À la veille de la décision de la Cour suprême, le maire de Dakar a convoqué la presse pour dénoncer les manœuvres visant, selon lui, à remettre en cause le choix des Dakarois. Entre dénonciation de la légalité bafouée, mise en garde aux autorités et appel à la patience, Barthélémy Dias a livré un discours offensif et solennel.
Devant la presse nationale et internationale, Barthélémy Dias a rappelé que la capitale vit une situation inédite depuis huit mois. « Jamais dans l’histoire politique du Sénégal, le vote d’une ville n’a été remis en cause de la sorte », a-t-il affirmé, estimant que Dakar est « la seule ville du pays à être privée de son maire, par la volonté d’un individu ». L’édile de la capitale accuse directement le préfet de Dakar d’avoir instruit la maire intérimaire à convoquer une session extraordinaire pour procéder à son remplacement, une démarche qu’il juge « totalement illégale ».
Une violation du Code des collectivités
Se référant au Code général des collectivités territoriales, Barthélémy Dias a invoqué l’article 137 alinéa 2 qui prévoit que l’installation d’un maire ou d’un président de conseil départemental ne peut se faire que lors d’une session ordinaire. « Une session extraordinaire ne saurait valoir session ordinaire. Le droit, ce n’est pas du charabia », a-t-il lancé, fustigeant ceux qu’il qualifie de « gougnafiers pressés ». Le maire de Dakar a également mis en garde les autorités administratives : « Quand l’acte est illégal, vous n’avez ni le droit, ni le devoir, ni la responsabilité de vous exécuter », a-t-il asséné au préfet, l’invitant à préserver sa dignité.
Avertissement à l’opposition et à la classe politique
Au-delà de l’exécutif, Barthélémy Dias a adressé un message aux autres forces politiques. « On ne peut pas être opposant le jour et se métamorphoser la nuit », a-t-il dénoncé, visant ceux qui, selon lui, affichent un double discours en se réclamant de la démocratie tout en cautionnant des pratiques qu’il juge contraires à la loi. Il a prévenu que « tous ceux qui mettront leurs pieds et leurs mains à la mairie de Dakar contribueront à violer le vote du peuple », appelant les Dakarois à retenir les noms et visages de ceux qui valideraient, selon lui, « cette illégalité flagrante ».
Confiance en la justice
À quelques heures de l’audience prévue devant la Cour suprême, Barthélémy Dias a dit sa confiance dans l’institution judiciaire. « La seule personne qui a aujourd’hui droit à la parole, c’est la justice. Et je n’ai aucun doute qu’elle se prononcera sur le droit et rien d’autre », a-t-il insisté. Se voulant rassurant, il a exhorté les habitants de la capitale à patienter : « Nous avons attendu huit mois, nous pouvons attendre un jour de plus. » Le maire de Dakar a conclu son propos en annonçant qu’il se rendrait à la prison de Rebeuss pour rendre visite à ses camarades politiques, rappelant que « le Sénégal ne mérite pas ce que nous vivons actuellement ». Pour lui, loin d’affaiblir sa légitimité, cette épreuve constitue une « humiliation transformée en force » qui, dit-il, « renforcera la détermination du peuple dakarois à défendre son choix ».
El Hadji Malick SARR