La 14e législature sera officiellement installée le 12 septembre prochain. D’après les informations que nous avons reçues, l’opposition qui a connu une percée notoire lors des dernières élections, compte créer plusieurs groupes parlementaires afin « de gagner plus de temps de parole ». Il est aussi dit que le camp du pouvoir pense à éviter cette stratégie pour élargir également ses avantages. Ainsi cette législature va certainement se retrouver avec beaucoup plus d’associations parlementaires que d’habitude. Un fait que dénonce Thierno Bocoum qui pense que cette « floraison de groupes » ne sera qu’un fardeau de plus sur les épaules du peuple sénégalais.
« Floraison de groupes parlementaires en perspective de la 14ème législature : et le peuple dans tout ça ? » Une question du président du mouvement Agir. Dans une réflexion publiée hier Thierno Bocoum souligne que « l’Assemblée nationale ne doit plus être un lieu de partage de gâteaux et de mimétisme de mauvais aloi sur le dos des populations ».
« La presse nous rapporte que plusieurs groupes parlementaires seraient en cours de formation en vue de la 14ème législature dans les camps de l’opposition parlementaire. Il est même indiqué que la coalition BBY serait aussi tentée d’imiter l’opposition en scindant le groupe unique qui a toujours existé en plusieurs groupes parlementaires. Cette escalade en perspective dans la formation de groupes parlementaires doit être arrêtée net » martèle le député de la dernière législature.
M. Bocoum rappelle que l’article 20 du règlement intérieur de l’assemblée nationale prévoit que les groupes parlementaires puissent être formés par « affinité politique ». « Les élections législatives ont révélé les affinités politiques à travers des coalitions qui, jusque-là, existent encore » déclare-t-il.
Le porte-parole de la coalition AAR-Sénégal est convaincu que « la création de groupes parlementaires en parfaite abstraction de cette affinité politique existante, ne sera que le résultat d’un calcul politicien sous fond d’enrichissement sur le dos des populations ».
« Les groupes sont dotés de fonds de gestion d’un montant minimum de 2 à 5 millions par mois »
Poursuivant ses propos, Thierno Bocoum souligne que le groupe parlementaire coûte cher au contribuable sénégalais. « Ce sont des centaines de millions qui sont dépensées pour encadrer son existence légale. À titre d’indication il faut préciser que les groupes sont dotés de fonds de gestion d’un montant minimum de 2 à 5 millions par mois selon la taille du groupe. Le président du groupe parlementaire a un rang de vice-président de l’Assemblée nationale avec un salaire de 2 millions minimum et autres avantages, en plus d’une dotation en carburant de 1000 litres minimum, de 2 voitures 4X4 mises à sa disposition, de prise en charge d’un secrétariat, d’un bureau équipé, de crédit de téléphonique…Le vice-président du groupe parlementaire a rang de président de commission avec un salaire minimum de 1,6 million en plus des avantages accordés au président du groupe (dotation en carburant de 1000 litres, deux voitures 4X4, prise en charge d’un secrétariat, d’un bureau équipé, de crédit de téléphonique…) » argumente-t-il .
Pour lui, le fait de multiplier les groupes parlementaires n’aura comme résultat que d’alourdir davantage les charges financières sur le dos du contribuable sénégalais. « Les quelques bribes d’explications allant dans le sens de justifier ces groupes par des soucis de temps de parole ne résistent pas face aux dispositions pertinentes du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Dans l’Hémicycle, le mandat impératif n’existe pas et le débat est libre. Même occasionnellement, dans le cadre d’un débat organisé par la Conférence des présidents, tel que prévu par le Règlement intérieur, toutes les entités sont prises en compte, y compris les non-inscrits » explique l’ancien parlementaire et ancien Président de commission.
Candidat malheureux à cette nouvelle législature, M. Bocoum conseille à l’opposition de « travailler à avoir un candidat unique pour se donner les chances de diriger l’Hémicycle en comptant sur la discipline de ses membres et sur les frustrations qui pourraient résulter de choix arbitraires dans la distribution des postes au sein de la coalition BBY ».
Le président de groupe parlementaire et son adjoint ont rang de président de commission
Après la publication définitive des résultats des élections législatives du 31 juillet dernier, les coalitions passent à la réflexion sur les stratégies pour le contrôle de l’Assemblée nationale. L’inter-coalition Yewwi-Wallu a décidé de mettre en place au moins trois groupes pour peser sur la balance au niveau de la conférence des leaders. « Le Président du groupe parlementaire, il a un temps de parole supérieur à celui du député simple. Alors, je pense que c’est une bonne démarche stratégique car l’absence de majorité doit être compensée non seulement par la recherche de complicité patriotique mais également par le discours de l’opposition tel qu’il sera reçu par le peuple sénégalais. Il est donc important que ce discours dispose de temps donc pour moi c’est une bonne stratégie que d’envisager la création de deux groupes parlementaires », appuie l’ancien premier ministre Abdoul Mbaye, membre de la coalition Wallu Sénégal.
Une stratégie que compte imiter le camp du pouvoir. Parce que dans les faits, le président de groupe parlementaire et son adjoint ont rang de président de commission. Un groupe parlementaire, également appelé caucus ou conférence, est une association de parlementaires qui se regroupent en fonction de leurs choix politiques au sein d’une chambre de Parlement.
Dans la plupart des parlements, la constitution en groupe permet aux élus qui en sont membres de bénéficier de certains avantages (temps de parole, vice-présidence, commissions, par exemple). Les membres d’un groupe parlementaire s’engagent généralement à respecter la discipline de leur groupe lors des votes.
Les membres d’un groupe parlementaire sont généralement tous membres d’un seul et même parti politique, mais un groupe peut également être composé de membres de différents partis, notamment si leur parti ne dispose pas de suffisamment de sièges pour former un groupe en fonction du seuil établi par le règlement du Parlement.
Yaye Moussou TRAORE
[/et_pb_text][/et_pb_column][/et_pb_row][/et_pb_section]