En vérité, la France a démarré sa politique de réduction de ses effectifs militaires en Afrique depuis fort longtemps. L’évolution baissière des effectifs et la fermeture progressive des bases, attestent de la volonté de Paris, de réduire au maximum sa présence en Afrique francophone.
Dans le numéro du 18 Novembre 2024, de «Ifri », Thierry VIRCOULON a publié une étude intitulée : “Le dilemme de la relation militaire franco-africaine Réinventer ou tourner la page ?”
“Pour mémoire, les bases militaires permanentes françaises en Afrique sont situées en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Gabon et à Djibouti. Cette géographie militaire est complétée par le déploiement historique de l’armée française au Tchad dans trois villes (N’Djamena, Abéché et Faya-Largeau). La base de Djibouti qui relève de la zone indopacifique ne fait pas partie du périmètre de la nouvelle politique annoncée. La mission de Jean-Marie Bockel, envoyé personnel du président de la République pour l’Afrique, doit contribuer à définir la réorganisation du dispositif militaire français sur le continent.” Thierry VIRCOULON
“Les accords de défense fixaient les conditions d’intervention de l’armée française pour la défense intérieure et extérieure du pays signataire, et les accords d’assistance militaire technique déterminaient l’appui à la création des nouvelles armées nationales”. Thierry VIRCOULON
Au lendemain des indépendances, il fallait bâtir des armées africaines capables d’assurer la sécurité des Etats. Il fallait former 26 000 militaires africains de pays fraichement indépendants.
Selon Thierry VIRCOULO, les bases militaires françaises qui comptaient 20 000 militaires en 1970. Aujourd’hui, on compte Sénégal 350, en Côte d’Ivoire 600, au Gabon 350, au Tchad 1 000. Ce qui fait un total de 2.300 militaires français en Afrique francophone. La France a retire 17.700 militaires de l’Afrique. Et dans son plan de retrait, il était prévu de garder 600 soldats dans toute l’Afrique francophone à savoir 100 militaires pour chaque pays entre le Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Gabon et 300 au Tchad à raison de 100 agents dans les bases de NDjiaména, d’Abéché et de Faya.
Le mercredi 06 Novembre 2024, Jean Marie Bockel Envoyé personnel du président de la République de France a été auditionné par l’Assemblée nationale par la Commission défense nationale et forces armées. Devant les membres de la Commission, Jean Maie Bockel a parlé de « la réduction de l’empreinte militaire permanente dans les pays concernés », c’est-à-dire, la Côte d’Ivoire, le Tchad, le Sénégal et le Gabon. Au delà de ces 04 pays, Monsieur Bockel s’était rendu à Addis Abéba pour s’entretenir avec les dirigeants de l’Union africaine sur la nouvelle approche française qui consiste à dégraisser dratiquement, l’effectif des bases militaires.
« Évidemment, les partenariats militaires doivent être rebâtis avec, de part et d’autre, le souci d’une moindre visibilité et donc une évolution vers une réduction très claire du format, qui avait d’ailleurs déjà commence » a déclaré Jean Marie BOCKEL devant la Commission parlementaire. Monsoeur Bockel a parlé de « contexte budgétaire particulièrement contraint ».
L’Envoyé personnel du président Macron poursuit son audition en disant : «notre présence militaire permanente sera considérablement réduite, et cela commence déjà à intervenir, au profit de partenariats en matière de formation, d’équipement, de renseignements ou de soutien à tel ou tel aspect de défense spécifique. J’ai parlé de marine et d’aviation, mais je pourrais aussi évoquer des « forces spéciales » adaptées à certaines menaces. L’objectif consiste bien à renforcer les capacités souveraines de ces pays, pour les aider à faire face par eux-mêmes aux différents enjeux. Nous avons d’ailleurs évoqué ces aspects avec l’Union africaine, qui pourrait s’impliquer davantage sur ces enjeux, et qui en est consciente. En résumé, il ne s’agit pas seulement d’un problème de visibilité ».
Bockel a rappelé que la France va structurer « dans le dialogue, un rebasculement établi à la fois sur ce dispositif qui permet de faire le nécessaire en matière de formation, d’entraînement et d’exercices en commun, mais aussi de fournir ponctuellement des moyens plus amples, sur terre, en mer ou dans les airs ».
La France s’oriente de plus en plus vers les pays anglophone et lusophones. D’ailleurs, le prochain sommet Afrique-France se tiendra au cours du premier trimestre 2026 à Nairobi. Les dirigeants français semblent avoir compris que « les partenariats y compris avec un certain nombre de pays anglophones ou lusophones sont parfois plus simples, y compris en matière de défense, car ils sont précisément exempts de tout ressentiment lié à une histoire commune » remarquera Bockel.
L’Envoyé personnel du président français souligne: « le fait que nous ayons des partenariats de défense avec certains pays où nous ne disposons pas de base, qu’ils soient francophones ou non, fait partie de notre influence, au meilleur sens du terme ». Cheikh GUEYE