Depuis l’attentat fomenté contre le président mauritanien dans la région de Tindouf, le 22 février 2024, un changement pro-marocain commençait à se faire sentir.
À la question de savoir si effectivement le changement opéré à la tête de l’état-major de l’armée mauritanienne a un lien avec la découverte d’un coup d’état en préparation, AbderrahmanMekkaoui, expert des questions militaires répond qu’il ne s’agit pas d’un putsch à proprement parler mais plutôt de tentative de déstabilisation. Un rapport de la CIA dont des passages ont fuité ce week end confirme cela. En effet, le général Mokhtar Bella Chaabane qui était chef d’état-major de l’armée mauritanienne a des accointances très suspectes avec le général Said Chengriha. Il a effectué plusieurs visites ces dernières semaines en Algérie sans forcément aviser le président la Mauritanie, Mohamed OuldCheikh El Ghazaouani, de même que l’ex-chef des services du renseignement qui lui aussi avait des liens étroits avec les Algériens. « Les changements opérés par le président mauritanien sont de nature anticipative du moment qu’il a surement été mis au parfum des agissements des hauts gradés de l’armée de son pays », ajoute M. Mekkaoui.
Comment ? A cette question, M. Mekkaoui précise que le travail a été fait dans le cadre de la coordination entre le Maroc et les Emirats arabes unis, avec les Américains et les Israéliens. Cela n’échappe à personne que la décision du président mauritanien a eu lieu peu de temps après son retour du Maroc où il a été reçu par SM le Roi, le 20 décembre 2024, même si l’objet de sa visite au Royaume avait un caractère privé. Cela n’échappe également à personne le fait que le président mauritanien est aux Emirats arabes unis en même temps que SM le Roi qui s’y trouve en visite privée… « C’est dans un contexte marqué par les préparatifs du retour de Donald Trump aux affaires, que le début de la sortie de la Mauritanie de la zone grise a été amorcé. Je m’explique : pendant des années, la Mauritanie avait tenté de garder un certain équilibre dans ses relations avec le Maroc et l’Algérie. Mais depuis l’attentat fomenté contre le président mauritanien dans la région de Tindouf, le 22 février 2024, un changement pro-marocain commençait à se faire sentir. D’où la multiplication des provocations algériennes : intrusion de militaires algériens dans le territoire mauritanien, déclaration en cette fin décembre d’un responsable du polisario considérant la Mauritanie comme territoire sahraoui… »
Il faut dire, conclut M. Mekkaoui que l’Algérie a toujours agi pour le noyautage de l’armée et des services de renseignement mauritaniens. Et l’opération de nettoyage menée par OuldCheikh El Ghazounai est de nature à couper l’herbe sous les pieds de Chengriha et les siens.
Pour rappel, le président mauritanien avait signé deux décrets le 27 décembre 2024 en vertu desquels le général de division Mohamed Vall Ould Raïs a été nommé chef d’état-major général des armées en remplacement du général Mokhtar Bella Chaabane. Le général de division Brahim Vall Ould Cheibani a été désigné chef d’état-major particulier du président de la République. Le général de division Sidou Samba Diak a été nommé directeur général des renseignements extérieurs, tandis que le général de division Mohamed Mahmoud Ould Taïa a pris la tête de la gendarmerie nationale. Le général de division Abba Ould Babaty a, pour sa part, été promu inspecteur général des forces armées et de sécurité, et le général de division Mohamed Mokhtar Cheikh Mouni a été désigné chef d’état-major adjoint de l’armée. Selon la version officielle, les hauts gradés relevés de leur fonction ont été admis à la retraite, à cause de la limite d’âge.
Par Noureddine Jouhari
