En Afrique, certaines régions sont presque devenues des épicentres de la violence meurtrière causée par les groupes islamistes. Dans un rapport qu’il vient de publier, le Centre d’études stratégiques de l’Afrique a mis à jour les chiffres de cette violence croissante qui se répand au Sahel et en Somalie où elle a provoqué une augmentation de 60 % des morts depuis 2023.
En Afrique, plus de 150 000 morts imputables aux groupes islamistes militants en dix ans
Pour faire un condensé des points forts de cette violence islamiste, le CESA souligne que les groupes islamistes militants continuent d’être des agents très actifs de l’instabilité sur cinq théâtres en Afrique. Les 22 307 morts liées à ces groupes cette année représentent un niveau record de létalité observé depuis 2023, ainsi qu’une augmentation de 60 % par rapport aux années 2020-2022.
Presque la moitié des morts signalées cette année (soit 10 685) se sont produites au Sahel. Environ un tiers des morts sur le continent se sont produites en Somalie (7 289). Avec le bassin du lac Tchad, 99 % des morts imputables aux islamistes militants se sont produites dans ces trois régions d’Afrique cette année.
Les morts liées aux batailles ont augmenté dans tous les théâtres cette année.
Les cinq théâtres d’Afrique (y compris le Mozambique et l’Afrique du Nord) demeurent dynamiques puisque les insurgés y montent des opérations offensives, notamment au Sahel et en Somalie. Les morts liées aux batailles ont augmenté dans tous les théâtres cette année, provoquant une augmentation de 14 % dans les morts attribuées aux batailles sur le continent (soit 15 678).
Les groupes islamistes militants du Sahel et de la Somalie ont par ailleurs étendu leur contrôle territorial au cours de l’année écoulée. À travers l’Afrique, environ 950 000 kilomètres carrés de territoire peuplé ne sont plus contrôlés par leurs gouvernements. Cela représente la superficie de la Tanzanie.
Au cours de la dernière décennie, la Somalie et les pays du bassin du lac Tchad (le Nigeria, le Cameroun, le Tchad et le sud-est du Niger) sont les deux théâtres où les niveaux les plus élevés de violence s’étaient produits. En effet, au moins un quart des morts enregistrées s’y produisaient chaque année. Cette tendance a changé en 2022 avec l’augmentation des morts au Sahel. Avec la détérioration rapide de la sécurité au Sahel, la Somalie et le Sahel ont donc subi plus de morts attribuables aux islamistes militants (avec plus de 49 000 morts chacun) que toute autre région sur cette période. Les pays du bassin du Lac Tchad ont subi environ 39 000 morts sur cette période. En tout, environ 155 000 morts imputables aux groupes islamistes militants se sont produites en Afrique en 10 ans.
Ces changements soulignent la menace en constante évolution des islamistes militants en Afrique ainsi que l’importance de comprendre les dynamiques particulières à chacun de ces théâtres.
Sahel
Une perte grandissante de territoire à la faveur des groupes militants s’ajoute à la détérioration de la sécurité au Burkina Faso. Selon les estimations, les forces burkinabè ne contrôleraient que 40 % du territoire national. Des schémas similaires sont observés au Mali, où les forces liées au JNIM intensifient leurs opérations dans le centre du pays et attaquent des régions le long des frontières avec la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Sénégal et la Mauritanie.
Les forces de sécurité maliennes et leurs alliés sont responsables de 92 % des morts de civils cette année. Au Burkina Faso, ce chiffre est de 41 %. Le ciblage des civils (en majorité celui des Peuls) par les forces maliennes, burkinabè et russe est sans parallèle en Afrique et constitue un facteur clé de recrutement pour le JNIM.
Somalie
Une flambée de violence imputable à al Shabaab s’est produite en Somalie depuis 2023. Elle a été causée par une offensive militaire contre le groupe lancée après l’élection du président Hassan Sheikh Mohamud et par la contre-offensive d’al Shabaab qui s’en est suivi en 2024 et 2025. Les 6 224 morts imputables à al Shabaab cette année ont doublé par rapport à 2022.
Bassin du lac Tchad
Boko Haram et l’ISWA semblent tous deux de mieux en mieux organisés et équipés. En effet, cette année l’ISWA a pris d’assaut 15 bases militaires nigérianes, et pour la première fois, fait usage de technologies de vision de nocturne pour lancer ces attaques. Le groupe a aussi gagné suffisamment d’expérience opérationnelle pour déployer des drones armés et des drones de surveillance, ce qui a modifié le champ de bataille dans la région. Le nombre de morts imputables à chaque groupe était cependant à peu près le même.
Mozambique
Afrique du Nord
Avec le CESA