L’inflation des prix alimentaires intérieurs reste élevée à travers le monde. Les données disponibles entre septembre et décembre 2022 font état d’une forte inflation dans la quasi-totalité des pays à revenu faible ou intermédiaire : 94,1 % des économies à faible revenu, 92,9 % des économies à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et 89 % des économies à revenu intermédiaire supérieur ont enregistré des taux d’inflation supérieurs à 5 %, un grand nombre d’entre elles affichant même une inflation à deux chiffres. La part des pays à revenu élevé touchés par la montée de l’inflation dans l’alimentation atteint désormais 87,3 %. Les pays les plus touchés se situent en Afrique, en Amérique du Nord, en Amérique latine, en Asie du Sud, en Europe et en Asie centrale.
Depuis la précédente mise à jour datée du 13 décembre 2022, les prix des produits agricoles, des céréales et des exportations sont restés relativement stables. L’indice agricole est resté inchangé, tandis que celui des exportations a clôturé à plus 1 % et l’indice des céréales à moins 1 %. Les cours du maïs et du blé ont cédé 1 % et 2 % respectivement, et ceux du riz ont gagné 1 %. Par rapport aux prix enregistrés en janvier 2022, les cours du maïs et du riz affichent une hausse de 8 % et 13 % respectivement, et ceux du blé une baisse de 2 %. La hausse des prix du maïs et du blé par rapport à janvier 2021 s’établit à 27 % et 13 % respectivement, tandis que le prix du riz a fléchi de 10 %. (Se reporter aux fiches de données [a] actualisées tous les mois pour suivre l’évolution des indices des prix des produits de base agricoles et alimentaires)
Selon un rapport (a) publié par le Fonds monétaire international (FMI) en décembre 2022, les cours alimentaires mondiaux devraient rester élevés du fait de la guerre, du coût de l’énergie et des aléas climatiques, même si les pressions sur les prix s’atténuent à la faveur des hausses des taux d’intérêt. Les niveaux de prix records aggravent l’insécurité alimentaire, exacerbent les tensions sociales et grèvent les budgets des pays tributaires des importations de denrées alimentaires.
Le rapport 2022 du Réseau mondial contre les crises alimentaires (GNAFC) (a) souligne que les pays touchés par des crises alimentaires absorbent la majeure partie des financements humanitaires mondiaux. L‘aide au développement allouée à ces pays, tous secteurs confondus, est beaucoup plus importante que l’aide humanitaire. Et les pays où les conflits et l’insécurité constituent le principal facteur des crises alimentaires sont aussi ceux qui reçoivent la majeure partie de l’aide humanitaire et de l’aide au développement.
Dans un billet récent, le président de la Banque mondiale a mis en lumière l’impact des prix élevés des engrais, qui vont déstabiliser les cycles agricoles cette année et en 2024, devenant ainsi un obstacle majeur à la production alimentaire dans les pays à faible revenu, alors même que 205 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë dans 45 pays à travers le monde. Beaucoup de ces pays ne disposent pas des matières premières nécessaires — azote, potasse, phosphate et gaz naturel — ni d’installations de production d’engrais suffisantes pour permettre à leurs agriculteurs d’avoir accès à des fertilisants à un coût abordable. Ce problème est particulièrement évident en Afrique subsaharienne, où les perturbations des exportations d’engrais en provenance du Bélaruset de la Russie et les restrictions imposées par d’autres pays exportateurs frappent de plein fouet les ménages pauvres. Les prix des engrais ont triplé depuis le début de 2020 et restent volatils, ce qui prive de nombreux petits agriculteurs d’un approvisionnement stable. Dans le même temps, dans les économies avancées, les cultivateurs peuvent se permettre de planter davantage et de se procurer plus d’engrais parce qu’ils bénéficient de subventions qui couvrent souvent le coût du gaz naturel nécessaire à la production des fertilisants et du gazole indispensable au fonctionnement de leurs équipements.
Une nouvelle analyse de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) (a) portant sur 44 pays à revenu faible ou intermédiaire examine les effets potentiels de l’inflation alimentaire sur la prévalence des retards de croissance et de l’émaciation chez 1,27 million d’enfants d’âge préscolaire. Elle met en évidence les conséquences délétères de l’inflation alimentaire dès les 1 000 premiers jours de la vie, pendant la grossesse et la petite enfance, et son impact disproportionné sur les ménages ruraux pauvres et sans terre. L’étude souligne ainsi l’urgence de renforcer la nutrition et la santé des femmes avant et pendant la grossesse, au profit des futures mères et de leurs enfants.
On assiste depuis le début de la guerre en Ukraine à une vague de mesures sur les exportations et les importations de denrées. La crise alimentaire mondiale a été en partie aggravée par l’intensification des restrictions commerciales mises en place par les pays dans le but d’accroître l’offre intérieure et de faire baisser les prix. Au mois de décembre 2022, 19 pays avaient imposé 23 interdictions d’exportation sur certains produits agricoles et huit pays avaient adopté 12 mesures de restriction des exportations.
L’action de la Banque mondiale
Afin de lutter contre la crise qui touche la sécurité alimentaire, la Banque mondiale a annoncé en mai 2022 qu’elle allait déployer une réponse de grande envergure comprenant notamment une enveloppe de 30 milliards de dollars sur une période de 15 mois, dont 12 milliards en faveur de nouveaux projets. Entre les mois d’avril et de septembre, la Banque a engagé 8,1 milliards de dollars pour de nouvelles opérations dans 47 pays, ce soutien étant principalement dirigé vers l’Afrique, l’une des régions les plus durement touchées par la crise alimentaire. Ces financements s’attacheront notamment à encourager la production de nourriture et d’engrais, à améliorer les systèmes alimentaires, à faciliter les échanges et à soutenir les ménages et les producteurs vulnérables :
Au mois de mai, le Groupe de la Banque mondiale et la présidence du G7 ont officialisé le lancement de l’Alliance mondiale pour la sécurité alimentaire (a), une initiative conjointe qui vise à mobiliser une action immédiate et concertée face à cette crise. Cette Alliance a mis au point un tableau de bord sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le monde, qui est accessible au grand public et fournit des informations actualisées aux décideurs mondiaux et locaux pour aider à améliorer la coordination des moyens financiers et des mesures mises en œuvre en réponse à la crise alimentaire. Les dirigeants du FMI, du Groupe de la Banque mondiale, de l’OMS, de la FAO et du PAM ont publié une deuxième déclaration commune sur la crise mondiale en matière de sécurité alimentaire et de nutrition. Ils constatent notamment des progrès considérables dans les quatre domaines clés que sont la fourniture d’une aide immédiate aux personnes vulnérables, la facilitation du commerce et de l’approvisionnement international en denrées alimentaires, la stimulation de la production et l’investissement dans une agriculture résiliente face au changement climatique. SOURCE : Banque Mondiale