Sortis prématurément de la CAN dont ils étaient les favoris, les Lions accusent le coup après leur défaite aux tirs au but face à la Côte d’Ivoire. Vainqueurs face au Cameroun, Aliou Cissé et ses joueurs ont perdu le fil et subi les événements sans jamais trouver la maitrise et l’équilibre. Plusieurs hypothèses apportent un début d’explication à cette stupéfiante élimination.
D’un retard dans l’intervention de la défense et Edouard Mendy obligé de faire une sortie qui crée le penalty de l’égalisation ; à une faute en pleine surface de réparation contre Ismaila Sarr non sifflée ; ou à un poteau près, celui de Moussa Niakhaté lors de la séance de tirs au but, l’équipe du Sénégal serait en quart de finale de la CAN 2023.
L’obstination de la défense à trois
Finalement, le champion en titre n’y est pas. Mais si ça ne passe pas loin, ce n’est pas seulement le manque de chance tant le match des huitièmes de finale face au pays hôte a été le contraire des copies rendues après la phase de poule. Aliou Cissé a beaucoup insisté sur un système qui ne s’imposait pas dans ce match pour ce match. En effet, la défense à trois et ses pistons n’ont pas fonctionné face aux Eléphants. Ce système a même mis l’équipe du Sénégal dans la difficulté face à un milieu ivoirien en surnombre et surtout avec des joueurs robustes, expérimentés et déterminés.
La défense, qui était le point fort (un seul but encaissé en trois matchs), s’est un peu perdue. Elle avait du mal avec les longs ballons derrière le dos en seconde période. Dans les interventions, Abdou Diallo, Koulibaly, Jakobs… n’étaient souvent pas dans le timing. Sans oublier les relances hasardeuses et les pertes de balles du capitaine en plein naufrage. Face à la Côte d’Ivoire, le bloc sénégalais n’a pas été compact et quand il s’est resserré, avec l’entrée notamment de Gana Gueye et Iliman Ndiaye et plus tard la sortie d’Abdou Diallo, les champions sortants ont, par intermittence, suite mis du danger dans la profondeur.
Les intouchables encombrants
Protégé par son étoile, le sélectionneur des Lions échappe ces derniers temps aux critiques sur ses choix. Mais lundi, il s’est sabordé en continuant de s’appuyer essentiellement sur ses champions du d’Afrique. Et ce même si certains sont en difficulté à l’image du capitaine Kalidou Koulibaly en plein soucis physiques et très tatillonne quand il a le ballon, Abdou Diallo qui était sensé jouer le rôle de Pape Gueye (contre la Guinée) s’est montré très limité. Mais lui comme Koulibaly semblaient intouchables tout comme Sadio Mané qui a vendangé au moins deux occasions de but et qui manque de tranchant depuis quelque temps, mais lui, ne sort pas sauf par miracle.
Avec un peu plus de recul, Aliou Cissé pourra s’apercevoir que les joueurs cités, et ils ne sont pas les seuls, déçoivent depuis plusieurs rencontres. Mais le sélectionneur est si réticent à l’idée de les remplacer quand c’est nécessaire, et pourtant il a pris son courage avec le cas Gana Gueye, Cheikhou Kouyaté… Du coup, El Tactico préfère accompagner ses habitués, quitte à les voir traverser des zones de turbulence alors que ce n’est pas des joueurs de qualité qui lui manque. Abdoulaye Seck qui, pour sa première titularisation en CAN marque et est désigné homme du match pouvait être utile à la défense et dans les coups de pieds arrêtés, de même que Nampalys Mendy dans la récupération entre autres. En clair, quand un joueur ne marche pas, il faut le sortir comme le coach ivoirien Faé l’a fait avec sa star, Seko Fofana malgré son nom et son rôle dans le groupe.
Au final, à l’issue du premier tour dans la « poule de la mort » phénoménal, les Lions auront laissé beaucoup de gomme. Le Sénégal qui a réussi le plus dur en ouvrant la marque d’entrée de jeu après cinq minutes d’euphorie. Et se voyaient déjà en quarts de finale, alors que le match était loin d’être terminé pour décider de laisser le jeu à l’adversaire. C’était une grosse erreur de la part de Cissé et ses hommes.
Jacques Victor GOMIS (à Yamoussoukro)
Leave feedback about this