En marge de la 14ème édition de l’Appel de SeydinaLimamoulaye, le samedi 10 février 2024, à Cambérène, le Grand Serigne de Dakar a un tenu un sermon de vérité à l’endroit des hommes politiques. Papa Ibrahima Diagne qui se prononçait sur la situation tendue du pays, n’a pas mis de gants pour dénoncer les agissements de certains acteurs de la société civile, après avoir rappelé les leaders politiques à la retenue. Le chef coutumier est revenu sur l’affaire de la double nationalité de Karim Wade. A l’en croire, nul ne peut aujourd’hui refuser à Karim Wade sa nationalité sénégalaise. Papa Ibrahima Diagne, en tant queporteur de voix pour la stabilité du pays, a informé avoir rencontré le président de la République Macky Sall, les autorités du PDS et d’autres acteurs politiques et de la société civile, sans oublier des chefs religieux, pour trouver une issue à cette impasse. Mais, le Grand Serigne dit outré par les agissements de certains de ces hommes qui devraient s’investir davantage pour préserver la stabilité du pays pour le bien de tous les Snégélais.
Si les hommes les mieux placés jouent mal ou pas du tout leur rôle, le Sénégal risque de se précipiter vers les abysses d’une impasse avec cette instabilité. Tel est le constat du Grand Serigne de Dakar qui a fait une déclaration, samedi dernier, en marge de l’Appel des Layènes. Après avoir rappelé le caractère important que revêt cet événement religieux, le chef coutumier a d’emblée tenu à préciser que la situation que traverse le pays, n’est autre que des questions politiques. Sur ce, Papa Ibrahima Diagne a invité les leaders politiques à revoir leur copie. « Car, si vraiment ils aiment le pays comme ils le disent, ils devraient faire tout pour ne pas y semer le chaos », estime-t-il. « Pour celui qui veut conquérir le pouvoir, sans la paix, il ne peut guère atteindre cet objectif », ajoute-t-il.
En tant qu’un porteur de voix, le Grand Serigne de Dakar dit avoir rencontré des chefs religieux, des leaders politiques pour recueillir leurs avis sur la situation. A ce propos, Papa Diagne indique avoir notamment rencontré le Parti démocratique sénégalais (PDS), considéré comme l’instigateur de cet imbroglio. Il a fait savoir avoir rencontré aussi le président de la République Macky SALL, pour échanger avec lui sur la situation du pays. Il a rappelé les raisons que cette période que traverse le pays est due au report de l’élection présidentielle, ce qui a créé des malentendus entre les hommes politiques. « Lors du dialogue national, j’avais prôné qu’on mette la commission politique, où vont siéger des personnes expérimentées qui intervenir en cas de conflits entre les leaders politiques, ce qu’ils avaient refusé », regrette Papa Ibrahima Diagne. Il a aussi fait savoir qu’à la fin du dialogue national, alors qu’ils rencontraient le président de la République pour lui remettre le rapport, il leur a rappelé sa proposition d’ouvrir cette commission politique. Pour le Grand Serigne, que les hommes politiques se le tiennent pour dit : « Le pays n’appartient pas à aucun politicien, encore moins à un parti politique ».
« Ce que le PDS m’a dit »
Papa Diagne est revenu sur son audience avec le PDS. « Ils (les Libéraux) m’ont dit que c’est Karim Wade qui est leur candidat et qu’il doit se présenter dans cette élection présidentielle car ils ont fourni un dossier complet qui contient tous les papiers exigés. Mais un beau jour leur candidat qui faisait partie de la première liste de 21 personnes fut écarté », informe-t-il. « Mais, poursuit-il, avant cette étape, le Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, sur sa bonté, a fait venir à Massalikoul Djinnah, les présidents Abdoulaye Wade et Macky SALL pour les réconcilier les deux hommes. Depuis lors Abdoulaye Wade n’a pas parlé. Il a été convenu que Karim Wade doit perpétuer l’œuvre d son père. Par la suite le dialogue national est tenu et l’un des points majeurs était que Ababacar Khalifa Sall et Karim Wade devraient participer à l’élection présidentielle. Donc ce sont eux qui se sont mis d’accord sur cela et c’est plus fort sue la Constitution, plus fort que les lois et les règlements. Car ce sont des paroles données contre des écrits ». Le Grand Serignea aussi souligné que « personne ne peut dire que Karim Wade qui a été ministre dans le gouvernement du Sénégal, n’est pas Sénégalais d’autant plus que les faits pour lesquels il a été emprisonné sont liés à la gestion des ministères qu’il avait gérés à l’époque ». « Je ne pas juriste, certes, mais il faut reconnaître qu’il y a eu des malentendus, ce qui a poussé le PDS dont le candidat est écarté à enclenché ce bras de fer. Il des partis politiques et des candidats recalés qui ne peuvent pas le faire parce que le PDS a, lui, groupe parlementaire qui a mis cette question sur de l’Assemblée nationale pour plus de lumière, à travers une commission d’enquête parlementaire, avant de procéder à ce projet de loi sur le report des élections après la plainte du Conseil constitutionnel », a-t-il indiqué, avant de préciser que « c’est le PDS qui a déposé ce projet de loi, ce qui est permis par la Constitution ».
« Karim est bel et bien Sénégalais »
Après avoir évoqué aussi le cas de Wardini qui a été épinglée pour avoir deux nationalités, le Grand Serigne estime que le PDS n’est un petit parti. « Dire aujourd’hui que le fils Abdoulaye Wade qui a été dans l’opposition pendant 26 ans avant d’être président de la République du Sénégal pendant 12 ans, n’est pas Sénégalais, c’est une contrevérité, ce n’est pas possible. Karim est bel et bien Sénégalais. Quand son père le nommait ministre, tous les Sénégalais en étaient témoins mais personne n’avait dit qu’il n’était pas de nationalité sénégalaise », assène-t-il, avant de dire à-propos de ce débat sur la nationalité « moi-même mon fils aîné est Américain et je ne vois rien ni personne qui peut lui dénier cette nationalité sénégalaise car c’est moi son père ». Selon Papa Ibrahima Diagne, « le droit c’est l’histoire et l’histoire c’est que c’est Abdoulaye Wade qui est le père de Karim ».
« Personne ne peut dire qu’il sera le vainqueur d’une élection. Donc s’il y a aujourd’hui des conflits entre les acteurs politiques, ils doivent tous se retrouver sur la table des négociations pour empêcher que le pays s’embrase. Mais, ce que je ne peux pas comprendre ce sont ces personnes qui se plaisent à mettre le chaos dans le pays. Ces gens là n’aiment pas vraiment le Sénégal. Mais ils n’atteindront jamais leur but et toute leur entreprise de sabotage sera vouée à l’échec », dit-il avec fermeté.
« Il faut que cesse cette hypocrisie dont certains acteurs politiques et de la société civile font montre »
Le Grand Serigne a, toutefois, invité les leaders religieux, notamment les Khalifes généraux, Serigne MountakhaMbacké et Serigne Mbaye Sy Mansour, à se prononcer sur la situation pour essayer de ramener à la raison certains leaders politiques. Papa Diagne a vendu la mèche. Pour le Grand Serigne dit avoir rencontré des responsables de partis politiques et des chefs religieux qui lui ont qu’ils veulent que l’élection soit reportée. « Mais qu’est ce ça veut une élection ? La stabilité du pays n’est pas négociable, sans la paix, on ne peut pas parler d’élections », poursuit-il, avant de s’en prendre à la société civile qui appelle à des révoltes, selon lui. « Je me demande quel est le rôle de cette société civile censé appeler à paix et à la stabilité. Ce qui m’étonne encore, c’est que cette même société civile est allée voir le président Macky Sall pour lui proposer d’arrêter le processus électoral pour qu’on puisse avoir des élections apaisées », fulmine le Grand Serigne. « La nuit, ils se retrouvent entre eux, prennent des décisions qui sont tout sauf sage, et le lendemain ils font des déclarations contraires à la vérité et à ce qu’ils se sont dit, au peuple naïf.Ces mensonges et cette hypocrisie doivent cesser », martèle Papa Ibrahima Diagne.
Par ailleurs, le Grand Serigne s’en est pris aux hommes politiques pour dire que « depuis l’éclatement desmanifestations, on a vu aucun fils d’un leader politique tué. Maintenant, la règle selon eux, c’est de brûler le pays quand il y a un problème. Je le dis et je le répète, la solution n’est pas de brûler ou de casser. Ça ne règle absolument rien du tout ». Enfin, le chef coutumier s’est offusqué de ce « baarayego récurrent » des hommes politiques qui selon lui ont intérêt à ne pas jeter de l’huile sur le feu. « Car si le pays brûle personne n’en sortira indemne », martèle Papa Ibrahima Diagne.
Abdou Karim MBAYE