avril 19, 2025
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TAWFIK JELASSI/UNESCO : «Aujourd’hui, les mensonges voyagent plus vite que la vérité »

A l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai, pour son 30ème anniversaire de la proclamation de cette journée par l’Assemblée générale des Nations Unies. Au cours d’un entretien accordé à ONU Info, TawfikJelassi, Sous-Directeur général de l’Unesco pour la communication et l’information a dressé un bilan sur les avancées mondiales en matière de liberté de la presse mais aussi sur les menaces qui pèsent sur les journalistes, notamment à l’ère numérique.

Peut-on dresser un bilan sur les avancées mondiales en matière de la liberté de la presse ?

Nous célébrons aujourd’hui, ici au siège des Nations Unies à New York, la journée mondiale de la liberté de la presse qui coïncide avec le 30e anniversaire de la proclamation par l’assemblée générale des Nations Unies, le 3 mai de chaque année comme journée mondiale pour la liberté de la presse. C’est un anniversaire très important qui nous permet non seulement de défendre la liberté de la presse mais de la promouvoir à travers le monde. Parce que nos études récentes montrent qu’il y a une régression concernant la liberté de la presse et la liberté d’expression à travers le monde récemment. Dans une étude mondiale qu’on a faite, environ 83% des personnes qui ont répondu à notre enquête disent que ces libertés d’expression de la presse ont régressé dans leur pays respectifs. Ceci ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu des avancées importantes parce que cet anniversaire coïncide également avec le 75eanniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme qui a été proclamé en 1948. Et la liberté de la presse et la liberté de l’expression sont des droits humains. Alors c’est très important d’où le thème de cette manifestation qu’on célèbre cette semaine. Façonner les droits de demain, c’est également promouvoir la liberté d’expression comme un levier pour tous les autres droits de l’homme. Donc, la liberté d’expression reste menacer par diverses parties comme les autorités, les pouvoirs publics mais aussi par d’autres forces. Mais aussi on a vu d’autres dérives comme sur les réseaux sociaux et les plateformes numériques. On ne peut pas appeler la désinformation, une liberté d’expression parce qu’elle est nuisible, ça devient un mal pour les individus et la société dans son ensemble. Les messages de haine en ligne, le harcèlement en ligne, la violence. Il faut qu’on défende cette liberté d’expression pour qu’elle soit un bien public commun à travers le monde.

Quelles sont les menaces qui pèsent sur les journalistes notamment à l’ère numérique ?

Je dirai que la première menace touche les journalistes femmes. Encore une étude de l’UNESCO a montré que 73% des journalistes femmes subissent un harcèlement en ligne parce qu’elles sont des journalistes, parce qu’elles exercent leur métier. On me dit qu’elles ne doivent pas prêter attention à ces messages de haine en ligne. Je leur dis attendez la deuxième partie des statistiques de notre étude : 20% d’entre elles finissent par être attaquées physiquement. Il ne s’agit pas de lire ou de ne pas lire les messages de haine en ligne. Qu’est-ce qu’on fait des attaques physiques, la violence corporelles qui touchent les 20% d’entre elles. Donc, lorsque dans votre question vous soulignez les menaces qui visent les journalistes à travers l’écosystème digital d’aujourd’hui, les réseaux, les canaux numériques d’abord les femmes. Alors on les vise d’abord parce qu’elles sont des journalistes parce qu’elles sont des femmes. Cela ne veut pas dire que les journalistes hommes sont sauvegardés mais à un degré moindre, ils sont attaqués.

Pensez-vous que le multilatérisme et la liberté d’expression sont toutes deux essentiels pour garantir que les individus et les communautés participent à l’édification de leur société ?

Je le pense parce qu’aujourd’hui, on a vu depuis plusieurs années, un changement paradigme dans le monde de la communication. Il y a un nouvel ordre mondial de l’information. Avant l’information était cantonnée à un pays, à une région. Mais aujourd’hui avec les plateformes numériques, elles sont globales, elles touchent le monde entier. Une information mal vaillante peut faire mal à une vitesse grand V en temps réel. Donc, je dirai que ce changement de paradigme du monde de l’information, de la communication et du métier de journaliste a des bienfaits mais elle n’est plus sujette à un système éditorial, à des professionnels seuelement et toute personne peut se poser comme un journaliste alors qu’ils n’ont pas cette formation professionnelle. Il n’y a pas de rédacteur en chef pour filtrer ce qui peut nuire. Aujourd’hui, on met en ligne et les gens la propagent. Le mensonge voyage plus vite que la vérité de nos jours.

Pensez-vous que la liberté d’expression est une condition préalable à la jouissance des autres droits de l’homme et pourquoi ?

Nous en sommes convaincus. Encore je cite des études qu’on a faites à l’UNESCO qui montrent  justement dans environ 143 pays à travers le monde, on a vu une liberté d’expression assez élevée. On a vu une meilleure jouissance des autres libertés qu’elles soient civiles, politiques, économiques, sociales. Alors, nous pensons qu’il y a une corrélation forte entre le niveau de la liberté d’expression et la jouissance des autres libertés.

Comment voyez-vous l’avenir des médias et comment l’UNESCO aide à promouvoir la liberté d’expression dans le monde ?

L’UNESCO a pris une initiative mondiale très importante l’année dernière qui s’appelle « vers la construction d’un internet de confiance » qui vise avec toutes les parties concernées à définir des lignes directrices qui permettent de réguler ce cyber-espacepour que l’information soit un lien de clic commun et non pas un mal commun ou une menace pour les individus ou les organisations. Depuis septembre dernier, nous travaillons d’une façon multipartite qui implique les 193 pays membres de l’UNESCO mais également la société civile, le monde académique, les sociétés informatiques sans elles, on ne peut pas mettre en œuvre ces lignes directrices, ces principes régulateurs pour s’assurer que les informations soient un bien public. Comment réguler pour que l’information soit un bien public sur les plateformes numériques tout en respectant la liberté d’expression ? Et ça la complexité de la chose. Il ne s’agit pas réguler dans le sens de censurer, loin de là. L’UNESCO a plus trois décennies d’activité de programmes et d’actions notamment à travers la célébration de cette journée mondiale de la liberté de la presse, elle a toujours œuvré pour garantir et renforcer la liberté d’expression. Mais on ne peut pas laisser ce cyber espace et ces plateformes devenir ce que l’on appelle en anglais « The Wild West ». Ca ne peut pas devenir n’importe quoi fait par n’importe qui à travers le monde tout en fermant les yeux sur les messages de haine, de violence, d’extrémisme qui touche même la dignité de l’homme.

C’est une balance qui est difficile à maintenir ?

D’où cet effort mondial avec toutes les parties concernées que j’ai cité. Parce qu’on ne peut pas laisser juste à une seule partie ou à un seul régulateur ce projet-là. Les plateformes sont mondiales alors il faut une implication mondiale avec l’engagement de chacun.

Un message pour cette journée mondiale de la presse ?

Il faut respecter la liberté d’expression. Il faut la défendre. Il faut la promouvoir à travers le monde. C’est un droit humain et un levier pour la réalisation et la jouissance pour les autres droits.

Par El Hadj Malick SARR

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