juillet 2, 2025
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Politique

SCRUTIN DU DIMANCHE 31 JUILLET : Pourquoi faut-il prioriser la sécurité du vote ? 

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Les enjeux sont multiples pour le scrutin de ce dimanche 31 juillet. La campagne électorale qui s’achève demain vendredi à 00 heure a laissé dubitatifs certains quant à la sécurité du vote. Les risques planent sur le déroulement de ces élections. Pour cause, rares sont les acteurs politiques expérimentés et disposant de la culture et de l’éthique politiques, qui acceptent le verdict des urnes s’ils sentent la défaite. La violence a déjà fait des victimes, des menaces fusent de partout, des manipulations, de la désinformation, etc., tout est y est. Face à cette situation, les autorités en charge des élections en collaborations avec les forces de l’ordre du pays doivent être sur le qui-vive afin qu’il n’y ait aucune surprise des malfaiteurs qui voudront perturber le déroulement du vote ou mette semer le désordre dans le pays au cas où les résultats ne leur seraient pas favorables. DakarTimes a fait une compilation de deux études pour notamment montrer certains facteurs qui expliquent la violence électorale. L’une intitulée « Les élections en Afrique : Analyse des comportements et pistes normatives de gestion des conflits », est faite par FweleyDiangitukwa, professeur des Universités, en 2022. L’autre, « Protéger l’intégrité électorale à l’ère du numérique » est un rapport produit par la Fondation Koffi Annan, en janvier 2020. 

Abordant les causes à l’origine des violences postélectorales et de l’instabilité des pays, professeur des Universités FweleyDiangitukwa, souligne que les violences postélectorales s’expliquent par le non-respect des textes légaux, par la mauvaise foi des organisateurs des scrutins et à cause des recours réguliers aux tricheries et aux fraudes électorales.  Il est évident que le non-respect de l’alternance ouvre la voie à la violence, aux conflits armés, aux massacres des populations civiles,  aux viols et à l’instabilité politique. Les déchaînements de violence politique, après l’annonce des résultats, constituent le phénomène le plus marquant mais aussi le plus  inquiétant parce qu’ils sont incompatibles avec les exigences de la démocratie où la violence des idées s’exprime dans les urnes alors que les Africains préfèrent l’exprimer avec leurs mains et leurs pieds. L’idéal de l’élection, comme confrontation entre les idées politiques et les programmes présentés par les candidats, est absent du débat pour se muer en une compétition entre des réseaux clientélistes et/ou ethniques.  La tenue d’élections déclenche régulièrement des affrontements entre les pro-pouvoir en place et les anti-pouvoir, mais parfois aussi des violences entre les communautés pro-gagnant et anti-gagnant. 

S’il faut situer l’origine des difficultés que rencontrent les organisateurs des élections, nous dirons qu’elles sont avant tout d’ordre  juridique. Dans la plupart des cas, les pays se sont donné une mauvaise Loi électorale. Les institutions chargées d’organiser les élections ne parviennent pas à instaurer un sentiment de confiance entre les acteurs au pouvoir, les acteurs dans l’opposition et les citoyens-électeurs. En plus, les tractations politiques et le déroulement ne donnent pas les garanties d’une sincérité des résultats. Or, la réussite d’une élection dépend prioritairement de la confiance que les citoyens-électeurs ont sur les organisateurs. Lorsque cette confiance est nulle, les résultats annoncés par la Commission électorale ne peuvent pas être jugés crédibles.  

Tout le monde sait que la fraude est une pratique contraire au droit, à l’éthique et à l’esprit démocratique. Elle est une pratique anormale qui doit être combattue par tous les moyens : par la dénonciation et par la sanction.  

Les causes sont nombreuses parmi lesquelles il y a en premier la volonté de tricher, l’imperfection du cadre normatif et institutionnel, le soutien des grandes puissances et des firmes transnationales à un candidat au détriment d’un autre, le manque d’éducation politique des électeurs, l’environnement socioculturel dans lequel les élections se déroulent. Il est donc nécessaire de réfléchir prioritairement aux causes et pas aux effets car en supprimant les causes on supprime ipso facto les effets. 

Baisse de confiance et crise de légitimité 

Le chercheur a aussi évoqué la baisse de confiance est la cause principale  de la crise de légitimité. A ce propos, il dira que dès que la confiance est rompue, l’insécurité règne dans les relations entre gouvernants et gouvernés. Le déroulement des élections ne peut pas être bien compris si l’on ne mesure pas l’importance que les responsables de la Commission électorale accordent à la nécessité de réagir à la crise de confiance qui s’installe dans nos sociétés, à l’égard des institutions publiques, et qui mine le système politique. Le recours à l’éthique réflexive est ce qui permet aux individus d’assumer pleinement la responsabilité de leurs décisions et de leurs actes, Donc, à cause du manque de confiance, la méfiance tend à devenir permanente et la crise profonde de la démocratie se fait ressentir à chaque élection présidentielle à travers les violences postélectorales. Le rétablissement de cette confiance est plus que nécessaire pour supprimer la rupture entre les citoyens et les responsables publics, à tous les niveaux de la hiérarchie.  

La primauté de l’intérêt public est le principe qui guide l’éthique électorale et c’est sur la recherche de cet intérêt qu’on fonde les valeurs de la culture électorale structurée autour de l’honnêteté, de la transparence, de l’intégrité, de l’impartialité et de la recherche de la vérité. Or, seul un bon encadrement des comportements des agents des services publics et la promotion d’un système de valeurs peuvent redonner la crédibilité nécessaire à la Commission électorale et à l’État. Il est donc indispensable de relancer le débat public sur les valeurs fondamentales, les principes qui marquent l’organisation et sur la gestion publique  de la vie collective. 

Dans presque tous les pays, on observe que les acteurs politiques et les fonctionnaires sont secoués par la crise de confiance qui frappe les institutions publiques. Cette crise de confiance s’apparente à une perte de légitimité qui frappe les autorités et les institutions politiques  modernes.

En Afrique, la confiance dans les résultats électoraux prononcés par la Commission électorale a fortement baissé, entraînant parallèlement la baisse de confiance dans le Parlement qui accueille des élus dont l’élection n’est pas reconnue par les électeurs, ainsi que la baisse de confiance envers celui qui a été élevé au rang de chef de l’État. Autrefois, les candidats à une quelconque élection faisaient tout pour convaincre les électeurs en montrant qu’ils ont toujours travaillé pour l’intérêt de la communauté avant de se présenter devant les électeurs, mais il suffit d’être un homme ou une femme fortuné/e et de distribuer des enveloppes d’argent, des T-shirts, de la nourriture et de la boisson pour avoir aujourd’hui la quasi certitude d’être élu/e. Contrairement au passé, les voix des électeurs sont simplement achetées comme on achète des produits au maché. Voilà pour quelle raison la confiance dans les institutions (Commission électorale, Parlement – Assemblée nationale et Sénat –, Gouvernement, Présidence de la République) a sensiblement diminué et cela est visible à l’œil nu.  

En Occident, les partis politiques sont confrontés à la crise de confiance la plus grave depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. De plus en plus de membres quittent leur parti ou votent pour le candidat d’un parti autre que le leur à l’élection présidentielle.  

Pendant que la confiance baisse, inversement l’intérêt pour la politique augmente car de plus en plus de personnes parlent politique et suivent des émissions politiques à la télévision. Cette baisse de confiance et cette augmentation d’intérêt sont la conséquence de la différence entre ce que font les décideurs politiques et ce que les électeurs estiment indispensable pour la vie collective que les hommes politiques négligent d’accomplir. « Quelle peut être la conséquence pour la stabilité d’un pays, lorsque de plus en plus de citoyens suivent avec passion les faits et gestes de détenteurs de l’autorité en qui ils ont de moins en moins confiance ? » [Reybrouck, 2014 : 15]. Rien d’autre que de la frustration suivie d’une crise de légitimité. 

Pour convaincre facilement les électeurs, les leaders populistes « proposent un remède simple au syndrome de fatigue démocratique : une meilleure représentation nationale, ou plutôt, une représentation nationale plus populaire, obtenue de préférence en multipliant les votes en faveur de leur propre parti populiste » [Reybrouck, 2014 : 30].  

Le comportement des candidats pendanla campagne électorale 

A en croire, Fweley Diangitukwa, professeur des Universités, pendant la campagne électorale, les candidats utilisent toutes les techniques nécessaires pour susciter de l’enthousiasme chez les électeurs. Ils doivent les persuader à tout prix, les séduire et les convaincre pour espérer qu’ils voteront pour lui. Ils doivent également faire des promesses en invoquant de grands idéaux. S’ils ne promettent pas un avenir radieux et un monde meilleur, personne ne le votera à part peut-être les membres de leur famille. Pendant cette période, l’honnêteté et la morale ne sont pas au rendez-vous. Les candidats disent aux électeurs ce qu’ils aimeraient entendre et ils proposent des solutions aux problèmes de société. Ils s’adressent aux électeurs comme on caresse un chien dans le sens de ses poils. Un candidat qui, emporté par un élan de sincérité, dit qu’il lui sera difficile voire impossible de développer le pays parce que l’économie est dans un état lamentable peut être certain que son score sera très médiocre. En revanche, celui qui promet qu’il a la solution de relancer l’économie du pays en un temps record parce qu’il a des projets que les autres candidats ignorent et, conséquemment, ne sont pas prêts à appliquer, non seulement il sera frénétiquement applaudi (même s’il a trompé) mais en plus son passage sera suivi d’une adhésion massive de nouveaux militants qui relaieront sa campagne en portant plus loin son message. Pendant de période exceptionnelle de campagne électorale, les candidats « adoptent des postures, excitent les passions, trompent leur monde. Ils font des promesses qu’ils savent intenables ;  ils emploient une bonne part de leur énergie à attaquer leurs adversaires […] et ils tentent d’étouffer la voix de quiconque pourrait s’opposer à eux » [Przeworski, 2019 : 141]. Les promesses servent à séduire pour tirer le plus grand bénéfice électoral. À cause de ce recours à la démagogie et au populisme, de nombreux électeurs consciencieux et bien informés sur les limites de l’action gouvernementale se détournent des élections et cela fait augmenter le taux d’abstentions qui accroîtra au fur et à mesure que les électeurs prennent conscience des enjeux.  

En observant tout électeur qui sort de l’isoloir, tout observateur éclairé se demande ce qui a motivé son choix avant de mettre son bulletin dans l’urne : est-ce l’origine ethnique du candidat, sa croyance religieuse, son appartenance au parti X, le programme du candidat Y ou la fortune de ce dernier ? Ou encore : quelle part l’émotion, la solidarité, la fidélité ethnique ou partisane, la rationalité, etc. a-t-elle occupé dans son acte de vote ? En tout cas, il est un fait qu’on ne vote pas de la même manière en Occident et en Afrique où les variables identitaires et ethniques prédominent sur le choix partisan ou rationnel.  

L’ère du numérique à l’assaut de l’intégrité électorale 

D’après le rapport de la Fondation Koffi Annan, les discours de haine menacent l’intégrité électorale dans le sens où ils affaiblissent la sécurité mutuelle nécessaire à la contestation pacifique. Ils constituent autant d’armes pour les candidats et les partis qui attisent la violence afin d’empêcher leurs adversaires de voter.

Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) posent des problèmes ardus quant au respect de l’intégrité électorale. Ces dernières années, des gouvernements étrangers ont exploité les réseaux sociaux et Internet pour s’ingérer dans les élections un peu partout dans le monde. La désinformation s’est transformée en arme afin de discréditer les institutions démocratiques, de semer la méfiance au sein de la société et d’attaquer les adversaires politiques. Les réseaux sociaux ont été prisés par les groupes extrémistes pour envoyer des messages de haine et inciter à la violence. Les gouvernements démocratiques s’efforcent de réagir au phénomène inédit des publicités à visée politique, favorisé par l’essor des TIC. L’intégrité électorale fait l’objet d’attaques potentielles portant sur la nature même du processus électoral mais aussi sur la qualité de la délibération démocratique. La corrélation entre Internet, les réseaux sociaux, les élections et la démocratie est complexe, systémique et en constante mutation. Le refus opposé par les grandes plateformes de réseaux sociaux s’agissant de la communication des données aux chercheurs limite notre capacité à évaluer quelques-unes des hypothèses marquantes. Certaines conclusions semblent néanmoins irréfutables :

• Un grand nombre des maux dont Internet et les réseaux sociaux ont été accusés (polarisation extrême du jeu politique démocratique, déclin de la confiance envers les gouvernements, médias traditionnels et la société en général, médias partisans et désinformation) existaient avant leur apparition même. 

• Bien que les réseaux sociaux n’engendrent pas nécessairement une polarisation politique à grande échelle, ils l’exacerbent et l’intensifient. Ils constituent également un outil à la disposition de toute personne cherchant à saper l’intégrité électorale et à polluer la délibération démocratique. 

• La vulnérabilité des démocraties face à la désinformation varie en fonction de l’existence antérieure des phénomènes mentionnés 

(polarisation, méfiance et tendances partisanes des médias traditionnels). Les démocraties du Sud (nouvelles ou en devenir) sont particulièrement exposées. 

• À moyen terme, les élections dans les démocraties du Sud deviendront une caisse de résonnance de la désinformation et des discours de haine sur les réseaux, tout en étant le réceptacle des ingérences extérieures et manipulations intérieures. 

• Nombreux sont les acteurs à porter une responsabilité certaine dans la dérive observée sur les réseaux sociaux qui les transforme en menaces pour le respect de l’intégrité électorale : 

· ​Les grandes plateformes ont autorisé la diffusion virale des discours de haine et de la désinformation et n’ont pas anticipé l’usage qui serait fait de leurs technologies dans les pays connaissant une transition démocratique (ou proto‑démocraties) dont les sociétés sont fracturées et hantées par des explosions de violences ethniques et religieuses. Elles ont par ailleurs rejeté les preuves attestant que leurs services sapaient la démocratie et encourageaient la violence. 

Elles ont enfin lancé des campagnes de dénigrement contre les critiques et ont tardé à réagir de façon constructive. 

· ​Les candidats et les élus, quant à eux, se sont servis des réseaux sociaux pour fomenter la haine, diffuser la désinformation et compromettre la confiance des citoyens à l’égard des institutions civiles et gouvernementales.

· ​Certains consultants politiques ont cherché à manipuler les processus électoraux afin de gagner à tout prix, et ont fait de la manipulation électorale un fonds de commerce transnational qui menace l’intégrité électorale sur l’ensemble du globe. 

· ​Les médias traditionnels ont souvent amplifié la désinformation et la propagande au lieu de la combattre. 

La défense de l’intégrité électorale contre le mauvais usage des réseaux sociaux dépendra des choix et du comportement des entreprises et des grandes plateformes technologiques tout autant que de l’attitude des gouvernements, des personnalités politiques, des médias traditionnels, des organes de gestion des élections, et des citoyens. Pour protéger l’intégrité électorale à l’ère numérique, nous devrons renforcer les capacités de ses défenseurs et élaborer des normes communes sur l’utilisation acceptable des technologies numériques lors de la tenue d’élections. Les plateformes technologiques et les pouvoirs publics doivent prendre des mesures pour soutenir l’intégrité électorale.

Le rapport a fait état de la protection de  l’intégrité électorale  contre la désinformation. C’est pour dire que : définie comme la diffusion intentionnelle d’informations fausses ou trompeuses, la désinformation est devenue une menace sérieuse pour l’intégrité électorale. Ces dernières années, partout dans le monde, des acteurs très divers animés par des motivations politiques et économiques se sont servis des réseaux sociaux pour répandre et amplifier la désinformation et la propagande auprès d’électeurs potentiels avant la tenue d’élections, exacerbant des divisions ethniques, religieuses et sociales anciennes et semant la méfiance envers les médias et les institutions démocratiques.

L’autre point évoqué est la désinformation comme arme politique. A ce propos, il faut noter que bien que les études actuelles ne livrent pas de conclusions claires quant à l’ampleur de la propagation de la désinformation sur les réseaux sociaux, des acteurs malveillants s’en servent de plus en plus comme arme à des fins politiques ou économiques. Profitant de la viralité et de l’anonymat offerts par les plateformes de réseaux sociaux, des réseaux coordonnés de faux comptes ont eu recours à la désinformation pour polluer l’agora numérique et imposer leurs idées marginales dans les fils d’actualité d’utilisateurs modérés. Le processus fonctionne souvent de manière organique en générant de faux profils militants par le biais de réseaux automatiques et coordonnés ou de faux comptes qui aiment, partagent, re-tweetent et transfèrent des messages afin d’alimenter la viralité. Dans de nombreuses démocraties, nous avons observé le recours à la « propagande informatique » pour amplifier les mêmes politiques, les vidéos et la désinformation afin de répandre la peur, la colère et l’indignation avec à la clé dans certains cas des troubles politiques et violents.

Toujours si l’on se fie au document, il faut aussi tenir en compte l’émergence d’acteurs  transnationaux spécialisés dans la manipulation électorale. A ce titre, l’ingérence est également monétisée par des acteurs privés et des sociétés de communication stratégique, qui vendent à un public spécifique divers produits destinés à l’ingérence électorale. Le scandale de Cambridge Analytica, une firme qui doit sa notoriété à l’utilisation de données Facebook pour envoyer de la propagande à des électeurs ciblés pendant l’élection américaine de 2016, constitue l’un des exemples les plus flagrants de la professionnalisation de la manipulation électorale151. Cambridge Analytica et sa maison mère, Strategic Communications Laboratories (Groupe SLC), se sont servis de données privées issues des réseaux sociaux et de leur infrastructure pour rédiger, cibler et adapter des messages de persuasion et de démobilisation dans le but d’influer sur les résultats électoraux de divers pays, dont le Nigéria, Sri Lanka, le Kenya, les Philippines, Trinidad-et-Tobago et le Royaume-Uni. Bien que l’efficacité des techniques de datamining et de « profilage psychographique » de Cambridge Analytica ait été largement surestimée, ce cas illustre le phénomène plus général de la professionnalisation de la manipulation électorale. 

Actuellement, une multitude d’entreprises, de cabinets de conseil, d’agences de communication politique et de sociétés de marketing numérique utilisent des outils marketing pour influencer les électeurs. Présentes sur tout le globe, ces entités collaborent avec des personnalités politiques et des gouvernements pour diffuser désinformation et propagande et envoyer à des électeurs ciblés des messages les incitant à ne pas voter. Dans certains cas, elles opèrent à l’échelle internationale afin de masquer la véritable identité de la personne physique ou morale à l’origine de la campagne d’influence et de profiter du faible coût de la main-d’œuvre numérique dans des pays tels que l’Inde ou les Philippines, où a émergé le secteur lucratif des « fermes à trolls ».

Enfin, le rapport a évoqué la protection des  infrastructures électorales. Selon les chercheurs, tous les citoyens jouissent du droit au comptage de leur bulletin de vote, selon des modalités équitables et rigoureuses. Il est impératif pour l’intégrité électorale que les citoyens aient confiance dans le comptage des votes. L’intégrité électorale tient pour une grande part à la foi qu’ont les électeurs dans i) la légalité de leur inscription sur les listes électorales, ii) la fiabilité du comptage des votes et iii) l’exactitude des résultats officiels. Outre les effets subjectifs et subtils potentiels de la propagande et de la désinformation sur les systèmes d’audit, etc. Toutes ces technologies sont vulnérables aux attaques numériques et aux erreurs internes qui, toutes deux, sont susceptibles d’éroder la fiabilité des élections, il est important d’avoir conscience des inquiétudes liées à la cybersécurité des équipements que soulèvent les technologies électorales électroniques. (TEE)

Le piratage des équipements et des logiciels électoraux peut avoir pour but de modifier les résultats, de manipuler les listes électorales ou simplement de saper la confiance des citoyens dans leurs élections. Il peut également être motivé par la simple volonté d’un gouvernement étranger ou d’un acteur national d’obtenir un résultat en sa faveur. Le piratage ne constitue qu’un des outils de manipulation des TEE. Lors de l’élection de 2014 au Mozambique, le gouvernement a ainsi supprimé l’inscription biométrique des électeurs dans les zones aux mains de l’opposition « en dépêchant du matériel inadapté et des équipes insuffisamment formées ». Au-delà de l’ingérence visant un candidat donné, les gouvernements étrangers peuvent trouver globalement intérêt à semer la discorde, créer le chaos, saper la légitimité et éveiller la méfiance dans le but d’affaiblir le pays ciblé. Lorsque la sécurité des TEE sème le doute, les acteurs politiques mécontents sautent sur l’occasion pour imputer leur défaite à la manipulation des équipements et des logiciels de scrutin et affaiblir encore plus la confiance des citoyens dans le processus et ses résultats. 

De plus, la sécurité des TEE n’est pas qu’un problème technique. 

Les responsables électoraux eux-mêmes sont susceptibles de la compromettre, de façon délibérée ou non. La dimension humaine « étant sensiblement présente à toutes les étapes opérationnelles des élections, les vulnérabilités humaines risqueront indubitablement d’être exploitées »161. La résilience de l’infrastructure électorale dépendra de la protection des systèmes techniques et de la formation aux bonnes pratiques de cybersécurité des personnes intervenant à tous les niveaux de l’écosystème des TEE. Il est utile de souligner le rôle essentiel que peuvent jouer les organes de gestion des élections professionnels, compétents et indépendants dans la protection de l’intégrité électorale à l’ère du numérique.

Par Rokhaya Daba KEBE

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