La visite, en juillet dernier, de l’émissaire américain Massad Boulos auprès du président algérien Abdelmadjid Tebboune, révélée récemment par la chaîne americaine Al Hurra, illustre combien la question du Sahara occidental se trouve à un moment charnière de son histoire. Cinquante ans après la Marche verte, un basculement paraît possible. À New York, une résolution décisive se prépare pour octobre, appuyée par un soutien international de plus en plus large au plan d’autonomie marocain, déjà reconnu par Washington, Paris et Londres, et conforté par Berlin et Madrid.
Dans le même temps, l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, poursuit un nouveau périple dans la région. Son objectif est clair : créer les conditions d’un cycle de négociations réalistes et inclusives. Les débats menés au sein de l’ONU montrent, avec une netteté croissante, que nombre de pays européens, africains et latino-américains privilégient aujourd’hui une issue pragmatique, fondée sur le compromis et la stabilité régionale, plutôt qu’une confrontation stérile et idéologique.
C’est dans ce contexte renouvelé que le Mouvement Sahraoui pour la Paix (MSP) s’impose progressivement comme un acteur incontournable. En portant une voix sahraouie libre, indépendante et modérée, le MSP propose une alternative crédible aux blocages hérités du passé. Son action dans les camps, sur le territoire et au sein d’une diaspora sahraouie de plus en plus mobilisée démontre une volonté sincère de contribuer à une solution mutuellement acceptable, éloignée des extrêmes et des illusions.
Le MSP rappelle avec force qu’aucun processus de paix ne peut réussir sans l’intégration de la voix des Sahraouis eux-mêmes. Or, trop longtemps, le monopole de la représentation a été confisqué par une seule partie, incapable de traduire la diversité et la pluralité des aspirations sahraouies. En donnant corps à cette diversité, le MSP redonne une légitimité à une nouvelle voix sahraouie indispensable pour construire un avenir commun.
L’approche défendue par le MSP — fondée sur la modération, le dialogue et la réconciliation — répond à la fois aux attentes de la communauté internationale et aux besoins urgents de stabilité au Maghreb et au Sahel. Cette région,
fragilisée par le terrorisme, les trafics et l’instabilité chronique, ne peut plus se permettre la persistance d’un conflit gelé depuis près d’un demi-siècle. Le MSP l’a rappelé à plusieurs reprises : la paix au Sahara occidental n’est pas seulement une affaire locale, elle conditionne la sécurité collective et le développement de toute une région stratégique.
À plusieurs occasions, le MSP a soumis des propositions concrètes et réalistes qui privilégient une solution mutuelle et équitable, permettant de tourner la page d’un conflit qui a causé trop de souffrances et d’exils. Ces initiatives, malheureusement sous-estimées, constituent pourtant un socle sérieux pour bâtir une paix durable, en complément des efforts de l’ONU et en cohérence avec la dynamique internationale actuelle.
C’est pourquoi un appel clair est adressé aux États-Unis et à leurs partenaires : il est temps de reconnaître et d’intégrer la contribution constructive du MSP dans le processus diplomatique. En accordant une place à cette voix sahraouie libre et responsable, Washington et les autres capitales engagées renforceront non seulement l’efficacité des efforts onusiens, mais aussi la légitimité du compromis recherché.
Le rôle du MSP, s’il est pleinement reconnu et intégré, pourrait laisser une empreinte décisive sur le chemin d’une paix juste, réaliste et durable au Sahara occidental. Cette voie, déjà esquissée à travers ses multiples propositions, représente l’unique alternative capable de concilier la dignité des Sahraouis, la stabilité régionale et la sécurité internationale.
HAMOUD GHAILLANI
27 Sept 2025