Le leader du mouvement Gueum Sa Bopp a fait face à plusieurs journalistes lors de la conférence publique qu’il a tenue hier mercredi 04 janvier à Dakar. Bougane Guèye Dany qui ambitionne de diriger le pays à partir de 2024 s’est exprimé, sans détour sur la situation nationale en général, mais aussi sur les sujets brûlants de l’actualité, notamment la question de la troisième candidature du président Macky Sall, le rapport de la Cour des comptes, mais également sur « l’Affaire Adji Sarr ». Candidat à l’élection présidentielle de 2024, le chef d’entreprise a mis à nu les failles sur la gestion du président Macky Sall et est également revenu sur ses désaccords avec l’opposition.
Se qualifiant comme un entrepreneur rigoureux et pointu et non comme un « politicien professionnel » Bougane Gueye Dany a présenté une vision de la situation nationale du pays qui se démarque de celle du pouvoir et à un certain degré, de celle de l’opposition. Lors de cette conférence qui a duré près de 2h, le président du mouvement Gueup Sa Bopp, a par des chiffres, a réfuté la véracité de l’émergence du pays dont se nargue le camp du pouvoir et a démonté la pertinence des grands travaux de l’Etat comme le Train Express Régional (TER) et les Bus Transit Rapide (BRT) qui dit-il, servent plus à enrichir les entreprises plutôt qu’à soulager la souffrance des populations. « Ne nous ont-ils pas promis de mettre fin aux embouteillages avec la mise en place des échangeurs, du TER… Qu’en est-il aujourd’hui ? » s’est demandé le patron de D-Média non sans exiger plus respect à l’endroit du contribuable Sénégalais. D’après lui, il ne suffit pas juste de « travailler, il faut bien travailler ». De poursuivre : « Macky Sall fait de son mieux, mais malheureusement il a beaucoup de limites. Pis, ses conseillers ont des lacunes graves et tout ce qui leur importent c’est comment profiter des deniers publics. » dixit Bougane Guèye.
Revenant sur le programme d’assainissement encours dans le département de Dakar, le président du mouvement Gueup Sa Bopp ne comprend pas pourquoi la banlieue dont plusieurs quartiers sont sous les eaux, est laissée en rade…
Troisième mandat : « Macky Sall et Ismaïla Madior Fall doivent être poursuivis pour haute trahison »
Dans son grand oral, Bougane Guèye est revenu sur la question du troisième mandat, l’une des questions, si ce n’est la principale, qui alimente le plus les débats. Pour lui, « le président Macky Sall pense au troisième mandat » dès sa première élection . Le patron de Dmedia en veut pour preuve le fait que le président ait fait 7 ans durant son premier mandat alors qu’il avait promis de faire 5 ans.
Sur la modification de la Constitution en 2016, Bougane Guèye reste convaincu que le Chef de l’État et son actuel ministre de la Justice ont fait exprès de ne pas régler définitivement cette question dans l’écriture. Le leader de Gueum Sa Bopp estime que « Macky Sall et Ismaïla Madior Fall doivent être poursuivis pour haute trahison ». Il appelle ainsi les députés de l’opposition à travailler en ce sens. Pour Bougane, ceci pourrait être une manière de freiner une probable troisième candidature du Président Macky Sall.
Rapport de la Cour des comptes : Moustapha Bâ épinglé pour plus de 17 milliards
S’exprimant toujours sur la situation nationale du pays le président de Gueum sa Bopp, a fait des révélations sur le rapport de la Cour des comptes, lequel, estime-t-il, sert juste de menace pour ceux épinglés par les autres rapports afin qu’ils n’osent pas s’opposer à la troisième candidature du président Macky Sall.
Bougane Gueye, a démonté les explications du ministre des finances et du budget. Il a rapporté un manquement du directeur général du budget d’alors qui est l’actuel ministre des Finances. Selon lui, Mamadou Moustapha Bâ a puisé un montant de 17 milliards dans les Fonds du Force Covid-19 pour payer la location-vente de la sphère ministérielle de Diamniadio.
Bougane Guèye souligne, par ailleurs, que le montant devant servir au paiement de ces locations figuraient déjà dans la Loi de Finance initiale de 2020. Aussi, « aucune notification n’a été faite à l’Agence de Gestion du Patrimoine bâti de l’Etat quant à leur imputation dans les dépenses COVID-19 ».
« La Cour estime que ces dépenses ne sont pas des obligations impayées puisqu’elles ne constituent pas des dettes fournisseurs dont les montants sont arrêtés au 31 décembre 2019. Par conséquent, elles ne doivent pas figurer parmi les dépenses COVID-19 » a observé la Cour dans son rapport.
Mamadou Moustapha Bâ s’est expliqué. L’actuel ministre des finances voulait, par ce paiement direct, « plus de diligence et éviter toute reconstitution de stocks d’arriérés de loyers préjudiciables aux finances de l’Etat ».
« Il n’a, cependant, pas indiqué les dispositions réglementaires qui l’autorisent à se substituer à l’Agence de Gestion du Patrimoine bâti de l’Etat » a précisé la Cour des comptes dans ce rapport.
« Pourquoi j’ai été cité par Adji Sarr »
Une autre question sur laquelle le président du mouvement Gueum sa Bopp était attendu, est sur la fameuse liste de Adji Sarr, dans laquelle il est cité. Une question qu’il a évoquée pour la première fois en public, hier, lors de cette conférence.
« Concernant l’affaire Adji Sarr, j’en parle avec un pincement au cœur parce que j’ai beaucoup de respect pour les femmes et j’ai vu qu’on a pris une femme pour en faire un objet de combat. De tous les bords. On a cité mon nom, comme on l’a fait pour 15 autres autorités sénégalaises. Mais peut-être que c’est ce que je représente au Sénégal qui fait que je suis toujours accusé. Ce que je pense, c’est que personne ne doit utiliser la justice pour mettre à mal un homme politique. Personne ne doit mettre en place un complot pour mettre à mal en adversaire politique », a expliqué M. Guèye Dany.
De poursuivre : « Je n’ai jamais vu Adji Sarr, je n’ai jamais parlé avec elle, je ne la connais ni de près ni de loin. Ceux qui le disent, ils veulent juste détruire mon image. C’est aussi simple que ça.» a lancé Bougane Gueye Dany.
«J’en parle avec un pincement au cœur. Parce que je respecte la femme. Et j’ai vu qu’on a fait d’une femme, un objet avec lequel on combat. Et j’ai été cité comme 15 autres personnalités. Peut-être que c’est du fait de ma notoriété que j’ai été pointé du doigt », pense le patron de D-media et candidat à la présidentielle de 2024.
Yaye Moussou TRAORE