août 20, 2025
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Politique

THIERNO ALASSANE SALL SUR LE SCANDALE A L’ASER « Où sont passés nos 37 milliards ? »

Lors d’une conférence de presse tenue le 19 août à Dakar, le député et président de La République des Valeurs, Thierno Alassane Sall, a dénoncé ce qu’il qualifie de « scandale politico-administratif majeur » autour du contrat d’électrification rurale confié à la société espagnole AEE Power EPC. L’ancien ministre parle de 37 milliards de FCFA « volatilisés », de graves irrégularités juridiques et administratives, et réclame des sanctions immédiates.

Pour Thierno Alassane Sall, l’affaire ASER–AEE Power EPC n’est pas un simple contentieux technique mais « un scandale d’une extrême gravité » qui menace la crédibilité du Sénégal. Selon ses investigations, l’Agence Sénégalaise d’Électrification Rurale (ASER), censée superviser le projet, aurait failli à ses obligations de contrôle et de transparence, laissant s’évaporer des milliards de francs destinés à l’électrification des villages.

« Derrière les chiffres et les procédures, il y a des réalités humaines : des familles plongées dans l’obscurité, des jeunes privés d’opportunités, pendant que des milliards disparaissent sans explication », a martelé le député. Il évoque notamment 37 milliards de FCFA dont une partie — près de 20 milliards — ne serait jamais sortie d’Espagne, et plus de 5 milliards utilisés sous forme de primes et cautions diverses.

Des irrégularités juridiques flagrantes

L’ancien ministre des Infrastructures a insisté sur les vices de procédure qui entachent le marché. Les garanties de soumission, de bonne exécution et d’avance de démarrage auraient été émises sans couverture effective par les primes, en violation de l’article 13 du code CIMA. « La dérogation évoquée n’est qu’une invention récente pour sauver un marché irrégulier », accuse-t-il. Malgré les alertes envoyées par l’ARCOP à la SONAC et aux autorités de tutelle, aucune régularisation écrite n’a été produite.

Il souligne par ailleurs que les primes dues à la SONAC n’ont été réglées qu’avec 92 jours de retard, probablement grâce à l’avance de démarrage prélevée directement sur les fonds publics sénégalais.

Une affaire qui s’est envenimée avec le temps

L’histoire de ce qu’on appelle aujourd’hui « ASERGATE » ne s’est pas écrite en un jour. Tout a commencé en 2021-2022, lorsque l’ASER attribue à la société espagnole AEE Power EPC un marché d’électrification rurale, financé par un prêt garanti par la Banco Santander. L’ambition était claire : amener la lumière dans des centaines de villages encore privés d’électricité.

Mais dès le début de l’année 2023, les premiers doutes apparaissent. Consultants impayés, redevances non réglées à l’ARCOP, lenteur des travaux : autant de signaux d’alerte qui passent sous silence. Le 30 septembre 2024, l’affaire prend une nouvelle tournure lorsque Banco Santander adresse une lettre officielle aux autorités sénégalaises pour exprimer ses « sérieuses préoccupations » quant à la régularité du contrat et à l’utilisation des fonds.

Malgré ce signal fort, rien n’est entrepris. L’ASER garde le silence, le ministère des Finances ne réagit pas, et AEE Power EPC continue de bénéficier d’une protection implicite. Au fil des mois, les informations s’accumulent : près de 20 milliards de FCFA seraient restés bloqués en Espagne, tandis que plus de 5 milliards auraient été dilapidés en primes et cautions.

En août 2025, après presque deux années d’opacité et d’inaction des autorités, Thierno Alassane Sall décide de rompre le silence. C’est à l’hôtel Fun City, devant la presse, qu’il dévoile publiquement ce qu’il présente comme un détournement massif, mettant directement en cause la responsabilité de l’État.

Appel à des sanctions exemplaires

Face à ces révélations, le leader de La République des Valeurs réclame des mesures fortes : le retrait de l’agrément de la SONAC, le blacklistage d’AEE Power EPC et surtout la saisine de la justice pour détournement de deniers publics. « En tant que représentant du peuple, je continuerai à exiger des comptes et à défendre chaque franc de l’argent public », a-t-il lancé.

Dans sa conclusion, il a voulu rappeler la portée symbolique du dossier : « Derrière chaque franc perdu, ce sont des vies freinées, des espoirs brisés et un pays qui recule. »

Une bombe politique en perspective

Au-delà de l’aspect financier, l’affaire ASERGATE ouvre une brèche politique. Elle pourrait devenir un révélateur de la fragilité de la gouvernance actuelle et relancer le débat sur la transparence dans la gestion des grands projets publics. Pour l’opposition, ce scandale est déjà un symbole du décalage entre les slogans officiels et la réalité des pratiques administratives.

En s’emparant de ce dossier, Thierno Alassane Sallse positionne comme l’une des voix les plus offensives contre le pouvoir en place. Reste désormais à savoir si la justice s’en saisira et si le gouvernement pourra résister à la pression croissante d’une opinion publique déjà échaudée par d’autres affaires.

El Hadji Malick SARR

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