, l’Algérie en premier
Si la résolution 2024 consacrait le «momentum» Maroc, à la faveur du soutien international massif au plan d’autonomie, celle de 2025 parle d’«élan» et d’«occasion sans précédent» de parvenir à une paix durable. «Toutes les parties» sont appelées à s’y engager. Le Conseil de sécurité ne parle à aucun moment de «deux parties», supposément le Maroc et le Polisario, mais de «toutes», soit également la Mauritanie, mais aussi et surtout, l’Algérie.
Preuve de la prééminence du plan d’autonomie, le Maroc est cité 5 fois dans le texte de la résolution, à concurrence d’une fois pour l’Algérie et une autre fois pour le Polisario. Le fait que le Maroc soit cité plusieurs fois, alors que le Polisario et l’Algérie ne le sont qu’une seule fois chacun, reflète que la résolution met en avant le Maroc comme acteur central et crédible, tandis qu’elle relativise le rôle des autres. Le fait que le Polisario et l’Algérie soient mentionnés chacun une seule fois, et dans des termes équivalents, traduit, lui, une évolution majeure. Il place l’Algérie au même niveau de responsabilité que le Polisario, ce qui revient à la reconnaître comme la véritable partie prenante au conflit.

