En dépit des recommandations du Fmi, l’Etat du Sénégal continue de soutenir les consommateurs en bloquant les prix des produits pétroliers pour éviter une répercussion sur le panier de la ménagère. Après avoir plongé 150 milliards dans le secteur en mai, un montant égal est encore injecté. Ce qui va reporter l’application de la vérité des prix sur le marché sénégalais.
Le blocage des prix à la pompe et de l’électricité sur la période 2016-2021, par le Gouvernement du Sénégal en dépit durenchérissement des prix internationaux du pétrole, n’est pas sans conséquence sur l’économie nationale. Cette décision sociale s’explique par la volonté du président de la République d’amortir le choc que devrait subir les ménages. Ainsi, il préserve le pouvoir d’achat des populations. Cette approche sociale a nécessité des subventions de l’ordre de 671 792 327 111 FCFA à savoir 449 701 878 981 FCFA pour les compensations tarifaires et 222 090 448 130 FCFA pour les pertes commerciales. Il faut insister à dire que la prise en charge de ces subventions par l’Etat, ajoutée aux investissements nécessaires pour l’accès universel aux services électriques à l’horizon 2025, ont considérablement touché les alternatives d’investissements dans les autres secteurs prioritaires de l’économie nationale. Plusieurs secteurs ont été affectés par ces mesures sociales. Car il faut des arbitrages très serrés pour satisfaire certaines revendications dans plusieurs secteurs stratégiques. D’ailleurs, malgré ces chocs de trésorerie, l’Etat a pu satisfaire par exemple, les revendications des enseignants ainsi que d’autres travailleurs.
Par ailleurs, en tout état de cause, dans le domaine del’énergie, les investissements réalisés ont permis de porter la puissance électrique installée de 571 MW en 2011 à 1 569 MW en 2021. Cette politique du gouvernement a permis de favoriser l’amélioration de l’accès et de la qualité de l’électricité en zone urbaine. Toutefois, dans la zone rurale, ce sont 2 246 nouveaux villages qui ont été électrifiés, soit une moyenne annuelle de 449 villages électrifiés.
Avant cette période, il faut souligner que seulement 1 098 villages ont été électrifiés en 12 ans, soit 84 villages électrifiés par an. Sur ce fait, le gouvernement a réalisé 5 fois plus de villages électrifiés par an.
Dans la perspective d’atteindre l’accès universel aux services électriques en 2025, il s’est avéré nécessaire de procéder au règlement des compensations de revenus de la SENELEC. A cet effet, il ne faudrait pas reconstituer des pertes de revenus pour des blocages des tarifs. Aujourd’hui, la SENELEC a besoin d’un soutien du Gouvernement pour renforcer ses capacités.
Alors, pour l’année 2022, la loi de finances initiale avait prévu une allocation budgétaire de 150 milliards FCFA. Ce montant était destiné à la subvention du secteur de l’énergie pour la compensation tarifaire et les pertes commerciales. Elle permettra aussi de maintenir au niveau actuel, les prix du carburant et de l’électricité durant toute l’année.
Entre Janvier et Mai 2022, cette subvention a été totalement consommée. Ainsi, au titre de la loi de finances rectificative pour l’année 2022 adoptée au mois de mai, des crédits additionnels de 150 milliards FCFA ont été budgétisés, soit au total 300 milliards FCFA sur la gestion 2022 accordés à la subvention de l’énergie.
Aux mêmes moments, à travers le monde, la hausse des prix du pétrole entamé depuis l’année 2021 se poursuit. Elle est en train de se muer en choc pétrolier, avec le prix du baril de pétrole brent qui a atteint à un moment donné 137 dollars US, pas loin du record absolu de 147,50 dollars US enregistré en juillet 2008.
Au regard de ces considérations, le Gouvernement a procédé à une révision à la hausse du prix à la pompe du supercarburant qui passe de 775 FCFA/litre à 890 FCFA/litre, soit une augmentation de 115 FCFA/litre (ou 15% du prix).
Malgré cette augmentation du prix du supercarburant, le Gouvernement continue à le subventionner puisqu’uneapplication de la vérité des prix imposerait le supercarburant à 1 182 FCFA/litre au lieu de 890 FCFA/litre soit toujours une subvention de 292 FCFA/Litre (33%). Le gaz oil à 1 068 FCFA/litre au lieu des 655 FCFA appliqués aux particuliers, soit une subvention de 413 FCFA/Litre (63%).
Dans l’espace CEDEAO, le Sénégal est le dernier pays à avoir augmenté le prix de l’essence à la pompe. En janvier 2022, les autres pays comme le Mali, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Bénin et la Guinée Bissau par exemple, ont appliqué des mesures d’ajustement des prix du carburant et de l’électricité. ModouFALL
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