octobre 21, 2025
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Sécurité

Le Mali sous pression : le JNIM impose aux femmes le voile dans les transports

La pression exercée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou Jnim), affilié à al-Qaïda, franchit un nouveau seuil. Depuis le 17 octobre, les femmes voyageant sur les routes maliennes sont sommées de porter le voile sous peine de représailles. Cette directive, imposée de manière unilatérale par le groupe terroriste, bouleverse une population déjà fragilisée par l’insécurité croissante et les pénuries de carburant. Face à cette injonction, les Maliennes oscillent entre peur, résistance silencieuse et adaptation contrainte.

Une règle imposée, sans contre-pouvoir en face

Depuis plusieurs années, le centre et le nord du Mali vivent sous la menace constante des groupes djihadistes. Les autorités de transition, bien que volontaristes dans leurs discours, peinent à maintenir un contrôle effectif du territoire. Le Jnim profite de ce vide sécuritaire pour imposer son propre ordre. Désormais, l’uniformisation vestimentaire des femmes dans les transports devient un nouvel outil de domination sociale.

Selon les consignes édictées par le Jnim, toutes les voyageuses devront porter un voile couvrant intégralement leurs cheveux. Les compagnies de transport sont tenues de faire respecter cette mesure, au risque de représailles. Pour de nombreuses femmes maliennes, cette nouvelle obligation est vécue comme une attaque contre leur liberté individuelle et leur identité religieuse.

Le quotidien bouleversé des femmes voyageuses

Beaucoup de femmes se revendiquent musulmanes, mais refusent de se soumettre à une vision rigoriste de l’islam imposée par la violence. Une commerçante installée à Ségou, qui se rend régulièrement à Bamako et Mopti pour son activité, affirme prier, jeûner et être croyante, tout en rejetant l’autorité des extrémistes. Pour elle, porter le voile uniquement parce qu’on le lui impose sous la menace des armes ne relève pas de la foi, mais de la peur. Malgré leur opposition, nombreuses sont celles qui se voient obligées de faire semblant d’adhérer, ne serait-ce que pour préserver leur sécurité.

Une étudiante en droit, qui effectue chaque semaine le trajet entre la capitale et sa ville natale, raconte qu’elle met un foulard pendant le voyage et l’enlève une fois arrivée, mais qu’elle le fait à contrecœur. Cette nouvelle directive intervient dans un contexte déjà très tendu. Le Mali traverse une crise énergétique sans précédent. Le Jnim a multiplié les attaques contre les convois de carburant, entraînant une pénurie sévère.

Un contexte explosif entre pénurie et insécurité

Les files d’attente devant les stations-service s’allongent à Bamako, Koulikoro et Sikasso. À cette crise s’ajoute la grève illimitée décrétée par le Syndicat national des chauffeurs et conducteurs routiers (Synacor), en réponse à des accusations graves portées par un membre du Conseil national de la transition. Selon les transporteurs, certains propos officiels accusent que des routiers coopéreraient avec les djihadistes pour détourner du carburant. Des accusations jugées « diffamatoires » par la profession, déjà endeuillée par plusieurs attaques récentes.

Malgré la gravité des faits, ni l’armée ni les autorités de transition n’ont pris la parole publiquement pour condamner les exigences du Jnim ou rassurer la population. Ce silence alimente un sentiment d’abandon chez de nombreux citoyens, qui ne voient plus d’autre choix que de se plier aux règles imposées par les groupes armés.

Alioune Diop

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