avril 15, 2025
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Economie

Trump version 2 et l’Afrique

L’administration de Donald Trump, entrée en fonction le 20 janvier 2025, est investie pour un nouveau mandat de quatre ans après avoir quitté le pouvoir en 2020.

Ce retour à la Maison-Blanche est marqué par la signature tous azimuts, le jour même de l’investiture, d’une myriade de décrets par le Président Trump. La présente tribune tente de scruter quelques pistes de réflexion sur l’impact direct ou indirect de ce comeback pour notre continent.

Le principe fondamental qui régit la plupart des décrets est basé sur le projet « America First » (l’Amérique d’abord).

De ce fait, la nouvelle administration Trump adoptera-t-elle la même approche, vis-à-vis de l’Afrique, par une combinaison de continuité par rapport aux administrations précédentes et de changements liés aux priorités spécifiques des USA ?

Il faudra noter que deux axes concerneront les grandes lignes de la politique africaine sous Donald Trump, à savoir : 1) la réduction du budget américain alloué à l’aide humanitaire et aux opérations de maintien de la paix en Afrique et 2) l’engagement diplomatique de Washington dans la résolution de crises majeures.

  1. Réduction de l’engagement direct en Afrique

Au préalable, lors de son précèdent mandat, Trump avait montré un certain désintérêt pour l’Afrique par rapport à d’autres régions du monde. Cela s’est reflété d’une part dans la réduction des budgets d’aide extérieure destinés aux programmes de développement en Afrique et d’autre part par la diminution de l’engagement diplomatique, avec des postes d’ambassadeurs vacants dans plusieurs pays africains pendant de longues périodes.

A ce titre, il est important de s’attarder sur le probable « Monsieur Afrique » de Donald Trump, en l’occurrence Joe Foltz. En effet, le futur directeur Afrique du Conseil national de sécurité, organe clé au sein de la Maison-Blanche est un ancien de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).

De ce fait, nonobstant la suspension de l’aide étrangère américaine pour 90 jours et vu le profil de Monsieur Foltz, une nouvelle orientation de l’aide américaine vis-à-vis des pays africains sera adoptée et alignée sur les intérêts américains adossés surtout aux valeurs prônées par les Républicains[1]. De ce fait, l’aide au développement continuera toujours d’être conditionnée. Pour dire, qu’aucune aide étrangère supplémentaire ne sera versée d’une manière qui ne soit pas pleinement conforme à la politique étrangère du président des États-Unis.

Pour rappel, traditionnellement, le soutien financier américain est destiné à trois types, à savoir les programmes : 1) de développement économique, 2) d’assistance humanitaire ou encore à des initiatives de santé et 3) pro-démocratiques.

En effet, la suspension de l’aide au développement étrangère des États-Unis pour une durée de 90 jours est justifiée selon Trump pour évaluer l’efficacité des programmes et leur cohérence avec la politique étrangère des États-Unis.

De ce fait, la conséquence immédiate de cette décision se traduit par :

  • L’instruction à tous les chefs de département et d’agence responsables des programmes d’aide au développement étrangère de suspendre immédiatement les nouvelles obligations et les décaissements de fonds d’aide au développement aux pays étrangers et aux organisations non gouvernementales de mise en œuvre, aux organisations internationales et aux entrepreneurs en attendant les examens de ces programmes, à effectuer dans les 90 jours.
  • L’allocation au cas par cas de nouvelles obligations et de nouveaux déboursements.
  1. Concurrence stratégique avec la Chine et la Russie

Face à la concurrence de la Chine, la priorité aux intérêts économiques américains sera privilégiée au détriment de l’aide au développement.

De ce fait, il faudra s’attendre pour les pays africains, que l’administration Trump mette l’accent sur les accords commerciaux bilatéraux favorables aux États-Unis en remettant en question les arrangements multilatéraux, par exemple : la remise en cause des initiatives en terme de politique commerciale comme l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) et la  Millennium Challenge Corporation pour promouvoir des projets d’infrastructure favorisant les échanges commerciaux.

Toutefois, dans ce contexte géopolitique de guerre d’influence sur le continent avec la Chine et la Russie, la politique africaine de Trump sera de contrer l’influence croissante de ces deux puissances en Afrique.

Aussi, la lutte contre le terrorisme pourrait justifier la présence militaire américaine et camoufler la ruée vers les ressources en Afrique (matières premières : gaz, pétrole, mines entre autre), en particulier dans des zones comme le Sahel avec la rupture des accords de défense entre la France métropolitaine et certains états africains (Sénégal, Côte d’Ivoire et Tchad). Il en est de même de la présence des troupes américaines au niveau de la Corne de l’Afrique. Cependant, Trump a envisagé de réduire les troupes américaines dans ces zones pour diminuer les coûts et recentrer les priorités stratégiques.

  1. Autres initiatives spécifiques

Le retrait des Etats-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et des Accords de Paris sur le climat, annoncé par le président Donald Trump va avoir de sérieuses répercussions sur certains programmes de l’agence onusienne. Il faut noter que c’est la deuxième fois qu’il signe un décret amorçant le processus de retrait des Etats-Unis de l’OMS, la première étant fait en 2020 lors de son premier mandat.

Ces décisions auront des répercussions sur la gestion des pandémies (VIH/SIDA, Mpox, Ebola, etc.) et des crises sanitaires pour le continent du fait que les Etats-Unis sont les premiers et principaux contributeurs dans l’OMS. De l’avis de nombreux experts, les conséquences de ce retrait peuvent être catastrophiques pour le monde entier en général, et l’Afrique en particulier aussi bien dans le domaine de la santé que les politiques de résilience face au changement climatique.

De même, du fait de la politique stricte en matière d’immigration de l’administration Trump, les pays africains concernés subiront de pleins fouets ces répercussions par les restrictions des visas ainsi que la réduction significative des quotas relatifs aux programmes d’accueil des réfugiés africains aux États-Unis.

En conclusion, la politique africaine de l’administration Trump sera caractérisée par une approche transactionnelle, focalisée sur les intérêts stratégiques américains et sur la concurrence avec d’autres grandes puissances. Cependant, le continent africain n’a pas été une priorité majeure, et cela s’est reflété dans des engagements souvent limités et une rhétorique qui a parfois suscité des controverses.

Toutefois, pour faire face, il est temps de repenser à l’unité de l’Afrique face aux grands enjeux de l’heure en transcendant notre balkanisation. En effet, pour paraphraser Dr Papa Abdoulaye Seck, les États-Unis, est un pays et l’Afrique, un continent, cela signifie, à l’évidence, que le premier vecteur explicatif des « poids plumes  » des pays africains sur l’échiquier international reste notre balkanisation.

L’unité, dont nous devrons tous militer, constitue l’unique gage d’indépendance et de souveraineté vraie pour le continent !

Boubacar DRAME, membre des Cadres du Parti } PCS Jengu-Tabax Sénégal~

Conseiller Technique, Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’élevage

 

[1] Discours de Trump en septembre 2018 à la tribune des Nations unies : « À l’avenir, nous n’accorderons de l’aide étrangère qu’à ceux qui nous respectent et, franchement, qui sont nos amis. »

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