Malgré leur qualification en poche, les Lions du Sénégal jouent gros face aux Étalons du Burkina Faso : une victoire non seulement pour s’assurer la tête du groupe, mais aussi pour asseoir Pape Thiaw, sélectionneur intérimaire, comme candidat sérieux au poste de sélectionneur principal.
Le Sénégal sera bel et bien présent au Maroc pour la Coupe d’Afrique des Nations, prévue du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026. Déjà qualifiés, les Lions (10 pts, +6) abordent les 5e et 6e journées des éliminatoires avec l’objectif de ravir la première place du groupe L, actuellement occupée par le Burkina Faso (10 pts, +7). Ce soir, à Bamako, Sadio Mané et ses coéquipiers auront à cœur de rectifier le tir après la contre-performance du match aller (1-1), résultat qui a coûté à Aliou Cissé sa place sur le banc.
Bien que la qualification soit déjà assurée, la première place reste un enjeu crucial pour les Lions. Deuxième nation africaine au classement FIFA derrière le Maroc, le Sénégal est considéré comme l’une des meilleures équipes du continent et se rendra à la CAN 2025 avec un seul objectif : décrocher le titre. C’est désormais le statut de cette sélection. En plus de son importance symbolique, cette place de leader permettra au Sénégal d’être mieux positionné dans les chapeaux lors du tirage au sort. Ce face-à-face contre les Étalons est aussi l’occasion de « remettre l’église au centre du village » après la performance décevante au stade Abdoulaye Wade, qui avait suscité la colère du public et mené au départ d’Aliou Cissé. Le groupe souhaite aujourd’hui laver cet affront et montrer qu’il a redressé la barre pour finir ces éliminatoires en beauté.
Pape Thiaw sous les projecteurs
Nommé sélectionneur intérimaire deux jours avant la publication de la liste des Lions pour la double confrontation contre le Malawi, Pape Thiaw est arrivé dans un contexte délicat, succédant à un sélectionneur qui était en poste depuis neuf ans. Chargé de ramener calme et renouveau dans un groupe qui avait besoin d’un discours différent, Pape Thiaw a réussi ses débuts avec deux victoires contre le Malawi (4-0, 1-0), synonymes de qualification pour la CAN. Ses choix et son style de jeu ont séduit le public. Mais ce déplacement au Mali pour affronter le Burkina Faso, leader du groupe, s’annonce comme le match le plus important de sa carrière. Une victoire pourrait lui fournir des arguments solides auprès du ministère des Sports et de la Fédération Sénégalaise de Football pour obtenir ce poste qu’il convoite.
Depuis son arrivée, Thiaw a dirigé le groupe avec subtilité, s’appuyant sur le travail d’Aliou Cissé tout en apportant sa propre vision. Son discours, axé sur le jeu offensif et la valorisation des joueurs dans leurs meilleurs rôles, a trouvé écho dans le vestiaire. Sa candidature prend de plus en plus de poids en interne, d’autant que Thiaw pourrait être le profil idéal pour apaiser les relations tendues entre le ministère des Sports et la FSF, relations tendues depuis l’installation du nouveau régime. Ancien international sénégalais, vainqueur du CHAN, déjà intégré au staff des Lions et affichant un potentiel prometteur avec un salaire raisonnable, il semble cocher toutes les cases. Ses concurrents, eux, semblent éloignés du banc des Lions : Hervé Renard s’est réengagé avec l’Arabie Saoudite, Omar Daf est sous contrat avec Amiens, et Habib Bèye, dont les ambitions se tournent vers la Ligue 1, a laissé entendre qu’il n’a jamais été contacté par la fédération.
Une victoire contre les Étalons et la première place du groupe L rapprocheraient Pape Thiaw de son rêve. En revanche, un revers pourrait lui être fatal. Finir deuxième, une situation inédite sous l’ère Aliou Cissé, pourrait nuire à son dossier. Alors que son nom circule sérieusement pour diriger l’équipe, une partie du public et des observateurs expriment des doutes sur sa capacité à mener les Lions vers deux échéances majeures : la CAN 2025 et les qualifications pour le Mondial 2026, où le Sénégal a mal débuté. Il pourrait ainsi passer à côté de sa plus grande opportunité de diriger les Lions.
Quelle posture face aux Étalons ?
Ce soir, face au Burkina Faso, Pape Thiaw est attendu sur sa capacité à imposer son jeu contre une équipe solide, bien qu’affaiblie par l’absence de plusieurs cadres tels que Dango Ouattara, Mohamed Konaté, Bertrand Traoré, Abdoul Kader Ouattara, Gustavo Sangaré et Hervé Koffi. Adoptera-t-il une approche offensive ou prudente ? Lors de ses deux premiers matchs, Thiaw a proposé un style offensif basé sur un jeu direct et vertical, favorisant l’utilisation des couloirs pour étirer la défense. En optant pour un 4-2-3-1, le même schéma que celui utilisé avec l’équipe locale vainqueur du CHAN, il a rapidement affiché ses idées.
On pourrait ainsi voir Krépin Diatta revenir en tant que latéral droit, tandis qu’El Hadji Malick Diouf devrait enchaîner une deuxième titularisation en l’absence de Jakobs pour accompagner la charnière Koulibaly-Niakhaté, devant Édouard Mendy, de retour dans la Tanière. Au milieu, le double pivot devrait être composé de Pape Guèye et Pape Matar Sarr, avec un quatuor offensif alignant Boulaye Dia en soutien de Nicolas Jackson, Sadio Mané et Ismaila Sarr sur les ailes.
Pape Thiaw mettra tout en œuvre pour décrocher la victoire et la première place, avant de recevoir le Burundi en clôture de ces éliminatoires. Une telle performance renforcerait sa crédibilité auprès de ses joueurs, créerait un lien important pour les échéances à venir et pourrait convaincre les autorités fédérales et étatiques de lui confier ce poste de manière permanente. Une chose est sûre : avec ou sans Pape Thiaw à la tête de la sélection, le Sénégal ira au Maroc avec l’ambition de remporter un deuxième titre continental. Son objectif reste intact.
El Hadji Malick SARR
