La situation actuelle du pays inquiète de plus en plus et ne laisse plus personne indifférent. Depuis quelque temps, toutes les communications se tournent vers cela et les réactions se multiplient. Ce mardi, beaucoup de voix se sont levées pour condamner un « recul démocratique » et alerter sur un chaos imminent si des solutions ne sont pas trouvées.
Le bras de fer entre pouvoir et opposition continue d’attiser la haine et la violence dans le pays. Fait condamné par des acteurs politiques et de la société civile. Dans une lettre ouverte adressé au président Macky Sall, l’ancien ministre de l’Information et porte-parole du Gouvernement sous le magistère du président Wade, Dr Bacar Dia, réclame la libération immédiate et sans condition de Déthié Fall, Mame Diarra Fam et Ahmed Aïdara, et conseille au chef de l’Etat de ne pas marcher sur des cadavres pour sortir du pouvoir. « Monsieur le Président libérez Déthié Fall, Ameth Aîdara et autres ! Ne marchez pas sur des cadavres pour sortir du pouvoir ! », demande Dr Bacar Dia à Macky Sall. Pour lui, le Sénégal a renoué avec les prisonniers politiques et c’est un pas en avant cent pas en arrière ! « Monsieur Macky Sall, ensemble nous avions manifesté contre le Président Wade. Nous étions côte à côte à la Place de l’Obélisque. Aujourd’hui, vous interdisez les manifestations », rappelle Dr Bacar Dia à Macky. « Votre régime est violent ! Ne marchez pas sur des cadavres pour sortir du pouvoir », conseille-t-il.
« Un pays ne se gouverne pas par la vengeance et la punition »
L’ancien premier ministre de Macky Sall et actuel opposant du régime s’inscrit dans la même dynamique. Pour Abdoul Mbaye, « un pays ne se gouverne pas par la vengeance et la punition ; non plus une démocratie par une démarche d’élimination des opposants ». L’opposant de poursuivre : « Macky SALL n’a manifestement pas la carrure pour diriger le Sénégal. Il le mène au chaos. C’est peut-être son projet pour s’en sortir ».
Une des déclarations les plus surprenante est celle de l’ancienne présidente du Conseil économique social et environnemental (Cese). Aminata Tall qui relève un « recul démocratique » désigne le président Macky Sall comme responsable de la situation politique actuelle du pays. D’après l’ex-maire de Diourbel, les populations doivent mener le combat pour consolider notre démocratie. « Nous avons combattu avec Wade pour l’avancée de la démocratie. Tous les pays du monde enviaient le Sénégal. On ne peut pas aujourd’hui nous amener à des élections où l’on a des listes proportionnelles. On impose à des gens qu’ils iront avec une partielle de liste majoritaire ou suppléant. C’est illogique. Comment peut-on vouloir que des suppléants soient ceux qui iront en compétition alors que ces derniers sont là pour remplacer les autres au cas où il y a une situation. Ils ne se basent sur aucune loi qui le dit. Notre démocratie a reculé. Je ne peux pas parler de report mais cette élection est tout sauf une élection » a déclaré Aminata Tall, face à la presse.Top of Form
Wallu appelle Macky Sall à prendre ses responsabilités
Pendant ce temps, des responsables de Wallu Sénégal qui faisaient face à la presse invitent le président Macky Sall à prendre ses responsabilités pour permettre aux Sénégalais de vivre convenablement. « Nous demandons au président Macky Sall de s’adresser au Conseil constitutionnel. Il est possible de permettre à la coalition Yewwi Askan Wi de rectifier ou de mettre la photo de la tête de liste. C’est une question qui n’a pas été évoquée par le code électoral. On demande au président de dire au Conseil constitutionnel de donner un avis pour qu’il y ait un apaisement de la situation », a déclaré Mor Ndiaye. « Comme ce sont des manquements qui n’ont pas été prévus par le code électoral, nous demandons qu’il y ait des concertations après les élections pour véritablement prendre en charge ces questions », a-t-il ajouté, appelant les acteurs politiques à sortir de la « spirale verbale ». Mor Ndiaye dit vouloir pour le Sénégal, une « situation apaisée qu’il y ait l’accalmie afin que le pays se retrouve dans la paix et que des élections libres et transparentes soient organisées ». Selon lui, il est impossible d’organiser des élections dans cette situation. « Si le président veut apaiser la situation, la balle est dans son camp. Sa posture de président de la République n’est pas encore en jeu. Il est encore président jusqu’en 2024. Il n’a qu’à prendre ses responsabilités pour assurer une paix et stabilité pour permettre aux Sénégalais de vivre convenablement et normalement » dira-t-il.
Y en a marre décide de rejoindre la marche de Yewwi
Le mouvement Y en a marre, quant à lui, utilise un discours plus ferme. Aliou Sané et Cie qui faisaient également face à la presse hier, mardi 21 juin, ont indiqué que « Si Macky Sall et son administration n’accordent pas Yewwi Askan Wi, le droit constitutionnel à la manifestation pacifique comme ça a été le cas le 8 juin de façon paisible, le 29 juin, ce sera l’affaire de toutes les forces vives de ce pays en commençant par Yen a Marre, de toute la société civile, les mouvements citoyens et cette majorité silencieuse qui se trouve dans les maisons ». Le coordonnateur du mouvement de poursuivre : « A partir du 29 juin la sécurité, la stabilité de ce pays dépende de Macky Sall. Soit cette lettre d’information introduite doit avoir une suite favorable des autorités pour dire qu’ils vont encadrer comme ils l’ont fait le 8 juin. S’ils ne le font pas le 29 ce ne sera plus Yewwi Askan Wi. Ce seront toutes les forces vives de ce pays qui vont se battre pour que notre démocratie, qui est à terre, soit préservée. Aliou Sané juge « anormal » que l’opposition court derrière un droit constitutionnel. « Figurez-vous qu’en 2022 le Sénégal en soit à un point où l’opposition sur un processus électoral puisse courir derrière un droit constitutionnel. Yewwi Askan Wi est une opposition qui court maintenant pour exercer une liberté et d’un droit constitutionnel ». Par ailleurs, il a annoncé que le mouvement Y en a marre travaille avec la société civile pour une saisine au rapporteur de l’Onu. « On est en train de travailler avec la société civile et d’autres signataires pour qu’à l’international une lettre soit adressée au rapporteur des Nations Unies pour les questions de liberté de droit de l’homme et de démocratie », a déclaré le coordonnateur de y’en a marre.
Yaye Moussou TRAORE