Un gazoduc transnational a été fermé mercredi 1er janvier après que Kiev a refusé de renouveler un accord autorisant le transit de gaz russe sur son territoire. Un arrêt qui s’inscrit dans le cadre d’une campagne menée par l’Ukraine et ses alliés pour saper la capacité de Moscou à financer son effort de guerre, observe la presse internationale.
“Les effets immédiats sont légers, mais l’impact stratégique et symbolique pour l’ensemble de l’Europe est énorme”, assène la BBC. Les exportations de gaz russe qui transitaient par l’Ukraine ont cessé ce 1er janvier 2025, actant la fin de la domination russe sur le marché européen de l’énergie.
Les sanctions qui visent la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022 n’ont pas empêché, presque trois années durant, le gaz russe de parvenir en Europe occidentale. Mais le flux a été interrompu après que Kiev “a refusé de renouveler un accord qui permettait le transit du gaz russe à travers son territoire”, explique le New York Times.
Le gazoduc qui traverse l’Ukraine a transporté “du gaz soviétique puis russe vers l’Europe pendant près de soixante ans”, rappelle le quotidien américain.
Sa fermeture est “un événement historique”, s’est félicité le ministre ukrainien de l’énergie, Herman Halushchenko : “La Russie perd des marchés et subira des pertes financières.”
La décision de suspendre l’acheminement du gaz russe “s’inscrit dans le cadre d’une campagne plus large menée par l’Ukraine et ses alliés occidentaux pour saper la capacité de Moscou à financer son effort de guerre et limiter la capacité du Kremlin à utiliser l’énergie comme moyen de pression en Europe”, observe par ailleurs le New York Times.
Cet arrêt avait été largement anticipé par les autorités européennes et, selon les experts, il ne devrait pas avoir d’impact sensible sur les prix que payent les consommateurs européens, contrairement à 2022 lorsque la baisse des livraisons de gaz russe avait provoqué d’importantes tensions sur le front de l’offre.
À Bruxelles, la Commission européenne se targue d’avoir anticipé la fin des livraisons de gaz russe. “L’infrastructure gazière européenne est suffisamment flexible pour fournir du gaz qui ne soit pas originaire de Russie”, a dit un porte-parole de l’exécutif européen. “Elle a été étoffée par de nouvelles capacités de GNL (gaz naturel liquéfié).”
La poursuite des livraisons rapportait à Moscou environ 5 milliards d’euros par an. D’après la BBC, le gaz russe représentait moins de 10 % des importations de gaz de l’UE en 2023, alors que ce chiffre était de 40 % en 2021.
Tensions entre l’Ukraine et la Slovaquie
Reste que dans l’est de l’UE, un certain nombre d’États membres “dépendent encore largement des approvisionnements russes”, souligne le média britannique.
Des pays comme la Slovaquie, la Hongrie et l’Autriche ont continué à importer des quantités significatives de gaz russe. L’autorité autrichienne de régulation de l’énergie a déclaré qu’elle ne prévoyait aucune perturbation, car elle avait diversifié ses sources et constitué des réserves.
Mais Budapest continuera à se fournir en Russie en faisant acheminer le gaz russe par TurkStream, qui exploite deux gazoducs qui traversent la mer Noire. Et comme l’observe la BBC, la fin de l’accord de transit a déjà provoqué de graves tensions avec la Slovaquie, “qui percevait des droits de transit en acheminant le gaz vers l’Autriche, la Hongrie et l’Italie”.
Robert Fico, Premier ministre slovaque, a déclaré mercredi que la fin de l’accord aurait des conséquences “dramatiques” pour les pays de l’UE, mais pas pour la Russie. Vendredi 27 décembre, alors qu’il venait d’effectuer une visite à Moscou pour s’entretenir avec Vladimir Poutine, Fico a menacé de cesser de fournir de l’électricité à l’Ukraine.
Et ce 1er janvier, en Transnistrie, une région moldave inféodée à Moscou, le chauffage et la fourniture d’eau chaude ont été coupés, faute d’approvisionnements.
Courrier international